Chapitre 5
Contre l'avis de ses parents, Kayliyah était restée dormir chez son copain. Sans affaires, elle avait dû emprunter celles de Réphaël pour aller en cours. Mais elle savait que le soir, elle devrait rentrer chez elle. La journée de cours passa lentement, la laissant angoisser de plus en plus pour son retour à la maison. Mais cette coupure d'une nuit lui avait fait du bien. Ils avaient baisé toute la nuit, elle s'était oubliée dans le sexe bestial et les tendances BDSM que prenaient leurs relations sexuelle. Elle aimait souffrir dans ses relations sexuelles, c'était un de ses moyens de se vider la tête, une forme d'auto-flagellation avec comme outil une autre personne.
Le retour à sa réalité familiale fut violent.
« Tu te rends pas compte comment j'ai eu peur ? Comment tu peux nous faire ça alors qu'on te nourris, te blanchit et te loge ? J'ai cru que t'étais morte ! hurla Nordine, furieux.
⏤ Non mais ça va, elle était chez une amie, arrête d'angoisser comme ça !
⏤ Oh toi ferme-là, de toute façon je sais que vous êtes liguées contre moi ! Je sais que tu me trompes avec les mecs de ton travail ! »
Ça y est, il recommençait à délirer. Dans cet état, il sortait des kilomètres d'aberrations auxquelles il croyait dur comme fer. Il devenait menaçant physiquement, et même violent. Quand il était dans cet état, Kayliyah se sentait terrifiée. Elle commençait déjà à partir en crise de panique.
Une semaine passa, et la jeune fille fut contactée par une assistante sociale. La dame, très gentille, lui demanda d'expliquer à nouveau la situation, puis lui donna un rendez-vous pour la semaine suivante. Au rendez-vous, Kayliyah expliqua plus en détail sa situation, et comme elle le redoutait, la femme lui expliqua qu'elle allait devoir faire une enquête sociale en appelant ses parents.
« Rappelle-toi que si tu te sens en danger, tu peux toujours aller chez des amis ou appeler la police. Est-ce que tu voudrais porter plainte ?
⏤ Non.
⏤ Tu as peur ?
Oui, trop. Je le ferais peut-être quand je me sentirais plus en sécurité. »
Elle acquiesça, sachant qu'elle allait sûrement se réfugier chez Réphaël. Sa mère fut la première à recevoir l'appel. Elle était décomposée, et ne pouvait croire que sa propre fille l'avait dénoncé à l'ASE. Son père, lui, fut d'abord silencieux le soir où Kayliyah rentra juste après l'appel. Puis péta les plombs d'un coup. La violence ce soir-là fut telle que Kayliyah fit son sac et dû s'enfuir chez Réphaël. Elle y resta quelques jours, avant que ses parents ne viennent la chercher à la sortie du lycée pour la visite de l'AS. Nordine était, pour une fois, rasé de près, bien habillé, à peu près sobre, avec des vêtements repassés. Quand elle arrive chez elle, elle vit que toute la maison était nettoyée et qu'aucun cadavre de bouteille ne trainait dans le salon ni la cuisine.
Le rendez-vous se passa calmement, malgré le fait que le père de famille nia toutes les violences perpétrées envers sa fille en bloc. Kayliyah s'était automatiquement mise en état de dissociation pour supporter le rendez-vous sans se décomposer. Elle avait l'impression d'être un peu à gauche, que son corps se mouvait seule, que ses paroles étaient dites et pensées par une autre personne. Elle détestait cet état, mais se mettait automatiquement ainsi pour survivre à des situations trop violentes. La suite de la soirée se passa dans le plus grand des calmes. Personne ne dit rien, trop occupés à ruminer ce rendez-vous. Elle avait passé la nuit sur Discord, à angoisser pour la suite. Ils auraient rendez-vous d'ici un mois avec la directrice métropole de l'Aide Sociale à l'Enfance et l'assistante sociale pour se décider sur ce qu'il adviendra de Kayliyah. Elle avait fini par expliquer la situation à ses amis.
L'anniversaire de Yasmine et celui d'Alix approchaient à grand pas. Les deux filles nées sous le signe du Scorpion étaient très excitées à l'idée de la fête qu'elles allaient donner. La mère d'Alix leur avait laissé la maison, et le groupe entier était en effervescence. Kayliyah, Ana et Elias étaient en charge de la cuisine, Alix et Yasmine de la déco et la supervision, Réphaël et Ciel des boissons. Pour Yasmine, appelée couramment Yass (ou Mimi par Ana), ils lui avaient acheté tout un kit de broderies avec de nouveaux fils, un cercles à broder plus grand, et un kit d'acrylique pour renouveler son stock de peinture. Pour Alix, ils lui avaient acheté trois jolis livres reliés, ainsi qu'une nouvelle paire d'écouteurs, la sienne ayant rendu l'âme quelques jours plus tôt.
Ils se retrouvèrent le samedi 17 novembre, vers midi pour ceux qui devaient commencer les préparations dans la maison. Le trio prépara tout un buffet froid et chaud, sucré et salé. Ana et Kay se taquinèrent beaucoup, à coup farine sur la tête et de tapes aux fesses. Elias trouvait ce petit jeu entre elles très adorable, et très révélateur de la complicité entre elles. Les préparations terminées, les deux cuisinières allèrent se débarbouiller et se changer. Elles se douchèrent ensemble, et dès que Réphaël revint, Kayliyah lui sauta dans les bras.
Ana se sentait mal à l'aise par rapport à leur relation. Il y avait comme un décalage entre son intuition et ce qu'ils renvoyaient. Mais elle mettait ça sur le compte de ses sentiments grandissants pour la petite tête verte.
La fête battait son plein, une trentaine d'invités se mélangeaient, plongeaient dans la piscine malgré le froid ambiant, rigolaient et chantaient. L'alcool coulait à flot, et les joints tournaient. Kayliyah et Réphaël étaient collés ensembles. Ils s'éclipsèrent discrètement pour aller baiser dans la salle-de-bain de l'étage. Une fois à l'étage vide, le jeune homme plaqua sa belle contre la porte de la susmentionnée pièce. Elle n'avait pas encore beaucoup bu, mais assez pour que chaque parcelle de sa peau soit brûlante. Elle pouvait sentir la bosse du pantalon de son copain contre elle. Ils ouvrirent la porte, et une fois celle-ci fermée à clef, Réphaël se jeta sur Kayliyah, la faisant glisser contre le mur pour qu'elle le suce. Celle-ci réalisa sa tâche goulûment, avant que son copain ne la relève d'un coup pour la porter sur le lavabo. Elle portait une robe courte. Il lui retira sa culotte et ne prit même pas le temps de la toucher avant d'enfoncer son pénis en elle. Il lui mit une main contre la bouche pour qu'elle fasse le moins de bruits possible, et la tint par le cou tandis qu'il faisait de longs aller-retours puissants en elle. Elle avait mal mais fît mine d'apprécier le moment. Elle détestait quand il ne faisait pas attention à elle de cette manière, elle savait qu'elle aurait des blessures au vagin, qu'elle lui ferait la gueule, qu'il reviendrait s'excuser et qu'elle ne pouvait lui en vouloir longtemps car elle l'aimait trop.
Il finit par venir, la laissant pantelante de douleur, et lui de plaisir. Kayliyah senti quelque chose de chaud couler de son bas-ventre, et réalisa -trop tard- qu'ils avaient oublié de se protéger. Heureusement, elle prenait la pilule, mais elle ne savait pas s'il était testé. A l'idée d'avoir choper quelque chose, elle paniqua. Elle partit en crise de panique en un instant. Réphaël, angoissé de la voir dans cet état et ne savant que faire pour l'aider partit chercher Ana. Quand ils revinrent, elle était déjà calmée, en train de remettre sa culotte, encore un peu tremblotante. Ils sortirent et la soirée reprit son cours.
Kayliyah, Ana et Ciel s'inquiétaient de plus en plus pour Alix. En effet, celle-ci semblait de plus en plus fatiguée et amincie, et sentait le cannabis tous les matins. Elle niait le fait que sa consommation avait sûrement augmenté. Elle ne faisait que dormir en classe et ses notes étaient en chute libre.
Au cours de la soirée, Kayliyah se décida à emmener la jolie blonde à part pour lui poser la question directement.
« Bon je vais pas y aller par quatre chemins, Alix. T'es addict à la weed ? »
D'abord décontenancée par le côté frontal de la question, la plus grande finit par acquiescer.
« Fais-toi aider, s'il-te-plaît ...
⏤ J'ai pas envie ... J'ai plus goût à rien à part m'enfumer le crâne de toute façon.
⏤ Ouais, ça s'appelle l'addiction quoi. Écoute, je le montre peut-être pas trop mais je tiens beaucoup à vous tous, chacun d'une façon particulière. On s'inquiète tous beaucoup pour toi. Je sais que c'est dur l'addiction, que c'est dur de s'en sortir, que c'est dur à vivre etc ... ⏤ Mais je sais aussi que ça enfume pas que ton crâne, ça brise le cœur de tes proches.
⏤ Franchement, j'en n'ai plus grand chose à foutre, mentis Alix.
⏤ Je sais, mais je sais aussi que tu ne le penses pas vraiment. Tu le sais pas, mais j'ai été en hôpital psychiatrique plusieurs fois déjà. Des gens qui étaient hospitalisés pour addiction, j'en ai vu. Je sais que c'est dur, mais l'hôpital psy c'est très dur, et j'aimerais juste t'éviter ça.
⏤ J'en n'ai rien à foutre je t'ai dit ! s'énerva la blonde d'un coup.
⏤ Je sais, mais sache que si tu décides de ne plus te voiler la face, je serais là. Si t'as besoin de nom de structures, de médecins, de professionnels qui peuvent t'aider je les ai, si t'as besoin que quelqu'un appelle pour toi ou t'accompagne je le ferai. N'oublie pas que je t'aime Alix.
⏤ Ouais c'est ça ! »
Kayliyah avait le cœur brisé de voir la jeune fille ainsi. Elle qui d'habitude était toujours apprêtée, venait tous les jours en jogging et sweat-shirt au lycée, pas coiffée et pas maquillée.
La grande blonde, quant à elle, était perturbée par les paroles de Kayliyah. Elle repartit fumer avec les autres et la soirée se termina à l'aune.
Malgré l'indifférence qu'elle souhaitait ressentir face aux dires de la plus jeune, elle ne cessait de ruminer. Elle était à la fois rassurée et dégoûtée que la jeune aux cheveux verts ait pu lire en ses sentiments aussi facilement. Tout ce qu'elle avait dit était vrai. Ce qui l'empêchait de le reconnaître, c'est qu'elle connaissait les problèmes familiaux des autres, et se sentait minable d'aller mal à cause des siens qui n'étaient pas aussi importants. Ses parents s'étaient juste séparés après tout, rien de grave. Elle s'en voulait de ne jamais avoir fait le deuil de sa famille rêvée, et les relations électriques entre elle et ses parents ne l'aidaient pas.
Lors de cette soirée, Yasmine en profita pour présenter sa nouvelle petite-amie à ses amis. Celle-ci, prénommée Tanya, étudiait dans un lycée professionnel de la ville. Elle s'intégra très vite à la bande d'amis. La jeune fille voilée leur avait demandé de garder le secret car, de confession musulmane, si cela venait aux oreilles de ses parents elle en souffrirait. Tout le monde lui avait assuré qu'ils seraient muets comme des tombes, et ils la félicitèrent encore.
C'est quelques jours plus tard que la plus jeune reçu un appel de la blonde à deux heures du matin. Cette première comprit tout de suite qu'il y avait un souci.
[ Allô ? Qu'est-ce qu'il se passe ? décrocha Kayliyah, inquiète.
⏤ Je me sens pas bien du tout, haleta Alix.
⏤ Comment ça ? Qu'est-ce que tu ressens ?
⏤ Je sais pas, j'arrive plus trop à respirer, je tremble, j'arrête pas de pleurer. Je me sens super angoissée, et mes membres me piquent.
⏤ Ah ! Tu fais une attaque de panique ! Ça m'arrive aussi. La première chose que je peux te conseiller c'est d'essayer de retenir ta respiration un petit temps. Essaie d'aller prendre une douche aussi. Tu veux que je passe ?
⏤ J'aimerais bien s'il-te-plaît.
⏤ Ok, je mets une veste et des chaussures et j'arrive, tu veux qu'on reste au tél ?
⏤ Non ça va aller je vais t'attendre.
⏤ D'acc, j'arrive tout de suite. ]
Kayliyah s'exécuta et arriva à la maison de la famille Charon en une quarantaine de minutes, les bus ne circulant plus à cette heure-ci. Alix l'attendait sur le porche, visiblement calmée, un joint à la main. La jeune la rejoint et tandis sa main pour tirer sur le pet.
« J'aime bien ta façon d'aider les toxicos, rigola la blonde.
⏤ Toujours au max. Bon, qu'est-ce qui t'a déclenché la crise ?
⏤ J'ai ... J'ai repensé à ce que tu m'as dit. Et même si c'est vrai, je suis encore dans le déni.
⏤ C'est normal louloute, ça fait parti du processus. Nié son addiction et ses conséquences, ⏤ c'est normal. En tout cas c'est bien que tu m'ais appelé, souris la petite aux cheveux verts.
⏤ Franchement Kay ... Si j'avais pas eu le courage de t'appeler, j'aurais fait une connerie je pense.
⏤ Bah c'est deux fois plus génial que tu l'ais fait ! »
Les deux jeunes filles discutèrent dehors pendant une petite heure. Elles décidèrent de rentrer et d'aller grignoter des sucreries pour calmer la foncedalle. La conversation tourna autour de l'addiction d'Alix, et son origine. Kayliyah en apprit plus sur la famille de cette dernière, et notamment sur la période chaotique du divorce de ses parents, et la relation qu'elle entretenait avec eux depuis.
La mère d'Alix, Marie-France, avait tellement mal vécu la proposition de divorce de son mari qu'elle l'avait saigné à blanc devant la justice, récupérant les enfants, la maison, la plupart des biens et une pension alimentaire. La jeune fille, de treize ans à l'époque, en voulait depuis à sa mère, et leur relation s'était dégradée. Pendant longtemps elle n'avait pas pu voir son père régulièrement à cause de Marie-France. Celui-ci ne suivait la vie de ses enfants plus que par leur vie scolaire, recevant leurs bulletins et les appels du collège et lycée. Leurs seules sujets de conversations tournaient souvent autour des notes de la blonde quand ils se voyaient car ses notes chutaient doucement. Mais personne ne s'était inquiété de son état mental, et Alix s'était retrouvée dans un état dépressif latent. Vers quinze ans, elle avait goûté au shit, et était tombée dedans. Arrivée en première, elle avait réussi à arrêter mais les récentes disputes entre sa mère et elle l'avaient ébranlée psychiquement et elle avait rechuté.
« C'est normal que t'arrives pas à t'arrêter si t'es pas suivie. Tu m'as l'air quand même bien traumatisée par le divorce. Puis tes parents ne répondent pas à tes besoins affectifs basiques depuis un moment, et c'est un besoin primordial pour un•e enfant ou un•e adolescent•e. C'est aussi important que de bien manger et bien dormir.
⏤ Je pensais pas ... Mais comment tu connais toutes ces choses ? 'fin, ça me perturbe. Dès qu'on a une question quelconque tu as la réponse.
⏤ Ma passion principale c'est apprendre, et j'ai une très bonne mémoire alors je retiens tout ce que je peux et qui m'intéresse. La psychologie, par exemple, est un sujet qui est hyper intéressant parce qu'on a plein de choses à découvrir encore, et que l'humain est extrêmement complexe en tant qu'espèce, mais aussi en tant qu'individu. Je suis totalement passionnée par la psychologie du développement, la neuropsychologie, la psychologie des victimes, mais aussi des agresseurs et tueurs et plein d'autres choses. Apprendre toutes ces choses, ça me permet de pouvoir aider les autres comme toi. Et hésite à me dire si je parle trop hein ! termina Kayliyah. »
Cette dernière repartit chez elle vers cinq heures du matin. A peine arrivée, qu'elle s'apprêtait et prit la direction de l'appartement de la fratrie Roullet. Sur le chemin, elle reçut un appel de sa mère lui demandant où elle était, elle répondit qu'elle allait chez une amie pour réviser et, sans plus de cérémonie, raccrocha. Ce fut Luciel qui ouvrit. Ils se firent la bise, et elle fila dans la chambre de son copain, qu'elle trouva endormi. Elle décida de lui sauter dessus avant de s'enfuir en courant derrière le benjamin. Le jeune homme lui courut après. Il la porta, la faisant hurler. Les rires et les cris des trois réveillèrent Danaël.
Putain mais vous avez pas fini de gueuler comme des chackals ? hurla l'aîné en se réveillant avec une gueule de bois bien visible. Mon frère te fait pas déjà assez hurler au lit petite salope, faut en plus que tu gueules sans raison chez les gens ?
Alors déjà je te permet pas de m'appeler comme ça, ensuite je suis désolée.
J'me permet ce que je veux, t'es chez moi là, connasse.
Mais arrête de l'insulter là ! répliqua Réphaël.
J'avoue Dan, laisse-là un peu, enchérit Luciel.
Vas-y vous m'avez gavez, j'me casse.
L'aîné enfila une veste alors qu'il était torse nu et en jogging et sortit. Un ange passa, quand Kayliyah proposa de faire le petit-déjeuner. Luciel partait bientôt, et elle et Réphaël n'avaient cours qu'à dix heures le mardi. Ils profitèrent d'ailleurs de l'absence des frères pour baiser. Une fois ce que la jeune fille considérait de plus en plus comme une besogne terminée, ils arrivèrent en cours en retard.
Alix semblait moins irritée et fatiguée. Elle avait commencé un suivi gratuit avec une équipe pluridisciplinaire à la Maison des Adolescents, et malgré quelques autres crises nocturnes qui avaient demandé à Kayliyah de se déplacer en pleine nuit, elle semblait remonter doucement. Tout le monde la soutenait un maximum, et elle était fière d'elle pour son début de sevrage, et fière d'elle d'avoir su s'entourer des bonnes personnes.
Réphaël, quant à lui, voyait sa relation avec son frère se dégrader de plus en plus. L'aîné ramenait avait décidé de faire des soirées quasiment tous les soirs, et quand celles-ci ne se passaient pas dans l'appartement même, il revenait bourré et faisait un boucan immense en pleine nuit. Les engueulades prenaient de plus en plus d'ampleur, à tel point que Luciel et Judicaël avaient de plus en plus de mal à les séparer. Pour extérioriser la situation, Répha ne parlait que de ça avec sa belle, ce qui commençait à la faire saturer. Mais elle se refusait à se le lui dire, sentant qu'il avait besoin d'une oreille et qu'il ne se confierait pas comme ça à quelqu'un d'autre. Mais son propre moral en pâtissait.
Alix avait demandé à Ciel et Kayliah de venir chez elle pour expliquer la situation à sa mère. Les deux jeunes se rendirent chez elle un vendredi après-midi de décembre, après les cours.
Maman ... Je voulais te parler de quelque chose d'important.
Quoi ? demanda froidement Marie-France.
Voilà, en fait j'ai une addiction au cannabis, marmonna la blonde, pétrifiée.
Quoi ! hurla la mère célibataire. Pourquoi t'as touché à cette merde d'abord ? Je suis sûre que ce sont tes amis du lycée là ! dit-elle en lançant un regard réprobateur aux deux jeunes assis dans son salon.
Madame, votre fille vient de vous confier quelque chose qui lui pèse beaucoup. Vous pourriez être plus compréhensive, commença doucement Ciel.
Je ne vous ai rien demandé mademoiselle ! mégenra la quadragénaire.
Maman ! hurla Alix. Ciel est non-binaire, je te l'ai déjà dit ! Et en plus, ce sont mes amis du lycée qui m'aident à arrêter. C'est Kayliyah qui m'a trouvé une structure pour m'aider !
Madame, j'ai des problèmes psys. Mes parents ont réagi comme vous au début, ils ont niés mes sentiments. J'ai fini par tenter de mettre fin à mes jours. Ne fait pas la même chose à votre fille, s'il-vous-plaît.
La bombe verbale qu'avait larguée la jeune aux cheveux verts glaça instantanément l'ambiance électrique. Alix reprit.
Écoute maman, depuis le divorce je me sens mal. Je ne voulais pas vous en parler parce que je ne voulais pas vous faire encore plus de mal que celui que vous vous êtes fait pendant la procédure. Alors j'ai trouvé un moyen de soulager ma douleur mentale, mais il me fait plus de mal qu'autre chose maintenant. Je suis désolée, j'étais jeune et je ne comprenais pas toutes les conséquences qu'une addiction pouvait avoir. Maintenant je me fais aider, et j'aimerais que tu m'aides aussi à m'en sortir.
Je peux vous demander de sortir, jeune gens ? dit Marie-France aux deux lycéen.nes après un instant de réfléxion.
Oui, pas de soucis. Ça vous dérange si je vais fumer une cigarette sur votre terrasse ? demanda Kayliyah.
La mère de famille répondit par la négative, et les deux jeunes sortirent sur la terrasse.
C'était violent ce que t'as dit plutôt, engagea Ciel, visiblement perturbé.e.
Des fois, un électrochoc violent c'est ce qu'il faut pour mettre en marche le cerveau et l'empathie des gens. Je ne l'aurais pas fait si j'avais jugé que la situation ne le demandait pas ou que sa mère n'aurait pas réagi de la façon que j'attendais.
Comment ça ?
J'analyse beaucoup les gens autour de moi, j'ai une bonne mémoire et je retiens bien leurs histoires. Entre ce que Lexie a pu me dire sur la mère et ce que j'ai constaté, j'ai adapté mon discours en fonction.
Alix revint chercher ses ami.es en pleurant, provoquant de l'inquiétude chez les deux qui se calma quand elles virent la mère pleurer aussi et prendre sa fille dans ses bras. Iels furent congédiés et rentrèrent chez elleux. La jeune blonde se sentait soulagée d'avoir le soutien de sa mère.
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