Digne.

La tête appuyée contre le mur où il était adossé, le regard vide, l’homme attrapa la feuille chiffonnée sur le sol. Il se redressa, les jambes encore tremblantes de l’excès de rage de tout à l’heure. Effaré, il examina les dégâts provoqués par sa colère. Il releva la table qu'il se rappelait avoir jetée brusquement. Au sol, des éclats de porcelaine et de verre étaient tout ce qui restaient de son assiette et de son verre.

Quel idiot de s’énerver ainsi ! Il fit attention de ne pas se couper, et remit de l’ordre dans la petite cuisine. Heureusement, seuls ses meubles avaient morflé. Rien n’avait abîmé le lino ou le mur, se dit-il sarcastiquement, il n’aurait pas à réparer avant de partir.

Il s'esclaffa et partit dans un énorme éclat de rire, qui résonna dans le studio.

Le cercle vicieux infernal était bouclé, le dernier recours avait été rejeté, demain il serait expulsé. Fin de la trêve hivernale.

Après les petits boulots, les factures impayées, les dettes, il touchait le fond.

Il rejoindrait la cohorte des sans-logis, la galère au quotidien pour manger, dormir et garder un semblant d’apparence humaine.

Tous dans le même bateau.

Alors il rassembla ses quelques biens, nettoya l'appartement et attendit.

Digne.


3 Avril 2019
Texte présenté pour le concours Sweek microbateau.

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