Mai:

Tu t'es assis à côté de moi dans le bus, je n'y crois pas !
J'ai essayé de trouver le code de ton téléphone, mais je n'avais pas assez d'indice, alors je n'ai pas réussi...
Ça me fait penser que je ne connais pas ta date de naissance.

C'est à éclaircir !

J'étais sur le siège passager, et lorsque l'on est passé devant le champs de Mr. Mourzel, les coquelicots étaient en fleurs.

Tu t'es penché à la fenêtre, je me suis plaquée contre mon siège, mais tes cheveux ont quand même réussi à effleurer ma joue.

Tu m'as souri.

On était tellement près que je me demande si tu n'as pas réussi à voir avec la netteté d'un microscope mes taches de rousseur sur mon nez pointu. 

Tu m'as dit:

« Les coquelicots, ce sont mes fleurs préférées ! »

Juin:

Je sais que tu es ce genre de garçon impulsif, qui s'énerve pour un rien et qui se bat pour un petit mot de travers.
Tu as tellement ces deux personnalités contradictoires, celle que j'aime, et celle-ci que je déteste.

Ça m'a fait très mal, tu sais, ces huit petits mots et ces yeux levés au ciel.
Je comprends que tu aies ta petite fierté, mais ne suis-je tellement rien pour toi que tu aies réussi à me dire ça, après ta bagarre contre Karl ?

Je suis sûre que tu as vue que j'ai failli pleurer, je voulais juste m'excuser d'avoir dit devant tes amis que tu aimais les coquelicots.

Tu n'étais pas obligé de me répondre, quand je suis venue te demander si tout allais bien, "Mais arrête de faire genre qu'on est pote !"

Juillet:

La mère de Karl est passée hier à la maison, c'est une amie à maman. Apparemment, c'est toi qui aurais déclenché la bagarre.

Je ne comprends vraiment pas pourquoi cette histoire traine autant en longueur, oui, peut-être qu'il a eu de nombreuses heures de colle, mais toi aussi !

Comment se passe tes vacances ?
Ce serait bien qu'on s'écrive des lettres, non ?

Ce n'est pas toi qui disais que tu voulais qu'on se comporte comme un couple, même si on en est pas un ?

Je t'enverrai un bouquet de coquelicots pour ton anniv, tu pourrais me rappeler la date de ta fête ?

Août:

Je trouve ça plus romantique les lettres, mais si tu préfères les messages pas de problème ! On pourrait s'appeler aussi !

Tu n'as pas eu de réaction devant tes amis, mais as-tu aimé la montre ? Je suis très fière de mon emballage cadeau, en tout cas !

As-tu vu le bouquet de coquelicots que j'ai discrètement déposé sur la table basse ?

Tu me manques tellement, faites que la rentrée arrive plus vite !
Et qu'on soit encore dans la même classe, surtout !

Septembre:

Ce n'est pas grave, on se verra à la récré.

Et puis, ça fait 3A comme Amour et 3C comme Coquelicots, c'est joli, non ?

Et rien ne t'empêche de continuer à te mettre à côté de moi dans le bus ! On se racontera nos journées respectives !

Octobre:

Il y'a des rumeurs qui circulent encore sur ta bagarre avec Karl.
C'est vrai qu'il s'était moqué de toi parce que tu aimes les coquelicots ?

Il était là quand je l'ai fait remarquer devant tes amis, ça veut dire que c'est de ma faute ?
Tu ne me dis jamais rien, je suis pas une poupée à protéger ! Il faut qu'on communique plus, même si on n'est pas un couple !

Notre relation tiendra pas, sinon, qu'elle soit secrète ou non !

Novembre:

Cette blague, je ne m'en remet toujours pas !
Je parle de celle du bus, lorsque tu as sorti un:

« Attention aux ânes, Mr le chauffeur ! Mais non, je ne parle pas de ceux qui traversent la route, mais de ceux qu'il y'a dans le bus ! »

Je crois que c'était le meilleur trajet de toute ma vie.
Surtout quand tu m'as murmuré au creux de l'oreille ta chanson préférée, pour que personne ne l'entende.

Quand tu es comme ça, je me demande tellement pourquoi tu ne veux pas que nous deux, ça s'officialise !

Tu savais que Mme. Hamblerd vendait des coquelicots au marché ?
On pourrait y aller un jour, si tu veux ?

Décembre:

Quel cadeau veux-tu pour Noël ?
J'avais pensé à des coquelicots, mais je t'ai déjà donné ça pour ton anniversaire !

Un bisou ?

Je blague, je sais que tu ne veux pas qu'on soit quelque chose de concret !

Si jamais tu as un souhait, dis-le moi, et je le réaliserai, promis !

L'autre jour, j'ai entendu Agathe dire que tu étais le garçon le plus sexy du collège.

Tu sais, c'est embêtant de ne pas pouvoir leur dire que tu es à moi. Je ne devrais pas, mais je suis tellement fière que ton amour soit pour moi.

C'est la personne la plus détestable que je connaisse, Agathe, c'est comme Karl pour toi.

Cette personne qu'on veut surpasser et impressionner par dessus tout.

Janvier:

Bonne année !

Devine quelle résolution j'ai pris ?

Celle de t'aimer encore plus fort !

(Je rigole, si je t'aime plus que maintenant, je mourrais d'amour !)

J'ai juste décidé de me mettre à la danse, qu'en penses-tu ?

As-tu vu le dessin de coquelicots que j'ai mis dans ta boîte aux lettres le 25 ?

Comme tu me l'as si gentiment et passionnellement dit, ce serait cool que l'on se voit en dehors des cours ?

Je pourrais dire à mes parents que je vais chez Eléonore, et venir chez toi à la place ? Qu'en dis-tu ?

Février:

Oooh que je t'aime toi !
Quelle bonne idée de m'avoir fait une surprise pour la Saint Valentin !
C'était si beau, tous ses pétales de coquelicots sur la table.

Et tu avais rangé ta chambre rien que pour moi, elle était nickel !

Par contre, ton matelas gonflable est troué, il faudra penser à le changer...!

Ta mère est vraiment gentille.
J'aimerais bien te présenter à mes parents, moi aussi...

Tu ne voudrais pas qu'on dise aux personnes du collège qu'on est "ensemble" ?
Enfin oui, on est pas réellement en couple, mais on est dans la phase juste avant et moi j'en peux plus de voir Agathe te faire les yeux doux...

Mars:

C'est pas possible !

Tu te fiches de moi ?!

Tout le monde n'arrête pas de venir me voir pour me demander où tu es, et tu sais quoi, je n'arrive même pas à leur dire que je n'en sais rien !
Bon sang, comment as-tu pu disparaître comme ça, et ta famille aussi, sans rien me dire !? Toute la ville s'inquiète pour vous !

Révéler notre relation à tout le bahut, t'en aller avec tes parents, comme ça, sans rien me dire !
Tu es fou ! Je ne comprends pas... je ne comprends rien...
Et je meurs, je meurs sans toi !

Reviens, ou explique-moi, au moins !?

Karl m'a dit qu'il savait où tu te cachais...
Si tu ne me réponds pas... tu sais que je vais venir te chercher.
Tu sais que je ne peux pas avancer sans toi.

Tu es le plus important pour moi, tu le sais !
Je t'amènerais plein de coquelicots, promis !

Avril:

Je n'arrive toujours pas à croire que tu m'aies fait ça !
Mais en même temps, quand j'y repense, tous ces cartons chez toi, j'aurais dû m'en douter !

Notre relation n'était-elle rien pour toi ? Si Karl ne me l'avait pas dit, j'aurais dû attendre que tu te rappelles de mon existence pour que je sache que tu déménageais ?

Mais tu le sais non, que je te déteste ?
Je te hais tellement, ça me ronge, ça me ronge !

Tes mots me brûlent encore l'intérieur du corps, il m'assèchent la gorge et remplissent mes pupilles de larmes. Je te déteste, je te déteste, tu es un monstre !

« Je ne voulais pas que notre relation soit connue des autres, parce que j'ai honte de t'aimer, Je savais que tu voudrais que l'on ait une relation à distance si tu étais au courant pour mon déménagement...»

Relation a distance mon cul, oui !

Je m'étouffe de rage et de rancoeur, en me rappelant de ce moment où tu m'as humiliée, devant ta mère, devant ta sœur...
J'étais venue te chercher...
Comment est-ce que tu as pu me faire ça !?
Moi aussi, j'ai honte d'avoir aimé un type qui est capable d'actes aussi cruels !
Tu es la pire chose qui ne me soit jamais arrivé !

L'autre jour, dans le bus, on est passé devant le champs de Mr. Mourzel.

Il a été racheté par une grande entreprise céréalière, les coquelicots n'étaient plus là, ils ont été enlevés.

À là place, du blé va pousser pour l'usine de céréales.

Il n'y a plus de coquelicots maintenant.

Ils sont morts.

Comme notre nous deux.