Ça🎈~15

Bonjour à tous !

Nouveau chapitre assez long d'ailleurs pour vous remercier de votre patience et de votre soutien ! Sachez que je vous aime tous. Vous êtes vraiment des personnes adorables avec beaucoup d'humour et beaucoup de gentillesse, surtout ne changez pas !

Je vais mettre un petit WARNING dans ce chapitre car il y a un passage assez gore ... Donc pour ceux qui n'aiment pas trop ce genre de chose, survoler le dernier passage du chapitre s'il vous plaît. Bon tu me diras, dans le film et les livres S.K aime bien le trash ... Donc voilà !

Question du jour -> Vous allez bien ? (lol, je n'avais pas d'autre idée)

Bonne lecture !

Ça 15

Pennywise était dans la chambre d'Emily tard le soir pour au moins la vingtième fois depuis qu'il l'avait rencontré. Il ne pouvait pas s'en empêcher, il ressentait le besoin de la regarder dormir et quelque part de s'assurer qu'elle était toujours là.

Le dos de la femme se levait et s'abaissait dans un rythme régulier. Le bruit de ses soupirs rassurait le clown maléfique au coin de la chambre, hors de la lumière de la lune pour rester caché. Ses yeux d'or l'observaient avec fascination de haut en bas tandis qu'elle se reposait, son esprit s'imaginant tout un tas de choses.

Rien d'extravagant. De simples idées sur la façon de l'aborder sur le sujet sensible et épineux de la reproduction inter espèce. Il n'avait jamais vraiment réfléchi à cela avant car avec ses anciens compagnons tout était tellement plus simple et rapide ... Et surtout, il n'éprouvait rien du tout pour aucun d'entre eux.

Pour personne d'ailleurs. Mensonge ...

Pennywise pencha lentement la tête sur le côté puis plissa ses yeux lorsqu'Emily marmonna quelque chose dans son sommeil agité. Malgré son audition particulièrement sensible, Ça ne comprenait pas ce qu'elle disait car ses baragouinages ressemblaient à une autre langue. Du charabia quoi.

D'où venait-elle ? Qui était-elle exactement ? Qu'aimait-elle ? Ces questions-là, avant, il ne se les posait jamais parce qu'il ne les jugeait pas nécessaires mais maintenant, tout était tellement différent. Tellement plus ... Compliqué.

Et l'entité de Derry n'aimait pas les choses compliquées. Sauf qu'il ne pouvait pas s'en empêcher c'était devenu l'un de ses objectifs principaux d'en apprendre d'avantage sur cette séduisante créature qui le changeait de jour en jour. Sans doute pas en une entité meilleure, néanmoins il comprenait enfin ce que représentait vraiment le mot amour.

Il voulut sourire quand il aperçut la petite culotte rouge posée sur la commode dans le coin gauche de la chambre. Le tissu portait toujours cette même odeur exquise. C'était exactement le même sous-vêtement que celui qu'il avait trouvé dans la chambre de Barry, mélangé à ses propres sous-vêtements d'homme.

Cependant, comment avait-elle atterrit chez son ennemi numéro un ? Une mauvaise blague ou un tour de passe-passe, à ce jour il n'en avait pas la certitude. Mais peu importe de toute manière Barry avait quitté la ville depuis plusieurs jours et le terrain était dorénavant libre. Il pouvait enfin se concentrer sur sa tâche ultime sans craindre une rude concurrence.

Pennywise remarqua ensuite un petit livre violet sous le lit d'Emily qui dépassait à peine de quelques centimètres du couvre lit. Piqué par la curiosité, il s'approcha furtivement de ce dernier puis le récupéra entre ses gants blancs soyeux. Son sourcil invisible se leva, intrigué tandis qu'il lut le titre du livre qui ne voulait absolument rien dire pour lui ... Kamasutra.

«Qu'est-ce que ...» Marmonna-t-il à lui-même en tournant le livre avant de l'ouvrir à une page au hasard.

Il n'y avait pas de grands textes mais juste de petites descriptions inutiles. Des images représentatives incolores figuraient de chaque côté des textes avec des noms d'animaux ou de fleurs ou encore d'objets inconnus ... Ainsi que des humains dessinés dans de drôles de positions.

Pennywise claqua sa langue dans sa bouche de désapprobation puis d'une secousse rapide de sa tête, il leva les yeux au plafond avant de finalement jeter le livre dans un coin de la chambre. Au mouvement, l'une de ses clochettes retentit mais heureusement cela ne suffit pas à réveiller la belle de son sommeil. Il était surpris qu'Emily lise ce genre de livre extrêmement ennuyeux.

«Ma beauté, tu mérites de bien meilleurs cadeaux !» Fredonna le clown avec un grand sourire, les yeux rivés sur sa forme endormie.

Il ressentit un sentiment semblable à de la joie lorsqu'il vit qu'Emily portait encore sa bague rouillée au doigt. Sans le vouloir, il émit un soupir de contentement, la poitrine bourdonnante de fierté. L'entité malsaine s'assit ensuite sur le bord du matelas puis descendit son regard glacial le long du dos de sa future compagne qu'il rêvait tant d'avoir entre ses griffes.

Sans véritablement demander la permission ou y réfléchir à deux fois, Ça glissa son index le long de la colonne vertébrale d'Emily. Il était curieux d'en apprendre un peu plus sur le corps des humaines parce qu'il n'avait jamais vraiment fait attention à ce genre de détail avant. Pas étonnant d'ailleurs.

La soie de sa petite nuisette blanche s'accrochait à son doigt mais Pennywise voulait sentir la douceur de sa peau plutôt que le tissu encombrant qui cachait la perfection. Alors il retira son gant blanc qui s'évapora dans sa peau puis approcha ses doigts maintenant nus près de l'épaule dénudée d'Emily.

Quand il la toucha enfin, il sentit à nouveau ces petites décharges électriques le long de son bras jusqu'à sa poitrine et il sursauta presque au contact doux et chaleureux. La peau des humains était en fait très délicate quand on la touchait avec sa propre peau ! Tellement de nouvelles sensations, de nouvelles façons de voir les choses et de ressentir. Il aimait ça, beaucoup même.

Cette expérience réveillait en lui de nouveaux désirs charnels mais surtout l'envie de découvrir de nouveaux territoires inexplorés. Comme un enfant qui découvrait le monde pour la première fois.

Toutefois, tandis qu'il glissa lentement sa main le long des côtes de la femme endormie, il vit quelque chose de sombre sous le sous-vêtement. Un hématome. Fronçant les sourcils de perplexité à cette découverte déconcertante, il s'arrêta brusquement de sourire comme un abruti, la réalité le frappant en plein visage comme un seau d'eau glacé. Il leva légèrement la nuisette et vit avec horreur que son dos était jonché d'ecchymoses à plusieurs stades de guérison.

Qui lui a fait ça ?! Se demanda-t-il en retirant sa main comme s'il avait été brûlé vif.

Il se leva rapidement du matelas puis prit de profondes inspirations pour calmer sa jalousie et surtout sa colère grandissante. Quelqu'un lui avait fait du mal. Il voulait savoir qui exactement pour aller lui retirer la peau des os sur le champ. Personne ne la touchait à part lui ! Serait-ce possible qu'il y ait un rapport avec la fois où il l'avait vue sangloter dans sa salle de bain ? Ne perdant plus un instant à méditer sur la question, l'entité plongea dans les rêves d'Emily pour fouiller à son insu dans ses souvenirs et potentiellement trouver la cause de son chagrin.

Pas si difficile de trouver ce qu'il recherchait car il s'agissait d'un souvenir particulièrement douloureux pour elle. De plus, Ça était un expert pour faire ressortir ce genre de chose négative.

Dans le souvenir qu'il venait de dénicher, il s'agissait de la nuit après le bal de la ville de Derry qui avait viré au cauchemar à cause de cet imbécile de Barry sous l'emprise de l'alcool. Si seulement il pouvait le trucider pour lui faire regretter son geste ... Mais tant qu'il n'avait pas peur de lui, il était impuissant.

Donc dans la vision, Emily marchait rapidement dans les rues en pleurant doucement sous son souffle sauf qu'elle n'était pas véritablement seule comme elle le pensait, quelqu'un l'avait d'ores et déjà remarqué. Non, plusieurs personnes, des hommes pour être plus précis.

Pennywise resserra sa mâchoire puis ferma les poings dans la rage lorsqu'il vit les quatre jeunes hommes se diriger vers Emily qui venait de prendre une petite ruelle sans doute pour tenter de les semer après avoir reconnu leurs présences. L'entité suivit tranquillement la scène telle une ombre dans la nuit.

La colère mélangée au suspense s'installa dans le creux de l'estomac du clown quand il fût spectateur des hommes attrapant férocement la jeune femme pour ensuite la jeter contre un mur tout en lâchant des rires ivres, des bouteilles de bières à la main. L'un d'eux la pointa grossièrement du doigt en titubant sur ses pieds tandis qu'un autre s'approcha d'elle et la ramassa pour la rejeter contre une poubelle verte.

Les yeux de Ça s'assombrirent considérablement. Il reconnut enfin l'identité d'un des hommes qui faisaient du mal à son Emily. Il s'agissait sans réelle surprise du jeune Bowers, Henry. Le garçon ricanait avec ses amis bien plus âgés que lui mais lorsqu'Emily repoussa son copain, il arrêta de rire et semblait soudainement sur le point de paniquer.

Le garçon, piqué dans l'orgueil qu'une jeune femme puisse le repousser comme une merde, récupéra le pied de biche qu'il avait mis à l'arrière de son pantalon pour violemment la frapper dans les côtes. Ses hurlements incessants emplissaient rapidement la rue inanimée. Pourquoi ne se défendait-elle donc pas ? D'accord elle ne désirait pas montrer son vrai visage mais de là à ce laisser faire par eux ...

Juste pour une question de principe ? C'était déraisonnable. Car après tout il ne s'agissait que d'humains sans valeur.

La vue était vraiment horrible, même pour Pennywise qui adorait pourtant ce genre de violence. Il ne supportait tout simplement pas de voir que sa belle compagne se fasse abimer par des petits cons comme eux. C'était atroce, insupportable et il n'avait jamais ressentie pareille colère envers quelqu'un. Lors de cette scène, il se retrouva avec l'envie de tendre la main vers elle pour la tirer de ce cauchemar sans fin et ainsi la protéger du malheur.

La garder auprès de lui pour que plus jamais elle ne soit en danger comme ce soir-là. Avec sa force et son esprit, il pourrait la garder en sécurité mais pas éternellement ...

C'était curieux de ressentir ce besoin.

Mais alors que le garçon arrêta de la frapper avec son bout de métal, le souvenir s'estompa rapidement et le clown se retrouva projeté hors de l'esprit d'Emily de retour dans la chambre sombre. Il reprit appuis sur ses jambes vacillantes puis regarda le lit dorénavant vide. La confusion était lisible sur son visage blanc, pendant un bref instant, avant qu'il ne comprenne la situation. Il ne dit rien ni même ne bougea, acceptant dans le plus grand des silences son erreur.

Emily était debout en face de lui, la respiration laborieuse et de la sueur perlante sur son front. Elle le regardait avec une immense déception, quelques mèches de cheveux platines tombants sur ses yeux noirs vitreux. Ce qu'il n'aimait guère fût cette lueur d'abattement et d'embarras qui s'y reflétaient constamment depuis son réveil précipité.

Il se sentit quelque peu coupable mais il avait vraiment eu besoin de ces informations précieuses. Alors avant même qu'elle ne puisse ouvrir la bouche pour parler, le clown disparu de sa chambre.

Il fallait qu'elle sorte, maintenant !

Emily bondit hors de la pièce puis dévala les escaliers le plus rapidement possible jusqu'à la porte de sortie loin de ses tourments et de ses rêves morbides. Elle traversa le petit chemin amenant à la rue jusque sur le trottoir sous le lampadaire, les mains posées sur le haut de sa tête et la respiration sifflante.

Ses yeux s'humidifiaient, sa lèvre inférieure tremblait. Elle ne pouvait plus en prendre, s'en était trop pour elle. Sans prévenir, les larmes de colère se mirent à couler librement sur ses joues pâles pour finir leur course sur le haut de sa nuisette blanche. Emily ferma un instant les yeux pour écouter les bruits ambiants de la nuit avant de lever son visage humide face à la lune qui brillait haut dans le ciel, cherchant désespérément à calmer ses poumons criant pour de l'air frais.

Le clown avait été dans sa chambre, et dans sa tête bordel ! De quel droit empiétait-il comme ça dans sa vie privée ?! Ce n'était pas par hasard s'il avait été là. Il cherchait quelque chose dans ses souvenirs, souvenirs qu'elle voulait à tout prix d'effacer pour pouvoir reprendre une vie normale.

Alors, pourquoi voulait-il qu'elle revive ce passage traumatisant ? Se jouait-il d'elle ? Jouissait-il à ce point-là de la voir souffrir ? Après tout, il était démoniaque et avait besoin de ça pour vivre.

Tout en poussant un cri de colère, Emily jeta ses mains en l'air puis piétina son pied contre le bêton du trottoir, les yeux furieusement rivés sur la bouche d'égout où elle savait pertinemment que Pennywise l'observait dans l'ombre. Etait-il encore là d'ailleurs ? Ou avait-il décidé de prendre ses jambes à son cou après avoir compris sa terrible boulette ? Peu importe, elle s'en fichait dorénavant car il avait dépassé les bornes.

Mais quelque part à l'arrière de son esprit embrouillé, elle se demanda vaguement si la présence du clown dans son souvenir n'avait pas pour but de retrouver les fautifs. Qu'il cherchait peut-être à l'aider, mais cette idée sonnait complètement stupide. Depuis quand cette entité se souciait de quelqu'un d'autre que lui ? C'était farfelu.

D'un reniflement pestant, Emily marcha rapidement vers sa voiture chérie garée sur le trottoir juste en face de sa belle maison. Elle s'assit près de la jante droite avant et posa le haut de son dos contre l'aile, le front tristement dans ses mains.

Zzzzz... Pourquoi pleures-tu ?

Emily redressa doucement la tête pour regarder par-dessus son épaule à la voiture bleue d'où la mystérieuse voix masculine venait d'émaner de la radio comme par enchantement. Elle renifla, les larmes ne cessaient de descendre de ses joues.

«Je ne sais pas quoi faire ... Je ne me sens plus à ma place ici.» Avoua-t-elle misérablement en pliant les genoux contre sa poitrine, les bras autour.

Encore un mauvais rêve ? Demanda la voix grave de la radio d'un air concerné.

Emily hocha calmement la tête puis rabaissa ses yeux sur le sol recouvert d'asphalte en face d'elle, pensive. Elle frissonna involontairement lorsqu'une légère brise glissa le long de ses bras nus. Mine de rien, il faisait relativement froid ce soir, ou peut-être était-ce à cause de son état émotionnel. Dans tous les cas, elle avait froid mais rapidement elle sentit une source de chaleur dans son dos, ce qui la fit esquisser un sourire reconnaissant.

Tu ne devrais pas te laisser abattre. La vengeance est un plat qui se mange froid, tu le sais bien. Continua l'homme de la radio en adoptant un ton doux néanmoins toujours soucieux.

«Je veux éviter de faire du mal, tu devrais maintenant le savoir.» Emily claqua sa mâchoire et soupira de lassitude, les sourcils froncés.

Il me semble que tu es déjà sur la liste du flic pour les crimes dans cette ville, non ? Alors, c'est comme si c'était déjà fait. Ne te sous-estime pas. Répondit la voiture qui paraissait plus basse sur ses essieux tout à coup.

La bouche de la jeune femme s'ouvrit d'incrédulité à ce qu'il venait de lui dire et d'une frappe amicale, elle lui claqua l'aile avec sa main droite.

«Est-ce que tu ne serais pas en train de me pousser à commettre un péché ? Vilain ! Si je t'écoutais tout le temps, je serais déjà derrière les barreaux pour le restant de ma vie.» Rigola de bon cœur Emily en passant une main contre son front chaud, un léger sourire narquois aux lèvres.

Uniquement si tes jours étaient comptés. Continua-t-il dans une voix intransigeante et monotone, ce qui la fit d'autant plus rire.

Le silence retomba rapidement sur Emily ainsi que sur la voiture alors que les minutes passaient lentement au clair de lune. Le ciel de ce soir-là était totalement découvert, l'on pouvait voir toutes les étoiles lumineuses scintiller de mille feux. Emily adorait les étoiles filantes mais malgré son attention particulière, aucune ne semblaient vouloir sillonner le ciel nocturne.

Donc elle poussa un soupir puis se pencha un peu plus contre le métal devenu chaud de sa voiture afin qu'elle puisse se réchauffer. C'était tellement agréable. Elle avait l'impression de flotter sur un nuage, que tous ses soucis s'envolaient pour toujours. Cela lui faisait le plus grand bien de ne plus se sentir sous pression et d'être sous l'emprise de la béatitude.

Et le clown ?

«Quoi, le clown ?» Demanda Emily en arquant un sourcil et en regardant derrière elle à la voiture qui avait décidée de reprendre la parole. Bon, sa voix sonnait un tantinet agacée mais ce n'était pas son but. C'était juste qu'à la simple mention de Pennywise son cœur se serrait dans sa poitrine.

Qu'en est-il ? Poursuivit l'homme dans la radio.

«Il dévore les enfants pour pouvoir hiberner, il hante mes rêves, prends des formes effrayantes ...» Commença-t-elle à réciter sans conviction, les yeux vers les étoiles. Puis tout à coup elle se redressa et reprit d'une voix exaspérée ; «sans parler du fait qu'il n'arrête pas de chercher contact avec moi pour je ne sais quelle raison obscure ! Je ne sais pas ce qu'il me veut à la fin ! Il est si peu expressif aussi !»

Bien entendu, elle savait le pourquoi du comment mais elle ne voulait pas l'admettre.

Je vois. La radio se coupa net, indiquant à la jeune femme dans tous ses états que la voiture ne désirait plus communiquer avec elle.

Emily cligna des yeux, perplexe par sa brusque interruption et se demanda brièvement ce qui avait pu fâcher son ami au point de ne plus vouloir lui parler. Elle laissa sortir un grand soupir de ses poumons puis posa l'arrière de sa tête contre la voiture qui n'était dorénavant plus chaude mais à la place elle vibrait légèrement. Un sourire se glissa sur ses lèvres.

Tout doucement, elle se tourna jusqu'à être complètement collée à l'aile de la voiture silencieuse. Avec sa main gauche elle caressa amoureusement le métal lisse sous ses doigts tandis qu'elle déposa un petit baiser sur la surface brillante.

«Tu seras toujours mon plus fidèle ami.» Lui chuchota-t-elle affectueusement, ce qui arrêta les vibrations de la carrosserie. Satisfaite, elle se retourna pour regarder les étoiles sans pour autant lâcher l'accolade maladroite avec sa voiture.

Pennywise ... Le clown dansant. Pensa Emily qui sourit à l'appellation qu'il utilisait.

Elle ne pouvait pas rester éternellement fâchée contre lui, c'était impossible car son cœur lui faisait trop mal quand elle s'énervait contre lui pour une quelconque raison. Même s'il avait fait quelque chose de grave, c'était devenu impossible pour elle de le haïr. L'une des plus grandes faiblesses de l'amour car oui, elle était amoureuse, c'était un fait.

Mais lui pouvait-il ressentir un tel sentiment ? Ou était-ce simplement pour la reproduction et la continuité de son genre ?

En repensant à plusieurs jours auparavant et à la fameuse soirée, Emily pouvait en déduire que peut-être il éprouvait quelque chose de positif à son égard autre que de la curiosité. Et plus elle y repensait et plus elle se demandait s'il ne voulait pas effectivement lui venir en aide tout à l'heure. Sinon, pourquoi avait-il l'air aussi abattu à son réveil ? Prit en flagrant délit ?

Non, c'était autre chose car habituellement il se vantait de ce genre de mauvais coups. Probablement qu'il cherchait les coupables de son mal être depuis quelques jours. En tout cas, c'était la seule théorie qu'elle trouvait après la fourberie.

En revanche, sa voiture avait raison sur un point, elle ne pouvait pas laisser cet incident sans réagir. La police ? Il fallait l'oublier parce qu'elle n'aura certainement pas d'aide de leur part avec Bowers aux commandes. Barry ? Elle lui avait fichu une trouille monstrueuse et ne l'avait plus revu depuis. Donc, elle ne pouvait compter sur personne à part elle-même.

Emily se leva pour rejoindre sa maison avant les aurores mais au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de son entrée, une expression lugubre s'installa sur son visage.

Elle allait se venger.

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Les rayons du soleil matinal s'infiltraient peu à peu en travers l'ouverture de l'égout sombre et humide jusque sur le visage pâle du clown tueur, à première vue paisiblement endormi. Il était resté proche de ce dernier qui donnait directement sur la maison d'Emily en attendant le petit matin.

Il y eut un mouvement, infime. Son nez rouge se chiffonna puis après avoir ouvert les yeux, il décala légèrement sa tête sur la droite. Six heures dans la même position ce n'était pas très confortable surtout en compagnie des nuisibles et odeurs nauséabondes qui flottaient à ce niveau-là à cause de la chaleur de l'été. Ses doigts se contractèrent une fois, puis deux fois tandis que la chaleur méprisante du soleil caressait ses joues engourdies.

Pennywise grogna de mécontentement. Il avait horreur de cette boule de chaleur qui procurait beaucoup de lumière à la terre et qui l'obligeait à attendre patiemment la nuit pour agir.

Lentement, il s'étira de tout son long jusqu'à ce que ses os craquent un à un, ses dents de lapin ressortant de ses lèvres dodues alors qu'il étendit ses jambes bien plus loin que la normale. Ensuite, il se rassit paresseusement contre le mur de l'égout, toujours face à la maison d'Emily. La lumière de l'extérieur n'éclairant que ses yeux bleus froids.

A vrai dire, il réfléchissait depuis tout ce temps sur ce qu'il avait vu dans le souvenir de la jeune femme et surtout, comment remédier à son problème de façon radicale. Sa poitrine mais surtout son cœur factice lui faisait terriblement mal d'inquiétude sans parler de la rage qui prenait de l'ampleur et le consumait de jour en jour. Personne ne méritait de vivre, pas après ce qu'il avait vu et ressentit malgré lui.

Le clown posa son menton contre sa collerette grisâtre sale puis soupira sans un bruit, ses mains jouant pensivement avec le tissu de son costume. Ses cheveux hirsutes partaient dans tous les sens et paraissaient nettement moins bien soignés que lorsqu'il était sorti de son sommeil de vingt-sept ans. Ils étaient plus ternes, plus rêches tout comme ses trois âmes.

Car Pennywise avait mal, très très mal même. Il souffrait continuellement depuis qu'il savait qu'il éprouvait des sentiments amoureux pour la femme aux cheveux platines qu'il avait appris à connaître sans réellement le vouloir. Avant, il pensait qu'il ne s'agissait que de jalousie ou de soif de possession mais maintenant, tout était différent et plus clair dans son esprit.

Le clown gémit lugubrement, le nez plissé et une main posée contre sa poitrine. Là où son cœur fictif cognait douloureusement contre ses doigts gantés. Qu'y avait-il de pire que ça ? Sans jeu de mot. Il avait peur parce que sa période d'hibernation se rapprochait de plus en plus et qu'il n'avait toujours pas atteint son objectif.

Pourrait-il tenir vingt-sept autres années ? Ou les dix milles ans avant la prochaine génération ? Ce n'était même plus la question à présent. Qu'allait-il faire pendant cette longue période avec cette vile créature dans son esprit tracassé ?

Il en devenait malade à force de patienter, d'attendre son dû. D'ailleurs, au lieu de ruminer dans son coin, il devrait chasser et manger pour avoir suffisamment de force mais satisfaire sa faim ne faisait dorénavant plus partie de ses priorités absolues. Ça leva les bras pour contempler avec misère ses côtes saillantes qui glissaient sous son costume à chaque petit mouvement. Il avait perdu beaucoup de poids ces derniers-temps ...

D'un gémissement accablé par cette constatation, il reposa sa tête contre le bêton puis ferma les yeux, la bouche entre ouverte et un petit filet de salive s'écoulant au coin de ses lèvres. C'était toujours pareil. Malgré qu'il lutte sans cesse, son esprit n'affichait que le visage de la jeune femme dès l'instant où il fermait les yeux.

A chaque activité il la voyait, pensait à elle et à ce qu'elle faisait actuellement. Sauf que cela l'empêchait de se concentrer sur sa tâche la plus importante qui était de se nourrir pour survivre. Hors, il n'avait même plus d'appétit ! Lui, de toutes les entités démoniaques, n'avait plus la tête à infliger le mal aux pauvres âmes innocentes ! Avait-il finit par céder à ses sentiments ? Il semblerait que ce soit le cas.

Sauf qu'il fallait qu'il se remette à chasser ou sinon il n'aura même plus la force pour hiberner ... Et se serait la fin définitive pour Ça. Bon sang il n'était pas aussi faible non plus ! Qu'attendait-il pour retrouver ses instincts primaires ?! Ceux d'un véritable tueur à sang froid sans le moindre scrupule, égoïste et glouton ?

Lorsqu'il rouvrit les yeux au son d'un bruit, il vit un gros rat noir passer à côté de son pied qui se rapprocha ensuite de sa jambe droite. L'animal, qui était complètement trempé à cause de sa traversée dans les eaux grises, leva son museau rose vers lui pour renifler son odeur et ainsi déterminer le danger.

Le rat s'arrêta près de la hanche de Pennywise puis se positionna sur ses pattes arrière avant de commencer à se nettoyer la tête et les oreilles, pas le moins du monde perturbé par la présence du clown immobile.

«Pourquoi ne veux-t-elle pas de moi ?» Se questionna ce dernier en regardant le rat faire sa petite toilette.

«Elle ne m'aime pas ? Je ne suis pas un monstre, je ne fais que de me nourrir pour survivre. Pennywise n'est pas comme toi, une créature qui pue et dépourvue d'intelligence.» Ça fit une petite moue quand il se rendit compte que ce n'était pas totalement vrai.

«J'ai la capacité de faire peur mais aussi ... d'aimer.» Il murmura la fin de sa phrase en levant les yeux comme s'il venait d'avoir une illumination.

A ce moment-là, les rayons du soleil brillèrent un peu plus fort et directement sur Pennywise, l'entourant d'une chaleur agréable et douce. Sa lèvre inférieure se coinça entre ses dents et avant même qu'il ne le sache, Ça sanglota. C'était la toute première fois de son existence qu'il sentait de véritables larmes sur ses joues ainsi que cette tristesse accablante.

C'était donc ça, la mélancolie ? Les peines de cœur qu'éprouvaient la plupart des humains en ce monde ? Si effectivement c'était cette sensation alors il n'en voulait pas.

Le rat, alarmé par les lamentations effrayantes prit soudainement peur puis courut loin dans l'égout sombre sans jamais se retourner vers l'étrange créature qui s'apitoyait sur son sort. Le clown le regarda partir et tendit même sa main vers lui parce qu'il ne voulait pas se retrouver tout seul quand il nageait en plein délire.

«Reviens !» Miaula-t-il, de grosses larmes dégoulinantes le long de ses joues blanches et craquelées.

Mais l'animal ne revint jamais, tous les mêmes.

Sa main retomba mollement dans l'eau avant que sa tête ne claque fortement contre le mur derrière lui, les yeux plissés à la lumière vive qui l'éblouissait. Sauf que ses pleurs s'arrêtèrent instantanément comme s'ils n'avaient jamais existés lorsqu'il sentit l'odeur la plus nauséabonde de tous les temps s'infiltrer par la bouche d'égout au-dessus de lui. Et un seul être portait cette odeur, Barry.

Pennywise fit subitement taire ses gémissements dans sa gorge pour sauter sur ses pieds, sa tristesse et son désespoir miraculeusement évaporés avec la soudaine réapparition de ce cher Barry. Il colla maladroitement son visage près de la sortie de l'égout tandis qu'il regardait les environs pour voir d'où venait cette odeur qu'il aurait préféré ne plus jamais ressentir, surtout pas dans les parages de sa future compagne.

Effectivement, Barry était au porche de la maison d'Emily avec un bouquet de roses rouges et une boîte de chocolats en mains. Idiot ! Elle aimait les roses blanches ! Il était indéniablement le plus con de toute l'histoire de l'humanité.

Il suffisait simplement de regarder le magnifique jardin pour comprendre les goûts raffinés de la créature femelle. Mais non, ce prétentieux à eut l'audace de se ramener avec des cadeaux moches en plus !

«Qu'est-ce qu'il fait là, lui ?!» S'indigna le clown en collant son nez dehors, la jalousie au ventre. Il observa Barry frapper trois fois à la porte d'entrée d'Emily et attendre tranquillement sur le paillasson, l'air nerveux.

Elle n'ouvrira pas, elle te déteste ! S'extasia mentalement Pennywise avec un large sourire sournois.

Mais la porte s'ouvrit et l'espoir de l'entité fondit comme du beurre au soleil.

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Qu'elle fut la surprise d'Emily de voir Barry sur le pas de sa porte. Elle leva les sourcils d'étonnement, ne pouvant s'empêcher de se retrouver bouche béate face à l'homme qu'elle avait pourtant menacée quelques jours auparavant.

«Salut, Em. Je tenais sincèrement à m'excuser auprès de toi pour mon comportement. Tient, c'est pour toi ! Accepte-les même si tu ne me pardonne pas. Je sais que j'ai été un idiot mais je voulais que tu saches que je t'apprécie beaucoup et je ... Voudrais qu'on redevienne des amis, toi et moi.» Finit-il en baissant timidement les yeux au sol, déglutissant.

Une fois sa stupeur initiale dissipée, Emily referma doucement la bouche, ses yeux noirs fixés sur le visage clairement attristé de Barry, l'homme qu'elle ne pensait plus jamais revoir après ce qu'elle lui avait fait. Qu'était-elle censée faire ou dire, maintenant ?

Tout un tas d'émotions différentes se bousculaient en elle à lui en faire tourner la tête mais elle se concentra une nouvelle fois sur l'apaisant timbre de voix de Barry. Mine de rien, il lui avait beaucoup manqué ces jours-ci, même s'il était difficile de l'admettre.

«S'il te plaît, pardonne-moi.» Insista ce dernier en tendant son bouquet de roses ainsi que la petite boîte de chocolats vers elle. Son front se sillonna, sa lèvre inférieure ressortit légèrement pour paraître plus misérable encore.

Bien-sûr qu'il n'avait pas oublié la trouille qu'elle lui avait foutue ni la promesse qu'elle lui avait susurrée à l'oreille, mais il l'aimait et il voulait rétablir un contact en dehors de l'animosité. Eventuellement une chance pour une nouvelle amitié, si elle lui permettait.

Il ne s'attendait pas à un miracle mais il espérait néanmoins qu'elle le pardonne pour ses erreurs, au moins un tout petit peu. Alors il se risqua à relever la tête vers Emily puis se prépara mentalement à recevoir une gifle ou un regard austère, mais la femme à la porte se contenta de le regarder avec de grands yeux choqués.

«Emily ? Ouf-!» S'étouffa-t-il quand tout l'air contenu dans ses poumons se retrouva soudainement compressé dans une poigne de mort. Emily s'était rudement jetée dans ses bras pour lui donner un câlin d'ours, la joue droite pressée contre sa poitrine en portant un immense sourire ravi aux lèvres.

«Merci, Barry.» Répondit-elle tout simplement en le serrant d'avantage, vraiment heureuse de le revoir après toute cette solitude insupportable.

Barry soupira par le nez puis encercla son bras libre autour de ses épaules en posant son menton au-dessus de sa tête, les yeux clos pour profiter de cette accolade qu'il ne pensait absolument pas recevoir mais qui était la bienvenue. C'était agréable de la ressentir à nouveau contre lui, sans amertume ni colère. Elle lui avait manqué.

Après un long moment dans cette position confortable, le couple se sépara pour rejoindre l'intérieur de la maison et s'assoir sur le vieux canapé devant la télévision, à la fois envieux de parler mais aussi désireux de rester silencieux.

«Alors, où étais-tu passé ?» Débuta Emily en se raclant la gorge et en mettant ses cheveux sur une épaule, le regard partout sauf sur Barry.

«J'ai rendu visite à mon père dans une ville voisine. J'avais besoin de prendre un peu l'air, si tu vois ce que je veux dire.» Rétorqua l'homme en jouant nerveusement avec ses mains sur ses genoux. Il osa jeter un coup d'œil à Emily pour lui offrir un petit sourire conciliant, ce qu'elle rendit assez facilement. Il reprit.

«J'ai remarqué ta bague. D'où provient-elle ?» Barry leva les sourcils puis désigna avec ses yeux l'objet qui titillait sa curiosité.

«Ow ça ? Eh bien, c'est Pennywise qui me l'a offerte.» Répliqua nonchalamment Emily en souriant adorablement à son cadeau, jouant avec son annulaire droit où séjournait ladite bague. Le sourire de Barry mourut doucement et à la place il fronça les sourcils, l'air légèrement contrarié.

«Attends, quoi ? Pénis continue de te draguer ? Je rêve ! Il ne lâche pas l'affaire cette espèce de fou furieux !» Maugréât Barry en passant une main dans ses cheveux bruns.

Les yeux d'Emily s'élargirent quand elle entendit l'appellation qu'avait utilisée Barry pour se référer à l'entité de Derry et automatiquement, elle couvrit sa bouche. Elle était sous le choc. Un être potentiellement dangereux pour lui traiter ouvertement de cette manière ... Sous prétexte qu'il le haïssait. C'était le monde à l'envers. Il n'avait aucune idée du danger qu'il courait rien qu'en venant jusque devant sa maison. Avec des cadeaux en plus !

«Une minute ! Comment tu l'as appelé ?» Emily était sur le point d'éclater de rire.

«Ouais excuse-moi, ma langue fourche par moment. Je voulais dire l'homme déguisé en clown qui s'infiltre dans les maisons tard la nuit. Sinon, que devient ton cher ami Robert ?» Grogna Barry en levant les yeux au plafond. Il s'enfonça plus loin dans le canapé, prenant ses aises pendant qu'il lorgnait la jeune femme à sa gauche.

Il n'avait toujours pas fait le lien entre le clown et Robert !

«Bien.» Acquiesça-t-elle rapidement d'un hochement de tête sec. Puis elle détourna aussitôt les yeux avant de se remettre à sourire, une idée en tête. Elle haussa un sourcil malicieux et se pencha vers Barry avant de lui pincer le bras ; «contente de te revoir, Barrette.»

D'un sursaut inattendu, Barry couina de douleur puis se mit à rire de bon cœur avec la jeune femme. Les deux continuèrent de discuter en parlant de tout et de rien comme s'il n'y avait jamais eu de problèmes entre eux, au plus grand bonheur d'Emily qui sentit que les meurtrissures de son cœur commençaient tout doucement à se refermer. Ses joues lui faisaient mal à force de sourire et de rire aux stupides blagues de Barry.

C'était dorénavant incontestable, son ami lui avait terriblement manqué.

Au coucher du soleil et après réalisé un cours de cuisine plutôt séance de peinture, Barry repartit pour retrouver le confort de sa petite maison en promettant à Emily qu'ils se reverraient dès le lendemain.

Cette dernière le salua chaleureusement sur le porche puis lorsqu'il était enfin loin, son sourire mourut à petit feu tandis que ses yeux se dirigèrent vers la noirceur des égouts. Elle rabaissa lentement sa main en jouissant des derniers rayons de soleil chauds sur sa peau, puis rentra dans sa maison et verrouilla la porte dans son sillage.

Ce soir, elle avait quelque chose à faire.

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«Hey les mecs, vous avez-vu comment Veronica m'a regardé l'autre soir ? Avec sa petite bouche et ses gros nibards.» Un jeune homme s'écria vers l'un de ses amis tout en jouant avec une barre de fer. Le garçon aux cheveux noirs de jais à côté de lui pouffa de rire puis pris une bouffée de sa cigarette.

«Tu n'as aucune chance, trou du cul, cette fille est à moi !» S'exclama ce dernier en recrachant la fumée dans le visage du premier.

Les deux autres derrière eux se mirent à rire mais l'un des garçons qui traînait avec eux ne riait pas. Non, il était trop occupé à regarder nerveusement autour de lui comme s'il s'attendait à ce qu'une ombre inconnue ne sorte d'une rue pour l'attaquer. Il s'agissait en fait d'Henry Bowers et contrairement aux autres nuits à faire le malfaiteur, le garçon ne disait presque rien car il n'avait vraiment pas envie de plaisanter. Il sentait quelque chose.

Quelqu'un allait venir pour eux il en était sûr et certain !

«Hé tête de nœud, passe-moi ton petit couteau à saucisson ! J'aimerais aiguiser mon engin si tu vois ce que je veux dire.» Ricana le garçon le plus âgé de la bande, celui qui avait le pied de biche à l'arrière de son pantalon.

Henry cligna des yeux mais n'osa pas le regarder, il avait trop peur malgré qu'il ne veuille pas l'admettre. Les deux autres riaient à nouveau mais s'arrêtèrent brusquement au moment où ils entendirent des bruits de pas dans des flaques d'eaux de la rue humide et mal éclairée qui se trouvait juste derrière eux. Les sourires s'effacèrent, les yeux s'écarquillèrent.

La peur au ventre, la bande de malfrat se retourna pour voir de qui il s'agissait mais à part la pénombre ainsi que la lumière du lampadaire à l'autre bout de la rue, il n'y avait strictement rien. Pas même un chien ou un autre animal susceptible d'avoir causé ces bruits de pas précipités.

«Mecs, je crois qu'il y a quelqu'un ! On est suivi.» Déclara le garçon aux cheveux noirs après s'être collé au mur froid, cherchant l'intrus en travers la fumée épaisse qui s'évaporait des aérations des maisons.

Celui avec la cigarette au bec la recracha au sol avant de jeter un coup d'œil furtif au chef de la bande immobile au milieu des autres, attendant patiemment les prochaines consignes. A cause du noir de la nuit et de cette maudite aération il était presque impossible de discerner les formes. Toutefois, quelque chose apparut au bout de quelques secondes dans un silence tangible.

Une silhouette, sombre, en face au bout de la rue.

Elle était encore trop éloignée pour connaître son identité, par contre ses formes sinueuses faisaient pensées à celles d'une femme adulte. A cette observation, la tension redescendit d'un cran. Les garçons se donnèrent des coups de coudes en ricanant bêtement et en attendant impatiemment la bagarre à venir qui sera sans doute mémorable pour chacun.

L'inconnue s'avança rapidement d'un pas décidé vers le groupe riant aux éclats mais s'arrêta à seulement quelques mètres d'eux, dévoilant enfin son vrai visage à la lumière vacillante au-dessus d'elle.

«Oh, merde ! Regardez qui se ramène !» Roucoula le garçon aux cheveux noirs, trouvant la situation vraiment amusante. Le gars au pied de biche se lécha les lèvres tel un prédateur puis sortit son arme blanche pour taper la barre contre la paume de sa main en signe de menace.

«Alors ma beauté, tu en redemande en plus ? Ça ne t'as pas suffis la dernière fois ?!» Se moqua froidement l'homme sous les rires motivants de ses acolytes.

Le seul qui ne riait pas, c'était bien évidemment Henry. Le garçon ne pouvait même plus bouger parce que la terreur le paralysait.

Emily ne répondit pas aux moqueries des garçons non loin d'elle. Au contraire. Elle resta sur place et continua de les toiser avec cette même expression provocatrice mais platonique, la rage bouillonnante dans ses veines. Pour l'occasion, elle s'était revêtue de sa combinaison noire moulante qui la couvrait du cou jusqu'aux pieds, son précieux Bô maintenu derrière elle en attente de l'action.

Et lorsqu'enfin le premier garçon prit un pas dans sa direction elle attrapa son bâton puis le positionna aussitôt à l'horizontal devant elle. Ses doigts devenaient blancs à cause de la pression qu'elle exerçait dessus.

«Quoi, tu veux te battre ? C'est ça ? Alors on va rire !» S'enragea le gars fumeur, les dents serrées de haine par cette provocation.

D'une lueur malsaine dans ses yeux, il sortit sa propre barre de fer hors de sa poche et la tint près de son visage d'une manière défensive. Emily resserra sa prise sur son propre bâton puis d'un coup, le Bô métallique s'allongea d'un mètre de plus à la surprise générale. Ce n'était pas son arme d'entraînement cette fois-ci.

Les garçons se jetèrent des regards perplexes, mais bientôt, ils fondirent les uns après les autres sur la femme dans la ferme intention de la battre à mort. Excepté bien-sûr Bowers qui lâcha son couteau pour se cacher rapidement derrière une poubelle.

Le Bô vola dans les têtes, les genoux et les entre-jambes des garçons avec grâce, rapidité et surtout d'une rare violence. Emily le fit tournoyer dans ses mains agiles en esquivant aisément les attaques répétitives mais surtout prévisibles des garçons. Cependant, certaines frappes réussirent à la toucher notamment dans ses côtes endolories ou encore les hanches ce qui alimenta d'autant plus sa soif de vengeance. Après tout, ils étaient quatre contre un ! Evidemment qu'elle ne pouvait pas tout éviter.

Elle sauta en arrière puis frappa son Bô sur le sol à temps pour ne pas se prendre une barre de fer en pleine poitrine. Elle jeta le haut de son corps en arrière lorsque l'arme d'un des garçons faillit entrer en contact avec sa bouche, ce qui l'aurait défigurée à coup sûr et permis de voir certaines formes indésirables.

Prestement, elle se redressa et frappa ensuite violemment son bâton dans la tête du garçon le plus proche ce qui envoya un jet de sang dans le visage de celui qui était à côté de lui. Il tomba raide mort sur le sol, la bouche et les yeux grands ouverts d'effroi.

C'était terriblement satisfaisant.

De voir ce sang, ces visages confus et effrayés tandis qu'ils dévisageaient leur ami mort à leurs pieds, refusant d'admettre l'horrible vérité. Pourtant, ils n'abandonnèrent guère le combat. Emily joua à nouveau élégamment avec son Bô puis claqua la pointe dans le ventre du gars qui criait et voulait lui faire la peau pour venger son copain étendu sur le sol crasseux. Il trébucha sur ses pieds à la douleur fulgurante, alors elle en profita pour lui fracasser le crâne contre le mur de pierre derrière lui d'un pivotement précis de son bâton meurtrier.

Ne jamais sous-estimer la puissance d'un Bô !

Le prochain reçu le bâton entre les jambes juste après qu'il ne sorte un revolver de sa poche de veste pour lui tirer dessus. D'où le sortait-il celui-là ?! Ne perdant pas un instant à réfléchir, Emily le souleva brusquement pour l'envoyer voler vers la poubelle verte où se cachait actuellement Henry Bowers.

Le garçon en question sursauta violemment avant de se mettre à hurler de terreur. De ses mains tremblantes, il recouvrit ses oreilles car il ne pouvait toujours pas bouger de sa cachette pour tenter de fuir loin du massacre.

Il n'en restait plus qu'un. L'homme au pied de biche.

Emily se releva lentement, à bout de souffle, ses yeux livides sur la forme du gars qui n'avait pas encore décidé d'attaquer alors qu'il aurait pu avoir un avantage sur elle. Elle craqua sa nuque puis tournoya son Bô de retour derrière son dos, une jambe en avant l'autre légèrement tournée.

Le jeune homme était extrêmement nerveux, cela se voyait à la façon qu'il tenait son pied de biche entre ses mains tremblantes. Il la regardait droit dans les yeux avec haine à peine contenue mais Emily savait qu'il ne sera pas assez rapide pour la toucher ... Et effectivement, lorsqu'il fondit sur elle dans un cri de guerre, elle l'épingla facilement contre le mur voisin en enfonçant progressivement le bout tranchant de son bâton dans son estomac.

Le garçon hurla à l'agonie puis se mit à grogner tandis que la douleur devenait insupportable. Du sang colora bientôt ses dents ainsi que ses lèvres mais même avec toutes ces épreuves, il continuait de la foudroyer du regard.

«Tu n'imagines pas à quel point je me sentais mal ... De n'avoir rien fait ce soir-là. De ne pas avoir réagi en conséquence de vos actes. J'aurais dû vous éviscérer tout de suite.» Ronronna tranquillement Emily à l'oreille du garçon, enfonçant doucement le bâton plus profondément dans la chair et les boyaux.

«Tu sais, je fais ça pour mon propre bien parce que sinon plus personne ici ne seraient encore vivant au petit matin. Alors, dis-toi que c'est pour la bonne cause ! Et puis, un très bon ami à moi m'a dit que la vengeance est meilleure froide, n'est-ce pas ?» Ricana-t-elle machiavéliquement en souriant à pleines dents au mec agonisant.

Des dents argents longues et acérées, étirées dans un sourire inhumain.

«Vous ignorez tout du monde extérieur, de ce qui se trouve au-delà des limites du réel. Vous êtes tous tellement pathétiques. Ne le prends surtout pas personnellement ! Tu n'es ni le premier, ni le dernier.» Soupira avec véhémence la créature avant d'achever le jeune homme d'un coup de bras.

La rue sombra dans un silence morbide où seules les respirations laborieuses d'Emily et les reniflements d'Henry pouvaient être entendus. Doucement, elle se retourna vers lui, jetant ses cheveux humides en arrière à l'aide de sa main libre. De son bâton ensanglanté elle le désigna tout en le dévisageant austèrement, les lèvres pincées dans un rictus de désapprobation.

Poule mouillée.

«Quand on te demandera ce qui s'est passé ici, réponds qu'Emily s'en souviens. Maintenant va chialer chez papa ! Et dit lui que je l'attends de pied ferme !» Hurla-t-elle en jetant ses bras en l'air pour faire peur au garçon.

Pas besoin de lui dire deux fois. Henry se leva sans même prendre soin de couvrir son entre-jambe humide d'urine puis détala hors de la scène de crime dans la rue à l'opposée. Son joli couteau sur le sol à ses pieds brillait à la lumière du lampadaire, la lame tranchante reflétant le visage couvert de sang frais d'Emily.

Elle laissa sortir l'air de ses poumons, la fatigue et l'adrénaline retombante peu à peu. Elle était entièrement recouverte de sang de ses victimes sans parler des murs ainsi que du sol ou encore des cadavres éparpillés.

Les garçons qui faisaient du mal aux filles méritaient la mort, tout simplement.

Tout à coup, un petit bruit de froissement retentit juste derrière elle, alors son premier réflexe a été de prendre son Bô en main et de faire face au potentiel agresseur. Après avoir pivoté, elle jeta le bout de son bâton en direction du visage de l'homme pour se mettre en position offensive. La surprise était gravée sur son visage.

Là, juste à quelques centimètres d'elle se trouvait Pennywise le clown des égouts qui avait apparemment tout vu de la scène glauque car son visage blanc était parsemé de petites gouttes de sangs. Etait-il là depuis le début ? L'avait-il observé tout ce temps dans l'ombre de la rue ?

En tout cas, il lui souriait comme un fou, vraisemblablement en extase. Son sourire de piranha était si grand que certaines de ses dents pointues sortaient de ses lèvres. Ses yeux rouges et or fixaient la jeune femme encore à bout de souffle qui gardait le bout de son bâton juste devant son nez peint, mais il s'en fichait. Il n'avait d'yeux que pour elle, fier comme un coq de ses prouesses en crimes et scènes sanglantes.

Bon sang, il le savait qu'elle était la perfection incarnée !

«Une telle beauté ...» Chuchota-t-il rêveusement, son œil gauche partant dans son habituel strabisme.

L'odeur du sang ... L'odeur de la peur et de la mort, tout était juste merveilleusement parfait ! Et sa compagne baignant dans toute cette gloire. Il allait devenir fou. C'était le plus beau rêve qu'il faisait de toute son interminable vie.

Mais Emily devant lui ne bougea toujours pas d'un pouce ni même ne retira son arme encore tendue à lui, ses yeux noirs débordants de haine et de colère. Elle était intimidante. Ses sourcils sombres se fronçaient au fur et à mesure qu'elle le regardait avec cette touche macabre sur son visage pâle et ensanglanté.

«Tu es si ... Délicieusement belle. Et si forte. J'aime ta grandeur, l'odeur appétissante que dégagent tes victimes. Tout est parfait.» Jubila Pennywise en continuant de sourire, raide comme un piquet. Il l'admirait pour ce qu'elle était et à sa juste valeur, pas comme un humain banal.

Emily cligna des yeux puis rabaissa lentement son Bô vers le sol sans jamais rompre le contact visuel avec le clown maléfique exalté. Pensait-il réellement à ce qu'il disait ou était-ce simplement une technique pour arriver à ses fins ? Sans doute que oui, il le pensait d'une certaine façon. Ce n'était pas si surprenant venant de cette entité qui chérissait les meurtres à répétitions et qui se nourrissait de sang d'enfants.

«Non, tu te trompes. Je suis un monstre.» Rétorqua Emily avec un petit sourire affligé aux coins des lèvres. Elle tournoya une dernière fois son bâton puis le rangea dans son dos avant de disparaître hors de la rue lugubre.

Loin de la créature qui l'admirait.

A suivre ...

Merci pour la lecture, j'attends votre avis comme toujours. J'espère que vous n'avez pas trop mal au ventre avec tout le sang x) Mais c'était un passage obligatoire, vraiment.

Eh bien, nous nous approchons doucement de la fin les amis ... J'ai hâte de vous faire découvrir la fin de cette histoire vraiment superbe à écrire avec vous. Donnez-moi le plus de défis possible pour faire encore un peu durer le suspense !

=>/SECTION DEFIS\<=

Défis Ça 15 :

MissNielsen -> Barry qui remarque la bague et Em lui apprend qu'elle vient de Pennywise + Pennywise qui vient la voir la nuit et Emily dort en sous-vêtements. Il ne peut s'empêcher de la toucher car il ne connaît pas trop les corps des humaines.

RukoYoru -> Penny trouve un livre de Kamasutra dans la chambre d'Emily. (Petite coquine)

Zazastory -> Emily et/ou Barry fourche sur le nom de Pennywise et l'appelle Pénis.

Oli-Wise -> Encore sous le choc de la rencontre avec la petite tortue d'Emily, Pennywise se réfugie dans son égout et parle même à un rat qui passe.

A bientôt ! <3

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