Collée à la vitrine, je profite du spectacle.

Devant moi, dans des panières en osier, s'entassent des croissants dorés, des chocolatines, et des petites brioches.

Voir ne me suffit pas, il me faut sentir aussi, humer ce mélange de parfums.

Alors je pousse la porte du Palais de la Gourmandise et tout mon être plonge dans ce monde merveilleux. Mes yeux s'arrêtent devant les tartes aux fruits. Juste à côté, quelques petits gâteaux individuels : babas au rhum, mille-feuilles, flans, religieuses et éclairs.

Mes narines se gorgent d'odeurs qui déclenchent des souvenirs plaisants. Ma langue se promène avec envie sur mes lèvres, mon palais.

Le processus se met en place naturellement, mon cerveau commence le travail. Mon regard se fixe sur la tarte aux fraises.

Il assimile le plaisir que j'éprouve en la détaillant. L'odeur sucrée des fruits mûrs à souhait me renvoie à un souvenir d'enfance. Celui-ci est si fort que mes papilles gustatives semblent reconnaître les différentes molécules du fruit et déclenche sans tarder le processus salivaire.

La boulangère ne me dit rien, elle me connaît. Elle sait que c'est le seul moyen qu'il me reste pour retrouver ces magnifiques sensations. Car même si je croquais une fraise, il ne se passerait rien.

Mon agueusie m'interdit le plaisir de manger.

Texte gagnant au concours Sweek le 31 mai 2019