Ça🎈~13

Merci pour les votes et les commentaires ! Chapitre un peu plus long, désolée.

Bonne lecture !

Ça 13

Ce jour-là, Emily prit la décision de laisser son fils souffrant à la maison afin qu'il puisse se rétablir dans la paix et surtout, la tranquillité.

Elle n'avait toujours pas compris ce qui c'était produit hier soir avec Andy, ni quel aliment n'était pas passé pour le rendre aussi malade et fiévreux. Donc la première chose qu'elle fit une fois son enfant au lit, a été de vérifier les dates de péremptions sur ses produits frais et les quelques conserves qu'elle gardait sur l'étagère sous l'escalier.

Cependant elle ne trouva rien d'anormal. Son réfrigérateur fonctionnait correctement, l'hygiène du domicile était impeccable tout comme la nourriture. Peut-être avait-il tout simplement attrapé une grippe à l'école ou alors un virus qui circulait en ce moment ? Cela restait tout de même très suspect. Emily continua de se poser de multiples questions jusqu'à ce qu'elle aille ouvrir la porte de sa maison pour récupérer le journal que le facteur venait de jeter depuis son vélo.

«Par Toutatis !» S'écria-t-elle dans le choc en plaquant rapidement une main contre ses lèvres.

A ses pieds se tenait une petite jambe d'homme ... Plutôt une jambe d'enfant, d'après la taille. Du sang avait coagulé sur le paillasson, un tout neuf en plus ! Quelques traînées étaient descendues le longs des marches jusque dans l'herbe verte, à croire que cette victime de Pennywise ne datait pas de très longtemps.

«Mon tapi ! Grah, c'est pas possible !» Râla la femme platine après avoir tiré quelques mèches de cheveux derrière son oreille. Un soupir frustré se glissa hors de sa bouche.

Maintenant elle commençait à rassembler les pièces manquantes du puzzle. C'était manifestement un cadeau du clown des égouts et elle avait la certitude qu'il n'était pas pour elle, mais bel et bien pour son fils souffreteux. Un cadeau pour se faire pardonner de quelque chose ? Sans l'ombre d'un doute. Mais quoi exactement ? Qu'avait fait Pennywise hier soir avec leur enfant en pleine nuit ?

Emily toisa sévèrement la bouche d'égout en face de sa maison, là où elle était persuadée que l'entité coupable observait dans le plus grand des calmes. Toutefois elle ne pouvait pas sauter aux conclusions hâtives car peut-être que ce n'était que dû au plus grand des hasards ? Néanmoins elle ne pouvait pas laisser cette jambe ici jusqu'à ce qu'Andy se réveille ... Les voisins pourraient potentiellement voir cette horreur et appeler la police.

Oh non, pas encore une fois ... Elle poussa un grand soupir de lassitude.

Donc elle prit sa tasse de café dans une main, le journal sous le bras puis resserra la ceinture de son peignoir ivoire avant de se pencher et de récupérer la jambe ensanglantée dans sa main libre. Une personne normale aurait bâillonné voir même vomi, mais Emily n'avait aucune trace de dégoût sur son visage de marbre. Seulement de la pitié pour la pauvre victime.

Elle ramena le morceau de corps à l'intérieur de sa maison puis ensuite à la porte arrière de la cuisine, celle qui menait directement au jardin du fond. Au moins ici, personne ne pourra voir qu'il y avait un bout de cadavre sur la paillasse. Elle chassa les petites mouches qui volaient avec son journal avant de refermer la porte en attendant le réveil de son fils.

Evidemment qu'elle allait lui donner ce ... Cadeau morbide. Sinon Pennywise pourrait être en colère contre elle et devenir un grand danger pour eux. De plus, Andy avait besoin de s'alimenter différemment à présent même si cela lui brisait le cœur de devoir accepter ces meurtres sanguinaires.

Emily fini sa tasse de café tout en lisant les nouvelles dans le journal et sans surprise, à la page nécrologique, elle vit le nom d'une petite fille figuré en première ligne. Une petite Victoria retrouvée en morceaux sous les gradins du stade de baseball. Elle eut soudainement du mal à avaler sa boisson chaude, la culpabilité la rongeant de plus belle même si pour ce meurtre, ni elle ni son fils en étaient fautifs.

Tu as fait un choix. Tu savais ce qu'il représentait et les conséquences. Se consola Emily d'un sourire triste.

Elle n'était pas non plus un ange, mais de savoir que son fils à qui elle avait donné une éducation rigoureuse allait devenir comme lui ... L'attristait. D'une certaine manière. Oui elle avait accepté ses cadeaux macabres ainsi que ses avances, mais là il ne s'agissait pas que d'elle. Bien qu'elle admire Pennywise et qu'elle lui porte de l'intérêt cela ne voulait pas dire qu'elle consente à sa façon d'agir. Il y avait forcément un autre moyen de subvenir à ses besoins que par la violence et la manipulation de jeunes enfants innocents.

Il fallait qu'elle sorte à l'extérieur pour se changer les idées. D'un dernier regard noir à la rubrique nécrologique qui semblait s'agrandir de jour en jour, elle balança le journal dans la poubelle puis se précipita dans les escaliers pour se changer dans une tenue un peu plus décente. Un short et un T-shirt allaient faire l'affaire.

Une fois préparé et fin prête, Emily se dirigea vers la chambre d'Andy puis vers son lit. Il faisait sombre dans la pièce toutefois elle pouvait distinguer la forme de son enfant sous les draps ainsi que la poupée à son chevet qui veillait sur lui. Elle s'assit sur le rebord du matelas avant de nouer ses doigts dans les cheveux de son fils, un petit sourire aux lèvres quand il se détendit sous sa caresse.

«Si jamais il se réveille, je veux que tu me préviennes, d'accord ?» Demanda-t-elle à Chucky à sa droite.

Au lieu de répondre verbalement, la poupée acquiesça d'un hochement de tête ferme. Ses yeux clignotaient entre le bleu et le rouge, signe qu'il était très inquiet pour son meilleur ami qui jusque-là n'avait plus vomi dans la bassine prévue à cet effet. Emily avait beau essayer de le rassurer qu'Andy allait beaucoup mieux, il avait toujours le sentiment qu'il était en danger de mort. Ce qui expliquait son animosité envers la mère de son enfant adoré.

Même si clairement, Andy avait juste besoin de dormir aujourd'hui.

Emily contempla son fils dans le silence, écoutant attentivement ses inspirations puis ses expirations presque inaudibles. Rien que par le contact, elle put déterminer sa température corporelle ainsi que l'état de son estomac. Vide. Il avait expulsé l'intégralité de l'aliment toxique sur son pauvre canapé. Elle était vraiment tenter de plonger dans son esprit pour dénicher des informations sur son état et peut-être découvrir la vérité, mais sa promesse faisait toujours écho dans son esprit.

Une relation de confiance. Personne ne fouille dans l'esprit de l'autre sans son consentement !

Un peu amusée par ce rappel, la femme renifla puis se pencha pour déposer un doux baiser sur le front tiède d'Andy qui suite à cela, laissa glisser un sourire adorable sur ses lèvres. S'assurant qu'il dormait toujours à point fermé avant de partir, elle donna une seconde fois toutes les explications à Chucky qui était chargé de sa sécurité le temps de son absence.

«Je reviens vite ! Mais s'il te plaît, si quelqu'un frappe à la porte, évite de lui enfoncer un couteau dans le torse.» Elle se mit à rire mais voyant que Chucky lui, ne riait pas, elle se racla la gorge ; «Ne répond pas, c'est tout. Je n'attends pas de visite aujourd'hui de toute manière. Je serais à la brocante si jamais.»

Une fois toutes les instructions données et répétées trois fois consécutives, Emily quitta sereinement la maison. Evidemment, avec une poupée tueuse comme gardienne il n'y avait pas d'inquiétude à se faire ni du mouron. Elle n'avait d'ailleurs pas besoin de prendre sa voiture car de la rue Jackson à la brocante il y avait à peine cinq minutes de marche.

Avant de rejoindre la rue qui mènerait à sa destination, elle se dirigea d'abord devant la bouche d'égout pour finalement s'accroupir devant celle-ci. Comme toujours, l'intérieur était obscur et froid. De l'air putride venant des profondeurs serpentait sur son visage puis dans ses cheveux ondulés. Ses lèvres rouges s'étirèrent dans un beau sourire alors qu'elle se mit à chuchoter quelque chose que seule une créature spécifique pouvait entendre.

«Je sais ce que tu as fait pour Andy. Ta présence dans sa vie lui fait un bien fou et je t'en remercie, du fond du cœur. Mais s'il te plaît, veille sur lui pour moi, veux-tu ? Il en a besoin pour guérir.»

Elle se mordit la lèvre inférieure tandis qu'elle espérait entendre une réponse de l'entité sans scrupule ou presque. Elle lui en demandait beaucoup, certes, cependant elle savait qu'il en était entièrement capable après avoir vu certains des souvenirs de son fils tout à l'heure. Oui, et alors ? Andy aussi essayait de fouiller dans sa tête à son insu ! Donc ils étaient quittent tous les deux dorénavant.

Plusieurs secondes passèrent mais jamais elle n'entendit la voix railleuse familière du clown qu'elle aimait tant. Pensant d'abord qu'elle avait parlé dans le vide, Emily poussa un soupir ébranlé puis se leva à ses pieds pour se diriger dans la rue juste avant qu'elle n'entende enfin quelque chose venant du fin fond de l'égout. Des voix de différentes tonalités, d'enfants notamment.

Il promet toujours pour elle.

Tu devrais venir flotter Emily !

À quoi reconnaîtrons un méchant ? Il perd toujours !

Coucou, c'est Johnny !

Andy sera en sécurité, il est toujours en sécurité.

Les origamis c'est la life.

Les égouts sont l'endroit idéal ...

Pour passer du temps avec le clown !

Emily leva les yeux au ciel puis sourit aux rires enfantins qui accompagnaient ces voix effrayantes. Nul doute que l'entité était derrière toute cette mascarade pour tenter de l'impressionner, comme d'habitude depuis la toute première rencontre. Alors elle offrit un baiser dans les airs à la bouche d'égout où elle savait pertinemment que Ça l'observait depuis la noirceur oppressante avant de tourner les talons direction le centre-ville.

D'autres rires fantomatiques fendirent l'air dans son sillage.

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La boutique d'antiquité ne payait pas de mine vue de l'extérieur, mais une fois à l'intérieur, c'était une toute autre histoire.

Emily n'avait jamais vue autant d'articles anciens réunis dans un seul et unique endroit. Enfin non, ceci était purement mensonge. Chez elle il y avait aussi tout un tas de choses collectionnables et de babioles datant de l'avant-guerre voir même pendant mais aussi après, suivant les univers. Cependant dans cette boutique, elle pouvait dénicher des objets appartenant à cette époque mais aussi originaire de Derry.

«Bonjour. Vous cherchez quelque chose de spécifique ?» Déclara une voix ennuyée depuis le bureau du fond.

Un vieux monsieur rabougri se tenait sur une chaise roulante à l'arrière de ce dernier, un livre avec une couverture noire dans les mains. Ses cheveux gris étaient mi-longs et cachés sous une casquette de baseball. De petites lunettes ovales rayées figuraient sur son nez osseux, des yeux gris fatigués l'observait faire chaque fait et geste derrière les verres loupes. Il ne portait pas l'ombre d'un sourire accueillant et paraissait sévère.

«Non, ça ira pour l'instant. Merci beaucoup.» Refusa poliment Emily gênée.

Le propriétaire renifla avec dédain puis retourna à sa lecture en laissant la cliente faire le tour de sa petite boutique d'antiquité. La femme plantée devant la porte se décala sur la gauche lorsqu'un objet attira son attention. De couleur jaune et argent, une cafetière des années cinquante lui faisait actuellement de l'œil, posée sur une étagère entre d'autres produits électroménagers des mêmes années. Recouverte d'une fine pellicule de poussière et comportant quelques petites rayures, Emily passa son index sur le couvercle pendant qu'elle réfléchissait à son achat ou non.

Finalement elle s'intéressa à des lampes un peu plus loin. Abat-jours à motifs, unis, carrés, ronds, triangulaires, colorés, ternes, il y avait absolument tous les choix possibles ainsi que toutes les tailles inimaginables ! Ses yeux noirs se posèrent sur des petites boites métalliques dans lesquelles on gardait les médicaments puis des cendriers usés par le temps et enfin, la partie vaisselle unique qui se trouvait de l'autre côté de la boutique. Entre les tissus ainsi que les vêtements d'époques.

Son regard avisé se déporta de tasse en tasse jusqu'à tomber sur ce qu'elle était venue récupérer initialement. Une théière aux motifs floraux. Légèrement ébréchée par les nombreuses utilisations, sa porcelaine blanche et ses jolies petites fleurs bleues finirent par charmer la jeune femme qui s'empressa de la récupérer entre ses mains. Toujours penchée vers le meuble garni, elle caressa avec ses pouces la douceur et la fraicheur de la théière particulière.

«Avez-vous trouvé votre bonheur ?» S'exclama l'antiquaire derrière elle, la faisant sursauter de surprise dans le processus.

«Hum, oui. Je pense que j'ai mis la main sur la perle rare.» Emily rit nerveusement alors qu'elle se redressa tout en tenant la délicate porcelaine contre ses seins, un peu perplexe de voir le regard insistant du vieil homme sur elle.

«C'est cela. Donnez-la-moi, je vais vous l'emballer pour le transport. Oh, et joli arrière train au passage.» Déclara-t-il d'un demi-sourire après avoir mis la main sur la précieuse théière à motifs. Il se retourna en direction du bureau mais ne manqua pas le regard outré de sa cliente, donc il s'expliqua sans plus tarder au risque de la faire fuir ; «je ne garde pas ma langue dans ma poche. Lorsque j'ai quelque chose à dire, je le dis, Mademoiselle.»

«Très bien. Mais en attendant, je n'ai rien dit.» Charia la jeune femme dans son dos, ce qui valut un autre de ses sourires rares.

Emily secoua la tête puis leva les yeux au plafond, étrangement amusée par les commentaires déplacées de ce vieillard à la langue bien pendue, comme il le disait si bien. Elle s'attarda ensuite sur des tableaux suspendus au mur à sa droite, l'un d'entre eux attirant sa curiosité. Il s'agissait d'un magnifique couché de soleil devant une cabane en bois au bord de l'eau, deux personnages se tenant la main sur le ponton face à ce spectacle de toute beauté. Un homme et un enfant, d'après les tailles et les corpulences.

Il y eut un bruit de klaxon dans la rue. La porte derrière elle s'ouvrit puis la clochette retentit, mais la femme en pleine admiration ne se retourna pas pour regarder le nouveau client, bien trop éprise par la beauté de l'œuvre originale dans un incroyable cadre en bois de chêne. La personne qui venait d'entrer poussa un soupir émerveillé.

«Que puis-je faire pour vous ?» Répéta l'antiquaire d'un autre soupir lassé.

Bill Denbrough était sur le point de répondre qu'il désirait acheter son ancien vélo Silver à la vitrine lorsque ses yeux bleus surexcités se posèrent sur une forme féminine qui se tenait dans le coin gauche de sa vision périphérique. Longs cheveux platines, vêtements trop courts ou trop serrés ... Aucun doute là-dessus.

«A croire que le destin nous joue des tours.» Dit-il une fois derrière le personnage féminin dos à lui. Un petit sourire penaud aux lèvres, il mit les mains dans les poches de sa chemise verte.

Emily se retourna vers lui et lui lança d'abord un regard obtus avant que celle-ci n'imite son sourire adorable et ne se jette dans ses bras pour lui donner une accolade digne de ce nom. Surpris, Bill cligna des yeux mais ensuite il encercla ses propres bras autour d'elle pour rendre le geste affectif, respirant son parfum unique qui lui donnait de nouveaux souvenirs sur sa vie antérieure étant gamin à Derry. Toutefois il n'avait pas le souvenir qu'elle était aussi tactile ... Cela devait être à cause de sa mauvaise réputation injustement attribuée.

«Le destin est notre ami Bill, pas notre ennemi. Je savais que tu viendrais récupérer ton ancien vélo. Il n'attendait que toi !» Rit Emily en prenant quelques pas en arrière pour le tenir à bout de bras.

«Silver avait été là durant une grande partie de mon enfance. Il renferme de nombreux souvenirs sur cette partie sombre de mon esprit. Je ne peux pas l'abandonner encore une fois.» Répondit honnêtement Bill en remettant sa chemise en place, perdant ainsi son sourire contre un froncement de sourcils.

«Les objets renferment toujours une partie de l'âme de ceux qui les possédaient. Il y a un côté magique !» Murmura la jeune femme plus courte d'un haussement de ses sourcils noirs, son sourire ne faiblissant pas tandis qu'elle leva les mains pour mimer le mot magie.

Bill ne put retenir les coins de ses lèvres alors qu'il contemplait longuement le visage d'Emily. Regarder une personne de la sorte n'était pas très polie mais il ne pouvait s'en empêcher car à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle, il avait l'impression qu'elle renfermait d'innombrables secrets du passé accompagnés de meurtrissures, de larmes et de choix difficiles. La beauté de son visage, ses yeux sombres reflétant les abysses de son âme mais aussi sa bonté et son charisme.

«C'est dingue, mais plus je te regarde et plus je me souviens. De tout. Il n'y a que certains petits détails qui me paraissent encore flous, lointains et inaccessibles. C'est comme un rêve ...» Se retrouva-t-il à dire, perdu dans ses examens minutieux.

Sans véritablement le vouloir, il déposa sa main sur la joue d'Emily qui curieusement ne se raidit pas au contact doux. Elle se contenta de le regarder droit dans les yeux alors qu'elle lui permit de l'étudier de cette façon, acceptant sa caresse comme un geste purement amical. Il y avait toujours eu une espèce d'alchimie entre eux, déjà lorsque Bill était plus petit. Comme un lien indéchiffrable mais pourtant bien réel.

«Vous savez, tout ça est très touchant mais nous sommes en 2016. Il y a donc des hôtels pour ça.» Rouspéta l'antiquaire à son bureau en claquant son livre sur la surface de ce dernier.

Cela eu pour effet de rompre l'étrange charme entre Emily et Bill qui se séparèrent presque avec embarras. Tous deux arborant des sourires timides, ils se raclèrent la gorge sans oser s'attribuer un seul petit coup regard par peur d'y trouver de la honte ou de l'outrance sur le visage de l'autre. L'ancien chef du clan des ratés passa nerveusement sa main à l'arrière de sa tête tout en trouvant le sol vachement intéressant.

Nom de Dieu, il était désormais adulte ! Il avait quarante ans et se comportait vraiment comme un gamin de douze ans. Il était marié, écrivain renommé à succès avec un film en tournage à qui il ne manquait plus que la fin. Alors, pourquoi se sentait-il aussi désespéré ? Pourquoi avait-il eu de drôles d'idées et des pensées interdites ? C'était très ambigu. Ils n'étaient qu'amis après tout et cette femme était bien plus âgée que lui, même si son corps refusait de vieillir avec elle.

Mais encore, les rêves eux n'étaient pas interdits.

«Vous former un charmant petit couple.» Approuva l'antiquaire d'un hochement de tête persuadé.

«Ahh euh non ... Ce n'est pas du tout ce que vous croyez ! Vous faites erreur.» Objecta rapidement Emily d'une secousse de sa main et d'une rougeur à ses joues, dorénavant dans l'embarras profond.

«On est pas ... Ensemble.» Déglutit lentement Bill tout aussi déstabilisé par les propos du propriétaire de la boutique.

Ses yeux bleus finirent par se redresser vers Emily qui était en train d'entretenir une conversation avec le vieillard à son bureau, clairement à la recherche d'un moyen de sortir de cette situation compromettante. Il ouvrit la bouche pour s'excuser de son comportement mais au même moment, quelque chose frappa durement la vitrine derrière lui.

«Aie ! Ça fait mal, Andy.» S'écria une personne.

«Pardon mon pote ! Je ne l'avais pas vu.» Répondit la seconde qui l'accompagnait.

Perplexe, Bill se retourna pour être confronter par un petit garçon aux cheveux roux ainsi qu'un autre bien plus petit que lui ... Attendez une minute, non, ce n'était pas un enfant mais une poupée grandeur nature ! Le jouet parlant en salopette bleue se frottait le front avec sa main libre tandis que son visage était chiffonné dans la douleur factice d'être entré aussi violemment en contact avec la vitre.

L'autre enfant plus grand et surtout vivant entra dans la boutique d'antiquité, faisant retentir la clochette en guise de sonnette à son passage. Il jeta un rapide petit coup d'œil aux alentours avant de finalement se poser sur Emily au fond de la boutique avec l'antiquaire. Un grand sourire ravi s'installa sur ses lèvres puis il lâcha la main de la poupée grognonne pour courir en direction de la femme qui n'avait assurément pas entendue son entrée fracassante.

«Maman !» Hurla Andy d'un timbre de voix défaillant à cause de la maladie.

«M-maman ?» Bégaya Bill de stupéfaction. Ses yeux s'élargirent car cela voudrait dire que cet enfant était aussi celui de ...

Non, impossible. Mike avait tort.

«Andy ! Mais, que fais-tu debout ? Tu ne devrais pas errer comme ça dans les rues avec ton estomac fragile, tu le sais bien.» Soupira Emily avec inquiétude une fois accroupit devant son garçon au teint toujours blafard.

«Oui je sais. Mais je n'étais pas fatigué et puis, j'avais envie de venir avec toi. Tu me manques beaucoup en ce moment.» Andy murmura la fin de sa phrase afin que le vieux monsieur ci-dessus ne l'entende pas.

«Moi aussi tu me manques mon chéri. Maintenant laisse-moi récupérer mon achat et ensuite nous irons où tu voudras, d'accord ?» Proposa gentiment Emily en caressant les joues de son fils souriant mais essoufflé.

Andy acquiesça doucement puis laissa sa maman finir sa transaction avec l'antiquaire pour s'intéresser plus particulièrement à son environnement. Son regard cerné se posa ensuite sur la silhouette d'un homme accroupit devant Chucky qui s'était tranquillement assis sur une chaise à l'entrée de la boutique en attendant qu'ils ne repartent dans la rue. Immédiatement, il se mit en mouvement, inquiet de ce que son meilleur ami pourrait dire.

«Hey, petit bonhomme. Comment tu t'appelles ? Moi c'est Bill. Bill Dengrough. Tu es un jouet ou quelque chose dans le genre ? Tu m'as l'air d'être d'une technologie assez avancée.» Questionna Bill d'une manière comique, une légère moue sur son visage.

«Chucky, je suis Chucky. Billy, comme la marionnette de Saw ?» Répondit la poupée rousse aux yeux bleus d'un sourire niais.

«Ce n'est pas un jouet.» Réprimanda calmement Andy une fois aux côtés de l'homme qu'il avait presqu'instantanément reconnu. C'était le type qui avait discuté avec Mike l'autre soir dans la bibliothèque.

Celui qui avait été drogué.

«Gros connard.» Coupa Chucky en levant ses sourcils à Bill choqué par cette déclaration.

«Oh non ... Chucky ! Je t'ai déjà dit de ne plus le dire en public ! Excusez-le, il répète les mots qu'il entend au quotidien.» Andy rougis furieusement de honte toutefois, l'homme aux yeux bleus n'eut pas la réaction escompté. Il se mit à rire, à gorge déployée.

«Eh bien, je suis ravi de l'apprendre. Ma femme me le disait sans cesse mais sortant de la bouche d'une poupée intelligente ... C'est comme se prendre une gifle en plein visage !» Rigola Bill d'une secousse de sa tête.

«Vous n'êtes pas fâcher contre lui ? Ou ... Contre moi ?» Poursuivit Andy complètement déboussolé par la réaction inattendue.

«Pourquoi le serais-je petit ? J'étais jeune avant toi tu sais. Je suis Bill et tu dois être Andy, d'après ce que m'a raconté ton ami ici présent. Petit garçon honnête et sensible, tu me rappelles un peu de moi étant gosse.» Bill se tourna vers le garçon devenu ému puis tendit une main vers lui sans jamais abandonner son sourire conciliant.

Même si la tentation était très forte.

«Andy Brown.» Andy accepta timidement la poignée de main.

Malheureusement il ne pouvait plus nier ce que lui avait dit Mike l'autre soir ni la conversation téléphonique qu'ils avaient entretenus plusieurs jours auparavant. Les signes étaient là. Assez proche de l'enfant, il pouvait parfaitement bien distinguer les deux marques familières sur les joues pâles ainsi que les reflets rougeoyants dans ses yeux bruns, les cheveux roux foncés, la pâleur de son teint ...

A cet instant précis, Bill eut une autre vision du passé oublié.

C'était celle d'un homme, Robert s'il se souvenait bien. Le clown déguisé en humain pour tenter de séduire Emily dans des lieux publics sans se faire repérer par les adultes. Cet enfant lui ressemblait beaucoup, tout comme il avait des similitudes avec cet affreux clown des égouts. Notamment ces fichues traces sur son visage qui semblaient carrément être incrustées dans sa peau douce. Son sourire finit par mourir et le regard d'Andy devint plus méfiant alors qu'il prenait quelques pas en arrière, comme s'il avait lu dans ses pensées.

«Andy ? Tu as fait connaissance avec Bill ? Je t'en avais déjà parlé, tu te souviens ?» S'exprima Emily une fois derrière son fils immobile et apparemment contrarié. Elle plaça sa main à l'arrière de sa tête tandis que Bill se releva.

«Bien-sûr, comment l'oublier ... La fin de votre dernier bouquin est nulle.» Grommela-t-il sous son souffle, déçu, les yeux plissés à l'homme adulte qui faisait semblant d'être normal en sa présence alors que dans son esprit, c'était tout le contraire.

Evidemment. Encore un qui avait peur de lui.

«Ça je ne te le fais pas dire.» Acquiesça le vieil homme à son bureau d'un reniflement amusé. La vérité sortait toujours de la bouche des enfants, c'était un fait.

«C'est ton f-f-f-f ...» Bill tenta de faire sortir le mot hors de ses lèvres mais il en était devenu impossible pour une raison inconnue. Ce qui accentua la gêne générale.

«Fromage ?» Proposa le vieillard en arrière-plan.

«F-f-f-f ...»

«Fessier ?»

«F-f-f-f ...»

«Fauve ?»

«F-f-f-f ...»

«Fiancé ?»

«F-f-fils, putain !» S'écria Bill, frustré.

Il lissa ses mains moites sur sa chemise verte tandis qu'il fixait Emily pour obtenir une réponse à son dur labeur. Il connaissait déjà la réponse à sa question mais il voulait en être sûr avant de sauter aux conclusions, priant pour qu'ils se trompent sur ce gamin potentiellement dangereux. Cependant ce fût l'antiquaire qui s'exprima avant elle.

«Si vous voulez utiliser ce genre de vocabulaire, vous n'avez rien à faire ici. Et encore moins devant un jeune garçon et une dame. La poupée, je l'excuse. Mais vous, non.» Dit-il avec lassitude et une pointe d'agacement, les bras croisés sur son torse.

«Pourquoi la poupée ? Oui, oui excusez-moi. Mais est-ce que nous pourrions-» Bill ne put terminer sa phrase car la femme à ses côtés lui donna la confirmation qu'il redoutait tant.

Seigneur tout puissant.

«Oui. C'est mon fils, Bill. Maintenant si tu veux bien m'excuser, j'ai du temps à rattraper avec lui. Tu viens ?» Affirma Emily avec fierté en prenant les épaules d'Andy pour le conduire vers la sortie de la boutique mais non sans jeter un regard désenchanté en direction de son ami d'enfance.

«Au revoir Monsieur le vieillard !» Salua joyeusement le garçon aux cheveux roux d'un geste de sa main à l'antiquaire amusé.

«Au revoir Monsieur le vieillard !» Répéta Chucky à ses côtés.

«Voyons Andy ! Comment tu parles à Stephen King ? Salut Bill ! A la prochaine.» Gronda Emily d'une petite pichenette sur la tête de son fils avant de faire un signe d'au revoir à Bill toujours dans l'incapacité de parler après sa terrible découverte.

L'homme abasourdi suivit calmement du regard le trio sortir de la boutique d'antiquité, une pression inconnue à l'estomac. Ses soupçons révélés, il n'en revenait tout simplement pas que Mike lui ait dit la vérité depuis le début. Les preuves étaient là et pertinentes, il ne pouvait nier la vérité plus longtemps. Mais ... Pourquoi ? Cette question lui trottait sans cesse à l'esprit. Pourquoi et comment le clown dégoutant avait fait pour arriver à ses fins ?

Des mauvaises pensées commencèrent à fleurir dans son esprit notamment autour d'un sujet très controversé. Avait-il usé de sa force ? Du chantage ou de ses pouvoirs bizarres ? Cependant, la femme aux cheveux platines ne semblait pas malheureuse avec cet enfant, ce qui accentua d'avantage sa confusion sur l'existence de ce dernier. Il sortit de ses pensées à la voix d'Andy près de la porte.

«Tu as vu le joli porte fauteuil ? Oh et maman, j'ai vu le cadeau de papa dehors mais la jambe est trop grosse et je n'ai pas trop faim. Tu crois qu'il sera fâché parce que je n'y ai pas touché ?» S'exclama-t-il vivement en désignant d'abord un objet en vitrine avant de s'accrocher follement au bras de sa maman mal-à-l'aise, un grand sourire ornant ses lèvres.

«Ha ha, il parle du jambon de Parme, hein. Miam, le bon jambon que j'ai laissée sécher au soleil ! Et c'est portefeuille, pas porte fauteuil.» Emily rit nerveusement tout en jetant un coup d'œil à l'intérieur de la boutique avant de se pencher vers son enfant trop bavard ; «fait attention à ce que tu dis.»

«Qu'est-ce que j'ai dit ?» S'hébéta Andy.

Bill ne put s'empêcher de sourire à la naïveté du garçon. Il avait très bien entendu ce qu'il venait de dire mais pour une raison quelconque, il ne réagit pas à cette déclaration qui mériterait pourtant qu'on appelle la police pour investigations. C'était peut-être à cause d'Emily, ou alors la poupée flippante aux yeux rouges qui le regardait intensément de l'autre côté de la vitrine avec un sourire épouvantable.

Un frisson lui parcouru l'échine.

«Où en étions-nous ?» Requit l'antiquaire de retour sur sa chaise, les sourcils gris levés.

Sans détourner le regard du trio qui disparaissait dans la rue animée, Bill déglutit puis répondit.

«A la b-b-b-bécane.»

oOoOoOoOoOoOoOoOoOo

Une bonne promenade dans la forêt lui fera le plus grand bien !

Après s'être balader avec sa maman dans la ville et réaliser quelques achats, Andy décida de faire un petit tour en forêt pendant qu'Emily, de son côté, retournait au travail. Bien-sûr qu'il lui avait demandé son autorisation car il ne souhaitait pas l'inquiéter d'avantage mais ce n'était pas sans conséquences malheureusement. Saleté de maladie ...

«De retour à dix-sept heures, oui je sais j'ai entendu.» Soupira Andy pour au moins la énième fois.

«Elle s'inquiète beaucoup pour toi, c'est normal. On pourrait croiser un ours ici ou des psychopathes assoiffés de sang ! Ou encore des gorilles mutants.» Répondit Chucky dans son dos qui s'accrochait résolument à son cou pour ne pas glisser.

«Toi, tu regardes beaucoup trop de films. Et je vois mal des psychopathes s'en prendre à moi quand j'ai justement un psychopathe accroché à mon cou.» Rigola le garçon d'un haussement de ses sourcils tandis qu'il enjambait des branches sur le sol.

«Les films sont comme des documentaires. Ils te montrent des techniques de meurtre vraiment intéressantes.» Assura la poupée de sa voix enfantine, tournant la tête pour regarder le visage souriant de son meilleur ami.

«J'en suis sûr. Mais en attendant, tant que tu es avec moi, je ne risque rien Chucky. Maman le sais aussi.» Andy tapota la tête de sa poupée parlante puis s'enfonça d'avantage dans la forêt avoisinante les Friches.

Dean lui manquait. Il aurait aimé qu'il soit ici avec lui pour jouer dans la forêt mais son ami était encore à l'école. Pendant que lui se promenait tranquillement, à la recherche de tranquillité et de solitude. A vrai dire il se sentait encore un petit peu nauséeux mais la plupart de la drogue avait finalement quitté son système afin de lui permettre de se déplacer sans se sentir mal.

Pas comme avec son père la nuit dernière ... D'ailleurs il lui manquait aussi. Pennywise ressentait-il la même chose ?

D'une rapide secousse de sa tête, Andy s'assit sur un rocher en pleins milieu des bois où les oiseaux et quelques rares animaux vivaient en harmonie loin des humains et des bruits urbains dérangeant. Il tira ses cheveux un peu longs en arrière tandis qu'il déposa Chucky sur le côté pour pouvoir avoir accès à son sac à dos et plus particulièrement à son goûter. Pas des courgettes cette fois-ci, mais du chocolat et une pomme verte.

«Je t'ai fait des dessins, Andy. Tu veux les voir ?» Demanda la poupée courte sur patte d'un autre de ses petits sourires sympathiques.

«Oui avec plaisir ! Montre-moi tes œuvres d'art qui mériteraient d'aller dans un musée !» Accepta Andy en répétant la phrase que sa maman lui avait dite la dernière fois. Il croqua bruyamment dans sa pomme alors que Chucky sortait trois feuilles de dessins.

«Ça, c'est toi sur les toilettes. Celui-là, c'est toi et moi qui s'amuse. Et lui, c'est mon préféré.» Présenta la poupée en donnant les dessins un par un.

Andy avala de travers lorsqu'il posa les yeux sur les dessins de Chucky qui étaient ... Très explicites. Le premier comme son meilleur ami lui avait dit, était une grotesque représentation de lui sur les toilettes en train de faire ses besoins. Le second, il y avait effectivement lui et Chucky dans le jardin sur la balançoire mais dans un buisson à l'écart, il pouvait voir la tête du clown dépassée avec une expression malheureuse et de grosses larmes sur ses joues.

Cependant le dernier le mit vraiment très mal-à-l'aise. C'était encore une fois eux deux en train de s'amuser avec des branches dans la forêt mais cette fois-ci, Dean était également représenté dans le dessin. Mort baignant dans son propre sang dans le coin droit de la feuille. Toujours avec des traits grossiers, Andy pouvait toutefois comprendre clairement le message derrière cette œuvre dérangeante.

Avalant nerveusement le morceau de pomme dans sa gorge, le garçon désemparé leva les yeux hors des dessins quand il crut entendre des éclats de voix au loin dans la forêt. Des voix d'adultes. Dorénavant intrigué, il se leva de son siège improvisé puis remit les feuilles dans le sac à dos entre son walkman et le reste de son goûter avant de se tourner vers Chucky toujours assis.

«Reste ici. Je reviens vite ! Tu surveilles mon sac.» Somma Andy avant de courir en direction des voix qu'il pensait reconnaître.

Enfin approximativement.

Pour ne pas se faire repérer, il mit en pratique les conseils de son père en usant de la discrétion et des éléments de la nature pour se glisser jusqu'à une cabane souterraine d'où provenait les voix. Une cabane souterraine ? Trop cool ! Lui et Dean n'avaient jamais pensé à faire ça ! Ils pourraient piquer cette idée pour la prochaine fois.

Plus il se rapprochait, et plus les voix devenaient distincts.

«Un sacrifice ? On a qu'à prendre Eddie.»

«Quoi ?! Pourquoi moi ?» S'offusqua une personne qu'il ne connaissait pas.

«Bah t'es tout petit alors tu tiendras mieux sur le barbecue.» Répondit le premier.

«Je fais un mètre soixante-quinze. C'est la taille moyenne sur toute la planète !» Renchérit l'autre qui devait servir de sacrifice.

Andy fronça les sourcils alors qu'il atteignait enfin le bord de cette drôle de cabane dans les bois. Il se coucha à plat ventre puis se traîna silencieusement jusqu'à l'extrémité la plus proche pour s'apercevoir qu'il y avait exactement six personnes dans cette cachette de la mort qui tue ! Deux qu'il reconnut tout de suite étant Mike et l'autre Bill mais les autres, il ne les avait encore jamais vus à Derry.

«Le passé est enterré. Il faut creuser pour le retrouver. Un morceau après l'autre. Et ces morceaux, ce sont des artefacts. C'est eux qu'il faut sacrifier.» Déclara Mike très sérieusement, le seul debout parmi la bande.

«Alors ça veut dire que je suis un artefact ?»

Il y eut un grand silence où l'on pouvait entendre les mouches et les moustiques voler. Toutes les têtes se tournèrent en direction du garçon couché ci-dessus qui les observait timidement depuis le rebord.

«Oh putain ! C'est quoi ça !» Cria Richie en bondissant sur ses pieds en même temps que tous les autres ratés prit en flagrant délit.

«Wow wow, d'où il sort celui-là ?!» Paniqua Eddie, un haut le cœur lui donnant soudainement la nausée.

«Que personne ne bouge !» Ordonna Mike, les bras levés pour calmer tout le monde.

«Merde, tu as vu sa tête ? Regarde sa tronche !» Chuchota Richie en pointant du doigt l'enfant silencieux où il ne pouvait voir que sa tête.

«Putain, c'est le môme d'Emily. Je l'ai croisé dans une boutique tout à l'heure. Il a dû me suivre jusqu'ici.» Bill passa ses mains dans ses cheveux, énervé d'avoir été suivit et écouter par la même occasion.

«Le gosse d'Emily ?» Redit Ben d'un haussement de sourcils consternés.

«Tu te fiches de nous Bill ?! Qu'est-ce qu'il fou là, lui ! Et t'es qui toi d'abord !» S'agaça Eddie en gardant ses yeux craintifs rivés sur l'enfant qui se contentait de les observer sans un mot depuis sa position.

«Attends attends, tu veux dire qu'Emily à un gamin ? Pourquoi il ressemble à ce dégénéré de clown et pourquoi il nous regarde comme ça !» S'affola Richie en perdant presque ses lunettes durant sa frénésie.

«Calmez-vous ! Ça ne sert à rien de crier.» Mike prit les épaules d'Eddie qui s'était mis à gémir tout en essayant de se cacher derrière un poteau.

«Tu nous dis de nous calmer ? Mike, qu'est-ce qu'on doit encore savoir que tu ne nous a pas dit !» Rétorqua sèchement Ben en prenant un air menaçant, ses yeux furieux sur l'homme anxieux à la peau noire.

Mais avant que l'un des ratés ne reprenne la parole, Andy les devança.

«Il y a beaucoup de choses qu'il ne vous dit pas. Et contrairement à ce que vous pensez, je ne vous ai pas suivi. Vous faites tellement de raffut qu'il m'a été facile de vous trouver dans la forêt.» Il haussa les sourcils à Bill puis à Mike aux respirations haletantes.

«Comment t'appelles-tu ?» Demanda calmement Beverly, la seule qui n'avait pas crié au scandale.

«Andy. Vous êtes les ratés, n'est-ce pas ? J'ai entendu parler de vous. A plusieurs reprises.» Répondit-il avec méfiance. Ses yeux se posèrent ensuite sur Ben qui ne cessait de le fusiller du regard.

«Il a dit qu'il nous connaissait ? C'est ce qu'il a dit ?» S'inquiéta Eddie en se tournant vers Bill et Beverly. Il renversa une étagère lors de son mouvement maladroit, entraînant une injure sous son souffle.

«Tu n'as rien à faire ici Andy.» Mike sortit de sa cachette pour le toiser sévèrement.

«Il a raison. C'est une réunion des ratés. Tu devrais t'en aller. C'est une conversation d'adulte.» Expliqua calmement Bill en mettant sa main à plat pour calmer les jeux et surtout les esprits.

«J'ai vingt-cinq ans. Et je sais déjà ce que vous manigancer contre Pennywise.» Rétorqua Andy d'un sourire moqueur quand les visages ici-bas pâlirent considérablement suivit d'un soupir collectif.

C'était jouissif.

«I-il a dit Pennywise ? Hein, Richie ? C'est ce qu'il a dit ?» Bégaya Eddie terrorisé en empoignant la chemise de Richie qui avait actuellement la bouche ouverte de stupeur.

«La ferme Edward ! La ferme !» S'énerva ce dernier, les nerfs à fleur de peau.

«T'occupes pas de ça, Andy. Reste en dehors de tout ça, ce ne sont pas tes affaires. Retourne chez-toi.» Bill se rassit sur l'une des caisses en bois en faisant un geste de la main pour chasser le gamin spectateur.

«Vous étiez plus gentil tout à l'heure. Avec maman et l'antiquaire. Vous savez, vous devriez dire à votre femme ce que vous avez sur le cœur au lieu de lui mentir.» Andy esquissa un sourire narquois.

«Comment ? Espèce de petit m-merdeux !» Grogna Bill, importuné. Il passa sa main sur sa bouche pour tenter de retenir les insultes mais c'était de plus en plus difficile avec les secondes qui passaient.

«Bill ! Ça suffit. Ça ne sert à rien de s'énerver.» Rassura Beverly à sa droite d'une main rassurante sur son épaule.

«Et vous Beverly ? Pourquoi vous ne leur dite pas la vérité ?» Ricana Andy sur son perchoir.

C'était tellement amusant ! Lire en travers eux était si facile ! Tous des livres ouverts sur leurs émotions et leur passé plus ou moins tragique. Les yeux bleus de la femme rousse s'écarquillèrent mais elle ne dit rien en réponse car Ben se précipita dans sa direction pour essayer de le chasser sauf que Mike l'attrapa par le bras avant qu'il n'enjambe l'échelle et ne commette l'irréparable.

«Je n'aime pas ça du tout. Pas du tout du tout. Misère, oh misère ...» Eddie fouilla frénétiquement dans la poche de sa veste pour sortir sa ventoline et en prendre une profonde bouffée. Pour que son meilleur pote ne se mette à lui crier dessus.

«Mais arrête avec ça ! Ça ne sert à rien et tu le sais très bien ! Ne montre pas ta faiblesse devant ce gamin tout droit sorti des entrailles d'Emily, OK ? Bordel de merde. Voilà, je l'ai dit. Cette histoire n'a aucun sens ! Pourquoi elle a couché avec cet enfoiré de clown qui passe son temps à nous harceler et bouffer des marmots ?! C'est vrai ça ! On a qu'à l'utiliser pour nous débarrasser de lui en le mettant à la place d'Eddie sur le barbecue-» Richie entra dans une diatribe jusqu'à ce qu'il reçut une tape sur le bras.

«Placebo.» Marmonna Andy derrière sa main tout en fixant le médicament d'Eddie. Ce qui malheureusement ne manqua pas au principal concerné qui commença à balbutier sous son souffle en tenant son précieux appareil contre lui.

«Non mais ça ne va pas ?! Il ne nous a rien fait cet enfant et toi tu veux le cuir ? Imagine un peu les répercussions sur cet acte de cruauté.» Gronda Beverly en continuant de donner des claques au bras de Richie alors qu'il regardait honteusement le sol.

«Aie ! Ce n'est que purement hypothétique ? Aieuh !» Se plaignit ce dernier d'une grimace douloureuse.

«Ouais, surtout avec la police. Vous croupirez tous en prison parce que vous aurez organisé un barbecue humain. Entier ou en brochettes ? Mhm, je me demande quel goût j'ai.» S'interrogea Andy en tapotant son doigt contre son menton dans la réflexion.

Cela fit sourire Beverly malgré la situation compliquée. Au moins ce petit avait un peu d'humour en plus d'être super adorable avec sa petite tête trop mignonne ! En réalité, c'était celle qui avait le moins peur de ce jeune garçon. Elle ressentait plutôt de la fascination à son égard, voir même de la compassion.

«Ha ha, très drôle ! Nan vraiment, tu es un sacré petit comique toi. C'est ton père qui t'as appris ça ? Est-ce que je viens vraiment de dire cette connerie ?» Richie s'arrêta pour regarder les autres qui hochèrent tous la tête à son plus grand désarroi.

«Formidable.» Gémit-il ensuite.

«Vous ne devriez pas avoir peur. La peur est une émotion négative qui pourrait vous coûter la vie.» Expliqua le garçon couché contre les feuilles et la terre, les bras soutenant sa tête.

«Là, tu ne nous apprends rien, p'tit.» Déglutit difficilement Eddie, les sourcils levés et une expression apeurée.

«Même si vous avez peur de moi et que je sais ce que vous voulez faire, je vous aimes bien. Vous êtes marrants. A part Mike. Je n'aime pas être traité de monstre, vous savez. Ni comme étant le fils du Diable.» Andy soupira de défaite en laissant son regard retomber sur les planches moisies qui constituaient le sol de la cabane.

«Pourtant tu es le fruit du Diable. Mais peut-être que tu l'ignores encore.» S'avança Mike d'un ton plus doux qu'auparavant. La peur qu'il ressentait avait fini par s'estomper avec les paroles de l'enfant de Pennywise qui semblait aussi perdu qu'eux.

«T'inquiètes pas mon gars, personne n'aime Mike. Mais ça, ce n'est pas un secret, pas vrai les mecs ?» Plaisanta Richie en levant la main pour faire un check sauf que personne n'accepta sa taquinerie. Alors il laissa retomber ses bras à ses côtés puis alla s'assoir à côté de Bill demeurant silencieux sur sa caisse.

«Le seul secret qui devrait être dévoilé ici, c'est le tient Richie. Avant qu'il ne soit trop tard.» Andy sourit vicieusement d'un clin d'œil ludique à Richie qui faillit tomber à la renverse de son siège.

«De quoi parle-t-il ?» Demanda anxieusement Eddie toujours cacher derrière son poteau.

«Aucune idée ! Alors là, je ne vois absolument pas de quoi il parle le petit rouquin creepy.» Dénia Richie avec maladresse, deux doigts tremblants remontant ses lunettes loupes sur le pont de son nez.

Il était moins une.

«Tu peux lire dans les esprits. C'est pour ça que tu connais nos prénoms et nos vies, n'est-ce pas ?» Questionna ensuite prudemment Beverly en gardant sa main sur l'avant-bras de Ben qui fulminait à côté d'elle.

Le sourire d'Andy disparu de son visage puis il haussa timidement les épaules, tout à coup intimidé. La voix de la femme était douce contrairement aux hommes qui se retenaient de lui crier dessus de dégager sur le champ. Elle semblait curieuse à son sujet, voulant trouver des explications plutôt que de sauter aux mauvaises conclusions comme les autres. Il n'était pas méchant. La peur lui donnait atrocement faim toutefois il ne réagit pas à ses pulsions parce qu'il ne leur voulait aucun mal.

Ce qui n'était pas le cas de Ben ou encore de Mike. Ces deux-là ne pouvaient absolument pas le sentir.

«Bon, je dois y aller avant que ma mère ne rentre ! A plus les ratés !» Andy offrit un sourire effrayant ensuite il sauta sur ses pieds, dépoussiéra son gilet puis courut dans la forêt pour aller récupérer son sac et Chucky par la même occasion.

«Attends !» Cria Beverly mais il était déjà trop tard.

«Voilà, maintenant vous savez une partie de l'histoire.» Dévoila Mike une fois que la tension redescendit enfin à quelque chose de plus confortable, laissant sortir un souffle hors de ses poumons en feu.

«Parce qu'il y a une autre partie encore ?» S'alarma Eddie d'un gémissement tandis qu'il sortit pour rejoindre le centre de la cabane, scrutant la surface pour s'assurer que le gamin du clown n'était plus là.

«Il lit dans la tête, putain ! Heureusement qu'il n'a pas lu dans celle d'Eddie parce qu'elle est vide, mais vous vous en rendez compte ? Imaginez un peu toutes les autres choses que cette chose pourrait nous faire !» S'exclama Richie en poinçonnant son poing dans la paume de sa main, hystérique.

«Hey ! Ma tête n'est pas vide, je suis au-dessus de l'intelligence moyenne ...» Se défendit rapidement Eddie.

«Ne le traite pas de chose Richie. Il ne s'agit que d'un enfant. Un enfant qui n'a aucune idée de ce qu'il est. Peut-être qu'il n'a encore rien fait de mal ?» Proposa gentiment Beverly mais les regards de Bill et de Mike n'étaient pas très encourageants.

«Qu'est-ce que tu en sais ?» Ben soupira puis croisa les bras sur sa large poitrine.

«Des disparitions, il y en a eu beaucoup Beverly. C'est pour ça que nous devons nous en tenir au plan et faire ce foutu rituel de Chüd. Pour nous débarrasser de cette ordure de clown une bonne fois pour toute.» Renchérit Mike d'un hochement de tête déterminé. Bill leva les yeux vers eux, les bras croisés sur ses genoux.

«Il a raison. C'est le seul moyen pour l'instant.» Dit-il avec conviction même s'il n'aimait pas du tout le plan B de Mike qui était d'utiliser le fils d'Emily.

Mais ça, il ne le dira pas aux autres.

«Il me fous les pétoches ce gosse.» Gémit misérablement Eddie derrière Richie.

«Moi je ne le trouve pas effrayant. Il a un côté ... Mystique. Je ne pense pas que c'est une mauvaise personne, ce n'est qu'un enfant. Il est attachant et tout timide comme Ben à l'époque.» Beverly sourit au souvenir puis se tourna vers Ben qui se mit également à lui sourire. Elle reprit ; «on pourrait peut-être le garder ?»

Des regards d'horreur s'échangèrent ensuite un grand cri à l'unisson suivit par des rires.

«NON !»

C'était bon d'être à nouveau ensemble pour braver les dangers.

A suivre ...

Merci pour la lecture !

/SECTION DEFIS\

J'avoue être un peu en panne de motivation et d'inspiration ... Donc si vous avez des idées, je suis toujours preneuse.

Défis Ça 13 :

ElyseDuScorpion -> Chucky fonce dans une vitrine, croyant qu'il n'y avait pas de vitre, mais ce fait mal.

ODemonKillO -> Chucky dessine Pennywise qui pleure et lui et Andy qui s'amuse et Andy en train de chier. + Quand Andy va croiser la bande des ratés il va leur faire un de ses sourires creepy. + Dialogue ; «à quoi reconnaîtrons un méchant ? Il perd toujours !» + Mot ; «porte fauteuil».

Just-And-Only-Cassy -> placement de phrases ; «Billy ? Comme La marionnette de Saw ?» et ; «les origamis c'est la life».

Aryamickaelson -> Les ratés croise Andy et flippe, à par Beverly qui le trouve trop chou et demande «on ne peut pas le garder ?» Et les autres répondent à l'unisson ; «NON !»

VP

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