Défi Concours Printemps Facebook

Thème : La nuit de Noël, ton gamin te surprend en train de te battre avec un SDF ivre qu'il prend pour le père Noël. Raconte-nous (idée de Freeric Huginn)

             [] [] [] []

J'ouvrais la porte de ma chambre le plus délicatement possible, puis après avoir vérifié qu'aucun bruit ne montait de la salle, je commençais à avancer. J'allais avoir huit ans en août et le doute s'installait de plus en plus. Tous mes copains et copines connaissaient la vérité et bien entendu, je l’avais compris moi aussi. C’est pour cette raison, que j’étais justement en haut de l’escalier. Pour une ultime vérification. 

 

Mon plan n’était pas vraiment arrêté : si je surprenais mes parents en train de positionner les cadeaux, je me montrerais en leur démontrant que j’étais devenu un grand. Dans le cas où le Père Noël déposerai les cadeaux, je resterais silencieux. 

Je me sentais m’endormir lorsque des bruits à l’extérieur me firent sursauter. Je me glissais vers le chien assis afin de jeter un oeil curieux. Deux personnes étaient en train de se battre, quasiment dans notre cour. La nuit m’empêchait de reconnaître les visages, mais je voyais sans aucune difficulté les coups qu'ils s’échangeaient. Une voiture passa lentement et cela me permit de reconnaître immédiatement un des visages. 

Mon père était l’un des deux. Lui qui était contre la violence ! De l’autre homme, je n’aperçevais pas grand chose à cause de l’obscurité. Devais- je aller réveiller maman ? Après tout, papa se battait dehors, et à ma connaissance ce n’était pas normal. Redoutant sa réaction, je préférais descendre l’escalier pour comprendre mieux la situation. 

La porte d’entrée, grande ouverte, n’était pas non plus un acte habituel, ainsi que les vociférations à l’extérieur,  plutôt bruyantes. La lumière d'un lampadaire de ville éclairait la scène de bagarre. Notre voiture, coffre ouvert, et juste à ses côtés mon père, hurlant après un homme. Je prenais mon blouson et l’enfilais rapidement.  Il était urgent d'intervenir. 

- Papa ! crié-je du haut de ma petite taille. 

L’effet fut quasi immédiat. Son regard surpris de me découvrir à côté de lui arrêta immédiatement ses gestes. 

- Cédric ? Que fais-tu debout à cette heure ? Rentre à la maison et va te coucher, gronda-t-il.

Je ne bougeais pas, obnubilé par l’homme encore semi allongé à ses pieds. Une barbe bien fournie, broussailleuse et...blanche, un pardessus déchiré...rouge. Tous les voyants étaient allumés, pour mon esprit d'enfant. Aucun doute n'était possible : il s'agissait du Père Noël. Mon père se battait avec le Père Noël.

- Pourquoi tu fais ça ? demandé-je à mon père. C’est le Père Noël…

Mon père, la bouche grande ouverte, tourna la tête vers l’homme. Puis il  lui tendit une main pour l’aider à se relever. Les deux hommes me regardaient, silencieux. 

- Cédric, ce n’est pas lui, même si je reconnais qu'il peut lui ressembler avec sa barbe et ses habits. Il s'agit d'un ivrogne qui m’a bousculé en passant près de moi.

- Et tu l’as frappé pour cela ? m'étonné-je, scandalisé.

-Il m'a fait peur et ce que je tenais entre les mains est tombé.

Je ne comprenais pas une telle réaction. Que faisait mon père à cette heure de la nuit ? Subitement mon esprit  comprenait...

- Oui. Et il a eu raison, petit gars. Je l’ai bousculé en passant près de la voiture. Il avait un… objet entre les mains, enchaîna l'homme qui avait bien du mal à tenir droit.

- Cela m’a mis en colère, comme je t'ai dis, répliqua mon père, sèchement.  Va te coucher maintenant, je rentre dans cinq minutes. 

Je ne comprenais toujours pas, mais je commençais à avoir froid. Je lui obéissais. 

Dans mon lit, j’essayais d’analyser la situation mais la fatigue gagna le combat.

Au petit matin, ma mère frappa à la porte pour m’annoncer le passage du Père Noël et j’oubliais immédiatement l’aventure d’hier. 

Sous le sapin, quelques paquets. J’avais demandé une console cette année. Tous mes copains en avaient une. Des paquets aux  formes de livres avec mon nom et une boîte au papier abîmé. 

- Je crois que le Père Noël a eu un léger accident cette année, précisa ma mère, en désignant de la tête la boîte détériorée.

Mon père se pencha vers moi et chuchota dans mon oreille 

- Je suis désolé, mon grand. Elle m’a échappé des mains. Tu viendras avec moi en choisir une autre. 

Et je sus que le vrai Père Noël était mon père. 



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top