L'aube de l'amour - défi d'Atalune
En pleine nuit, une lueur frétillait à travers les fenêtres d'une vieille abbaye abandonnée. Chacune des bougies était placée dans des coquilles de noix de coco vides et obsolètes. Le lieu était entouré de vieilles cultures de panais datant de plusieurs siècles. Au centre de la salle, se trouvait un cercueil ouvert dans lequel était allongé un jeune homme d'environ dix-sept ans. Il avait le teint très pâle et portait des habits foncés. Cet être n'était pas celui que l'on croyait, c'était un vampire. Il était né à l'âge d'or du trilobite et du protozoaire. Chaque jour depuis plusieurs millénaires, son fantasme était de sucer le sang de pauvres innocents. Mais il s'ennuyait, cela faisait des siècles que la même histoire se répétait, il aimerait aimer et tomber dans une véritable luxure sexuelle et romantique. Mais comment faire quand on ne sait pas ce que c'est. Il ne savait plus quoi faire. Il était coincé dans cette abbaye puant la sainteté et la moisissure. Il avait déjà lu tous les livres dont regorgeait la bibliothèque.
Dans l'un d'entre eux, il avait lu l'histoire d'un jeune prince qui, après avoir accidentellement tué son père en versant un poison censé le guérir, avait été forcé de rejoindre le clergé pour racheter son impardonnable erreur à jamais ancrée sur la trame de sa vie. Un jour il avait décidé de s'enfuir, faute de foyer il avait évolué en dendrite. Il était devenu prophète et donnait à chacun de ses visiteurs un dicton tarabiscoté qui devait régler leurs problèmes les plus intimes. Dans le livre il était dit que le vieux dendrite logeait dans un arbre au fin fond d'une forêt d'orient. A vrai dire dans le monachisme chrétien oriental, le dendrite était un ermite dont la particularité serait de vivre dans les arbres. Ce n'était donc pas étonnant qu'ils vivent dans une forêt.
Il savait au fond de lui que cet homme serait son salut, qu'il l'aiderait peut-être à trouver l'amour. Être solitaire ce n'était pas si mal mais pour lui la solitude devenait pesante. Il décida de se mettre en route pour les confins de la forêt orientale. Contrairement aux croyances populaires les vampires ne sont pas sensibles au soleil. Malheureusement pour lui le bois est mortel et aller dans une forêt pleine d'arbre serait un véritable suicide. Il n'avait pas le choix, il ne voulait pas finir sa vie seul.
Il traversa la forêt en quête de cet homme, il marcha envers et contre tout. Enfin il arriva à une petite hutte au fin fond de la jungle d'arbres mortels. Il toqua plusieurs fois mais sans réponse.
-Qui vient à ma rencontre, ne s'en rend peut-être pas compte ! S'exclama une voix provenant de derrière la hutte.
Là il découvrit un vieil homme avec un bandeau sur les yeux et des cheveux blancs assis sur une souche d'arbre.
-Vous êtes le dendrite ? Demanda le pauvre vampire perdu.
-Cela dépend de qui le demande. Attention si vous mentez je vous réprimande.
-Eh bien... Je suis Ernest, je suis un vampire et je viens pour...
-Je sais, vous cherchez l'amour. Pour qu'il vous porte secours !
-Euh... je.
-Écoutez bien cette histoire, surgie du fond de ma mémoire. Vampire et humaine créent un phénomène. Enfin nait l'étincelle qui allumera la chandelle. Mais s'il succombe à la tentation, il en arrivera à la résiliation. Ils tomberont en poussière et gagneront son teint de lumière. Trois lunes pour partager mais une seconde pour dégringoler. Mais la liberté du firmament ne signifie pas l'éloignement. Gardez espoir, après tout ce n'est qu'une histoire ancrée au fond de ma mémoire.
Le vampire ne comprit pas le sens des paroles du vieille homme. Il attendait et espérait une suite.
Le dendrite lui tendit une pierre et dit :
-Plus la lumière brille, plus elle est d'aiguille.
Soudain le pauvre vampire se retrouva en plein milieu d'un grand bâtiment remplit de monde. Il n'avait pas tout compris aux paroles du vieux fou mais à priori il n'avait que deux solutions. Trouver son âme sœur et faire en sorte qu'elle l'aime en trois lunes ou la mordre mais renoncer à l'amour pour toujours car elle en mourrait mais lui resterait à jamais sur terre pour subir le regret de son échec. Dans le cas contraire « lui tomberait en poussière et elle perdrait son teint de lumière ».
Pendant plusieurs jours le pauvre vampire se précipita encore et toujours à la recherche de la jeune femme qui lui était destinée. Il ne réfléchit pas plus aux rimes de ce vieux fou. Enfin une année il arriva aux portes d'un château. Il était impatient, trop impatient, il entra et suivit la lumière de la pierre qui le conduisit devant une grande porte. Il n'eut aucun mal à s'introduire dans le château, les vampires peuvent se rendre invisibles.
Il entra dans une chambre plongée dans le noir. Il distingua tout de même des détails grâce aux doux rayons de lune. À sa droite il vit une cage contenant un cacatoès endormi. Sur les murs trônaient des diplômes de médecin, d'orthopédiste et de dentiste. C'était étrange, le jeune vampire se sentait largement méritant mais il y avait comme une ombre au tableau. Soudain quelque chose surgit de derrière lui et le plaqua au sol.
-Qui êtes-vous ? Cria une voix féminine.
-Je... Le pauvre vampire ne savait pas quoi répondre.
La jeune femme se leva et l'aida à se mettre debout. C'était très étrange, pourquoi ne se méfiait-elle pas ?
-Ce ne sont pas des manières de s'introduire dans la chambre d'une femme, en plein nuit qui plus est. Dit-elle avec une pointe de sarcasme.
-Euh... Je... Mon nom est Ernest et je...
-Vous êtes un voyageur demandant l'hospitalité. Je comprends, mais vous auriez pu tout simplement demander au majordome du château.
-Oui... Je suis navré majesté.
-Non ! Pas de majesté ! Appelez-moi Marilyn et tutoyez-moi ! Je vais demander à Raphaël de te préparer une chambre.
-Merci Marilyn tu peux m'appeler Ernest.
Les deux jeunes gens se dirent au revoir pour la nuit. Le compte à rebours était mis en marche. Il lui restait trois jours pour se rapprocher de cette jeune fille. Quand il l'avait vue avec ces yeux écarlates et ses cheveux auburn son cœur avait sauté un battement. Elle devait avoir seize ans tout au plus. Elle avait un doux visage maculé de tâches de rousseur arborant, de beaux yeux en amande. Le jeune vampire se demanda pourquoi la jeune fille ne l'avait pas fait jeter en prison. Il devait bien y avoir un protocole à suivre dans ce genre de situation, mais là elle s'est conduite comme si c'était normal.
Le lendemain matin, les deux adolescents prirent le petit déjeuner ensemble dans les cuisines du château. Elle lui confia qu'elle était en fait la princesse de ce palais. Enfin peu importait son titre de noblesse, plus il passait du temps avec elle plus il en tombait amoureux. Pendant trois jours ils partagèrent leurs expériences personnelles, leurs passés et même leurs secrets les mieux dissimulés. La jeune fille lui exprima son envie de fuir ses responsabilités de princesse, sa vie d'humaine et ce château bien trop vide à son goût. Marilyn lui révéla que le soir du troisième jour il y aurait un grand bal organisé en son honneur et qu'elle souhaitait que ce soit lui qui l'y accompagne. Il était bien sûr enchanté à l'idée d'être en sa compagnie et il savait que c'était sa dernière chance de lui avouer ses sentiments cachés.
Enfin vint le bal, la jeune princesse lui avait donné rendez-vous sur le balcon de la salle du trône. Ils s'y retrouvèrent comme prévu et passèrent une soirée des plus parfaites. Malheureusement Ernest n'eut pas l'occasion de se dévoiler à sa promise.
Il décida de s'isoler une deuxième fois sur le balcon mais c'était trop tard. Un feu hurlait en lui et le dévorait de l'intérieur. Un spasme le secoua et il s'effondra et Marilyn tenta tant bien que mal de le rattraper. Il suffoquait, sa vue se troublait et pourtant l'angélique vision du visage de sa princesse restait nette.
-Ernest, reste avec moi ! Je t'en prie, je ne peux pas te perdre !
Le vampire essaya de lui parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. L'aube du quatrième jour se levait doucement, il était trop tard. Soudain le visage de la jeune fille se rapprocha du sien. Leurs lèvres se touchèrent. Ils échangèrent un langoureux baiser.
Un puissant halo lumineux émana de leur union. Les deux jeunes amoureux s'élevèrent dans le ciel devant la foule en admiration. Ils se transformèrent en étoile. Lui devint l'étoile du soir et elle celle de l'aube. Ils règnent ensemble sur la voie lactée, l'aube et le crépuscule.
Depuis cet événement, la tradition orientale veut que les couples se jurent fidélité au moment où les deux étoiles partagent le ciel et l'illumine de la pureté de leur amour. Certaines personnes disent que si on tend l'oreille on peut encore entendre rire les deux amants partageant désormais l'éternité.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top