La bonne sœur - Défi de Lancovit



Avec une pensée pour le Lucas qui a inspiré l'orthopédiste... Je ne te reverrai jamais mais j'ai bien bavé sur le menu.

Bon. Ce n'est pas une histoire très originale, vous savez. Enfin, vraiment pas. Vous savez, ça ressemble aux trucs que lisent les préados pré-pubères qui veulent se la jouer. Un truc de vampires quoi. Pas comme Twilight, non ça, vraiment pas. C'est pas une histoire d'amour, même si j'aurais bien voulu. C'est un truc de vampires, quoi.

Eh oui, je suis un vampire, un personnage issu des légendes les plus anciennes. Je bois du sang, pas du lait de noix de coco, malheureusement. J'aimais ça, avant. Avant, c'était quand je n'avais pas été mordu. Enfin mordue. Je suis une vampire. C'est une longue histoire, et je vais vous la raconter.

Il y a bien longtemps, je vivais dans une abbaye. J'étais même l'abbesse. Nous vivions en paix avec mes sœurs. Nous travaillions tout le jour, priions toute la nuit, et notre vie était paisible. Vous l'aurez deviné, jusqu'au jour où... Jusqu'au jour où des soldats vinrent avec leurs torches et leurs chevaux. Ils brûlèrent tout – le clergé, là où nous étions, était très mal vu : c'était un contre-pouvoir à celui du roi. Notre choix de vivre en dehors du monde n'était pas compris et il était préférable, pour mes sœurs et moi-même de faire profil bas au village. Mais malgré cela, ils vinrent, un soir et burlèrent notre havre de paix, que notre travail méritant avait créé et fait prospérer. Le feu ravagea la ferme attenante, deux de mes sœurs périrent par les flammes. Un des gardes était très excité, il viola cinq autres de mes sœurs. Encore aujourd'hui, j'entends leurs cris, leur frayeur et leur honte qu'il ait pris ce qu'elles réservaient à Dieu. Et encore aujourd'hui, je me demande pourquoi Dieu le laissait faire aussi longtemps. Une de mes amies ne survivait pas. Le garde la mordit jusqu'au sang. Elle revint d'entre les morts et sa fureur étincela. Elle tua le garde, mordit toutes les sœurs présentes. Toutes ne résistèrent pas.

Nous étions 15 avant l'assaut. Nous sommes aujourd'hui une communauté de 8. Il y a des centaines d'années maintenant que nous vivons recluses. Nous n'accueillons que de très rares voyageurs, une rumeur court désormais autour de notre château tarabiscoté, selon laquelle nous serions des sorcières venues pour faire le mal. En réalité, à l'heure actuelle, nous vivons recluses en buvant du sang d'animaux que nous élevons. Les jours de fête, un légiste qui connaît notre situation nous apporte du sang de macchabés. C'est tellement meilleur que le sang de cacatoès... Je m'égare. Oui, ça va, j'ai honte... J'ai goûté le cacatoès une fois. Je ne l'ai pas tué, je vous jure ! Mais bon maintenant il caquette à mort quand je m'approche... C'est la mascotte de la communauté. Il s'appelle Chaton. On a de l'humour pour des vampires.

Bref. Je me fais vieille, désormais. Un spasme vient de me secouer la main qui écrit ces quelques lignes. Je tenais à vous raconter mon histoire. Ce n'est pas bien drôle et j'en suis la première désolée. Mon corps reste jeune mais mon esprit fatigue. Il fatigue tant et si bien que j'ai un fantasme, moi, la fiancée de Dieu. Je voudrais avoir une vie normale désormais. Manger et apprécier le goût de la nourriture. Etre heureuse auprès d'un homme – que Dieu me pardonne ces pensées impies. Ironique n'est-il pas ? Une abbesse devenue vampire qui renie sa foi. Enfin, non, je ne renie pas ma foi, mais les années ont passé et j'ai réfléchi. Ok, j'avais un peu que ça à faire. J'ai étudié, beaucoup. J'aurais voulu être professeur, mais Dieu seul sait combien il peut nous être difficile de nous contrôler avec des humains. Et dissimuler notre véritable nature. Les légendes ont toutes un fond de vérité : les dents ressortent. J'ai essayé de voir un dentiste, mais il a cru à une blague. Et les dentistes compétents ne sont pas apparus avant 4 siècles après ma transformation. Ils ont mis le temps... comme le dentiste n'a rien fait, j'ai voulu voir un stomatologue, qu'il m'enlève ces fichues dents... mais il a pas réussi, j'ai saigné comme un porc et il s'est évanoui. Bon, c'est pas un petit saignement qui va me tuer, d'autant qu'apparemment, nous sommes immortelles. Bon sang, je voudrais bien me trouver un mec, mais avec mon look... Peut-être un orthopédiste ?

- Pourquoi ?

- Pourquoi pas ? J'ai accompagné sœur Anne la dernière fois : un voyageur s'était perdu dans la montagne et s'était cassé la cheville, et le seul médecin disponible était celui-ci (Dieu merci). Et au secouuurs il était tellement sexy : brun, pas très grand, des bras super musclés, deux tatouages, mais un seul était reconnaissable, c'était un dessin tribal sur le bras droit, des cheveux coupés courts mais pas trop, un visage d'ange... Voilà que je deviens comme ces ados en chaleur devant Robert Pattinson ou Chris Hemsworth... (non, nous n'avons aucun contact avec le monde, je vous assure...).

Quoi qu'il en soit, le protocole V nous interdit tout contact physique avec un humain, de peur qu'on ne se contrôle pas. On peut les toucher à travers leurs vêtements, mais rien de plus. Le protocole V, c'est le protocole qu'on a mis en place après qu'une des sœurs ait touché un voyageur. Ses yeux sont devenus rouge sang, son visage est devenu blanc panais (un blanc crème jaune assez effrayant et très laid) comme une sorcière mal réfrigérée et ses yeux sont sortis de leurs orbites. Apparemment, cette transformation est ancrée dans nos nouveaux gènes, mais on n'est pas certaines que ce soit quand on a très faim ou seulement quand on touche un humain, dans le doute, on préfère s'abstenir. Mais l'orthopédiste... Seigneur Dieu...

La luxure a pris possession de mon âme ! Etre privée depuis si longtemps de tout contact me rend folle à lier. J'en oublie mes devoirs au sein de la communauté. J'en viens à vouloir risquer toute notre protection et sa vie... Je ne peux pas. Je dois résister. Etre aussi forte que ce fossile de trilobite qu'un chercheur perdu nous a donné pour nous remercier de notre hospitalité sans faille. Oui, un jour, il m'est tombé dessus. Ben ça fait mal. C'était sœur Marie-Dominique qui m'avait fait la « blague ». Elle s'était réveillée avec un crâne de vache à côté d'elle. Elle a hurlé pendant 3 minutes. Gniarfgniarfgniarf. La vengeance est géniale, mais pas chrétienne ! ça non ! Vilaine abbesse. Hihi.

- Espèce de dendrite protozoaire !

Ça, c'est le pote du cacatoès, le perroquet bleu.

Euh, pardon ? Il vient de me traiter de corps cellulaire de neurone unicellulaire ? C'est pas très gentil. Ça, c'est un coup de la plus jeune de nos sœurs, Dom. Mais si ça l'amuse, tant mieux... Je m'en fiche un peu !

Bon allez, je vais prendre mon courage à deux mains : je vais aller parler à l'orthopédiste.

Après quelques heures de marche, je trouve son officine. Sa secrétaire m'informe que le délai de rendez-vous est de deux semaines. Je lui signifie que je vais patiemment attendre la fin de sa consultation. Le pouvoir de persuasion vampiresque est assez impressionnant – à moins que ce ne soit mon charisme d'abbesse immortelle, Dieu seul le sait.

Oh Seigneur Tout-Puissant, il sort. Il sort de son bureau. Il est là, dans sa blouse. Oh qu'il est beau. Flûte, j'ai droit au bonheur ! Je me lève, je tends la main vers lui... Nos peaux vont se toucher, il n'a pas de gants... Je le touchai.

Fin

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