Défi Concours Muguet Facebook

Je crois que j'ai du perdre la notion du temps mais longtemps, longtemps, longtemps...

En plus je ne me rappelle pas de grand chose. J'étais devant la télé quand le Président de la République a annoncé le truc.
Je m'en souviens parfaitement de cette phrase, "vous allez devoir, chers compatriotes, rester confinés une quinzaine de jours."

J'étais fou de joie, cela faisait bientôt six mois que je m'équipais : bureau et fauteuil ergonomique, un super pc, un casque avec haut parleur intégré. J'avais même pris un abonnement plus cher pour avoir la fibre. David et moi étions prêts à demander un entretien avec le Boss. Notre dossier était complet : l'un comme l'autre, nous voulions opter pour le télé travail. Nous avions passé des soirées entières à argumenter, poser les pour et les contre afin de pouvoir affronter chacun des arguments que notre chef ne manquerait pas d'objecter.

Je me rappelle de l'entretien et du refus quasi immédiat. La défection immédiate de mon pote qui avait baissé les bras. Mais moi, j'avais continué, dépensant chaque euro économisé. Cette fois, l'argument de l'impossibilité de prêter du matériel ne serait pas possible, ni celui du réseau pas assez fiable.

Et évidement mon patron, obligé d'obéir au Président en quelque sorte, accepta ma proposition de télétravail. Mes quelques collègues durent s'organiser à la va-vite.

Moi, j'étais non seulement heureux mais complètement serein.

Quinze jours passèrent, le travail était le même qu'avant sans les discussions pourries de la pause café. Je pouvais, tout en étant raisonnable, m'arrêter dix minutes, fumer une clope sans le regard hystérique des non-fumeurs.

Un mois après, le boulot, du fait du confinement venait à manquer un peu, quelques uns furent transférés en chômage partiel.

Deux mois après, de quinze employés, nous n'étions plus que quatre.

Quatre mois après , plus que deux avec ce curieux email.

Vous n'êtes plus que deux, vous continuerez d'être payés si vous restez au moins cinq heures par jour sur le clavier. Qu'importe ce que vous écrivez. Le dernier sera le vainqueur.

Avec André, nous avons décidé de continuer, tous les deux...jusqu'au bout même si nous n'en connaissons pas la date. Cela fait plus d'un an que le confinement a commencé. J'avoue que l'image que me renvoie le miroir me plait pas beaucoup...mais il faut tenir...

Dans un bureau, plusieurs personnes fixent un écran, un double écran pour être plus précis. Sur celui de droite, un homme sourit une coupe de champagne à la main. Sur celui de gauche, un squelette assis sur un fauteuil, un casque vissé sur la tête, face à un ordinateur, figé dans un silence éternel.

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