Ça🎈~20
Nous y voilà. La dernière ligne droite. Je vous présente le dernier chapitre de cette histoire parodique et romantique autour de notre clown favori.
Encore une fois, tout en musique. Donc je vous invite à écouter les chansons lorsqu'elles sont citées dans le récit pour d'avantage d'immersion ^^ Cependant, la musique ci-dessus (en-tête) est à écouter uniquement à la fin de l'histoire ! A la toute dernière partie. J'insiste ;)
Par contre, je vous préviens juste que ce chapitre n'est pas drôle. En revanche, il donnera une belle conclusion, une moralité qui je pense était celle qu'il fallait après toutes ces aventures drôles, émouvantes et dramatiques.
Je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir !
Ça ♦ 20
Oscar Bowers avait été retrouvé mort à son domicile. Son fils Henry, disparu.
D'après les journaux locaux, il avait été poignardé à la gorge avec un canif alors qu'il regardait tranquillement la télévision sur son canapé. Une émission pour enfant qui passait en boucle sur son poste disait les informations du jour.
L'officier Johnson, interpelé par la police après avoir découvert un doigt sectionné dans la poche arrière de son pantalon qui appartenait à l'une des victimes de Derry, Betty Ripson. Au moins, il était dorénavant clair que la jeune fille ne reviendra jamais auprès de sa famille. Tout comme l'ensemble des enfants portés disparus depuis le début de l'année.
Mais ce n'était pas le pire. Beverly, avait été kidnappée.
C'était Bill Denbrough qui avait constaté sa disparition un peu plus tôt dans la matinée après avoir fouillé son appartement à sa recherche pour retrouver son père, Alvin, étendu sur le sol de la salle de bain, une flaque de sang autour de sa tête. Sang qui avait été également utilisé pour écrire un message horrifique sur le mur et le plafond.
Rejoins-moi si tu veux qu'elle vive.
C'était d'ailleurs pour cette raison précise que le clan des ratés se trouvait maintenant dans les égouts. Pour retrouver leur amie qui avait été attrapée par ce clown de malheur. Pourquoi elle ? Pourquoi avoir écrit ce curieux message au mur ? Message qui paraissait trop personnel pour être adressé directement à eux. Deux questions qui revenaient sans cesse à l'esprit de Bill tandis qu'il s'enfonçait dans l'antre du Diable avec ses meilleurs potes.
«Je suis sûr qu'on va croiser les tortues Ninjas ici. On dirait l'entrée du vagin de la mère d'Eddie.» Se plaignit Richie qui battait sa main devant son visage dans une vaine tentative d'éloigner l'odeur épouvantable.
«Ferme-la, putain. T'es vraiment trop bête !» Râla Stanley, agacé par les remarques déplacées de son ami dans des moments aussi stressants.
«On r-reste groupé. Il ne faut surtout p-pas que l'un de nous soit séparé, sinon, Ça nous aura.» Rappela Bill, imperturbable. Il restait aux aguets alors que les adolescents pénétraient calmement dans les égouts.
Quelques minutes auparavant, ils avaient été agressés par Henry Bowers en personne quand ils étaient dans la maison de Ça et si Mike n'avait pas eu un élan de courage, ils auraient très certainement tous péris dans le puits menant à l'antre de l'entité. Une chance que ce puits dans la cave était suffisamment profond pour tuer ce débile mental !
Quoi que ?
«Génial ... Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?» Soupira Richie en remontant ses lunettes et en désignant de sa main droite les trois tunnels qui se présentaient devant eux.
«On prend celui de droite.» Ordonna Mike après avoir pointé sa lampe torche dans la direction souhaitée. Aux regards sceptiques des autres, il s'expliqua ; «Le vent souffle de cette direction.»
«Allons-y.» Acquiesça Bill, une expression grave tandis qu'il passait devant Mike pour rester en tête du groupe. C'était une bonne constatation et de plus, le vent apportait des odeurs de pourritures qui provenaient sans doute des cadavres en décompositions.
«Je n'aime pas ça ... Je n'aime pas du tout ça.» Gémit Eddie en restant très proche de Bill et de Richie, couinant lorsque son pied entra en contact avec quelque chose de gluant sur le sol.
«Fait pas ta chochotte !» Richie poussa un soupir exagéré au moment où il entendit la respiration erratique d'Eddie.
«Ma chochotte ?! Je vous signale qu'on se dirige droit sur cette chose qui a failli nous tuer ! Et c'est à peine si je peux respirer dans ce trou à rat !» Rétorqua hâtivement ce dernier, à deux doigts de faire une crise de nerf.
Les deux garçons poursuivirent leur discussion animée sur le pourquoi du comment tandis que Bill, toujours en tête du groupe, longeait les murs humides. Lui, Mike et Stanley disposaient de lampes de torche. Les couloirs sans fin étaient tellement sombres qu'ils ne voyaient même pas à un mètre devant eux. Et ne parlons pas de l'odeur ... Affreuse.
«Hé, vous ne trouvez pas que ... C'est calme ?» S'exprima ensuite Stanley une fois qu'ils arrivèrent à un autre croisement avec un puits en son centre où de l'eau s'écoulait continuellement à l'intérieur. Il l'éclaira, la main tremblante.
«C'est vrai.» Ben déglutit puis passa ses mains moites sur son short.
«Ouep. Je m'attendais à plus d'attaques d'un taré de ce genre. Vous pensez qu'il est occupé avec vous savez qui ?» Chuchota Richie, un large sourire coquin aux lèvres mais qui n'amusa personne d'autre que lui.
«Je crois que je vais vomir ...» Eddie colla brusquement sa main à sa bouche, l'expression tirée dans l'horreur alors qu'il s'imaginait quelque chose de rebutant avec le clown et Emily.
«F-faut pas qu'on traîne. Ça ne doit pas être très loin désormais.» Pressa Bill en éclairant les visages de ses amis nerveux derrière lui. Il sourit tristement à Ben puis à Stanley et enfin à Eddie, toujours à deux doigts de faire une crise.
Les adolescents reprirent leurs recherches pour le moment infructueuses. C'était un véritable casse-tête de tunnels et de portes rouillées, mais ils finirent par tomber sur une très grande porte blindée qui s'ouvrait à l'aide d'une manivelle. Les six se mirent dessus pour pouvoir l'ouvrir, leur demandant un effort considérable pour enclencher le mécanisme et dévoiler la salle derrière cette dernière d'une épaisseur alarmante.
«Merde ! Qu'est-ce que c'est que ça ?!» S'écria Richie, choqué, quand il rentra derrière Bill et Mike. Les faisceaux lumineux de sa lampe étaient directement dirigés sur Beverly.
La jeune fille flottait dans les airs, le visage rivé vers le ciel. Silencieuse.
«Beverly !» Les garçons se précipitèrent vers elle pour tenter de la faire descendre, des questions leurs brulants les lèvres comme par exemple, ce qu'elle foutait là-haut !
Cette salle était très particulière. Il y avait beaucoup d'éléments mais le plus frappant était cette immense tour de décombres au milieu. Une tour semblable à un chapiteau, si haute que sa pointe touchait la grille d'où s'infiltrait le peu de lumière du jour. Mais le pire du pire fût les cadavres qui flottaient tranquillement autour de cette pile de détritus, quelques gouttes de sang éclaboussant le sol crasseux à certains de leurs passages.
Bill déglutit difficilement mais ne perdit pas son sang-froid. Ils étaient tous morts, il n'y avait plus rien à faire pour eux.
L'atmosphère était dérangeante mais surtout pesante. Comme s'il n'y avait pas suffisamment d'air pour pouvoir respirer correctement, la même sensation désagréable qu'un endroit exigu. Cette salle étant déjà bien glauque, la pression encore plus éprouvante car elle appuyait à l'arrière des yeux jusqu'à la nuque.
Bill entendit Eddie bâillonner derrière lui mais il resta de marbre devant ce spectacle macabre et inhumain. Tout doucement, il abaissa sa lampe torche sur les différentes affaires qui avaient été amassées ici au fil du temps, notamment des jouets ou encore des vêtements déchirés. Jusqu'à ce qu'il ne tombe sur une très grande porte de spectacle où était représenté Pennywise, le clown dansant.
«Qu'est-ce qu'elle a ?!» Ben attrapa les épaules de l'adolescente une fois de retour sur terre, les larmes aux yeux de terreur à l'idée qu'elle soit morte.
Mike avala mais ne savait que dire car les yeux de Beverly étaient opaques, comme si elle était sous l'emprise d'un sort puissant ou tout simplement loin de son corps. Une petite grimace passa sur ses traits de visage lorsque Ben plaqua ses lèvres aux siennes dans une tentative désespérée de la faire revenir à elle, un peu comme dans les contes de fées. Sauf qu'aucun d'entre eux ne s'attendaient réellement à ce que cela fonctionne et surtout pas avec lui.
Les souffles se coupèrent, l'attente était insoutenable. Mais les doutes s'envolèrent lorsque Beverly prit une profonde inspiration et que ses yeux redevinrent en cette jolie couleur bleue si caractéristique, tenant Ben pour la vie chère alors qu'elle revenait peu à peu à elle. Un sourire admiratif étira ses lèvres à l'instant où elle comprit.
«Braise de janvier ?»
«Là-bas, mon cœur brûle aussi.»
Bill, quant à lui, était occupé à examiner les environs à la recherche de leur tortionnaire. Il était introuvable.
Pourtant, Beverly avait été amenée jusqu'à cet endroit et le message sur le mur de sa salle de bain avait été un peu plus clair. Il redressa ensuite sa lampe sur les multiples cadavres en suspensions dans les airs qui tournaient autour du chapiteau, la plupart ayant perdu un membre, d'autres sauvagement éventrés.
Ce fût là qu'il entendit quelque chose.
C'était subtil, mais grâce à son ouïe fine il pouvait percevoir le bruit et cela venait de derrière le chapiteau de la mort. Dans son dos, il entendit vaguement Beverly l'appeler à plusieurs reprises mais il n'écouta pas, il était dorénavant concentré sur le son qui ressemblait à un gémissement. Ou plutôt une déglutition pénible, quelqu'un qui s'étouffait avec sa bave ou avec son sang ?
Cependant, il s'arrêta net dans ses pas et faillit lâcher sa lampe quand il découvrit enfin l'auteur de ces bruits suspects et inquiétants. L'adolescent avala à plusieurs reprises pour tenter d'apaiser son incrédulité mais aussi sa peur euphorique de se retrouver nez à nez avec la créature démoniaque qu'il recherchait activement avec ses amis.
Le clown était là, à quelques mètres de lui, adossé contre le puits. Non, plutôt tristement affaissé contre ce dernier. Il avait l'air très mal en point et même après avoir remarqué la présence de Bill, il continuait d'émettre ces pitoyables lamentations. Son costume était sale, ses cheveux ternes aplatis contre sa tête anormalement grande. A son côté droit, non loin de sa hanche et de sa main, un walkman noir dans lequel jouait une musique en sourdine.
I want to know what love is de Foreigner, de ce qu'il entendait en tout cas.
Son sourire habituellement malicieux était à présent tordu dans un malheureux rictus. Son corps tremblait par spasmes répétitifs tandis que ses jambes étaient étendues devant lui. Les bras ballants à ses côtés, les yeux bleus perdus dans le néant. Il eut une petite quinte de toux éprouvante ce qui fit voler quelques gouttes de baves sur sa collerette et son costume.
Il avait l'air déçu de le voir ... Mais, pourquoi ?
«Oh, putain de merde ! C'est lui ! Faut le tuer, vite !» S'égosilla Richie une fois à côté de Bill, la bouche grande ouverte d'effroi tandis qu'il fusillait du regard le monstre contre le puits.
«Vas-y, tue-le !» Hurla frénétiquement Stanley sur le point de pleurer.
«Aller ! Tue-le !» Pressa Beverly et Ben qui se tenaient par les bras pour se rassurer mutuellement mais surtout par peur d'être encore une fois séparés.
«Non, non ! Il n'est pas chargé ...» Mike secoua lentement la tête dans le déni tout en regardant Bill dos à lui qui tenait le pistolet d'abatage dans sa main droite, la lampe torche dans l'autre. Il avait fait tomber les autres cartouches dans le puits de la cave sans le faire exprès après s'être confronté avec Henry.
«Tue-le !» Les cris firent échos.
Mais Bill n'arrivait pas à lever son bras pour poser la gâchette sur le front du clown agonisant qui avait vraiment l'air misérable dans cette position. Oui, il avait pitié. Car même après l'arrivée des autres membres du clan des ratés, Pennywise ne bougea pas ni même ne parla, il se contenta simplement de lever ses yeux vitreux vers Bill et de prendre une laborieuse inspiration. La déception était lisible dans son regard dépourvu de malice pour une fois.
Serait-ce possible que Ça soit triste ? Qu'il ait peur ? Qu'il soit en train de mourir ? Puis, tout fit soudainement sens dans la tête de Bill. Le message au mur ne lui avait pas été adressé ! A aucun membre du groupe.
Il était pour Emily.
«J-je ...» Bégaya-t-il en passant nerveusement sa langue sur ses lèvres sèches, le bras tenant le pistolet tremblant alors qu'il regardait la créature au sol qui faisait des bruits d'étranglements. Peut-être des pleurs ? De la douleur ?
C'était les secondes les plus longues de toute sa vie. Cette hésitation pourrait leur couter très cher, à tous. Toutefois, il ne pouvait se résoudre à abattre Ça dans ces conditions alors qu'il était déjà en train de mourir et qu'il semblait avoir perdu toute sa force.
Evidemment, c'était peut-être un autre de ses tours machiavéliques pour les attaquer au moment propice, cependant, Bill savait au fond de lui que ce n'était pas le cas.
Mais les différents meurtres, les différentes frayeurs ainsi que son petit frère Georgie finirent par le motiver. Vengeance. Donc, alimenté par la haine et la colère, Bill prit une profonde inspiration puis leva le pistolet au front de Pennywise qui suite à ce geste brusque arrêta de faire ses gémissements. Sa lèvre inférieure tomba, ses yeux bleus se posèrent sur le garçon menaçant qui le surplombait. Il abandonnait le combat. De toute manière, ce n'était pas comme ça qu'on le tuait.
Même s'il aurait préféré cette mort plutôt qu'une mort lente et douloureuse dans les griffes de l'amour.
«Ecartez-vous !»
L'ensemble du groupe sursauta à cette nouvelle voix masculine qui venait de résonner derrière eux. Les têtes se tournèrent simultanément vers un certain Barry, plus effrayant que jamais. Que faisait-il ici ?! Etait la toute première question qu'ils se posèrent et ensuite la seconde ; pourquoi avait-il un fusil à pompe ?
«B-Barry ? Que faites-vous là ?» S'étonna Bill qui abaissa son arme au sol pour regarder l'homme en question, les yeux écarquillés.
«Je vous ai suivis jusqu'ici. C'était extrêmement facile ! Je savais que vous me conduiriez jusqu'au clown, que ce n'était qu'une question de temps avant que vous ne retentiez l'affaire. Maintenant, pousse-toi, Bill. J'ai un travail à finir.» Ordonna sèchement l'adulte après avoir inséré deux cartouches dans son fusil.
«Quoi ? Vous vous êtes servi de nous ? Et il voit aussi ce stupide clown ? Je croyais que c'était que nous ! Oh la vache ...» S'époumona Richie, deux doigts tremblants remontant ses lunettes tandis qu'il louchait sur le gros fusil dans les bras de Barry.
«Qu'allez-vous faire ?» Beverly savait que cette question n'était pas pertinente, mais quelque chose dans l'attitude de l'homme la dérangeait. Elle passa un bras protecteur autour de Ben lorsque ce dernier s'avança vers Bill, un sourire malveillant ornant ses lèvres.
«Ce que j'aurais dû faire il y a bien longtemps. Détruire cette chose une bonne fois pour toute. Lui faire payer de ses crimes ... La vengeance est un plat qui se mange froid.» Grogna vicieusement Barry après avoir baissé les yeux sur Pennywise toujours affalé contre le puits, silencieux.
Le clown grimaça à cette remarque cinglante mais ne dit rien en retour à cet homme dépourvu d'intelligence. En revanche, ses yeux virèrent au orange car il entendait ses pensées et elles étaient toutes focalisées sur sa belle Emily qui courait dorénavant un grave danger ... Il pencha la tête sur le côté puis dévisagea Barry maintenant devant lui, Bill à sa droite qui ouvrait et refermait la bouche comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose.
«Regarde-toi, Pennywise. Ou devrais-je plutôt dire, Robert ? Tu es pathétique, pitoyable même ! Tu pensais m'avoir sauf que dans cette histoire, c'est toi la proie. Etonnant, non ? Je t'avais dit que tu n'avais aucune chance contre moi ! Mais je vais te délivrer de ton supplice.» Barry rechargea son arme à deux mains.
L'œil droit de Pennywise partit dans une autre direction tandis qu'il fusillait l'humain impitoyable du regard, une colère insoutenable en lui. Si seulement il pouvait encore bondir et lui arracher la tête à ce petit fils de !
Néanmoins, un sourire cocasse se dessina sur ses lèvres au moment où Barry leva son canon à sa poitrine, les membres du clan des ratés retenant leurs souffles et prenant un pas en arrière de surprise.
«Il frappe du poing contre le poteau et jure qu'il voit encore les fantômes ...» Récita calmement le clown apathique de sa voix railleuse, un petit filet de bave au coin de la bouche. Il avait l'air confiant.
Cette phrase eu un drôle d'effet sur Bill. Un peu comme une sensation de déjà-vu. Il déglutit difficilement car il récitait régulièrement cette phrase pour apprendre à ne plus bégayer sauf que la dernière fois qu'il l'avait dite, il était devant chez lui. C'était un constat malsain parce que cela voulait dire que le clown l'avait entendu ... Depuis la bouche d'égout.
«Yipee-kay, pauvre con !» Chanta Barry avant de tirer.
Le coup de fusil retentit dans l'ensemble de l'égout, faisant crier les adolescents au bruit assourdissant que cela engendrait. La balle transperça le torse de Pennywise, ce qui libéra la substance noirâtre semblable à du sang dans les airs et autour du visage toujours souriant du clown malgré cette blessure mortelle. Sa tête retomba mollement sur le côté, ses yeux oranges et rouges avec un strabisme prononcé sur les enfants derrière Barry, tétanisés par la peur.
Délicieuse peur ...
Barry leva un sourcil ennuyé puis posa son fusil à pompe sur son épaule, la panique des enfants se ressentant dans l'air. Il donna un petit coup de pied au pied de Pennywise pour s'assurer qu'il était bel et bien mort. Il ne bougea pas, néanmoins ses yeux restaient anormalement brillants. Il n'aimait pas du tout ce sourire lugubre. Il avait l'impression qu'il se moquait constamment de lui alors qu'il avait gagné ce duel.
Plus de sang noir s'éparpilla lentement dans les airs jusqu'à ce que son front ne se craque et que la peau blanche disparaisse dans de fines particules, les marques rouges dégoulinantes le long de ses joues rebondies jusque sur sa collerette. L'atmosphère retomba peu à peu pour devenir supportable.
«C'est terminé.» Déclara Barry après un moment silencieux à contempler l'abomination abattue.
Il se tourna pleinement vers Bill pour voir que le jeune garçon refusait catégoriquement de le regarder dans les yeux. Son menton tremblait sous la pression des émotions et ses yeux luisaient de larmes, la lèvre inférieure ressortie.
N'était-il pas heureux ? Pourtant Grippe-Sou le clown dansant ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir !
D'un coup d'œil derrière son épaule, il vit que les membres du clan des ratés étaient tous à bout de souffle et incapable de s'exprimer à l'orale. Choqués par son acte. Sur leurs visages se reflétait la surprise, l'incompréhension mais surtout et avant tout du soulagement. Avant de laisser le clown mort contre le puits où s'écoulait de l'eau, Barry shoota dans le walkman pour qu'il rebondisse dans une flaque loin de son propriétaire dorénavant hors d'état de nuire.
Courage ou lâcheté ? Bill se posait encore la question, un sentiment de culpabilité qu'il n'aimait guère ressentir après tout ce qui c'était produit jusqu'ici.
«Tu vas pouvoir faire ton deuil maintenant.» Barry posa une main sur l'épaule du jeune Denbrough émotif après avoir jeté son menton en direction d'un vêtement sur le sol.
Juste avant de partir, il observa quelques secondes le clan des ratés se réunir autour d'un imperméable jaune qui avait été abandonné sur une poussette renversée, les corps des victimes redescendant lentement vers le sol.
Les pleurs déchirants de Bill étaient la dernière chose qu'il entendit.
oOoOoOoOoOoOoOoOoOo
Emily avait ressorti son ancien piano à queue. Sans raison apparente, juste pour jouer quelques notes de musique.
Des mélodies tristes qui correspondaient à son état actuel. Ce piano, elle l'avait dans l'une des pièces secrètes de sa maison, interdite au public bien évidemment. Ses doigts s'enfonçaient sur les touches blanches puis de temps à autre sur les noires pour les dièses et les bémols.
Oui, elle avait eu vent de la tuerie chez les Bowers ainsi que chez les Marsh, mais curieusement ces nouvelles ne lui firent pas plaisir contrairement à ce qu'elle s'imaginait. Surtout Oscar. Pas une once de compassion mais pas non plus de la délivrance suite à sa mort sanguinolente. Elle espérait juste que son fils fou n'allait pas s'en prendre au clan des ratés maintenant ...
Depuis quelques minutes, Emily jouait une mélodie qu'elle avait nommé la musique de Georgie en raison des notes mélancoliques de cette dernière. Son cœur lui faisait atrocement mal. Comme si quelqu'un venait d'enfoncer une dague dans sa poitrine. Cette désagréable sensation, elle l'avait depuis la dernière fois qu'elle avait aperçu Pennywise il y a pratiquement deux jours.
Mais cette douleur sourde finit par devenir plus vive au fur et à mesure qu'elle jouait cette musique, entraînant la chute de quelques larmes peinées. Ce n'était pas de sa faute mais celle au piano qui titillait en elle de la nostalgie.
Elle savait que quelque chose se préparait, c'était une intuition qui la suivait depuis qu'elle avait été chez Barry l'autre fois et qu'il lui avait fait part de ses mauvaises intentions vis-à-vis de Ça.
Emily changea de mélodie pour jouer Clair de Lune. Une autre musique qu'elle affectionnait particulièrement surtout dans des moments pareils où elle ne savait plus quoi faire pour apaiser son âme, ses souffrances et ses doutes.
Plongée dans les douces notes, la jeune femme se laissa emporter par le feu qui la rongeait, insouciante au monde extérieur. Les touches s'enclenchaient à la perfection telle une véritable virtuose du piano. Si longtemps qu'elle n'en avait pas joué ... C'était un pur bonheur de reprendre l'un de ses passe-temps favori qui traversait les âges et les univers.
Mais son court moment de joie allait vite se terminer.
La pièce dans laquelle elle se trouvait comportait deux fenêtres. L'une donnant sur la rue principale, l'autre sur son jardin où il y avait son petit poulailler et le parc à tortue. Il n'y avait pas de lumière, seulement la lumière naturelle qui d'ailleurs s'assombrissait à vue d'œil à cause des nuages noirs qui apparaissaient dans le ciel.
Emily n'y prêta pas grande attention jusqu'au moment où elle sentit une douleur fulgurante dans sa poitrine, lui arrachant un cri étranglé de la gorge. Tremblotante, elle posa une main au-dessus de son cœur palpitant la chamade contre ses doigts. Wow, cette sensation avait été très étrange et fascinante à la fois. Vaguement, elle se demanda si cela ne venait pas du clown ...
Elle allait bientôt avoir la réponse.
La lumière des phares d'une voiture attira son attention sur la fenêtre de la rue. Les faisceaux lumineux éclairaient d'abord le plafond puis le mur derrière elle où plusieurs livres prenaient la poussière par manque d'activité dans cette pièce.
D'une grimace amère, elle retira lentement sa main de son cœur tandis qu'elle se levait pour se diriger vers sa fenêtre et ainsi voir ce qui se tramait dehors. Aux premiers abords, elle ne vit rien d'anormal.
Puis la voiture de Barry était en vue.
Il roulait comme un dingue sur la route, les fenêtres ouvertes et la musique à fond la caisse. Chanson qu'elle reconnut étant The power of love de Huey Lewis and the News. Voyez-vous ça ... Un amateur de films connus ?
Il faisait si sombre dehors qu'il était obligé d'utiliser ses phares pour voir la route même s'il ne prêtait guère attention à sa manière de rouler qui était des plus déplorables. Pauvre garçon, il devait avoir du mal à accepter que son supérieur et ami proche soit mort de cette terrible façon. Tué par son propre fils alors qu'il regardait une émission sur les égouts.
Du moins, c'était ce que se disait Emily jusqu'à ce que l'homme en question ne roule presque sur sa clôture blanche, manquant de peu d'arracher sa boite aux lettres. Un épouvantable sentiment de crainte l'envahi soudainement. C'était exactement la même sensation dérangeante qu'elle avait ressenti la dernière fois à ses côtés lors de ses promesses inquiétantes.
Mon Dieu, mais qu'avait-il fait ?
«J'hallucine.» Souffla Emily entre ses dents alors qu'elle grimaça à la nouvelle vague de douleur qui passa dans son corps. Elle plissa son œil droit puis s'approcha de la porte pour descendre au rez-de-chaussée.
Une fois en bas, elle se précipita à sa porte pour la fermer à double tour, usant de son poids contre le bois au cas où une idée débile passerait dans la tête de Barry. Ouais, elle avait toujours cette intuition que quelque chose de grave allait se produire. Si ce n'était pas déjà fait d'ailleurs. Sinon, pourquoi serait-elle aussi effrayée ?
«Emily ?» Appela Barry à l'extérieur.
La jeune femme à l'intérieur de la maison se pencha vers la fenêtre à gauche de sa porte d'entrée pour jeter un coup d'œil discret à la rue vide. L'homme venait de sortir de son véhicule, un fusil à pompe tenu fièrement sur son épaule. Pardon ?! Elle pensait rêver. Et quelle était cette expression victorieuse méprisable sur son visage ?
«Emily ! Je sais que tu es là !» Hurla Barry une fois sur le petit chemin menant à la porte d'entrée.
Il dévisagea un instant la façade de la maison avant de retrouver son sourire mesquin, un sourcil arqué à la fenêtre où il venait de voir du mouvement derrière le rideau blanc. Un rire vil s'échappa de ses lèvres tandis qu'il s'avança vers l'entrée, son fusil se balançant d'un côté à l'autre en rythme avec la musique qui résonnait de sa vieille voiture rouge et qui animait cette rue tranquille.
Don't need money, don't take fame
Don't need no credit card to ride this train
It's strong and it's sudden and it's cruel sometimes
But it might just save your life
That's the power of love
That's the power of love !
«Je sais que tu es là-dedans, Em. Ouvre-moi la porte ! J'ai une superbe nouvelle à t'annoncer sur quelques pas de danse, si tu veux. Je sais que tu raffoles de ça.» Roucoula ce dernier mais dans le ton de sa voix se cachait une véritable menace silencieuse. Un ton sardonique, impatient.
Mais Emily de son côté savait pertinemment que ce n'était pas pour danser qu'il voulait la voir. Pas avec un putain de flingue sur son épaule et cette tête horrible qui lui faisait penser à un psychopathe ! Elle fronça les sourcils alors que Barry se mit à tambouriner furieusement son poing sur la surface de la porte, la faisant rebondir dans le processus.
«Je ne veux pas te voir, Barry ! L'as-tu déjà oublié ? Tu n'es plus le bienvenu ici !» Réprimanda la jeune femme face à la porte contre laquelle était son ancien ami.
«Ouvre, je te dis ! Ne me force pas à entrer par effraction.» Rit Barry. Un rire macabre, sans humour.
«Tu peux toujours courir, abruti !» Vociféra la propriétaire des lieux entre ses dents, les poings serrés de colère.
Comment osait-il !
«Aller !» Barry frappa son pied dans la porte puis décida de contourner la maison pour trouver une autre issue. Tandis qu'il passait par la droite, il poursuivit dans ce même ton exécrable ; «c'est fini maintenant. Je me suis occupé de ton petit copain le clown et j'ai retrouvé tous les disparus. N'est-ce pas formidable ? Il ne pourra plus jamais te faire de mal, Em, à personne. Il n'y a plus que toi et moi !»
A cet aveu, le visage d'Emily blêmit considérablement. Que venait-il de dire ? Sa bouche s'ouvrit mais aucun son n'en sortit, elle était submergée par la stupeur. Automatiquement, des larmes se formèrent aux coins de ses yeux alors que la réalisation la frappa de plein fouet.
Il avait fait du mal à Pennywise.
«Barry, mais qu'as-tu fait, pauvre fou !» S'indigna-t-elle, ébranlée, la bouche béate.
«Tu aurais dû voir sa tête ... Il faisait moins le malin avec un fusil collé au cul ! Ce n'était rien qu'un clown débile qui s'amusait à faire peur aux enfants. Il n'était même plus capable d'attaquer ces gosses alors j'ai abrégé ses souffrances ! C'était un plaisir, si tu savais ...» Se loua Barry dorénavant à la fenêtre du salon. Il inspecta rapidement l'intérieur puis sourit à Emily toujours plantée au milieu de l'entrée.
«Espèce de salopard ! De quel droit ! Il n'était même plus en état de se défendre et tu as profité de sa faiblesse pour t'en prendre à lui comme le lâche que tu es !» Se révolta cette dernière en rage.
Elle n'arrivait pas à y croire, c'était impossible ...
«Oh aller, tu vas pas me dire que t'aimais cette chose ? Après tout ce qu'il a fait ? J'ai sauvé ces stupides gamins que tu apprécies tant, je te rappelle ! Sans moi, ils étaient tous condamnés dans ces égouts !» Grogna Barry après avoir fracassé la crosse de son arme dans la vitre.
Emily hurla puis se couvrit la tête avec ses bras quand le verre vola en éclat dans son salon et sur son mobilier. Toutefois, Barry ne se glissa pas par là. Il rit doucement avant de se diriger vers la fenêtre suivante pour répéter son action, la tempête dehors de plus en plus féroce au fil des minutes. Le ciel était entièrement noir dorénavant.
«Maintenant, tu m'ouvres, où je risque de perdre patience avec toi. On ne joue plus, c'est terminé.» Siffla rudement l'homme quand il atteignit la porte arrière qui reliait son jardin à la cuisine.
«Tu as commis une terrible erreur. Je t'avais prévenue.» Murmura la jeune femme au milieu du couloir. Alors qu'elle ferma les yeux pour prendre une profonde inspiration, elle entendit Barry recharger son fusil à pompe.
«Emily !» Cria-t-il en visant la poignée avec son canon.
Mais elle n'était d'ores et déjà plus là, en tout cas pas mentalement. Elle se concentra sur sa respiration en écoutant attentivement les tic-tacs de son horloge murale dans le salon qui lui donnait un rythme à prendre. Elle ne ressentait plus que de la haine et de l'injustice. Il s'en était pris à Ça, il voulait s'en prendre à elle, maintenant, il allait payer.
L'instant même où le coup de fusil retentit, l'aiguille de l'horloge s'arrêta sur le douze. En une fraction de seconde, Emily rouvrit les yeux puis rugit de colère en écartant les bras à ses côtés. Des yeux noirs d'encre, sans vie. Un cri si puissant en intonation que l'intégralité des fenêtres encore entières se brisèrent toutes en même temps dans un vacarme aigu.
Barry perdit son petit sourire quand il poussa la porte et qu'il vit la jeune femme en lévitation au milieu du couloir, entourée d'une espèce de fumée noire opaque. Derrière elle se tenait un piano noir qui flottait à quelques centimètres du sol. Toujours en criant, elle donna un coup de bras puis balança le piano de toutes ses forces en direction de Barry, incapable de sortir de la voie après avoir été témoin de cette magie noire.
D'un boucan absolument terrifiant, l'homme entra violemment en contact avec la surface de l'instrument, ce qui le propulsa à plusieurs mètres en arrière dans le gazon qui n'était plus d'un beau vert mais jaune rêche. La porte qu'il avait ouverte à l'aide de son fusil à pompe était dorénavant obstruée par le piano renversé.
Barry gémit de douleur, une main à l'arrière de sa tête là où s'écoulait du sang après avoir fracassé son crâne contre une caillasse. Il lui fallut quelques instants pour ne plus voir flou et se redresser dans une position assise.
La maison n'était plus blanche aux lattages bleus mais ressemblait maintenant à la vieille maison au coin de la rue Neibolt. Toutes les fenêtres auparavant brisées par le cri de rage se recollaient petit à petit dans un souffle invisible. Le magnifique jardin autrefois verdoyant n'était plus qu'un amas de terre sans vie où seules les mauvaises herbes poussaient.
Le sol se mit à trembler sous les fesses de Barry perplexe par ce revirement de situation improbable. Il bondit sur ses pieds aussi vite que possible lorsque d'immenses ronces émanèrent du sol d'une rapidité hors norme.
«Merde !» Maudit-il en prenant ses jambes à son cou car ces choses lui couraient littéralement après.
Il hurla de douleur quand l'une d'elle encercla sa jambe et déchira la peau de son mollet à l'aide de ses épines. Usant de son arme à feu pour s'en délivrer, il la balança ensuite dans le jardin pour pouvoir gagner en vitesse.
Heureusement que malgré son état proche de la léthargie, il arrivait encore à avoir des réflexes de survie. Ce qui lui permit de rejoindre la chaussée avant que l'une de ces ronces démoniaques ne l'attrape à nouveau pour l'emmener six pieds sous terre.
Une fois de l'autre côté de la rue, Barry se retourna pour s'apercevoir que les plantes s'arrêtaient juste à la limite du terrain. Pendant un instant, tout se figea. Il n'entendait plus que les battements frénétiques de son cœur dans ses oreilles. Puis calmement, les longues tiges biscornues se rétractèrent pour envelopper la maison de leurs branches torsadées et épineuses, empêchant tout intrus de pénétrer à l'intérieur.
C'était la toute dernière chose que vit Barry avant qu'il ne s'évanouisse.
A l'intérieur de la maison, Emily se laissa glisser le long du mur contre lequel elle était adossée, pleurant à chaudes larmes à cette terrible épreuve qu'était l'acceptation. Elle avait peine à croire que c'était la fin de Ça. Pennywise avait été défait par Barry. Par cet idiot ! Comment était-ce possible à la fin ?!
Une vague de culpabilité la balaya brusquement car si elle avait été un peu plus attentive aux signaux, rien de tout cela ne serait arrivé. Et elle aurait pu protéger Ça des menaces externes.
Tout était de sa faute.
Il lui fallut environ une heure pour retrouver ses esprits. Elle avait passé cette dernière heure à réfléchir sur les conséquences de ses actes et les répercussions qu'il y aura dès le lendemain. Barry étant toujours vivant, il ne se gênera pas pour l'inculper de meurtre maintenant que le clown n'était plus là.
Un gémissement éprouvant glissa hors de ses lèvres pincées, le cœur meurtri par cette découverte affligeante. Même s'il disait vrai au sujet du clan des ratés, le fait de savoir que Pennywise n'avait pas survécu la remplissait de tristesse et de remords inimaginables. Pourtant, une entité telle que lui avait survécu à pire au fil des décennies, non ?
Emily tentait de se rassurer mais si vraiment il était encore en vie, alors il aurait sans aucun doute apparut chez elle à la moindre provocation de Barry. Donc, ce fût avec une lourde peine au cœur qu'elle se releva du sol pour rejoindre la pièce sous l'escalier dans la ferme intention de plier bagage.
Elle n'était plus la bienvenue dans cette ville. C'était la peur qui l'animait à l'idée d'être capturée et enfermée.
Donc plus une minute à perdre, il fallait faire vite. Elle commença par récupérer des cartons qu'elle avait soigneusement pliés de côté lorsqu'elle était arrivée à Derry un peu avant le début de l'été. Ne pensant pas un seul instant qu'elle les reprendrait aussi vite. Un par un, elle les ouvrit sur le sol puis commença à ramasser les objets de valeurs et de collections.
Toutes ses statuettes, vases, livres, poupées, souvenirs d'autres univers ... Tout était soigneusement emballés dans du papier et des journaux afin que rien ne soit abîmé durant le voyage. Une tâche minutieuse, mais qu'Emily réalisait avec précision et rapidité à la fois.
Durant son travail méticuleux, elle pensait à tout ce qu'elle avait vécu dans cette ville et aussi à quel point certaines personnes lui manqueront une fois partie. Bill, Richie, Mike, Eddie, Ben, Stanley ainsi que Beverly, même si elle n'avait pas eu beaucoup l'occasion de parler avec ces deux-là.
Et bien-sûr, ce cher Pennywise, le clown dansant des égouts.
«Que t'arrive-t-il ? Tu m'as l'air bien songeuse.»
Emily s'arrêta dans ses mouvements à la voix masculine qui venait de s'exprimer derrière elle. Tout en se mordillant nerveusement la lèvre inférieure tandis qu'elle réfléchissait, elle s'assit sur ses jambes pour continuer son emballage. Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle pleurait. Ce n'était que maintenant qu'elle sentait l'humidité sur ses joues.
«Il faut qu'on parte d'ici au plus vite. Je ne suis plus la bienvenue à Derry.» Renifla-t-elle tristement après avoir attrapé une pile de livres pour les déposer au fond du carton.
«Pourtant, ce mauvais flic a été tué, non ? Qu'est-ce que tu risques, maintenant ?»
«Oui il est mort, et alors ? J'ai déjà beaucoup trop attiré l'attention. Ils vont finir par découvrir la vérité sur nous si je reste et je ne veux pas courir ce risque.» Rétorqua la jeune femme entre ses dents, n'accordant aucun regard à celui qui s'adressait à elle d'une voix espiègle et quelque peu enfantine.
«C'est à cause du clown, c'est ça ?»
A cette question, le cœur d'Emily se serra. Elle s'arrêta brusquement dans ses gestes pour prendre une profonde inspiration et regarder le mur en face d'elle qui avait d'ores et déjà été vidé de ses affaires personnelles. Dans ses mains, plusieurs photos. La plupart étaient en noirs et blancs mais il y en avait aussi en couleurs, un peu plus récentes.
«Il est mort. C'est fini.» Cracha-t-elle avec venin.
«Je trouve que tu l'enterres un peu vite. Dois-je te rappeler que cette entité extra-terrestre a vécu des millénaires sur cette planète hostile ? Dis-moi plutôt qui est le crétin qui pense l'avoir tué aussi facilement.» Dicta la voix masculine d'une touche d'agacement.
«Barry.» Grommela Emily toujours assise sur le sol, des larmes silencieuses sur ses joues pâles.
«Alors ce menteur doit disparaître. Il te fait du mal ! Détache-moi de cette machine et je m'en occuperais pour toi. Je n'aime pas voir ce visage malheureux, il me rend triste.»
Emily émit un petit rire au ton scandalisé mais ne se retourna pas pour autant. C'était touchant qu'il essaye de la réconforter, elle lui en était très reconnaissante mais il ne fallait plus se leurrer. D'un soupir, elle haussa dédaigneusement les épaules sans répondre à son interlocuteur mystère.
En revanche, elle baissa les yeux sur les photos qu'elle tenait entre ses mains et plus particulièrement sur l'une d'elles. Une image représentant deux hommes de l'armée portants des casquettes militaire où figuraient quatre lettres ; NEST. Derrière eux se tenait un immense homme de métal bleu et rouge, tous posant pour la photographie à côté des avions de chasses.
«You are my buddy, until the end. More than a buddy-»
«Non, pas ça ! S'il te plaît, arrête. Ce n'est vraiment pas le moment de chanter ta chanson.» Soupira Emily de lassitude en levant son nez au plafond, le visage crispé d'exaspération.
«Je ferais tout pour toi Emily. Mais je vois que tu es amoureuse. Tu ne pourras pas te défaire de ce maléfice, n'est-ce pas ?» La voix derrière elle était devenue nettement plus grave et menaçante.
Et ce qu'il disait était entièrement vrai.
Ce fut long et difficile à admettre, mais oui. Les sentiments étant là, elle n'était pas prête à l'oublier et surtout pas maintenant. Pas après toutes ces aventures, ces cadeaux douteux, les frayeurs, les différentes visites surprises, les danses, les mots échangés, sa protection, une forme humaine attrayante, sa jalousie adorable et cette obsession qu'il avait pour elle depuis le début.
Sans jamais lui faire de mal, ou presque.
«Tu l'aimes.»
Emily pinça les lèvres, le cœur martelant douloureusement dans sa poitrine. Elle venait de retrouver le petit poème que Ça lui avait écrit sur un bout de papier jauni et sanglant. Tranquillement, elle relu les quelques lignes tout en passant affectueusement son pouce sur les plis et l'encre rouge foncée, les tendres souvenirs lui revenant à l'esprit.
Les baisers passionnés ... La proximité.
Une entité maléfique qui ne connaissait strictement rien à l'amour ni aux sentiments positifs. Toujours dans l'ombre, constamment jugé pour ce qu'il était, incompris du monde extérieur. Terriblement incompris. Pourtant, il avait fait d'innombrables efforts et de progrès pour une créature dite insensible.
Certes sadique et sournois mais il fallait le comprendre aussi ! Il s'ennuyait, donc il se divertissait comme il le pouvait. De plus, Ça était persévérant et assurément patient, même son ennemi juré le constaterait aujourd'hui. Mais pourtant, les visions des choses ne changeront jamais.
Le Bien et le Mal. L'histoire se répétait.
«Qu'importe ! Il n'y a plus rien à faire. C'est trop tard maintenant ... Et c'est de ma faute en plus. Je n'ai pas été assez attentive. Tout ce que je voulais c'était de fuir l'inévitable au lieu d'écouter mon cœur.» S'excéda-t-elle en balançant le reste de ses photos dans l'un des cartons à sa droite, inconsolable.
«A ta place, je ne parlerais pas aussi vite.»
Au même moment, Emily trouva une fine ficelle blanche au fond du carton devant elle après avoir déplacé ses statuettes sur le côté. Clignant des yeux de perplexité à cette curieuse découverte, elle attrapa la ficelle entre son pouce et son index et la tirer lentement pour s'apercevoir qu'elle disparaissait sous le carton.
Un tout nouvel élan d'espoir se fraya un chemin en elle. Serait-ce possible ? Excitée mais surtout inquiète de ce qu'elle découvrira au bout, elle suivit la ficelle blanche qui conduisait jusque dans le coin droit de la pièce relativement sombre. Sa gorge se serra, son cœur manqua un terrible battement.
Effectivement, elle pouvait voir une ombre. D'une petite traction sur la ficelle, l'ombre se déporta pour laisser apparaître un ballon rouge sang avec une boite de la même couleur accroché en dessous par cette même ficelle. Elle aurait même juré avoir entendu un petit rire rauque dans le couloir derrière elle ...
Sans attendre, elle s'empressa de l'ouvrir, l'espoir se transformant en impatience alors qu'elle arracha le ruban autour. Une fois le couvercle retiré, elle le laissa brusquement tomber à côté d'elle, la bouche ouverte dans le choc total.
Son walkman noir. Celui qu'elle avait perdu dans l'égout ! Il y avait toute une symbolique à travers ce message qui voulait absolument tout dire pour Emily.
Dorénavant très heureuse voir même fougueuse, elle jeta un coup d'œil derrière son épaule à la seule étagère encore pleine, le walkman tenu précieusement dans ses mains. Ses larmes étaient revenues mais pas pour les mêmes raisons cette fois-ci. Il n'y avait plus aucun doute dorénavant. C'était un soulagement inimaginable ! Elle plaqua amoureusement l'objet électronique en bon état contre sa poitrine puis se racla la gorge pour prendre la parole.
«Et Barry ?» Questionna-t-elle d'un rire extatique, un large sourire aux lèvres.
La poupée rousse aux yeux bleus lumineux se mit lentement à sourire pour correspondre à celui de la jeune femme à genoux. Un sourire sadique qui promettait de terribles choses. Cette dernière au visage de petit garçon adorable était reliée par deux pinces à une batterie qui l'aidait à fonctionner jusqu'aux temps plus modernes qui lui permettront d'avoir des pièces de rechanges.
Le jouet fronça les sourcils puis ses yeux virèrent au rouge intense quand un rire malveillant résonna dans sa poitrine.
«Il est pour moi.»
oOoOoOoOoOoOoOoOoOo
Listen baby, ain't no mountain high
Ain't no valley low, ain't no river wide enough baby
If you need me call me no matter where you are
No matter how far don't worry baby
Just call my name I'll be there in a hurry
You don't have to worry !
Le soleil brillait, la joie avait remplacé la terreur chez les habitants de cette charmante région qu'était le Maine. Une vieille Buick Invicta bleue passa dans la rue principale de Derry, son conducteur plus heureux que jamais auparavant.
'Cause baby there ain't no mountain high enough
Ain't no valley low enough
Ain't no river wide enough
To keep me from getting to you babe
Emily sortit de sa voiture et après avoir claqué la porte et affectueusement embrassé le capos de cette dernière vrombissante, un sourire resplendissant étira ses lèvres rouges. Elle prit une profonde inspiration alors qu'elle admirait le paysage baigné dans la lumière du jour. Remontant son short avant de prendre un pas en avant, elle descendit dans la forêt menant à la rivière.
Son casque était sur ses oreilles, la chanson Ain't no Mountain High Enough lui donnant une détermination sans faille.
Remember the day I set you free
I told you you could always count on me darling
From that day on, I made a vow
I'll be there when you want me
Some way, some how
Sur son passage, de quelques pas de danses, elle salua le clan des ratés qui prenait le soleil de l'autre côté de la rivière non loin de la voie ferrée. Les adolescents discutaient joyeusement mais ne se privèrent pas de lui rendre la politesse malgré la confusion évidente sur leurs jeunes visages.
Emily pensait avoir vu du sang sur leurs mains.
Oh no darling
No wind, no rain
Or winters cold can stop me baby, na na baby
'Cause you are my goal
If you're ever in trouble
I'll be there on the double
Just send for me, oh baby, ha
Finalement, elle arriva devant un immense trou menant directement à l'égout de la ville de Derry. Avec douceur, elle retira le casque de ses oreilles pour regarder cet antre sombre et nauséabond, un sourire contemplatif aux lèvres.
My love is alive
Way down in my heart
Although we are miles apart
If you ever need a helping hand
I'll be there on the double
Just as fast as I can
Don't you know that there
Un bras anormalement long recouvert de tissu gris apparut depuis les profondeurs des égouts jusque devant Emily en équilibre sur les cailloux de la rivière à l'entrée. La main gantée s'ouvrit doucement, incitant la jeune femme à prendre son invitation.
Cette dernière prit un instant à regarder la nature environnante, émerveillée et enthousiaste. La passion l'animait.
Puis, d'une profonde inspiration et d'un haussement de sourcils nonchalant à la créature aux yeux ors tapi dans la noirceur de la cavité, elle glissa enfin ses doigts frêles dans les siens soyeux qui se refermèrent amoureusement sur sa main.
Ain't no mountain high enough
Ain't no valley low enough
Ain't no river wide enough
To keep me from getting to you babe !
Pour l'entraîner dans le fin fond des égouts.
FIN
Sauf que je vous réserve une petite surprise qui je pense, ravira plusieurs d'entre vous ;) notamment ceux qui ont l'esprit vengeur. Niark niark !
En tout cas, sachez que cette fin, je l'avais en tête depuis le début de l'histoire XD Et que je suis franchement satisfaite de son déroulement ainsi que du final. Je le voulais vraiment ainsi. Bon sang, que ça fait du bien de l'avoir écrit après tout ce temps. Manque plus qu'une toute petite partie pour que tout soit parfait héhé
Alors je ferais mes remerciements dans l'épilogue de cette histoire. Donc, en attendant, je vous remercie pour votre lecture, vos commentaires, vos votes et votre soutien !
VP
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