Ça🎈~11
Hey hey merci beaucoup pour tous vos commentaires les p'tit gars ! C'est vraiment super !
Bon, je rappelle quand même que c'est une fanfiction humoristique avec de la romance. Vous êtes normalement au courant après tout ce temps. Et donc ne soyez pas étonner de certains passages avec Emily et Pennywise x) Perso, je ne trouve pas que c'est si inconcevable que cela.
Ensuite je préviens juste que l'ordre chronologique n'est absolument pas respecté ! Je suis le film Ça chapitre 2 dans sa globalité mais en apportant pas mal de modifications, surtout niveau scénaristique. Disons que ça serait trop compliquer de raconter cette histoire en seulement deux jours comme dans le film -.-
Bonne lecture !
Ça ♦ 11
Encore un jour en enfer. C'est étrange par moment. Paradoxal je dirais même. A chaque fois que j'écris dans mon journal intime, j'ai l'impression de revenir à la case départ. Au fond de mon casier rouge à l'abri des regards. Loin de tout. Et surtout dans le silence que j'aime tant.
Je ne comprends pas ce qui se passe, ni ce qui m'arrive ces derniers temps, mais une chose est sûre, j'apprends qui je suis. C'est difficile à croire mais pourtant c'est bien vrai ! J'ai enfin découvert une partie de mes origines. Du côté de mon géniteur masculin. Enfin, si on peut dire ça comme ça étant donné qu'il a plusieurs visages. Est-ce au moins un "il" ?
Je ne peux m'empêcher d'avoir peur de lui. De ce qu'il est en réalité. Il est si froid et si distant ... Je ne pense pas qu'il m'aime comme un père devrait aimer son enfant. Tout est si différent. Quand je le regarde, je ne vois qu'agressivité et méchanceté mais pourtant il ne m'a pas fait de mal. Ou presque. Juste un bras arraché mais ça repousse ces trucs-là, non ? En tout cas chez moi oui alors ce n'était pas vraiment grave.
Andy leva les yeux de sa page pour regarder fixement la porte de son casier fermé, pensif et un doigt tapotant son menton. Il réfléchissait sur les derniers jours et sur sa rencontre avec l'entité de Derry. Une rencontre des plus violentes toutefois il s'en était sorti quasiment indemne et avec l'envie irréfutable de retourner auprès de cette créature de l'ombre qui s'avérait être son paternel.
Puis il l'avait revu une seconde fois.
Un deuxième face à face qui s'était conclu beaucoup mieux que le premier. Avec à la clef un cours de chasse exclusif aux côtés de son idole de toujours ! Bien que surprenant et effrayant comme méthode, il avait appris que ses drôles de dents pointues n'étaient pas là pour rien. Et en plus il lui avait fait comprendre qu'ils se reverront rapidement et Andy espérait de tout cœur que c'était pour bientôt.
A nouveau souriant de bonheur, déterminé et rempli d'espoir, le garçon prit une profonde inspiration puis reposa la mine de son stylo à bille sur les lignes vierges de son carnet qui n'attendaient qu'à être compléter.
Mais moi je l'aime déjà. Maman l'aime aussi, d'une certaine manière en tout cas. Et je suis sûr qu'avec le temps il finira par m'aimer comme il avait aimé ma mère à l'époque. Car pour faire des bébés, il faut être amoureux non ?
Oh, j'ai oublié de préciser que mon père est le clown dévoreur d'enfants de la ville de Derry. C'est clair que dis comme ça, ça fait peur mais en vrai c'est moins effrayant. Surtout quand on commence à le connaître. Il est toujours très seul dans son égout et il semble s'y plaire mais je ressens aussi une sorte de tristesse en lui. De la tristesse et de la colère, beaucoup de colère. Peut-être qu'il en veut à quelqu'un ? J'espère que ce n'est pas à cause de maman car elle fait de son mieux pour plaire à tout le monde.
Maman ... Je me demande ce qu'elle pense de tout ça. Son esprit est toujours renfermé et impossible à pénétrer. Pas comme ce Mike ou encore les enfants de ma classe. Est-ce qu'elle aime toujours Pennywise ? Est-ce que lui, est encore capable de ressentir quelque chose pour elle ? Un amour des plus étranges et fascinants. Mais même si ce mot sonne bizarre sur ma langue rien n'est impossible. J'en suis la preuve vivante.
Tout commence enfin à faire sens dans ma tête. Après tant d'années dans l'incertitude, je découvre que mes "anomalies" n'en sont en fait pas. Les odeurs enivrantes que je ressentais, les envies de meurtres répétitives et les grosses colères venaient des gênes de mon père. Je ne suis pas anormal. Je suis peut-être un monstre qui doit se nourrir de chair humaine mais c'est dans ma nature ! Même si je culpabilise beaucoup au moins je suis soulagé de savoir que je ne suis pas le seul à avoir ce genre de pouvoirs.
J'ai hâte d'apprendre à me transformer comme lui ! A devenir comme lui et à faire peur, comme lui !
D'ailleurs je devrais peut-être en parler à maman que j'utilise mes pouvoirs aussi à l'école ... Comme par exemple que la plupart de mes présences en classe sont fausses. Que j'utilise des clones de moi-même pour faire acte de présence et suivre les cours inutiles. Je n'ai juste pas le courage. J'ai peur. Peur de la décevoir ou peur qu'elle soit fâchée contre moi parce que je lui avais promis de ne plus jamais mentir après l'épisode avec Annabelle.
Cette fille que j'avais plongé dans le coma après avoir ouvert ma gueule et montrer mes lumières. Dans ma gorge punaise ! Je ne sais toujours pas ce que c'est d'ailleurs et je ne préfère pas le savoir. C'est trop flippant et surtout hyper mortel. Au moins ici dans mon casier je ne risque pas de blesser quelqu'un avec ça. J'ai toujours préféré la solitude et c'est pour une bonne raison !
Puis, j'aurais pu tuer Denis avec mes satanés pouvoirs ... Je déteste ça. Ce n'est pas moi. Quelque part je lui en veux toujours au clown de s'être moquer de moi mais d'un autre côté je suis heureux que c'était lui et pas un véritable élève. Sinon, que me serait-il arrivé ? Et à maman ? Ou à Dean ? Un autre déménagement ? Ou pire encore ? Je commence à avoir la tête qui tourne avec toutes ces questions.
«Ce n'est pas bien de mentir Andy.»
Le garçon en question réprima un grognement. Il jeta son stylo dans son sac ainsi que son carnet avant de faire face à celui qui venait de s'exprimer dans son dos, exaspéré d'avoir une fois encore été pris en flagrant délit.
Il ouvrit la bouche pour donner un bout de son esprit à Chucky sauf que ses yeux se posèrent sur un tout autre personnage dans le coin gauche du casier, à droite de son meilleur ami visiblement soucieux. Ses yeux s'élargirent d'effroi, la couleur se draina subitement de son visage déjà très pâle. Son cœur fit une violente embardée dans sa poitrine et son souffle se bloqua instantanément dans sa gorge.
«AH !» Couina Andy d'un sursaut de peur et de surprise.
Là, dans le coin du casier se tenait le clown alias Pennywise. Il était immobile contre la paroi du fond et avait un horrible rictus sur son visage blanc et craquelé de toute part. Sa bouche rouge était tordue, ses yeux dans un strabisme profond comme s'il était mort sur le coup d'un arrêt du cœur. La créature démoniaque et sournoise ne fit absolument aucun mouvement même après le cri horrifié du jeune garçon qui se retrouva paralysé.
Mince alors ! Comment avait-il fait pour se glisser dans son casier sans qu'il ne s'en rende compte ?! Pourtant il était grand, très grand ! Et prenait quasiment toute la place du petit espace.
D'un petit coup d'œil circulaire, Andy pu voir que les longues jambes du clown étaient repliées sur les côtés et qu'il l'encerclait de ses grands bras maigres. Les froufrous de ses poignets chatouillaient la peau de ses chevilles exposées. Il était assis en tailleur entre les jambes de Pennywise, Chucky écrasé dans le coin derrière son dos alors qu'il essayait de se frayer un chemin jusqu'à lui en déplaçant le bras encombrant du clown qui prenait littéralement la place dans le casier.
C'était hallucinant de voir ses capacités physiques à s'adapter dans des endroits aussi exigus, allant jusqu'à se tordre les membres sans une once de douleur ni de gêne sur son visage impassible. Il était flexible, certes, mais c'était aussi en partie grâce à ses pouvoirs exceptionnels de transformation à volonté.
«Bouge tes grosses fesses toi ! Tu es trop gros, tu prends trop de place !» Pesta la poupée rousse en tournant son regard rougeoyant de colère dans la direction de l'entité toujours inanimée.
«Mais, qu'est-ce que vous faites là tous les deux ! Comment êtes-vous entrés sans que je m'en aperçoive ?!» Se stupéfia Andy après avoir repris ses esprits, la bouche grande ouverte. Il fronça les sourcils à son père lorsque ce dernier secoua vivement la tête et qu'il posa ses yeux orangés sur lui.
«Oh ... Attend, je te fais une place.» Pennywise, honteux, replia ses longues jambes pour libérer son garçon de son emprise.
«Je voulais m'assurer que mon meilleur ami va bien. Tu sais que je n'aime pas quand tu es tout seul.» S'expliqua hâtivement Chucky d'une petite voix tracassée, ses doigts se tordant nerveusement devant lui.
«Ça n'explique pas votre présence dans mon casier ! C'est privé d'abord. Qui vous a donné l'autorisation d'entrer ?» Andy sourit narquoisement puis croisa les bras sur sa poitrine en regardant à la fois son père et sa poupée.
«Tu dois venir avec moi Andy. La chasse est sur le point de recommencer. Ils sont tous de retour, enfin ! La bande presque au complet. Ho ho, oui. Nous avons un adversaire de taille à combattre !» Rétorqua le clown excité de sa voix railleuse, un petit sourire mesquin aux lèvres.
«Il ne va nulle part avec toi, gros déchet puant ! Sors immédiatement de notre casier !» Grogna Chucky en plissant ses gros yeux à Ça qui lui se contenta de rire avec sadisme en réponse.
Comme si qu'une petite poupée allait changer quoi que ce soit ...
Andy sourit en coin puis secoua la tête aux pitreries des deux intrus de son casier qui se lançaient à tour de rôle des regards noirs. Quelque part il se sentait touché que sa figure paternelle et que son meilleur ami se soient retrouver ici dans le seul but d'être en sa compagnie, même s'il y avait une raison derrière cela. Chucky voulait juste qu'il rentre à la maison pour jouer avec lui et Pennywise voulait qu'il vienne avec lui pour lui apprendre de nouvelles techniques de chasse.
Il sentit extatique tout à coup, voulant à tout prix fermer la distance avec le clown et le serrer dans ses bras pour lui montrer à quel point il était reconnaissant pour sa présence. Mais il se ravisa par crainte de l'effrayer avec son affection.
Toutefois sa poitrine se gonfla d'adoration, son cœur battit plus vite tandis qu'il passait son regard émerveillé du clown à la poupée qui avait repris les insultes de plus belle. Ses genoux touchaient la jambe droite de Pennywise qu'il avait pris soin de replié dans un angle physiquement impossible semblable à une position de trapéziste dans une boite.
Le froid glacial de son corps s'imprégna dans son jean bleu jusque sur sa peau frissonnante par le contact. Andy trouvait cela curieux à quel point le corps du clown était frigorifié ... N'avait-il jamais ressenti la moindre chaleur ? Il avait l'impression que c'était son âme entière qui était dépourvue de chaleur, condamné à jamais dans l'hostilité. C'était injuste.
Timidement, le garçon apporta une main sur le mollet recouvert de tissu gris soyeux puis caressa pensivement la matière du costume alors que le propriétaire de la jambe était occupé à s'en prendre verbalement à Chucky.
«Bordel de cul, ta bouche me fais penser à une chatte ! Minou minou !» Se moqua allègrement la poupée d'un ricanement acerbe, son index pointé au visage blafard du clown.
«Misérable petite chose insignifiante ! Je pourrais te réduire en miette pour ton insolence !» Gronda Pennywise, ses yeux virant au rouge dangereux, de la bave volante en gouttelettes sur le visage de Chucky.
«Essaie un peu pour voir !» Déclara ce dernier en poussant le visage de Ça de toutes ses forces jusqu'à ce que l'arrière de son crâne bulbeux ne frappe le fond du casier.
«Je vais te déchirer.» Siffla vicieusement Pennywise. Il sourit à pleines dents puis repoussa tout aussi brutalement la tête de Chucky qui se cogna contre le métal derrière lui, faisant retentir un bruit sourd dans l'ensemble du casier.
Cela ressemblait au bruit d'une tête vide ...
Andy de son côté était trop occupé à regarder la forme humaine de son paternel pour voir ou même entendre les injures des nouveaux ennemis jaloux. Intrigué, il leva ses yeux débordant de curiosité vers les pompons rouges à la poitrine du clown qu'il toucha du bout des doigts, un petit sourire aux lèvres et l'envie féroce de l'étreindre chaleureusement. Mais comment réagirait-il à son accolade ? Probablement mal.
Il gémit doucement sous son souffle à la pointe de douleur dans son cœur, l'image de son refus bien trop difficile à supporter. Alors, il retira brusquement sa main du torse de Pennywise avant qu'il ne se rende compte qu'il le touchait sans autorisation. A la place il resserra ses jambes contre sa poitrine pour mettre son menton sur ses genoux, les bras autour de ses jambes dans un semblant de réconfort.
Ce fût à cet instant là qu'il entendit les bruits répétitifs de résonnance.
Perplexe, le jeune garçon se concentra sur les visages de Chucky et de Pennywise pour s'apercevoir que depuis tout à l'heure ils s'amusaient à se pousser la tête contre le mur du casier derrière eux. Enfin amuser était un grand mot. C'était plutôt une espèce de combat ridicule pour savoir qui allait craquer en premier ! Le clown ricanait grossièrement tandis que la poupée grognait de colère à chaque fois qu'il repoussait la tête de Ça pour la fracasser dans le métal.
«Non ! Arrêter ! On va encore nous entendre !» Chuchota désespérément Andy lorsque la sonnerie de l'école retentit à l'extérieur de sa cachette. Les yeux écarquillés, il colla son doigt à ses lèvres mais il était déjà trop tard quand ils arrêtèrent leur mascarade enfantine.
«Andy ? C'est toi ?»
«Shhh !»
«Shhh !»
«Shhhh ?»
«Shhhhhhhh !»
«Chut !»
«Chut toi-même !»
«Y a personne !»
«SHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !»
«Andy ? Mais, comment es-tu arrivé ici aussi vite ? Je viens de te voir quitter la classe !» Répondit Dean aux nombreux «shhhh» émanant du fin fond du casier rouge numéro cent-vingt-sept. Et en plus il n'était pas seul ?
«Euh ... Eh bien ... C'est-à-dire que ...» Balbutia le garçon derrière la porte close. Il y eut un bruissement puis un petit couinement avant que sa voix ne s'élève à nouveau ; «je ne me sens pas très bien. J'avais besoin d'être un peu seul.»
«Dans un casier ? Pourquoi tu ne vas pas voir l'infirmière ?» Questionna ensuite Dean, dubitatif.
«Parce que je n'ai pas envie, voilà ! Laisse-moi tranquille maintenant Dean. Je ne veux pas de compagnie aujourd'hui.» S'agaça Andy dans le casier, sa voix tremblante étouffée par la fine épaisseur de la porte en métal rayée.
Dean leva un sourcil tandis qu'il toisait sévèrement la porte rouge, son sac d'école en bandoulière sur son épaule. L'agressivité dans le ton de son ami lui avait fait mal, mais il le connaissait et savait qu'il n'avait jamais été doué pour la communication. Donc au lieu de lui en vouloir, il se détourna des nombreux casiers pour repartir en direction de la prochaine salle de classe, se demandant s'il allait voir Andy là-bas ou s'il allait rester enfermer le restant de la matinée.
A l'intérieur du casier, le garçon aux cheveux roux foncés soupira de défaite alors qu'il relâcha la bouche de Chucky pour permettre à la poupée de se redresser. C'était par précaution, au cas où il aurait eu l'idée stupide de dire une bêtise à son ami. Déjà comme ça il se sentait mal de lui avoir parlé de la sorte alors si en plus Chucky décide de dire un commentaire inacceptable ...
Tandis que la poupée lui envoya un regard noir, Andy tourna la tête vers le fond du casier pour constater que le clown flippant n'y était plus. Il était à nouveau complètement seul. Un sentiment de culpabilité et de solitude le consomma peu à peu. Et si Pennywise avait mal pris son silence ? Et si maintenant il pensait qu'il ne voulait plus venir avec lui ? Etait-il en colère ou pire, déçu ?
Dorénavant de mauvaise humeur, l'enfant laissa sortir un grognement puis frappa l'arrière de sa tête contre le mur métallique, les yeux fermés. Il pouvait sentir la petite main de Chucky sur sa veste mais il n'ouvrit pas les yeux pour autant.
«Je suis désolé Andy.» Marmonna misérablement la poupée. Il n'était pas désolé pour son comportement envers Pennywise mais envers son meilleur ami.
C'était à cause de sa jalousie s'il avait réagi aussi mal. Il ne voulait aucune concurrence.
«Non, c'est moi qui suis désolé.» Finit par dire Andy après avoir rabaissé son regard vitreux sur Chucky, un petit sourire mélancolique aux lèvres.
Désormais la boule au ventre, il attendit la fin des cours pour sortir de sa cachette.
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Comment avaient-ils pu oublier ...
Tous ces souvenirs d'enfance, ces sentiments, cette ville, les moments joyeux comme les moments difficiles ...
Bill Denbrough passa ses mains moites dans ses cheveux mis-longs bruns tandis que ses yeux bleus s'imprégnaient de la vieille bâtisse insalubre aux pierres rouges typiques de la ville de Derry. Il avait presque du mal à respirer. Sa gorge se serrait, son regard se remplit de larmes de nostalgie, le cœur douloureusement compressé dans sa poitrine.
Il était rentré à la maison avec son ancienne bande de copains.
Richie, Eddie, Beverly, Ben, presque toute la bande était ici aujourd'hui. Mike avait décidé de les laisser faire une petite visite de leur ancienne ville afin qu'ils retrouvent un peu la mémoire avant de passer aux choses sérieuses avec l'entité Ça. Doucement mais surement, les souvenirs refaisaient surface dans leurs têtes et les remplissaient d'émotions à la fois positifs et à la fois négatifs. Des reliques du passé qu'aucun d'eux n'auraient voulus oublier, surtout les instants mémorables entre membre du clan des ratés.
«J'avais oublié que c'était là.» Dit Eddie en mettant les mains dans les poches de son gilet bordeaux.
Il sourit tristement à la grande statuette de Paul Bunyan au milieu de la pelouse, un très mauvais souvenir pour Richie Tozier. Ce dernier déglutit difficilement puis détourna le regard de cette chose qui lui avait, semblerait-il, flanquer une sacrée frousse à l'époque car son cœur ne cessait de battre la chamade rien qu'en la regardant.
«Nous avons oublié beaucoup de choses. Mais c'est toujours en nous. Il suffit d'ouvrir les yeux.» Répondit Ben d'un hochement de tête méditatif, décalant son regard sur la jeune femme du groupe qui en perdait les mots.
«Tous nos souvenirs d'enfance ... Ils étaient juste là. Vous vous en rendez compte ? Notre bande, l'ancienne école, nos maisons, la bibliothèque !» Rit Bill en tournant sur lui-même pour regarder les autres bâtiments qui constituaient le centre même de Derry. Il pointa du doigt la bibliothèque d'un sourire ravi.
«Ouais, mais il y a comme quelque chose que tu sembles oublier. Laisse-moi réfléchir ... Ah oui ! Cette saloperie de clown cannibale qui s'en prenait régulièrement à nous quand nous étions gosses !» Vociféra Richie après avoir remonté ses lunettes loupes sur le pont de son nez, irrité par les souvenirs de la créature horrifique.
«Pennywise.» Chuchota Beverly, son souffle se prenant dans sa gorge.
«J'ai envie de vomir ...» Se plaignit Eddie d'un gémissement alors que la nausée le frappait de plein fouet.
«Mike a trouvé un moyen de le battre, sinon nous ne serions pas là. Il faut avoir confiance en lui.» Rassura Bill en tendant une main vers les autres sous l'emprise de la peur et de la panique.
Evidemment, qui ne serait pas terroriser en revenant dans une ville comme celle-ci qui laissait de terribles marques ? Rien qu'en ayant eu Mike au téléphone, alors qu'ils étaient à des centaines de bornes d'ici, ils ressentirent tous une affreuse pression dans leur poitrine semblable à de la peur intense. Sans souvenirs, elle était inexplicable mais pourtant bien réelle, jusqu'à ce qu'ils retournent enfin à Derry.
Où tout avait commencé.
Bill s'apprêta à dire quelque chose de plus mais la porte du magasin derrière lui s'ouvrit subitement avec fracas. L'homme perplexe par le raffut se retourna en prenant quelques pas en arrière lorsqu'une femme en colère sortie en trombe de ce dernier, clairement sur le point de piquer une crise.
Les ratés s'échangèrent quelques regards surpris. Cette femme leur semblait étrangement familière ... Vêtements courts, corps sinueux, cheveux platines qui coulaient en cascade sur ses épaules. Elle avait définitivement quelque chose de spécial.
«Va te faire foutre, Mat ! Je t'ai dit que je ne voulais plus te parler ! Ton fils est une abomination, une abomination ! Tu m'entends ?! Un loubard qui s'en prend injustement au mien juste parce qu'il est différent !» Fulmina-t-elle en retirant furieusement son tablier beige en tissu hors de ses hanches.
«Emily, attend ! Tu te trompes, il n'est pas comme ça mon fils ! Tu dois confondre avec quelqu'un d'autre. Mais s'il te plaît, écoute-moi bon sang !» Plaida un homme blond derrière elle qui sorti également du magasin tout en jetant frénétiquement ses mains d'avant en arrière.
«Je ne veux même plus en entendre parler ! Maintenant fiche-moi la paix ou je vais vraiment finir par m'énerver et crois-moi, tu n'as pas envie que ça arrive.» Grogna Emily en se retournant pour jeter son tablier au visage de Matthew.
«Ça je ne te le fais pas dire.» Se laissa dire Richie incrédule, la bouche béate et les yeux larges.
Emily s'arrêta net dans ses pas lorsqu'elle vit une bande d'adultes de l'autre côté du trottoir. Les cinq la regardaient fixement, le choc et l'incertitude gravés sur leurs visages respectifs. Il y eu un long moment silencieux où chacun d'entre eux se dévisagèrent avec insistance, cherchant à se souvenir de qui il s'agissait pour titiller ce sentiment de déjà vu au fond d'eux. Jusqu'à ce que la jeune femme platine ne laisse un petit cri joyeux sortir de sa grande bouche, les bras grands ouverts.
«C'est pas vrai ! Vous êtes là ! Les ratés ! Après toutes ces années ... C'est incroyable ! Comme vous avez tous grandi et vieillit pour devenir de beaux jeunes gens. Sauf toi, Richie. Le temps ne t'as pas épargné.» Déclara-t-elle d'un petit haussement d'épaules nonchalant, les lèvres tirées dans un demi-sourire.
«Merci de me rappeler que j'ai pris cher.» Grommela ce dernier en se décalant mal à l'aise sur ses jambes, ce qui suscita un rire de l'inconnue familière.
Bien entendu qu'elle le taquinait.
«Excusez-moi mais, on se connais ?» Demanda Bill extrêmement confus. Il secoua la tête puis fronça les sourcils alors qu'il étudia plus attentivement les traits de la femme rayonnante. Quelque chose rampa dans son bas ventre quand elle se tourna vers lui, souriante.
«Il frappe du poing contre le poteau et jure qu'il voit encore les fantômes.» Récita-t-elle soudainement. Emily lui cligna de l'œil lorsque sa mâchoire se décrocha de stupeur. D'un petit rire niais à leur confusion, elle reprit d'un chuchotement afin que seul Bill n'entende ; «Je veille sur vous. Mais c'est notre petit secret Bill.»
A ce moment-là, Bill eut l'impression que tout le poids de l'univers venait de lui tomber sur les épaules et qu'il pourrait s'écrouler sur ses genoux à tout instant. C'était toute une flopée de souvenirs qui venaient de flasher devant ses yeux, telle une porte de sa mémoire qui venait de s'ouvrir grâce à ces quelques mots. Des souvenirs qu'il avait finalement oubliés ... Comme cette femme lui avait dit un jour aux bords des Friches vingt-sept ans en arrière.
Tous ces traumatismes que vous avez vécus, tu les oublieras, Bill. Tu oublieras tout jusqu'au jour où le passé te rattrapera.
«E-Emily ?» Balbutia ce dernier, incertain après cette éprouvante découverte.
«Oh putain ...» Richie laissa sa mâchoire tombée tout comme Eddie à sa gauche.
«Oui ! Oui c'est moi ! Tu t'en souviens Bill !» S'enthousiasma Emily d'un rebond en jetant joyeusement ses bras autour du garçon qu'elle avait connu autrefois. Elle rit à son oreille alors qu'elle le serrait follement contre sa poitrine.
«Ça alors, je n'arrive p-p-pas à y croire ! C'est vraiment toi ?» Demanda à nouveau Bill ému par les retrouvailles. Il encercla ses propres bras autour de la femme surexcitée puis frotta gentiment son dos tandis que les larmes naissaient aux coins de ses yeux, ne pouvant s'empêcher de sourire de soulagement.
«C'est dingue ... Elle n'a pas pris une ride.» Commenta Ben, perplexe. Il leva ses sourcils puis baissa les yeux quand Emily relâcha Bill pour se diriger vers lui désormais. Elle était beaucoup plus petite que dans son souvenir.
«Ben, le petit garçon timide et solitaire qui est devenu un charmant jeune homme. La vie nous réserve toujours des surprises.» Elle lui donna un clin d'œil ludique, ce qui eut pour effet de le faire rougir un peu.
«Nous avons tous beaucoup changés oui. Avec le temps.» Admit-il d'un hochement de tête, une main frottant nerveusement l'arrière de sa tête.
Emily rit de bon cœur puis se tourna ensuite vers la femme aux cheveux roux courts qui semblait tellement triste et apeurée contrairement à l'adolescente de l'époque si confiante et déterminée. L'examinant de plus près, elle pencha la tête sur le côté tout en plissant les yeux quand cette dernière se décala mal à l'aise jusqu'à ce qu'elle se tienne contre la hanche de Ben. Elle était sûre d'avoir vue des bleus sur ses bras.
«Et Jessica Chastain ! Euh, je veux dire, Beverly Marsh !» Se corrigea rapidement Emily en posant ses mains sur les avant-bras de la jeune femme méfiante. Elle frotta doucement ses pouces sur la peau exposée violacée.
Oui, c'était bel et bien des ecchymoses.
«Bonjour Emily.» Se contenta de dire Beverly d'un sourire forcé, cherchant Ben du regard alors que la femme qu'elle n'avait jamais vraiment apprécié s'approchait dorénavant d'Eddie.
«Eddie Kaspbrak ! Comme tu as grandi ! Je me souviens encore de ta petite banane que tu trimballais partout avec toi. Tu n'étais pas plus haut que trois pommes. Mais je vois que tu es toujours aussi adorable qu'avant.» Roucoula Emily en levant les bras pour le prendre dans une chaleureuse accolade, ignorant ses plaintes.
«Non, non non ! Bon, OK, d'accord ... Si vous insister. Ne serrer pas trop fort, je suis fragile ! Attention à mon dos ! Oh, Seigneur ...» Supplia Eddie d'un soupir abattu lorsqu'il sentit le corps de la femme se presser contre lui malgré tout. Il abandonna le combat pour lui donner une petite tape amicale sur l'épaule, esquissant un petit sourire maladroit.
C'était bon de retrouver les souvenirs et les anciens visages.
«Et moi alors ? Je n'ai pas le droit à un câlin, c'est ça ? Toute la bande en a eu droit sauf Richie le vieillard qui a pris cher. Vraiment sympa les mecs. Je retiens pour la prochaine fois.» S'exclama d'un reniflement dédaigneux l'homme aux lunettes qui avait les mains dans les poches, l'air blasé.
Les membres du clan des ratés se mirent à rire quand Emily relâcha enfin Eddie pour se tourner vers la seule personne qu'elle n'avait pas encore salué convenablement. Il se tenait un peu à l'écart des autres, apparemment sur le point de rigoler de sa bêtise. Derrière elle, elle entendit l'homme asthmatique prendre une profonde inspiration maintenant que ses poumons étaient à nouveau libres.
«Richie Tozier ... Comment l'oublier.» Se laissa dire Emily d'un sourire sincère. Elle le contempla quelques longues secondes, se remémorant plusieurs souvenirs de l'époque où il n'était qu'un jeune adolescent.
Et des souvenirs avec Richie Tozier, il y en avait.
«Le seul, l'unique.» Ricana-t-il ensuite, un peu nerveux devant son regard pénétrant.
Tout à coup il se retrouva à court d'air alors qu'une forme solide entra brusquement en contact avec son torse, lui bloquant ainsi le souffle. Confus, il cligna rapidement des yeux puis baissa ensuite la tête vers la femme qui l'étreignait gentiment avec ce même petit sourire que dans ses souvenirs d'enfance. Cela berça son cœur dans une douce nostalgie tandis qu'il prit la peine de lui rendre l'accolade chaleureuse, les coins de ses lèvres s'étirant vers le haut dans un beau sourire sous le regard conciliant des autres ratés.
Toutefois l'accolade devint soudainement plus charnelle. Emily passa amoureusement et avec insistance ses mains dans le dos de l'homme qui devint rigide sous sa poigne alors qu'elle se levait sur la pointe des pieds pour être à la hauteur de son oreille. Elle se lécha les lèvres puis les colla contre son lobe pour lui murmurer la chose suivante.
«Mais maintenant que tu es devenu adulte, nous pouvons enfin passer aux choses sérieuses toi et moi.» Lui susurra-t-elle d'un ronronnement significatif, ses doigts se nouant derrière sa nuque.
«Oh, doux Jésus ...» Déglutit péniblement Richie d'une grimace scandalisée.
«J'ai toujours tes menottes roses Richie.» Poursuivit Emily à son oreille, ce qui entraina un frisson incontrôlable chez ce dernier complètement pris au dépourvu.
«L-les gars ?» Bégaya-t-il, incapable de bouger.
«Démerde-toi mon grand. Faut assumer ses actes.» Sollicita Bill en levant les mains en l'air.
Richie poussa un long gémissement de surprise lorsque la femme se plaqua plus fermement à lui et qu'elle lui lécha langoureusement la joue sous les regards amusés des autres qui ne pouvaient s'empêcher de rire de la situation compromettante et dramatique pour Richie. Après tout, il ne faisait que récolter ce qu'il avait semé étant plus jeune. Ce n'était pas lui qui avait vu en Emily la femme de sa vie ?
Certainement plus aujourd'hui en tout cas.
Assommé et pétrifié, il leva ses yeux écarquillés vers Eddie qui ne trouvait rien de mieux à faire que de glousser bêtement. Il avait finalement relâché Emily pendant qu'il cherchait désespérément un moyen de sortir de ce pétrin dans lequel il s'était fourrer tout seul comme un grand. Nom de Dieu ! Qu'avait-il eu à l'esprit à l'époque ?
«Cette femme est une succube !» Chuchota-t-il en plaquant une main au côté de sa bouche et l'autre désignant la femme platine accroché à lui dans une étreinte sensuelle. Il plaida du regard pour qu'Eddie ou n'importe qui ne lui vienne en aide, mais même Beverly riait.
Manifestement il allait devoir régler ce problème tout seul.
«Je me sens tout chose ...» Se dit-il ensuite d'un clignement perplexe. Horrifié, il fronça les sourcils alors qu'il faisait de son mieux pour contrôler son corps qui échappait à son emprise mais malheureusement, il réagit naturellement au contact de la femme qui se moquait de lui.
Pourquoi ce genre de chose lui tombait dessus ... C'était désespérant à la fin !
«Bon, faut que j'aille libérer le kraken. C'est par là je crois.» Lâcha-t-il en jetant son pouce dans une direction aléatoire, sa glotte montante et descendante nerveusement sous la peau. Il faisait bien évidemment une allusion cochonne pour alléger l'atmosphère étant donné qu'il était doué pour ça.
D'un autre gémissement plaintif, Richie laissa tomber ses bras à ses côtés tandis qu'Emily décida enfin de le libérer après lui avoir offert un clin d'œil coquin, à son plus grand damne. Forcément qu'elle avait senti son problème pas si petit que ça, sinon elle ne lui ferait pas cette tête-là ! Il avala nerveusement la boule d'embarras qui s'était formée dans sa gorge puis jeta un coup d'œil à Eddie qui, entre ses ricanements, venait d'ouvrir la bouche pour s'exprimer. L'espoir l'envahi.
Ah ?
Seulement au même moment, un papillon bleu décida de passer au moment propice devant son visage et il se retrouva donc malencontreusement aspiré dans sa bouche après qu'il ait prit une profonde inspiration ...
RIP Absolem.
«ARK ! Putain de merde ! Je viens de gober un papillon ! A l'aide ! BURP !» S'affola-t-il en battant furieusement ses mains devant sa langue pendue, le visage blême et l'envie soudaine de vomir.
«Vite il faut l'aider, sinon il va encore finir par s'étouffer avec son repas involontaire.» Somma Beverly qui retint un rire lorsque Bill tapota dans le dos d'Eddie et qu'il leva deux doigts pour les fourrer dans sa bouche ouverte.
«Non pas les doigts ! Pas les doigts !» Beugla l'hypocondriaque, alarmé. Rien que l'idée d'avoir des doigts inconnus dans sa bouche lui donnait une terrible nausée. Son teint devint verdâtre.
«Bon chance.» Soupira Riche en frottant son pouce et son index contre ses tempes de lassitude.
«Où est Stanley ?» Demanda soudainement Emily quand elle remarqua enfin qu'il n'y avait pas la présence de Stanley Uris dans le groupe.
Immédiatement après sa question, les toux d'Eddie cessèrent et l'ensemble des regards se tournèrent vers elle. Tous les visages étaient sombres et malheureux, ce qui confirma l'hypothèse d'Emily concernant le sort tragique du dernier membre manquant du clan des ratés. Leurs yeux se remplirent de larmes mais personne du groupe n'osa dire à voix haute ce qui était advenu de leur ancien ami, sauf Beverly qui prit son courage à deux mains en s'avançant.
«Stanley est mort. Il est mort en se coupant les veines dans son bain.»
«Dans son bain.» Emily parla en même temps qu'elle, le regard attristé rivé au sol.
Des sourires affligés s'échangèrent tout comme des regards compatissants suivit par des reniflements, le silence respectueux s'installant sur eux. Il était évident que Stanley ne supporterait pas de revenir à Derry, pas après ce qui c'était passé avec le clown et pour cela, Emily en était vraiment désolée. Elle aurait voulu changer son destin mais Pennywise avait laissé sa marque sur chacun des membres du clan des ratés et par conséquent elle était impuissante.
La mort de Stanley était quelque chose de particulièrement douloureux a accepté. Pour tout le monde ici présent. Pas besoin de mot pour exprimer leur malheur, les expressions obscurcies suffisaient amplement.
«Je suis terriblement désolée. Je dois y aller. Ça a été un vrai plaisir de vous revoir, les ratés. N'hésitez pas à me rendre visite, j'habite toujours dans la même maison. Ma porte sera toujours ouverte, pour chacun d'entre vous.» Emily plaça une main réconfortante sur le bras de Ben puis d'Eddie, un sourire peiné.
«Merci.» Remercia Bill et Richie.
La femme donna une dernière petite tape réconfortante dans le dos d'Eddie avant de disparaître dans la rue voisine sans offrir le moindre regard derrière elle aux ratés qu'elle venait d'abandonner à leur sort. Le silence entre eux se prolongea pendant plusieurs minutes, quelques passants s'interrogeant sur leurs identités. Il y avait plus de mauvais souvenirs que de bons finalement.
«Rentrons à l'hôtel.» Proposa Beverly d'un raclement de gorge, n'osant regarder Bill ni Ben dans les yeux.
La journée avait été mouvementée et bouleversante pour tous.
oOoOoOoOoOoOoOoOoOo
Il faisait bien trop chaud pour pouvoir dormir convenablement avec les couvertures. Pour fin Septembre, ce temps ne correspondait pas aux températures estivales surtout pas après une semaine relativement froide.
Emily se concentra sur sa respiration alors qu'elle déviait lentement sur le bord de l'inconscience. Comme un cours d'eau, sinueux et calme qui s'écoulait jusqu'aux limbes. Elle commença à rêver après quelques minutes endormie. Un rêve agrémenter de souvenirs qui lui semblait si loin mais pourtant si proches.
Durant son sommeil, la jeune femme se retourna encore et encore dans son lit jusqu'à se mettre sur le côté faisant face au mur de sa chambre, un petit sourire aux lèvres alors que les parties floues de son rêve se dissipèrent pour laisser apparaître un souvenir qu'elle ne voulait jamais oublier. Un coin de sa mémoire qu'elle gardait secret et qu'elle chérissait avidement.
Il s'agissait de la nuit après les nombreux ébats qu'elle avait partagés avec l'entité souterraine. Des heures de violences passionnelles, d'étreintes plus ou moins chaleureuses, de sentiments réciproques, d'ivresse ... Il n'y avait pas que le côté brutal de l'acte mais aussi de la tendresse et de la sensualité qu'Emily ne soupçonnait pas que Pennywise pouvait posséder. Elle en avait rêvée à plusieurs reprises mais cette nuit très particulière avait réalisé la plupart de ses fantasmes concernant Ça.
Oh oui, le clown dansant n'était pas seulement un prédateur mais aussi un sacré séducteur qui savait comment s'y prendre pour charmer ses compagnons afin de recevoir une progéniture à la hauteur de ses attentes.
Le décor de son souvenir s'installa peu à peu autour d'elle tandis qu'elle faisait face au clown de Derry. Au fin fond de l'immense grotte sous la maison Neibolt, au milieu de la zone de crash de l'entité machiavélique du macroverse, les deux se tenaient côte à côte sur le sol rugueux noir. Epuisés et sur le point d'entrer en hibernation, ils se regardaient fixement dans le plus grand des silences.
Emily ignorait si le clown en question avait pénétré dans sa tête à ce moment-là car elle sentait une présence à côté d'elle. Etait-ce dans sa mémoire ou alors en réalité ? La femme cligna lentement des yeux pendant qu'elle prenait de profondes inspirations, son regard perdu dans celui de la créature immobile allongé sur le côté droit. Il n'y avait qu'une petite distance qui les séparait. Pennywise ne portait absolument aucune expression faciale pendant qu'il déviait tranquillement dans l'inconscience.
Elle leva sa main pour caresser sa joue blanche, lui apportant du soutien et de la chaleur le temps qu'il s'endorme pour sa longue hibernation, une promesse silencieuse qu'il ne sera pas seul durant cette étape. C'était un moment particulièrement émotif après tous ces efforts. Il ronronnait doucement sous ses douces caresses, ses yeux dorés ne quittant jamais son visage apaisé ni son joli sourire confiant.
Puis Emily ouvrit les yeux et sorti de l'influence de son rêve agréable à cause d'un petit courant d'air qui serpenta le long de sa colonne vertébrale. N'ayant plus les couvertures sur elle, ses épaules étaient exposées à la fraîcheur de la brise qui soufflait depuis sa fenêtre ouverte même si elle savait pertinemment qu'il ne s'agissait pas du vent mais bel et bien de quelque chose dans son dos.
Plutôt quelqu'un.
Malgré elle un sourire étira ses lèvres, sachant d'ores et déjà qui était le visiteur nocturne. Emily décida de se retourner pour voir que la présence dans sa tête n'était autre que Pennywise lui-même allongé de tout son long de l'autre côté du lit, la contemplant dans le silence complet. Ses yeux oranges brillaient dans la pénombre de la pièce. A croire qu'il avait pris part à son souvenir parce qu'il se tenait exactement de la même façon que vingt-sept ans auparavant après leurs exploits intimes.
Pas besoin de s'exprimer pour décrire l'émotion du moment. Toujours souriante, la jeune femme platine leva sa main droite pour la déposer avec tendresse sur la joue rugueuse du clown immobile qui se contentait de la regarder fixement sans l'ombre d'un sourire sur son visage cireux. Juste cette expression de marbre qui le rendait si charismatique et intimidant à la fois.
Son pouce traça amoureusement la pommette saillante de l'entité sous forme humaine alors que son regard se perdit dans les yeux lumineux qui ne cillaient jamais. Tout comme dans son souvenir, il se mit à émettre une sorte de ronronnement d'approbation. Quelque chose de grave qui résonnait jusque dans sa poitrine.
Pennywise était d'un calme déconcertant, Emily ne l'avait vu qu'une seule fois aussi serein et c'était la nuit juste avant son hibernation. Il avait l'air conquis, peut-être même rassuré d'après son regard adouci et ses ronronnements répétitifs. Etait-ce son aura qui lui faisait cet effet ? Ou peut-être sa présence ? Le fait qu'elle éprouve toujours des sentiments à son égard ?
Les doigts fins d'Emily glissèrent le long de sa joue blanche rebondie jusqu'aux bords de ses lèvres rubis qui pour une fois ne souriaient pas. Légèrement entre ouvertes, cela lui permis d'avoir un aperçût de ses deux dents de lapin jaunes. Elle passa son pouce sur sa lèvre inférieure qui ressortait légèrement avant de remonter sur sa grande marque foncée qui passait sur son œil et qui finissait au-dessus de son sourcil courbé invisible.
Le noir autour de ses yeux paraissait encore plus sombre, contrastant avec ses pupilles brillantes et sa peau laiteuse. Sa main toucha ses cheveux oranges crépus qui partaient dans tous les sens. Ensuite elle tiqua son index sur le bout de son nez rouge quand il laissa sortir un petit souffle de satisfaction de plus profond de sa poitrine. Enfin, il lui esquissa un sourire. Pas un sourire amusé ni un sourire ridicule, mais un véritable sourire qui faisait fondre son cœur et lui donnait des papillons dans le ventre.
Soudainement, Pennywise leva sa propre main puis fit disparaître le gant en travers sa peau pour pouvoir toucher le visage de l'entité féminine qui lui faisait face. Il l'avait touché à de maintes reprises lors de leur fusion, mais jamais plus après qu'il soit sortie de sa période de repos. Il avait le désir ardent de l'embrasser mais ne fit rien.
C'était tentant de la réclamer à nouveau toutefois il avait déjà eu ce qu'il voulait, alors pourquoi revenait-il encore et encore à la charge ? Quel était le but de tout cela ? Ses drôles d'émotions ne pouvaient pas le laisser tranquille pour une fois ?
Non.
Avec délicatesse, il déposa ses doigts sur la surface lisse de la peau à sa joue, son regard attentif ne quittant jamais le visage de son compagnon qu'il aimait tant. Elle continuait de lui sourire avec bienveillance tandis qu'il explorait ses lèvres tièdes puis son cou et enfin son épaule nue, traçant son pouce sur les courbes comme pour se souvenir de ce qui lui avait une fois appartenu.
C'était comme s'il la redécouvrait pour la première fois.
Emily laissa ses yeux se fermer alors qu'elle se concentrait d'avantage sur le contact timide. A chaque passage de ses doigts, il laissait une chaleur picotante sur sa peau frémissante. Comment s'imaginer qu'une telle créature féroce puisse avoir autant de tendresse pour quelqu'un. Une entité démoniaque créée dans l'unique but de nuire à autrui, sans jamais ressentir la moindre empathie pour ses victimes qu'il classifiait de bétail.
Mais pourtant ...
Cette même créature des ténèbres se tenait actuellement devant elle, sans crocs ni griffes sorties. Cherchant simplement un contact intime au lieu d'essayer de faire peur pour se nourrir. Bien évidemment qu'elle était privilégiée parce que Ça n'avait jamais rien ressenti pour personne mais encore, il s'agissait d'un grand exploit ! Pas de violence, pas de ricanement ni de fourberie, simplement de l'amour.
Que dirait Maturin s'il le voyait maintenant ?
Emily avait une petite idée sur la question, cependant elle ne voulait pas y penser. Pour elle, Ça n'était plus celui d'autrefois. Il avait changé en quelque sorte et même s'il continuait de s'en prendre injustement aux humains au moins il avait appris qu'il y avait d'autres émotions que la haine et la colère. Et pour cela, elle en était fière.
Elle rouvrit les yeux lorsqu'elle ne sentit plus rien sur son corps pour se rendre compte qu'elle était toute seule dans son lit et que le clown avait disparu de sa chambre à coucher. Un peu désorientée, elle se redressa dans son lit pour chercher du regard toutes traces de Pennywise mais il avait définitivement quitté les lieux.
Avait-il prit peur ? Sans doute que ses émotions contradictoires y étaient pour quelque chose dans cette prise de décision hâtive.
La jeune femme posa sa main sur son cœur qui tambourinait méchamment contre ses doigts, une preuve tangible qu'elle n'avait pas rêvé et que les sentiments n'avaient jamais cessés d'exister. La déception s'écoula en elle alors qu'elle se releva sur ses jambes pour s'approcher de la fenêtre entre ouverte et ainsi l'ouvrir pour apporter un peu plus d'air frais dans la pièce étouffante.
Elle se sentait très chaude, surtout sur les zones où le clown avait glissés ses doigts d'experts. C'était vraiment dommage qu'il avait arrêté son exploration mais il y avait certainement une bonne raison à cela. Après tout, ces expériences et ces contacts étaient encore trop récents pour lui, trop compliqués à gérer. Elle espérait juste qu'il allait bientôt revenir et que cette fois-ci, il resterait. En revanche elle savait à l'arrière de son esprit que ce n'était juste pas possible.
Ça restait la créature solitaire de Derry. Un jour, ils s'oublieront.
Un peu chagriné par cette dernière pensée et l'horrible sensation d'être seule au monde, Emily voulut se détourner de la fenêtre pour rejoindre son lit mais quelque chose attira son attention dans son jardin.
Ses yeux se plissèrent à l'ombre qui se tenait à côté de son sapin. C'était un homme d'après la carrure. Un homme qui regardait en direction de sa fenêtre avec une main fourrée dans son pantalon ... A cette constatation, le sang d'Emily ne fit qu'un tour dans sa tête. Pardon ?! A l'instant même où elle se pencha pour hurler à l'inconnu pervers de dégager de sa propriété, il se détourna et courut en direction de la rue sombre.
«Hey ! Non mais OH !» Beugla-t-elle mais il était déjà trop tard.
Elle cligna rapidement des yeux dans l'incrédulité la plus totale. En plus il riait comme un grand malade ! Mais qui était ce personnage immonde qui était venu dans son jardin en pleine nuit pour profiter de la vue ?
Emily pensait avoir vue une coupe mulet.
A suivre ...
Merci beaucoup pour la lecture en espérant que vous avez apprécié ce moment ^^ Je pense que, pour ceux qui ont vu le film, vous vous en doutez bien de qui il s'agit à la fin lol, non ?
Franchement c'est un vrai régal de retrouver les ratés. Ils m'avaient énormément manqué dans l'histoire. Je suis contente d'être enfin à ce moment-là.
/SECTION DEFIS\
-> Pour le prochain chapitre, Andy retourne à la chasse avec son paternel. Ils iront faire de l'espionnage chez Mike et attaqueront Beverly ;) ce sera la scène avec la grand-mère dans le film mdr. Je pense ajouter des moments Emily/membres des ratés, si vous avez des petites idées je suis preneuse !
-> Surtout les placements de mots/phrases/expressions ! JA-DO-RE.
Défis Ça 11 :
ODemonKillO -> placement de la réplique ; «bon chance» en rapport avec le film Taken.
TFomegastar -> Pennywise est dans le casier d'Andy. Il est coincé et dans une position de trapéziste qui se range dans une boite puis dit ; «oh... Attend, je te fais une place». (Légèrement modifier car j'avais une idée similaire).
Levia666 -> Placement des phrases ; «bordel de cul !» et ; «faut que j'aille libérer le kraken.»
Goeglyd -> je sais que l'érection c'était pour Pennywise, mais j'avais vraiment envie de le faire sur Richie XD
MichleVaro -> Quelqu'un mange un papillon. (mdrrr excellent celui-là).
Merci et à bientôt !
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