Un petit moment d'égarement.


Marie-Lou, debout devant son psyché, s'admirait.

Même avec un regard critique, la jeune femme ne trouvait rien qui clochait. Un corps parfait des pieds à la tête. Son visage lui plaisait un peu moins, surtout ses lèvres qu'elle trouvait un peu trop pulpeuses.

Mais, Frédéric, lui, les aimait, et passait son temps à les embrasser. Elle se demandait d'ailleurs par quel hasard, cet homme aussi incroyablement beau que charmant pouvait l'aimer.

Elle fit une dernière retouche à son maquillage, et satisfaite, elle sortit de son appartement. Elle devait accélérer le pas, Frédéric l'attendait à dix-sept heures devant le cinéma.

Près de l'entrée, deux personnes qu'elle ne connaissait pas encadraient Frédéric. Celui-ci se retourna vers elle, tout sourire, et lui prit la main pour l'attirer contre lui.

- Bonjour ma douce Marie-Lou. Tu m'as manquée. Cette journée m'a semblé très longue sans toi, lui dit-il en la serrant tendrement dans ses bras. Je voudrais te présenter deux amis qui vont passer quelques jours chez moi.

Deux jeunes hommes la regardaient. En fait, l'un des deux était carrément en train de la dévisager. Il semblait être plus âgé qu'eux, une allure plus mature. Son menton était assombri par une barbe peu fournie comme s'il avait omis de se raser. Ses yeux noirs étaient rieurs et terriblement expressifs.

- Frédéric, est-ce que cette magnifique jeune femme est ta Marie-Lou ? s'étonna-t-il l'œil gourmand.

- Damien, crois-tu que je flirte avec plusieurs filles à la fois ? Ma puce, ce chenapan est mon cousin. Il arrive tout droit de Londres. Et à côté de lui, tu as François. Nous étions tous trois au lycée ensemble.

Elle essayait de rester calme mais son cœur battait si fort. Frédéric avait l'air heureux que ses amis soient là. Ils avaient l'air gentils, pourtant elle n'arrivait pas à regarder Damien. Elle se sentait troublée par sa présence.

Frédéric l'entraîna, tout en discutant du choix du film. Marie-Lou se moquait de celui-ci, action ou amour et ne chercha même pas à négocier. Elle n'avait jamais vraiment regarder un film au cinéma, Frédéric préférait de loin l'embrasser.

Ils prirent place dans la grande salle déjà bien bondée, et par un curieux hasard, elle se retrouva assise entre Frédéric et Damien, Le silencieux François, après une petite hésitation s'installa auprès de son petit ami.

- Damien, attention à toi, ma chérie sursaute fréquemment dans les films d'action, plaisanta son amant.

- Aucun soucis pour moi, lui répondit son voisin de gauche. Si tu veux t'accrocher à moi, Marie-Lou, n'hésite pas un seul instant, Frédéric est aussi très vite impressionné, si je me rappelle bien.

Les rires de son compagnon et des deux autres en parfaite harmonie fusèrent autour d'elle. Les lumières s'éteignirent et le son augmenta.

Cela faisait un moment que le film avait débuté. En plus du son et des effets sonores de celui-ci, d'autres sens étaient sollicités. Frédéric lui caressait délicieusement la main de son pouce, la serrait parfois à des moments plus tendus du scénario. Habituellement, elle adorait surtout que, souvent, il en profitait pour porter sa main à sa bouche et jouer avec ses doigts. Mais, ce jour-là, seule la présence de Damien, juste à côté d'elle, la troublait.

Son odeur musquée lui faisait presque tourner la tête, la chaleur de son corps qu'elle ressentait, puisque son avant-bras effleurait presque le sien. Si, à l'instant, il lui prenait l'envie de coller sa jambe contre la sienne, elle l'accepterait certainement.

Que lui arrivait-elle ? Pourquoi se sentait-elle troublée ainsi ? Elle se recentra sur Frédéric en se collant au maximum à lui, ce qui eut l'effet escompté puisqu'il lui embrassa délicatement les lèvres avant de se replonger dans le film.

A la sortie, ils décidèrent d'aller manger quelque part, puis ne se s'accordant pas sur le lieu, ils choisirent de manger chez Frédéric.

Le repas fut drôle, les trois amis mélangeant anecdotes et plaisanteries. Elle souriait et rigolait aussi à les entendre. Au moment de partir, Frédéric avait du mal à tenir sur ses jambes. Il aurait été risqué de le laisser raccompagner Marie-Lou. Elle voulut appeler un taxi, mais Damien, qui lui était sobre, proposa gentiment de la raccompagner.

Installée sur le siège passager, elle eut la sensation d'être collée à lui tellement l'habitacle était étroit. Son odeur d'homme était encore plus présente qu'au cinéma. A chacun de ses mouvements, elle imaginait qu'il se permettrait un geste déplacé. Aucun des deux ne parlait, son cœur battait très fort, et elle était persuadée qu'il devait l'entendre dans ce silence oppressant.

Elle lui indiqua le numéro de l'immeuble et il se stationna.

- Est-ce que tu m'autorises à monter ? Je ne pourrais faire le retour sans un petit arrêt, ironisa-t-il.

- Oh oui, bien entendu. Viens.

Il la suivit dans l'escalier et elle sentit son souffle dans son dos pendant qu'elle ouvrait la porte sur l'étroit palier. Son appartement était tout petit, réalisa-t-elle un peu tard en découvrant le bazar qu'elle avait laissé avant de partir. Le canapé-lit était encore déplié et les nombreux vêtements qu'elle avait essayés jonchaient le sol.

Elle se précipita pour en faire une brassée qu'elle déposa sur son bureau dévoilant une délicieuse petite nuisette d'un rouge très sexy.

Damien qui s'était avancé dans l'unique pièce, la repéra immédiatement et s'en saisit du bout de son index.

- Quelle jolie petite chose ! chuchota-t-il en s'approchant doucement d'elle. As-tu sa petite sœur sous ta jupe, Marie-Lou ?

Elle reculait au fur et à mesure qu'il avançait et bientôt, elle se trouva contre le mur. Damien la fixait, les pupilles dilatées. Il colla son corps contre elle et elle ne le repoussa pas.

- Est-ce que j'ai tout imaginé ou j'aurai pu te caresser au cinéma, Marie-Lou ? demanda-t-il d'une voix rauque.

Elle n'arrivait pas à parler, subjuguée et fixait ses lèvres. Il n'attendit pas la réponse et l'embrassa goulument.

- J'ai très envie d'en découvrir plus, ma belle, mais pour cela il me faut un peu plus de temps, dit-il en sortant son téléphone. François ? Frédéric est toujours dans le cirage ? J'ai déposé Marie-Lou, et franchement je n'ai pas envie de rester enfermé dans l'appart, je vais aller me chercher de la compagnie. Bye.

Il se retourna vers elle et commença à lui déboutonner son chemisier tout doucement.

- Il est encore temps de m'arrêter, ma belle, grogna-t-il la tête enfouie dans son cou.

- Continue...

Au petit matin, quand Marie-Lou se réveilla, Damien était parti.

Elle resta longtemps dans son lit à réfléchir. Damien avait été un amant inventif, plein de surprise mais il n'était plus là, ce matin. Allait-il le dire à Frédéric et compromettre son couple ?

La sonnerie de son téléphone stoppa ses réflexions.

- Marie-Lou ? Je suis au bas de ton immeuble, tu m'ouvres, s'il te plaît ? demanda Frédéric d'une petite voix plaintive.

Elle ne prit pas le temps de réfléchir et appuya sur le bouton de l'interphone. Cinq minutes après, il était à la porte, et l'étreignait.

-Je te demande de me pardonner, mon amour. François m'a raconté ce qui s'est passé hier soir. J'ai honte, vraiment. Je ne pensais pas avoir bu autant. François était très en colère après moi ce matin. Et Damien a dû penser la même chose, puisqu'après t'avoir déposée, il a préféré partir.

La jeune femme, toujours lovée dans les bras de son petit ami, ne dit rien. Devait-elle lui dire ce qui s'était réellement passé sur le canapé ? Devait-elle risquer de tout perdre pour un bref moment de plaisir ? Si Damien n'avait rien dit, pourquoi le ferait-elle, elle ? Alors, elle relèva la tête et avec un merveilleux sourire, elle lui dit :

- Chut. Arrête ! Bien sûr que je te pardonne, mon amour. Ce n'était pas si terrible, voyons.

Ce texte devait répondre à un défi de Carazachiel sur un texte dégoulinant de guimauve. (J'ai tenté, j'ai sué sang et eau mais je n'y arrive pas.) 

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