Ça🎈~3

La suite !

Alors attention, petit spoil mais vraiment petit hein. C'est vers la fin avec Mike XD petites allusions lol Les vrais spoilers commenceront dans le chapitre 4. Je dis ça, je dis rien.

Ce chapitre est un peu plus long que les précédents Q-Q le suivant sera plus court pour équilibrer.

Bonne lecture ! Et merci d'avance pour vos commentaires !

Ça 3

La ville de Derry en elle-même n'avait pas vraiment changée après vingt-sept ans. Mise à part les habitants. Les commerces du centre-ville étaient toujours là tout comme cette vieille bibliothèque aux briques rouges atypique.

Emily lorgna ce bâtiment d'un léger sourire en coin, nostalgique. Aujourd'hui le ciel était grisonnant mais le temps ne l'empêcha pas de se vêtir comme bon lui semblait. Un short bleu, un T-shirt jaune court et des chaussures brunes. La tenue des souvenirs d'une ancienne époque où les mentalités étaient bien différentes de cette époque-là dite moderne.

La jeune femme eu un petit frisson dans le dos lorsqu'elle crut voir un mouvement derrière l'une des fenêtres à l'étage supérieur de la bibliothèque. Elle prit donc le chemin principal menant au centre de Derry qui se trouvait à peine à cent mètres de sa position, imaginant une musique dans sa tête depuis qu'elle avait confié son précieux walkman à son fils. D'ailleurs elle priait pour que tout se passe pour le mieux durant ce deuxième jour d'école.

Sinon ...

Emily sourit sournoisement puis s'aventura sur le trottoir où elle salua les passants clairement surpris par sa courtoisie. Une journée où elle avait envie de redécouvrir le monde dans lequel elle avait vécu pendant une année entière. Alors elle plaqua son sourire légendaire sur ses lèvres tout en flânant dans les rues animées en cette fin de matinée.

Derry étant une grande ville, il y avait tout un tas de commerces anciens et nouveaux notamment un restaurant Chinois qui se trouvait à deux rues plus loin. Une boutique de vêtements où Emily prit cinq minutes pour faire un petit tour. Jolie boutique. Plus loin, une épicerie qui existait déjà à l'époque mais qui avait été un peu agrandit selon les besoins ainsi qu'une agence de voyage, un agent immobilier, une banque, une boutique de souvenirs et cette fameuse pharmacie face à la mairie.

Qui n'avait absolument pas changée elle non plus d'ailleurs.

Pour la rejoindre, Emily emprunta le chemin le plus court, celui qui traversait la place centrale où se déroulait chaque année la fête de la ville avec la troupe de musiciens locale. Que de souvenirs ... Bons et mauvais. Elle repensa à ce pauvre Richie Tozier et à la frayeur qu'il avait dû recevoir avec cette chère statue de Paul Bunyan, l'immense bucheron, folklore américain.

Emily fit un petit sourire à la statue lorsqu'elle passa devant elle, lorgnant la hache tenue fièrement sur son épaule. Pennywise l'avait utilisé à son avantage avec brio il fût un temps. D'une rapide secousse de sa tête, la jeune femme traversa l'étendu de gazon vert sur lequel se reposait quelques personnes pour atteindre la pharmacie.

Elle entra à l'intérieur de cette dernière. Certains étalages avaient été modifiés mais sinon le reste était quasiment intact ! Ce qui la surprenait beaucoup. Elle folâtra entre les différents rayons mais plus spécifiquement le rayon saisonnier à la recherche d'une nouvelle paire de lunettes de soleil.

Ben quoi ? C'était la tradition !

Un sourire resplendissant envahi son visage lorsqu'elle trouva enfin l'objet de sa convoitise. Une paire avec des verres solaire aux reflets jaunes orangés. Heureuse de sa trouvaille, Emily enjamba une pile de cartons qui trainaient dans l'allée pour rejoindre le comptoir et payer son nouvel objet.

Mais son sourire mourut quand elle vit qui était celui qui allait l'encaisser. Ses yeux noirs s'écarquillèrent légèrement face au vieux pharmacien de l'époque qui se pencha vers son comptoir pour lire quelque chose sur une feuille médicale à sa gauche. Il remonta paresseusement ses vieilles lunettes sur son nez gras puis jeta ensuite un petit regard à la femme qui se présentait à lui. Une légère rougeur colora ses joues ridées.

«Oh, en voilà une jolie demoiselle ! Que puis-je faire pour vous ?» Roucoula ce dernier d'un haussement de sourcils, un sourire pervers.

«J'aimerais acheter ces lunettes.» Soupira Emily en mettant son poids sur une jambe tandis qu'elle se pencha d'avantage sur le comptoir plus si blanc que ça. Elle leva un sourcil quand le pharmacien la dévisagea de haut en bas en s'arrêtant exagérément sur son décolleté.

«J'ai comme l'impression de vous connaître !» Ricana maladroitement le vieil homme d'un clin d'œil séducteur, passant le code barre des lunettes sur son appareil sans rompre le contact visuel avec sa cliente aguicheuse.

Beurk.

Emily se contenta juste de sourire et de faire une tête faussement surprise. Elle aussi elle le reconnaissait mais très franchement elle se demandait comment elle le faisait car avec toutes ces rides, il était devenu difficile de voir le bonhomme en dessous. Se pinçant les lèvres entre-elles pour retenir un rire, elle récupéra ses lunettes en échange d'un billet vert. Sauf qu'une main rugueuse saisit brusquement la sienne.

«Vous devriez peut-être ... Passer en cabine ?» Proposa ensuite le pharmacien à voix basse d'un petit coup de sa tête en direction de ladite cabine, son maudit sourire obsédé toujours en place.

Emily roula sa langue dans sa bouche, faisant mine de réfléchir à sa demande. Finalement elle fouilla à l'arrière de son short bleu pour récupérer une sucette rouge qu'elle déballa avec une seule main, l'autre toujours coincée dans l'emprise de l'homme en cruel manque d'affection. Elle caressa son pouce sur la peau grumeleuse avant qu'elle ne penche la tête pour regarder le pharmacien droit dans les yeux.

«Vous devriez peut-être passer le fer à repasser sur votre visage ?» Chuchota-t-elle d'un clin d'œil espiègle. Son sourire devint malicieux, satisfaite de voir l'expression outrée du vieil homme qui retira immédiatement sa main de la sienne comme s'il avait été brûlé par elle.

Emily se mit à rire de bon cœur puis elle colla sa sucette dans sa bouche en glissant ses lunettes de soleil sur ses yeux, fin prête à affronter le monde extérieur. Elle fit toutefois signe de la main au pharmacien qui pestait actuellement à son propos avec sa fille Greta dans l'arrière-boutique, son visage rouge de colère d'avoir été ridiculisé de la sorte.

C'était bon de revenir.

Sa visite du centre-ville se poursuivit dans la plus grande joie. Ses chansons imaginaires toujours en tête alors qu'elle imitait quelques pas de danse, usant des bancs et des poteaux pour sa chorégraphie. C'était dingue mais elle ne reconnaissait plus personne ! A croire que chaque ancienne famille avait abandonné la ville pour laisser place à de nouvelles. La seule différence qu'elle constatait c'était les mentalités.

Les gens des temps modernes ne la regardaient plus de travers, ou presque !

Tout en s'imaginant les paroles de la chanson Separate Ways dans sa tête, Emily escalada une barrière pour pouvoir atteindre la vitrine de l'épicerie qui proposait actuellement une embauche en tant que caissier ou caissière avec polyvalence dans le magasin obligatoire. Mhm, pourquoi pas. Après tout il fallait s'intégrer dans la société pour ne pas éveiller les soupçons.

Son prochain objectif était maintenant le cimetière de la ville pour rendre visite à quelqu'un. Une personne qui malgré tous les coups-bas avait été un bon ami pour elle durant son année à Derry. Ce cimetière était aux abords de la ville juste en contre-bas du terrain de tennis.

Emily ouvrit les grilles grinçantes pour s'aventurer dans le lieu, émerveillée par la beauté des pierres tombales ainsi que la propreté de ce lieu saint. Il n'y avait strictement aucune mauvaises herbes ni de tombes à l'abandon. Plutôt surprenant mais d'autant plus réjouissant ! Au moins les morts ici étaient traiter correctement parce que des morts, il y en avait !

Elle trouva assez facilement la tombe qu'elle était venue voir. C'était une pierre grise avec très peu de superflus, des buissons en guise de décoration ainsi qu'un collier de piques accroché à la petite croix de marbre. A ce détail, les larmes se formèrent aux yeux d'Emily car ce collier elle le reconnut tout de suite ayant appartenu au chien Tobby.

Le chien de Barry.

«Salut Barry. Ça faisait longtemps, pas vrai ?» S'exprima-t-elle en reniflant, un sourire triste.

Elle leva ensuite les yeux vers les inscriptions tombales qui donnaient l'âge, la date du décès ainsi que quelques informations sur l'homme qui avait une fois été son ami.

Ici repose Barry Mallister.

Mai 1956 – Octobre 1989.

Une inspiration pour nous tous

Malgré son chagrin évident, Emily ne put s'empêcher d'émettre un petit gloussement à la phrase qu'avait choisie sa famille en sa mémoire. Ils avaient raison en quelque sorte. Barry avait été un exemple de bravoure face à Pennywise mais son comportement lui avait tout de même porté préjudice.

«J'étais une terrible amie ... Je le reconnais. J'ignorais même ton nom de famille ! Mais tu ignorais aussi tout de moi. Je t'avais prévenue Barry. On finit toujours par récolter ce que l'on sème. Tu le savais. C'était soit moi, soit le clown, soit la poupée du mal.» Emily sorti de son sac une rose rouge pour ensuite la déposer sur la pierre tombale.

Une Scarlet Carson.

Elle caressa doucement le pétale de la fleur avec son index, se remémorant quelques bons souvenirs avec Barry notamment le jour où elle lui avait claqué son Bô en pleine tête ou alors quand sa petite tortue Donatello lui avait mordue la fesse. Quand il lui avait flanqué son poing en plein visage à la fête, quand il l'avait invité à un pique-nique aux bords des friches, le moment où il avait posé nu dans son lit avec un tournesol ...

Son expression devint soudainement plus mesquine. C'était étrange, mais rien ne stipulait comment il était mort. Emily passa sa langue sur ses lèvres pulpeuses pour les humidifier tandis qu'elle se pencha vers la pierre comme pour confier un secret que seuls les morts avaient le droit d'entendre.

«Et si jamais tu te poses encore la question, c'est lui qui a fini dans mon lit.» Révéla-t-elle d'un chuchotement suave, un sourire enjoué.

Oui, Barry avait le droit de connaître la vérité après s'être sauvagement fait découpé en morceaux par Chucky ! Il le méritait.

Une fois ressortie du cimetière, Emily grimpa dans sa Buick Invicta pour reprendre la route vers une nouvelle destination. Les Friches. L'endroit qu'elle voulait retrouver le plus au monde. Se garant sur le bas-côté de la route poussiéreuse, elle sortit du véhicule mais avant de commencer la descente vers la rivière elle s'intéressa d'abord au pont des amoureux.

Immédiatement, les souvenirs refirent surface.

Emily glissa les clefs de sa voiture dans la poche arrière de son short, la sucette au coin de sa bouche. Ses pieds l'emmenèrent jusque devant la barrière en bois de ce pont symbolique qui avait marqué les âges et les esprits de plus d'un.

Elle se demanda brièvement ce qu'ils étaient tous devenus aujourd'hui. Jamais elle ne les avait oubliés, aucun des membres du clan des ratés. Etaient-ils toujours aussi soudés ? Les couples logiques s'étaient définitivement formées ? Des questions demeurantes sans réponses hélas.

Ensuite Emily descendit le petit sentier menant directement à la rivière, aux Friches. Les nuages gris avaient cédés leur place à quelques éclaircies, réchauffant la peau de ses bras et de ses jambes. C'était tellement agréable de revenir sur les traces d'un passé inoubliable.

Elle arriva aux abords de la rivière assez haute ce qui signifiait que la pluie avait fait son travail. La verdure poussait en abondance ici mais avec tout cet engrais organique ce n'était pas surprenant. Du moins pas pour ceux qui étaient au courant pour le clown cannibale vivant dans les égouts de Derry. Emily renifla distraitement tandis qu'elle se retrouva devant l'immense trou sombre et puant qui menait jusqu'à l'antre de l'entité, Pennywise.

Devant cette caverne sinistre peuplée de branchages et de lierres, la jeune femme l'admira tranquillement, arborant un sourire mélancolique pendant que tous les souvenirs que ruisselaient ces lieux flashèrent dans son esprit. Elle se mit à rougir furieusement. Rien n'avait été oublié et jamais elle ne le fera. Allant de sa première rencontre à Derry jusqu'à sa dernière prise de décision, celle de rejoindre le clown.

Emily se redressa pour tenter de voir un peu plus loin dans le trou mais mise à part du noir il n'y avait rien, pas un bruit, juste cette odeur épouvantable. Son sourire faiblit légèrement car l'espace d'un instant elle avait eu espoir que peut-être Ça était déjà réveillé ? Espoir qui se transforma rapidement en tristesse de constater que non. Et si elle allait le chercher, là tout de suite ? Le retrouver pour qu'il ne soit pas seul quand il reviendra à ses esprits ? Car après tout, elle lui avait fait une promesse ...

Emily jeta un coup d'œil à sa montre. Zut ! Ce sera pour une prochaine fois ! Maintenant elle devait récupérer Andy à l'école. Son fils passait avant tout, même avant Ça ! Alors après avoir réalisée une gracieuse révérence au trou sombre devant elle, le cœur tiraillé, la jeune femme s'empressa de revenir à sa voiture.

Son enfant l'attendait.

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Il y avait un monde pas possible devant la grande école. Des femmes et quelques hommes qui attendaient leurs enfants avec impatience, formant des groupes devant les limites pour discuter des dernières nouvelles.

Emily ne s'intégra à aucun de ces groupes de commérages pour la simple et bonne raison que ça ne l'intéressait pas. Elle préférait rester debout devant l'entrée, son regard soucieux sur les portes, les mains nouées de nervosité tandis qu'elle patientait les dernières minutes interminables. Certains élèves étaient d'ores et déjà sortis pour se disperser sur le gazon mais son fils n'était nulle part en vue.

Cependant elle remarqua la présence d'un groupe de garçon sur sa gauche, à côté de la pancarte de l'école. Ils ricanaient entre eux en se moquant des autres qu'ils considéraient comme inférieur. Ces trois petits cons se sentaient forts juste parce qu'ils étaient en groupe et que personne n'osait se dresser contre eux. Un peu comme l'ex bande à Henry Bowers.

Puis Andy apparut enfin sur les marches de l'escalier.

La posture rigide d'Emily se détendit nettement lorsqu'elle vit qu'il n'avait pas l'air triste ni en soumission. Il se contentait simplement de serpenter entre les élèves, sa capuche sur ses cheveux roux et le walkman noir sur les oreilles. Il utilisait son appareil ! Cette constatation engloba son cœur de chaleur et tira ses lèvres dans un sourire soulagé. Qui ne dura que quelques secondes quand elle se rendit compte qu'Andy évitait la bande de garçon.

Brusquement, Emily tourna sa tête en direction du groupe qui insultait actuellement son fils en le traitant de clown et de monstre, le pointant du doigt comme un animal en cage. Ils imitaient des pleurs et des lamentations exagérées pour le mettre mal à l'aise. Néanmoins, Andy ne réagis à aucune de ces insultes ridicules.

Brave enfant.

Lorsqu'Adrian, le chef du groupe leva ses yeux bleus vers la femme aux cheveux platines, il se sentit subitement très mal. Inexplicablement mal ... A l'instant même où leurs regards ce croisèrent, son petit sourire odieux tomba, prit au piège dans les yeux noirs d'encre envoutants de l'inconnue.

Il avait envie de vomir et de pleurer, ce qu'il fit d'ailleurs sans plus tarder à la surprise générale du groupe. Que lui arrivait-il ?! Il ne pouvait décrocher ses yeux d'elle ni crier à l'aide. La panique le gagna au moment où le blanc des yeux de la femme disparu pour ne laisser place qu'à deux trous noirs effrayants.

«Adrian, c'est quoi ton problème mon gars ! Tu fais grave flipper ...» Se plaignit Alvin en grimaçant au visage lessivé de son pote devenu émotif.

Mais Adrian ne répondit jamais. Toutefois sa respiration devint plus rapide alors qu'il entendit une voix à l'arrière de son esprit, une voix rauque et menaçante qui ne pouvait provenir que de cette femme monstrueuse.

Adrian, je sais qui tu es et où tu vis. Ne l'oublie pas.

Emily fronça les sourcils puis plissa ses yeux noirs impitoyables à l'adolescent hyper nerveux qui prit rapidement la fuite une fois qu'elle le libéra de ses chaines invisibles, laissant son groupe dans la perplexité. D'un petit sourire victorieux, elle croisa les bras sur sa poitrine au moment où son fils arriva devant elle. A nouveau complètement normale.

«Est-ce que ... Tout va bien ?» Hésita Andy en retirant le casque d'écoute de ses oreilles, un sourcil levé à sa mère souriant exagérément.

«Oui, pourquoi ça n'irait pas ?» Lui répondit-elle en passant son bras autour de ses épaules pour le conduire à sa voiture loin de la foule et du bruit.

Andy abandonna ses questions pour commencer à lui raconter cette deuxième journée qui se passa plutôt bien contrairement à hier. Et tout cela grâce à son nouveau walkman magique ! Enfin ça, il ne le savait pas mais effectivement il avait un pouvoir d'apaisement que seul Emily possédait.

Les deux arrivèrent à la voiture mais tout à coup Emily s'arrêta dans son élan pour regarder un homme sur le trottoir qui lui tournait le dos. Elle relâcha la prise sur les épaules d'Andy pour s'approcher de la personne qui récupérait des journaux, prise par une soudaine curiosité. Elle pencha la tête sur le côté pour l'étudier un instant avant d'ouvrir la bouche pour s'exprimer à l'oral.

«Mike Hanlon ?»

L'homme qui entendit son nom se crispa puis se retourna pour faire face à une jeune femme aux cheveux platines, un petit garçon se cachant derrière ses jambes. Il prit quelques secondes pour examiner ses traits familiers, cherchant dans sa mémoire à qui cela pouvait bien appartenir. C'était vieux et flou.

«Oui ? Oui c'est moi. Euh ... Excusez-moi mais, est-ce qu'on se connait ?» Demanda ce dernier en plissant les yeux d'un rire nerveux.

«Oui ! Nous nous sommes rencontrés quand tu avais à peine treize ans ! Tu faisais partis du clan des ratés. Ça alors ! Comme tu as changé !» S'enchanta Emily en le désignant de haut en bas avec ses mains, vraiment heureuse de le revoir.

«E-Emily ?» Balbutia l'homme à la peau noire, ses yeux menaçant de sortir de sa tête à la réalisation. Pardon ?! Comment était-ce possible ? Il n'en revenait tout simplement pas. Il trébucha maladroitement sur ses pieds alors qu'il fixait, incrédule, la femme souriante.

Ce sourire ... Il ne trompait pas.

«Vous ... Tu ... N'as pas pris une ride ! C'est dingue ! J'arrive pas à y croire !» Finit-il par dire d'un déglutissement après avoir retrouvé ses esprits, troquant sa stupéfaction contre le même sourire jovial de celle qui avait le secret de la jeunesse éternelle.

Cependant il croyait toujours qu'il avait affaire au Diable.

«Ça fait si longtemps !» Mike se mit à rire alors qu'il prit Emily dans ses bras pour une chaleureuse accolade. Incroyable était le mot plus approprié pour définir cette rencontre improbable.

«Oui ! Vingt-sept ans déjà. Je ne pensais pas te revoir ici Mike. Donc tu n'as jamais quitté Derry ? Et comment vont les autres ? Tu as des nouvelles ?» Poursuivit rapidement la femme en récupérant l'homme à bout de bras, les joues douloureuses à force de sourire.

«Ils sont tous partis depuis des lustres. Mais moi je ne suis jamais parti.» Admit-il d'une touche douloureuse dans sa voix grave. Il la fixa droit dans les yeux, cherchant à lui transmettre le fond de sa pensée.

Au lieu de cela Emily avala puis hocha pensivement la tête. Il n'était jamais parti depuis que Ça avait été défait, parce qu'il était déterminé à le vaincre une fois sortie de son hibernation. Elle esquissa un sourire aigre. Ses pensées n'étaient pas du tout positives. Se raclant la gorge pour sortir de ce moment d'embarras, elle prit Andy par les épaules pour le faire sortir de ses jambes afin de le présenter à Mike.

«M-Merde ...» Bégaya ce dernier horrifié par ce qu'il voyait devant lui.

«Je te présente mon fils, Andy. Andy, voici Mike ! Un ancien ami à moi.» Présenta la femme inconsciente du malaise qu'elle venait de créer.

Pour la seconde fois consécutives les yeux de Mike faillit sortirent de leurs orbitent. Il avait l'impression qu'une tonne de brique venait de l'ensevelir et l'empêchait de respirer. Sa poitrine était compressée, son cœur menaçait d'imploser.

Ce garçon ... Son physique ...

Cheveux roux foncés, yeux bruns rougeâtres, peau blanche ... Et deux putains de marques semblables à celles de ce maudit clown ! A peine visibles mais bien là !

Mike ouvrit la bouche mais il n'arrivait plus à émettre de sons, complètement sous le choc de sa découverte. C'était à peine croyable mais pourtant la vérité lui riait au nez. Lentement, il commença à secouer la tête alors qu'il examinait avec scepticisme le jeune garçon d'aspect inoffensif qui s'accrochait résolument à la hanche d'Emily.

Il crut entendre sa petite voix timide à un moment donné mais il ignorait quelle était la question car sa tête tournait rapidement, de plus en plus. Ou peut-être était-ce Emily ? Peu-importe. Il allait faire un malaise. Mike prit quelques pas chancelants en arrière, une main tremblante levée vers le garçon qui rappelait tant de l'entité Ça.

C'était le fruit de ses entrailles, bordel de merde ! Il en était sûr et certain ! Le fils du Diable !

Au moment où il réussit enfin à sortir de son état végétatif, Emily avait déjà tourné le dos avec cette créature démoniaque sous l'apparence d'un enfant humain pour retourner à leur voiture.

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«Allô ? Salut Bill, c'est moi. Mike Hanlon. De Derry, tu te souviens ?» Mike colla son téléphone à son oreille, appuyé contre l'un de ses bureaux encombrés, les yeux rivés sur la rue ici-bas.

«Mike ? C'est ... Ça fait une éternité, pas vrai ? Comment vas-tu depuis tout ce temps ?» Vint la voix hésitante de Bill Denbrough adulte au bout du fil.

«Je survie. Je ne t'appelle pas pour se rappeler du bon vieux temps, comme tu dois déjà t'en douter. Tu te rappelles de la promesse qu'on s'était faite lorsqu'on était gosse ?» Rappela ensuite Mike en se rongeant la lèvre inférieure d'anxiété. Il était encore chamboulé à cause de la rencontre de tout à l'heure et ne tenait plus en place.

«Je ne vois pas de quoi tu parles Mike !» Se plaignit Bill un peu trop rapidement.

«Ecoute, ça ne va pas tarder à recommencer. Il faut que tu reviennes à Derry avec les autres de toute urgence !» Mike commença à perdre son calme, passant sa main moite sur son front pendant qu'il regardait par la fenêtre.

«Q-quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ! Ça n'a pas de sens ? Et puis nous avons une vie maintenant, Derry c'est fini. Je passerais te voir un de ces jours.» Rassura Bill même si sa voix sonnait un tantinet effrayée.

«Non non non non non ! Tu ne comprends pas ce que j'essaie de te dire ! Ça va recommencer ! Je le sais parce qu'Emily est revenue à Derry, Bill. Je l'ai croisé aujourd'hui même. C'est un signe annonciateur pour son réveil, j'en suis sûr !» Fulmina Mike en jetant furieusement sa main dans les airs. Il devenait désespéré à chaque seconde qui passait.

«Emily ? De qui tu parles ?» Questionna ensuite Bill. Assurément, Mike pouvait entendre le froncement de sourcils crédule derrière ses mots.

«La femme qui nous avait aidée face à Ça.» Répondit-il avec force. Il y eu un silence de l'autre côté de la ligne qui prouvait que Bill venait de faire le rapprochement. Enfin. Sa respiration devint plus profonde et laborieuse, alors Mike reprit d'un ton un peu plus calme ; «Emily est ici avec un enfant qui ressemble à ce maudit clown. C'est son fils !»

«OK, tu sais quoi ? Je n'ai pas le temps pour ces conneries ! Passe-lui le bonjour de ma part.» S'agaça son interlocuteur à deux doigts de raccrocher.

«Attend mec ! Faut que tu m'écoutes ! Je te dis que c'est son gamin !» S'affola Mike en arpentant son grenier d'un côté à l'autre, deux doigts à ses tempes palpitantes.

«J'ai de l'huile sur le feu, hum, une tourte ... Sur le feu. On se rappelle une autre fois ? Aller, ciao !»

«Bill !» Trop tard, il avait raccroché.

«Merde !» Grogna Mike en jetant son téléphone dans ses piles de dossiers.

Il passa ses mains sur le haut de son crâne tout en rejouant la conversation qu'il venait d'avoir avec son ancien chef de groupe et ami, Bill. Pourquoi ne le croyait-il pas ? Pourtant il se souvenait de certaines choses ! Il avait bel et bien reconnu Emily, cela s'entendant dans sa voix. Alors pourquoi ?!

Jurant sous son souffle, Mike frappa son pied dans un carton qui vola à plusieurs mètres plus loin. Il en profita pour jeter un œil par la grande fenêtre, celle juste au-dessus de l'entrée de sa bibliothèque. D'abord il ne vit rien d'anormal mais ensuite son regard tomba sur une petite tête orange qui venait droit dans sa direction. Ses yeux noirs s'écarquillèrent tandis que le fils d'Emily bravait les marches des escaliers pour rentrer dans le bâtiment public.

«Oh nom de !» Mike trébucha en arrière.

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Andy n'avait jamais vu une bibliothèque aussi grande. Bien qu'un peu sombre, elle dégageait une ambiance spéciale qui lui rappelait celle d'une boutique d'antiquité.

Des bibelots d'autres époques et de tout genre, des montagnes de livres soigneusement classés par ordre alphabétique dans des étagères qui pourraient presque atteindre le plafond ! Au centre, des vitrines avec des objets ayant plusieurs milliers d'années et appartenant à d'anciennes tribus. Les lumières tamisées apportaient un côté un peu mystique au lieu.

Le souffle coupé devant tant de beauté, Andy referma la bouche pour s'approcher du bureau principal face à l'entrée où un homme à la peau noire venait d'apparaître. Mike Hanlon. L'homme en question suait abondamment et tentait bien que mal de retrouver une respiration normale.

Un comportement bien étrange en effet.

«Bonjour. Est-ce que c'est ouvert ?» Demanda Andy d'une pointe de timidité, resserrant sa prise sur les lanières de son sac à dos pendant qu'il regardait le bibliothécaire sous ses cils.

«Euh ... S-salut. Oui ? Bien-sûr. Installe-toi, je t'en prie.» Mike fronça les sourcils puis s'éloigna de son bureau lorsque le gamin s'avança, la mâchoire serrée d'appréhension. Allait-il le mordre ? Le tuer ?!

«Merci.» Répondit poliment Andy.

Il esquissa un petit sourire à l'homme adulte très nerveux avant de s'aventurer dans le couloir à sa droite menant à plusieurs étagères de livres. Mike cligna rapidement des yeux lorsqu'il vit, dans le sac du garçon, une poupée rousse aux yeux bleus lumineux qui lui fit un signe de victoire avec ses mini doigts, un sourire espiègle sur ses lèvres de plastique. Il n'en croyait tout simplement pas ses yeux.

«Tu crois que sa peau c'est du chocolat ?»

«Shhh !»

Mike retomba lourdement sur son fauteuil, hébété. Et en plus elle parlait ?! Quel était ce jouet maléfique ? Soupirant d'épuisement, il frotta son front avec son pouce et son index puis récupéra un grand livre pour continuer son travail tout en gardant un œil sur le garçon et son jouet flippant.

Andy s'émerveilla devant toute cette collection de livres. Il y en avait pour tous les goûts, de toutes les tailles et de toutes les sortes possibles et inimaginables. Des années d'accumulation. Il avait toujours beaucoup apprécié la lecture depuis qu'il était petit. Enfin, plus petit que ça.

«Qu'est-ce qu'on vient faire ici ? Ça pu le vieux !» Chucky sortit difficilement du sac à dos pour pouvoir s'accrocher au cou de son meilleur ami et ainsi voir ce qu'il fabriquait.

«Tu n'as même pas d'odorat.» Murmura Andy en levant les yeux au ciel.

«Je n'ai pas besoin d'odorat pour savoir que ça pu !» Se plaignit en retour la poupée qui bâillonna.

Mais le garçon ne répondit pas à cette idiotie. Il était trop occupé à chercher des livres qui parlaient de l'histoire de cette ville, Derry. Quelque chose qui lui permettrait de savoir ce qui rendait cet endroit si étrange, plus particulièrement les habitants. Mais c'était surtout sa mère qui l'intriguait. Si elle avait connu ce Mike étant petit qui de plus avait toujours vécu ici, alors elle aussi devait le savoir.

Andy passa son index sur les différentes couvertures de livres, ses yeux rougeâtres lisant aisément entre les lignes. Tout à coup la petite main de Chucky lui tapota la tête pour avoir l'attention. Il lui indiquait un livre de couleur violet sur l'étagère d'en face, curieux de connaître son identité apparemment.

Alors il l'attrapa entre ses mains puis d'un coup d'œil à la poupée qui regardait par-dessus son épaule gauche, il l'ouvrit pour dévoiler des images en noir et blanc. Son froncement de sourcils s'approfondit d'avantage tandis qu'il fixait avec désintérêt les pages du livre qui n'avait strictement aucun sens pour lui. Des humains dans de drôles de positions qui portaient en plus des noms ridicules.

Kamasoutra d'après le titre.

«Je crois que c'est de la danse.» Indiqua Andy, incertain.

«De la danse coquine alors !» Ricana gaiement Chucky en resserrant sa prise autour du cou de son ami pour ne pas glisser de son dos.

Le garçon poussa un soupir de lassitude à la remarque absurde de la poupée avant de reposer le livre dégoutant de retour sur l'armoire. Il avait vraiment envie de s'essuyer les mains sur son pantalon, écœuré. Les rides sur son nez s'accentuèrent lorsqu'il passa son regard des livres face à lui au monsieur de la bibliothèque toujours assis à son bureau qui le zyeutait plus ou moins discrètement par-dessus son bouquin.

Il n'arrête pas de me regarder ... Remarqua-t-il nerveusement.

Finalement, après quelques minutes de recherches intenses, Andy trouva un gros livre bleu qui parlait de l'histoire de Derry. Pile ce qu'il voulait ! D'un sourire ravi il l'attrapa sous son bras puis alla s'assoir sur l'un des bancs vides pour pouvoir le feuilleter tranquillement. Bon, il avait le choix car il n'y avait personne à part lui !

A côté de lui, Chucky fouilla dans le sac à dos pour sortir une feuille blanche et des crayons de couleur pour pouvoir dessiner en attendant qu'il ne trouve son bonheur. Au moins il restera sage comme ça.

Pendant ses analyses détaillées du livre qui en disait long sur Derry, Andy sentait le regard de Mike sur lui, un regard qui épiait absolument tous ses faits et gestes. Il essaya de ne pas paraître mal-à-l'aise mais c'était extrêmement difficile. Comment ne pas l'être quand un homme adulte vous fixe de cette façon ?!

Andy se racla la gorge puis poussa un second soupir d'agacement. Il pouvait presque entendre les mouches voler si Chucky ne gribouillait pas furieusement sur sa feuille de dessin ! Zut alors. Pas étonnant que les crayons de la maison avaient une sale tronche avec la force qu'il exerçait sur eux, les pauvres. Mais à la place de dire quelque chose il se mordit la langue puis continua sa lecture qui l'instruisait beaucoup.

Apparemment à Derry, les gens mourraient ou disparaissaient six fois plus que dans le reste du pays.

Son cœur manqua un battement douloureux lorsqu'il vit, sur la page d'après qui parlait d'un massacre d'enfants lors d'une chasse aux œufs, une gravure. Pas n'importe laquelle. Sur cette gravure se trouvait un attroupement de personnes tous regrouper autour d'une caravane où il pouvait lire sur une pancarte à droite de cette dernière, Pennywise le clown dansant. Et effectivement il y avait un clown qui faisait une représentation.

Andy ne saurait l'expliquer avec des mots mais plus il fixait cette image en noir et blanc et plus il sentait une pression inconnue derrière sa nuque. Comme aspirer par elle, par lui. Quelque chose n'allait définitivement pas avec cette représentation glauque car c'était la première fois qu'il ressentait cette sensation désagréable.

L'homme de grande taille avait un drôle de strabisme ainsi qu'un large front, un costume à froufrou et une collerette. Mais ce qui interpela rapidement le garçon perplexe lors de son examen minutieux fût les marques foncées à son visage.

Comme les siennes.

Sa respiration devint plus lourde alors qu'il approchait son visage plus proche de la page, ses yeux rivés sur l'homme déguisé en clown au milieu. C'était en fait un personnage horrifique. Les gens qui étaient autour de la caravane ne riaient pas mais criaient tous de terreur, leurs visages tirés dans une perpétuelle grimace angoissée.

«Andy ...» Chuchota soudainement Chucky à sa droite.

Le garçon en question leva brusquement la tête de son livre pour le regarder, ses yeux larges d'incrédulité. Cela surpris un peu la poupée qui cligna des yeux à son expression ahurie mais ensuite elle pointa son index de l'autre côté de la table.

De là où il était, Mike avait entendu la respiration haletante du jeune garçon alors il prit la décision de s'approcher pour voir ce qui le mettait dans des états pareils. Bien-sûr, avant de s'en approcher, il récupéra une bombe au poivre qu'il mit dans la poche arrière de son pantalon. Juste au cas où ... Il leva un sourcil au moment où le gamin jeta sa tête dans sa direction, les mains de chaque côté du livre de l'ancien Derry.

Tiens tiens, comme par hasard ... Se dit-il mentalement, les bras croisés sur sa poitrine. Il y eu un court silence maladroit entre eux avant qu'Andy n'ouvre la bouche.

«Vous avez peur de moi ?» Questionna-t-il en refermant doucement le livre, embarrassé. S'il posait cette question c'était parce qu'il sentait sa peur intense malgré que l'homme montre une image impassible.

«Pourquoi, je devrais ?» Rétorqua sèchement ce dernier.

Andy baissa tristement les yeux sur le livre puis haussa nonchalamment les épaules, intimidé par Mike qui le fusillait du regard. Sa peur se mélangeait maintenant à de la colère. Il n'avait jamais été très bon en communication mais il ne voulait surtout pas le fâcher avec sa question banale. Il sentit Chucky s'agiter à côté de lui.

«Couic !» La poupée plissa les yeux à l'adulte tout en passant son index sous son cou pour faire le signe du coupe gorge.

Mais Mike resta imperturbable face à ses menaces même s'il était un peu prit au dépourvu de voir un jouet faire ce genre de gestes déplacés. Ils ne savaient vraiment plus quoi inventé de nos jours ! Cependant son expression irritée faiblit légèrement quand il vit que le garçon regrettait sa question, donc il reprit d'un ton plus doux.

«Alors, ça te plaît à Derry ?» Mike prit une profonde inspiration puis se pencha contre la vitrine derrière lui pendant qu'il examinait attentivement les réactions de l'enfant du Diable.

«C'est ... Spécial.» Se contenta de répondre Andy, les yeux toujours sur la couverture de son gros livre.

«Spécial ? Comment ça ? C'est pourtant une belle ville avec des gens sympas, non ?» Poursuivit Mike, déterminé à en savoir plus. Mais quand il n'obtint aucune réponse, il changea de tactique ; «Ta maman aimait beaucoup cet endroit à l'époque.»

«Couic !»

«Oui je sais. Mais j'ignore encore pourquoi. Et les gens sont loin d'être sympas.» Renchérit Andy d'une légère moue, n'osant établir le contact visuel avec l'adulte qui le haïssait avec passion pour une raison qu'il ignorait même si sa laideur naturelle devait y être pour quelque chose.

Mike déglutit à cette triste réponse. Il savait ce que c'était que d'être moquer par les autres et il n'avait aucune difficulté à s'imaginer ce qu'il endurait à l'école. Il eut une pointe de pitié à son égard qui disparut tout aussi vite lorsqu'il se souvint à qui appartenait ce gosse. Un monstre dévoreur d'enfant.

«Couic !»

«C'est ton jouet ?» S'agaça Mike lorsque la poupée continua de le toiser sévèrement et de faire son geste grossier.

«Chucky n'est pas un jouet.» Souligna Andy d'un froncement de sourcils, interloqué. Il n'aimait pas les questions de ce monsieur ni cette manière de lui adresser la parole comme s'il était stupide.

Mike ne répondit pas au garçon vexé toutefois il jeta un regard noir à la poupée qui se moquait ouvertement de lui, allant jusqu'à rire de sa situation délicate. Fallait-il qu'il tombe sur un jouet sadique et un gosse dangereux qui portait les gênes d'un sanguinaire psychopathe ? Nerveusement, il passa ses mains sur son visage humide pour masquer son exaspération de plus en plus visible.

«Ne vous inquiétez pas j'ai l'habitude.» Affirma Andy sur le banc au silence qui se rallongeait.

«L'habitude de quoi ?» Mike leva les sourcils, perplexe.

«Qu'on me déteste au premier regard.» Précisa sombrement l'enfant qui suite à cela leva ses yeux méfiants vers l'adulte accoudé à environ deux mètres de lui. Au moins il gardait ses distances.

«Couic !»

«Ah oui ? Et qu'est-ce qui te fait dire que je te déteste ?» Demanda Mike réellement intrigué dorénavant. Il tenta d'ignorer la poupée derrière le garçon qui continuait de lui faire le geste du coupe-gorge, ses yeux bleus clignotants entre les rouges et vice-versa.

«Votre posture. Vous êtes constamment sur vos gardes depuis que je suis rentré dans la bibliothèque. Oh, et aussi le spray anti-agression dans la poche arrière droite de votre pantalon.» Andy sourit malicieusement lorsque l'expression confiante de l'homme tomba pour refléter de la stupeur.

Bingo ! Si déjà il pensait qu'il était le fils du Diable, alors autant jouer le jeu à fond car de toute manière il ne l'aimait pas.

«Pas mal.» Félicita Mike d'un hochement de tête. Ensuite il se redressa puis désigna Chucky avec son menton ; «mais c'était plutôt pour lui, la bombe au poivre. Disons simplement que j'ai les pétoches de ton truc qui n'arrête pas de me fixer depuis tout à l'heure.»

«Couic !»

Andy sourit à cette réponse inattendue puis finalement, il émit un petit rire. Petit menteur, il était malin ! Néanmoins il s'était bien rattrapé avec l'excuse de la poupée menaçante, il devait bien l'admettre. Il renifla d'amusement puis d'une brève secousse de sa tête, il revint à sa lecture en ouvrant une page au pif de son livre. Sauf que le bibliothécaire n'en avait toujours pas fini avec lui à son plus grand désarroi.

«Qu'est-ce que tu viens faire ici exactement ?» Mike eut suffisamment de courage pour venir s'assoir sur le bord de la table. Ce n'était pas vraiment une question. Il voulait comprendre ce que la progéniture d'Emily et de Pennywise venait faire ici et dans quel but.

Il pensait sans arrêt à sa précieuse relique qu'il gardait bien au chaud dans son bureau à l'étage supérieur. C'était pour elle qu'il était là ? Pour la lui voler ?! Mike se força à sourire malgré son expression inquiète tandis que le garçon lui répondit, indifférent.

«Apprendre j'imagine. Ma maman veut que je sorte un peu en ville pour me familiariser. Je ne suis pas du même avis. Généralement les gens n'aiment pas me voir, alors je préfère rester seul dans mon coin.» Admit le garçon d'un autre haussement d'épaules paresseux.

«Couic !»

«Tu as besoin d'aide ?» Tenta ensuite Mike d'un raclement de gorge en levant innocemment les sourcils au livre sur la table. Il allait avoir ses foutues informations !

Les bras croisés sur sa poitrine, Andy le contempla quelques secondes de plus avant de lui donner sa réponse verbale. L'esprit de cet homme était un vrai bazar. Il avait du mal à le cerner car il arrivait plutôt bien à cacher le fond de sa pensée cependant plusieurs mots ou phrases ressortaient régulièrement de son esprit instable notamment rituel de Chüd, enfant du Diable, relique importante, le clan des ratés, créature dangereuse mais surtout un prénom. Un nom qui revenait sans cesse dans sa tête dès qu'il posait les yeux sur lui.

Pennywise.

C'est quoi un Pennywise ? Ça se mange ? S'interrogea-t-il, dubitatif sur l'origine de cette appellation.

«Alors ?» Pressa Mike, les rides à son front se creusant d'avantage au regard songeur du gamin. Il n'aimait pas son regard fixe.

«Non, ça ira. J'ai reçu toutes les informations nécessaires.» Sourit joyeusement Andy après avoir refermé le livre et retiré quelques mèches de cheveux roux foncés loin de ses yeux. Pourquoi se fatiguer à lire quand cet homme était incontestablement un livre ouvert ?

«Hum, OK, pas de problème. Argh, il me fiche vraiment la trouille ton truc. Tu ne peux pas l'éteindre ? Juste un temps ?» S'impatienta Mike en jetant frénétiquement sa main vers le jouet parlant et flippant qui ricanait bêtement à son visage, son sourire mesquin encore plus grand qu'auparavant.

«Gros connard.» Dit Chucky d'une voix amusée et moqueuse.

«Pardon ?!» Le bibliothécaire écarquilla les yeux, pas sûr d'avoir correctement entendu.

«Euh non ! Il a dit quel bazar ici ! Ha, sacré Chucky ! Bon on va y aller maintenant. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps !» Déclara Andy d'un rire nerveux en attrapant aveuglément sa poupée rousse à la langue bien pendue ainsi que toutes ses affaires qu'il fourra rapidement dans son sac à dos.

Il sortit sans plus tarder de la bibliothèque, laissant Mike abasourdi dans son sillage.

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Il courait pour la vie chère. Le plus vite possible loin de ses assaillants. Mais la terreur qui circulait dans ses veines lui faisait perdre du terrain.

«Reviens-ici espèce de taré !»

Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu'après une semaine de tranquillité cette bande de garçon ne s'en prenne à lui ? Ils avaient attendu le moment opportun, un moment où il s'y attendait le moins. Peut-être pour l'effet de surprise ou peut-être parce qu'il était juste là au mauvais moment. Quelle merveilleuse idée de sortir après l'école pour se promener en ville ! Vraiment super. Génialissime.

«Regardez comme il court ce naze !» Ricana Gavin à bout de souffle.

Andy ne voulait pas se retourner pour vérifier la distance qui le séparait à eux. Il n'en avait pas le courage ni la force. Tout ce qu'il souhaitait c'était de mettre le plus de distance possible avec ces garçons insupportables qui riaient vicieusement dans son sillage. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine et sa respiration erratique l'empêchait de savoir combien de mètres les séparait exactement.

Mais une main derrière sa nuque lui donna sa réponse.

«Où est-ce que tu vas comme ça, la mocheté ? Tu cours chialer chez papa ? Oh mais attendez, il n'a pas de père ! Parce qu'il ne voulait pas d'un monstre pour fils !» Cracha méchamment Alvin en tirant brusquement l'enfant en détresse contre un arbre.

«Putain sa gueule les mecs ... Je ne m'habituerais jamais.» Grimaça Gavin, le nez plissé de dégout.

Andy ferma hermétiquement les yeux puis compta dans sa tête pour calmer son hypertension qui ne cessait d'augmenter, à deux doigts de craquer. Comment savaient-ils pour son père ?! Son stress l'empêchait de fuir loin de la poigne de Gavin qui se resserrait progressivement autour de son cou. Il n'entendait que très vaguement ce que baratinaient les trois garçons de sa classe autour de lui mais à un moment donné Adrian parla de sa mère, ce qui lui donna un violent haut le cœur.

«Tu pourras dire à ta vieille que j'en ai rien à foutre si elle sait où j'habite ! Tu n'es qu'un pauvre raté !»

Son souffle lui fût arraché à ces mots insultants. Il n'arrivait plus à bouger ni même à respirer tandis que ses yeux virèrent au rouge intense. Non, pas encore une fois ... Pitié ! Il grogna puis couvrit rapidement son visage avec ses mains avant que l'un des garçons ne s'aperçoive de son changement physique, au risque de les tuer.

Mais Andy savait que c'était peine perdue à l'instant même où il sentit le poing d'Adrian entrer en contact avec sa joue gauche.

Puis le sang jaillit.

Sonné, il cligna des yeux plusieurs fois, pour sortir de sa confusion. Il voyait flou, terriblement flou. Ce n'était pas que les larmes qui obstruaient sa vision mais aussi sa panique monstrueuse. Son corps se mit à avoir des spasmes, répétitifs, mais la bande de scélérat continua de rire à gorges déployées de sa misère. Un liquide gluant s'accrocha à ses doigts lorsqu'il posa sa main à sa joue palpitante. Un gémissement s'échappa de ses lèvres entre ouvertes.

Il n'avait que très peu de temps.

Andy bouscula brutalement Gavin à l'aide de son épaule pour s'enfuir dans la rue, utilisant sa main pour cacher l'inévitable. L'angoisse au ventre, il ignora délibérément les cris indignés des adolescents derrière lui pour courir à sa maison au bout de la rue Jackson. Il faisait bientôt nuit en plus mais les lampadaires offraient du réconfort.

Alors qu'il fracassa son poids dans la porte d'entrée pour l'ouvrir, il entendit sa mère s'inquiéter dans le jardin mais il n'avait pas le temps pour lui répondre. Et ni l'envie de lui dévoiler l'horreur absolu. Le monstre qu'il était.

Il entra rapidement dans la salle de bain en verrouillant la porte derrière lui, sa main sanglante contre le bois de cette dernière. Il tituba lentement jusqu'au lavabo, gémissant encore et encore sous son souffle. Tout doucement il leva ses yeux rouges dans la glace pour constater que son teint était encore plus pâle que la normale. Il remarqua ensuite qu'une longue trainée de sang s'écoulait jusque dans son cou, la lèvre inférieure tremblante à cause de la pression des larmes.

Ensuite il retira calmement sa main de sa joue.

Andy ne retint pas le hurlement de terreur qui sortit de sa bouche lorsqu'il constata les dégâts. Les terribles dégâts. Trébuchant en arrière contre le mur en carrelage, sa respiration devint de plus en plus rapide jusqu'à lui en donner le tournis lorsque les néons au-dessus de lui vacillèrent frénétiquement.

«C'est un cauchemar ...» Murmura-t-il dans le déni total, la voix défaillante.

Sa joue gauche était ouverte. De la commissure de sa lèvre jusqu'à sa tempe s'étendait cette blessure qui n'en était pas vraiment une au final. De longues dents fines et tranchantes accrochées à une gencive sanguinolente dépassaient de la peau de sa joue, lui faisant ainsi un sourire morbide et macabre. Une extension inhumainement possible de sa propre bouche.

Andy se laissa lentement glisser le long du mur tandis qu'il dévisageait le monstre dans le miroir face à lui, laissant ses larmes courir librement sur ses joues. Une peur inouï le balaya de plein fouet, creusant ses griffes impitoyables dans ses tripes. Ce monstre c'était lui. Mais qu'était-il à la fin ?! Pourquoi ça recommençait encore ?

Une fois assis au sol il se recroquevilla sur lui-même, enterrant son visage dans ses genoux pour faire taire ses cris de désespoir le temps que cette anomalie physique cauchemardesque ne disparaisse.

A suivre ...

Mon pauvre chéri ... En vrai ça me brise le cœur mais bon, je veux qu'il soit ainsi. Incompris, ne sachant pas ce qu'il est lui-même. Mais ne vous inquiétez-pas bientôt vous comprendrez un peu mieux l'histoire d'Andy et pourquoi il est comme ça ^^ Il y a une raison à tout.

Merci pour vos commentaires encourageants ! Vous êtes géniaux.

PROCHAIN CHAPITRE PREMIERE APPARITION DE PENNYWISE !

/SECTION DEFIS\

Thème chapitre suivant -> Andy va se faire un ami. Il va discuter avec lui, se balader et faire connaissance. Moment Emily/Andy aussi puis visite de la fête foraine ;)

Défis Ça 3 :

user18677738 -> Mike remarque de lui-même avec choc qu'Andy ressemble beaucoup à Pennywise, et lorsqu'il parle, il bégaie.

ODemonKillO -> Emily va voir la tombe de Barry. Que Andy trouve l'ancien livre violet de kamasoutra d'Emily a la bibliothèque et Chucky lui demande c'est quoi, et il répond que c'est certainement une sorte de danse. (Ptdrrrr)

Nymphe-_-a -> Emily se ballade et par pure envie retourne à l'entrée des friches et se met à se souvenir de Pennywise. Elle se met à rougir, elle a hâte du retour de son Pennywise, mais en même temps elle appréhende. + Un personnage du groupe des ratés ou quelqu'un d'autre qui a connu Pennywise va faire la rencontre d'Emily et d'Andy et va être surpris en voyant Andy car il ressemble à Pennywise et il va dire "merde" en chuchotant en fixant Andy car il saura que c'est le descendant du clown.

Stou -> Andy tombe sur un article qui parle de Pennywise et voit une gravure de son père puis il commence à faire le lien.

A bientôt ! VP

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