Défi de E-Vermeil - Requiem

CONTRAT D'UTILISATEUR : REINCARNATION DE LICENCE B
FUNEBRA INC.

Par la présente, toutes les personnes et choses lisant, approuvant et signant ce contrat s'engagent à en respecter l'intégralité des termes et articles, et ce jusqu'à échéance dudit contrat, à savoir, dans ce cas de figure, jusqu'à l'éternité.

I. ARTICLE PREMIER

La licence B de réincarnation proposée par FUNEBRA INC. permet à tout être venant de décéder (et correspondant aux critères de sélection de la licence B) de vivre une nouvelle vie dans le corps de son choix en échange de son âme. Le corps choisi devra être sélectionné parmi le stock disponible. FUNEBRA INC. DECLINE TOUTE RESPONSABILITE VIS-A-VIS DES POTENTIELLES RUPTURES DE STOCK DE CERTAINS TYPES DE CORPS, LIEES A DES FACTEURS EXTERIEURS.

II. ARTICLE SECOND

Bien que la définition du mot "âme" varie selon les peuples et les cultures, FUNEBRA INC. se repose sur la définition énoncée dans le Grand dictionnaire macabre édité chez CÎMES TIERES, en partenariat avec FUNEBRA INC.

III. ARTICLE TROIS

En partenariat avec le ministère de la Mort, FUNEBRA INC. met en place un système nommé "Redistribution des rôles – Solidaires ensembles !" qui promet une répartition des corps selon leur qualité de façon à ce que la qualité de l'ancien corps soit inversement proportionnelle à celle du nouveau corps, dans l'optique de permettre à chaque être de vivre une belle vie. Ce contrat est adressé aux humains de licence B et les corps qui vous sont proposés sont recensés dans le Grand catalogue des corps - Edition humain licence B (édité chez CÎMES TIERES).

IV. ARTICLE QUATRE

Chaque âme payée à FUNEBRA INC. ne saurait par la suite être remboursée, échangée ou revendue. Chaque paiement effectué à FUNEBRA INC. est définitif et irrévocable. L'extraction de l'âme sera effectué par la Procédure de permutation hyper-cinétique théorisée, créée et appliquée par le Dr. Van Drikenov en partenariat avec FUNEBRA INC. Les laboratoires de FUNEBRA INC. travaillent de manière acharnée afin d'améliorer la qualité de leur prestation mais il demeure aujourd'hui impossible d'effectuer un tranfert sans la moindre douleur. CEPENDANT LES EFFETS SECONDAIRES ET AUTRES DECONVENUES SONT RARES ET FUNEBRA INC. S'ENGAGE A LES PREVENIR GRACE A SA POLICE D'ASSURANCE FIABLE ET COMPLETE.

V. ARTICLE CINQ

TOUT CONTREVENANT NE RESPECTANT PAS LES REGLES DE CE CONTRAT S'EXPOSE A DE GRAVES POURSUITES JUDICIAIRES POUVANT ENTRAINER JUSQU'A QUINZE MILLE ANS DE GEOLE INFERNALE ET UNE AMENDE DE QUATRE AMES D'ETRES CHERS.

Je, soussigné(e) ................................................................, m'engage à avoir intégralement compris les termes de ce contrat et à les respecter.
Date et signature :

***

Je repose le contrat sur ce bureau si bien lustré.
- Ecoutez, ça me paraît intéressant comme contrat, mais j'aurais malgré tout quelque points à éclaircir avec vous... C'est possible ?
- Je suis là pour ça, répond calmement l'homme qui me fait face.
- Bien, euh... bredouillé-je. Pour commencer, puis-je disposer du dictionnaire cité dans ce document ?
Ouais. Clairement, avant de m'engager, j'aimerais bien savoir ce que c'est, mon âme.
- Bien évidemment. Quelques instants, je vous prie. Ne bougez pas, je reviens d'ici peu.
Il sort.
Le bureau où je me trouve est particulièrement classe. Un miroir gigantesque trône à ma droite. Je m'y regarde. J'ai l'air plus pâle que d'habitude, maintenant que je suis mort.
Putain de priorité à droite de merde.
Je relis une fois le contrat pour éviter toute arnaque.
A présent que je suis décédé, je dois être vigilant ; je ne sais pas ce qui m'attend.
L'homme pénétre à nouveau dans son bureau.
Il est affublé d'un costume assez sobre, très élégant toutefois, d'une cravate rouge et de deux chaussures dont l'une semble mystérieusement beaucoup plus abîmée que l'autre, bien que les deux aient l'air d'être du même modèle.
- Je vous prie de m'excuser, mais vous savez, en ce moment, nous sommes dans une période de surcharge, et ce tous les exemplaires de ce dictionnaires ont été empruntés dans notre bibliothèque... Je ne peux pas vous en prêter un pour l'instant.
- Ah, soupiré-je. N'y a-t-il pas un autre moyen de se le procurer ?
- Vous pourriez en commander un exemplaire dans une de nos librairies, mais cela vous fera patienter trois jours de plus et vous devrez par la suite refaire toute la queue.
- Quoi ? Les quatorze jours que j'ai passés à poireauter, je devrai les refaire si j'attends trois jours ? Je vous en prie, ce n'est vraiment pas possible de me reprendre juste après alors ?
- J'en suis le premier navré, mais Funebra Incorporation n'autorise pas aux personnes ayant effectué la queue précédant le processus de réincarnation à se réintégrer en tête de file, passées vingt-quatre heures sans avoir signé ce contrat.
Non. Pitié, tout mais pas cet enfer, pas encore. Ces quatorze jours d'inconfort et d'ennui étaient insupportables.
- Malgré tout, suggère amicalement l'homme, je peux vous proposer de synthétiser pour vous la définition du dictionnaire, à partir de mes connaissances personnelles à ce sujet. Ceci vous éviterait de refaire la queue et de devoir signer un contrat dont vous ne maîtrisez pas les enjeux. Cela vous convient-il ?
- Ca me paraît honnête. Allez-y, je vous écoute.
Je n'ai rien à perdre à écouter sa déposition. On verra bien ce que je fais, ensuite.
- L'âme, donc, est selon notre définition ce qui constitue votre passé. Tous vos souvenirs ; ainsi que l'expérience que vous avez tiré de tout ce qui a jalonné votre vie – et votre mort – jusqu'à maintenant. Je comprend tout à fait que cela puisse vous paraître très important, et il est vrai que cela semble trop difficile à abandonner pour certains de nos clients qui ont décidé de partir directement dans l'au-delà en abandonnant définitivement toute vie pour directement se consacrer à leur mort. Ici, à Funebra Incorporation, nous respectons ce point de vue, mais nous préférons - plutôt que de nous attarder sur le passé - nous tourner vers l'avenir. Ainsi, nous vous proposons une nouvelle vie dans laquelle vous ne vous souviendrez certes de rien de ce que vous aurez vécu auparavant, mais dans laquelle vous conserverez toutes vos capacités de jugement et d'adaptation à votre nouveau destin. Ce sera exactement comme dans cette vie que vous venez d'achever : vous commencerez avec très peu de choses, mais bâtirez petit à petit votre propre destinée.
- Oui... Je vois... Je... Je ne sais plus très bien où j'en suis, excusez-moi...
- Ne vous en faites pas. Prenez le temps de réfléchir, nous sommes ici pour vous accompagner.
- Je ne sais pas si je suis prêt à abandonner mes souvenirs... J'ai vécu de merveilleux moments, avec mon époux, mes enfants...
- Je comprends parfaitement ce que vous ressentez. Je voudrais vous faire part d'un petit témoignage personnel, si cela ne vous dérange pas.
- Je vous en prie.
- J'ai moi-même, avant d'intégrer ce service, été réincarné. J'ai donné mon âme, et je suis devenu un goéland. Cela, je ne l'ai réalisé qu'après être une seconde fois remonté aux cieux. C'est alors que, après un laborieux processus, j'ai pu acquérir ce corps afin d'être engagé chez Funebra Incorporation. Dès que j'ai appris que j'avais été réincarné, j'ai cherché à savoir qui j'avais bien pu être par le passé, quelle était la vie que j'avais laissée derrière moi. J'ai joué de mes contacts et les seules informations que j'ai pu décrocher, et qui venaient des archives, étaient les suivantes : j'étais un humain, et ma vie était heureuse. C'est tout. Et c'est alors que j'ai compris, en mettant tout cela en parallèle avec la vie de goéland que j'ai menée, que chaque être est fait pour vivre au présent. La passé est ce qui nous pousse devant avec insistance, l'avenir est ce qui opprime face à nos peurs, et le présent est ce qui nous maintient debout ; le sol sur lequel nous marchons. Et le meilleur choix à faire, en ai-je conclus, est d'aller de l'avant de se jeter sur l'avenir, pour une raison simple : le passé ne comporte plus de présent, celui-ci s'est effacé, tandis que le futur en comporte un, qui lui n'est pas encore né. Et je choisirai toujours ce qui va naître à ce qui est déjà mort. Je ne sais pas si j'ai été très clair, s'excuse-t-il.
- Oh si, ne vous inquiétez pas... C'était très instructif.
- Bien. Désirez-vous que je vous laisse réfléchir, à présent ? Je ne voudrais surtout pas que vous vous sentiez contraint de répondre rapidement, il faut que vous preniez votre décision en toute sérénité.
- Oh, je vous remercie. De combien de temps je dispose ?
- En théorie, il vous reste environ quize heures avant la fin du temps réglementaire, mais si vous n'arrivez toujours pas à vous décider, je peux essayer de vous garder un peu plus longtemps.
- Merci.
Il se retire en me disant que je disposais d'une sonnette à ma droite pour l'appeler lorsque je me serait décidé.
Je regarde la table lustrée et plonge dans l'abîme de mes pensées.
C'est si étrange. Je suis mort. C'est incroyable comme c'est banal. Je peux éternuer, je respire, mon coeur bat comme avant...
Non...
Je tâte la partie gauche de ma poitrine. Rien ?
Je m'y prends peut-être un peu mal.
Je tâte à nouveau, en bougeant ma main, en essayant différents endroits. J'explore tant que possible, je me mets en tête d'examiner chaque centimètre carré de cette partie de mon corps, chaque pore de cette étendue de peau, chaque putain de cellule qui devrait pourtant se soulever et se baisser et se soulever et se baisser comme une valse à deux temps.
Rien.
Mon poignet, peut-être ? Non. Ma jugulaire ? Non. Partout dans tout mon corps ? Aucun sang. Aucune veine pleine. Rien. Une symphonie de silence, une fanfare de néant.
Je suis pris d'un crise de panique.
Je me rue sur la clochette.
Quelques instants après avoir appelé, l'homme rapplique dans le bureau.
- Que se passe-t-il ? Vous êtes décidé ?
- Par pitié, dites-moi ! Où est passé mon sang ? Où est -il ? Je... J'en ai besoin, je vous en supplie !
- Je suis désolé, mais lors de votre accident, vous avez perdu la majorité de votre sang, et nous n'avons pu le récupérer. C'est pourquoi nous avons choisi de vous retirer complètement ce qu'il en restait afin que votre corps fonctionne correctement.
- Mais c'est stupide ! Comment puis-je vivre sans mon sang ? C'est impossible !
- J'ai le regret de vous annoncer que vous ne vivez pas, monsieur.
C'est vrai et pourtant ça me paraît stupide. Je n'arrive pas à imaginer que mon sang soit resté en-dessous, sur terre, qu'il m'aie abandonné.
Je ne l'avais pas remarqué avant, mais maintenant que je réalise que mon coeur ne pompe plus rien, l'idée de vivre ainsi me donne envie de vomir.
Cette sensation de manque est ignoble. J'ai l'impression que mon corps va pourrir, moisir, se flétrir sans son hémoglobine. Je vais mourir, je vais mourir une deuxième fois, je vais mourir dans la mort, je vais devenir de la poussière de cadavre, je vais brûler dans les étoiles pour l'éternité, je vais être seul pour le reste de ma vie, mes veines vont sortir de mon corps pour m'étrangler afin de se venger de n'avoir plus de sang, je vais mourir, je vais mourir.
- Vite ! Réinjectez-moi du sang ! Comment voulez-vous que je vive sans ?
- Vous. Ne. Vivez. Pas. La mort ne nécessite ni sang, ni oxygène, mais on vous laisse respirer pour que le choc ne soit pas trop violent. Ne plus respirer est au début une sensation étrange, à laquelle on s'habitue vite - cela arrive si lors de notre mort, nos poumons étaient trop gravement touchés. C'est le même concept que si lorqu'un être n'a plus de sang ou de sève.
- Je ne peux pas continuer ainsi. Donnez-moi ce contrat.
- Vous êtes sûr d'être réellement décidé ? Après avoir signé, vous ne pourrez plus revenir en arrière.
- Donnez-moi ce contrat. Vite. Je veux du sang à nouveau. Mais jurez-moi une chose. C'est qu'à mon deuxième retour, vous me redonnerez mon sang, et que mon coeur battra, JUSQU'A VOTRE FOUTUE ETERNITE !
Il n'a pas l'air d'être choqué par ma colère.
- Désirez-vous que je rajoute cette clause à notre contrat ?
- Oui.
Il sort de la salle, puis revient quelques minutes plus tard, de nouveaux contrats sous le bras.
- Voici un nouveau contrat... C'est le même que le précédent, mais nous y avons rajouté une clause. Je vous la lis :
" VI. ARTICLE SIX
A l'occasion de la seconde mort du client, FUNEBRA INC. s'engage à initialiser un processus médical permettant au client de recouvrir ses capacités cardiaques ainsi que l'intégralité de son sang qu'il conservera pendant sa mort, et ce, quelle que puisse avoir été la nature du décès."
- Oui. Parfait. Un stylo, je vous prie.
- C'est bon ? Vous êtes décidé ?
- Oui.
Il me tend un stylo.
Je relis rapidement le contrat pour être sûr qu'aucune modification n'ait été effectuée autre que l'ajout de l'article six.
C'est bon.
Je signe.
Il sourit.
Nous sortons.
Il m'emmène dans une salle à part où il m'indique que je pourrais me reposer tout en consultant des choix de corps dans un catalogue adapté à ma vie antérieure. Allongé sur leur lit de fortune, je consulte mes possibilités.
J'ouvre l'immense ouvrage à la catégorie humaine classifiée B. Je passe plus d'une heure à explorer des corps, à insuffler dans mon esprit tous les rêves qui me hantaient, enfant, et qui s'offrent à moi de manière aussi insistante que s'il s'était agi d'un plateau de petites tartes au citron meringuées.
J'observe quelques propositions qui m'attirent particulièrement : arbre en amazonie - une vie très belle, très contemplative, mais hélas souvent trop courte à cause des bûcherons humains ; cochon d'inde ; rose - pas forcément agréable mais définitivement très classe.
Et puis, au détour d'une page, je tombe amoureux.
Je ne pensais pas que je pourrais trouver un animal volant autre qu'un insecte, au vu de mon statut, mais finalement...
Un moineau.
J'ai toujours rêvé de voler. J'ai toujours voulu être un nuage, une brise, ou quoique ce soit qui puisse se mouvoir dans l'air sans barrière, sans restriction, sans gravité, sans aucun autre idéal que le voyage, le voyage infini, le voyage dans l'éternité.
Je sonne.
L'homme arrive.
- Vous êtes décidé ?
- Oui. Je veux devenir un moineau.
L'homme sourit. Je crois qu'il me comprend. Après tout, lui aussi avait choisi de voler dans sa seconde vie.
- Très bien. Excellent choix. Je vous propose donc de signer ces papiers avant de procéder au transfert de l'âme ainsi qu'à l'intégration du nouveau corps.
Des étoiles dans les yeux, je lis brièvement et signe le second papier qu'il me tend. Celui-ci me garantit d'obtenir un corps de moineau sans déformation ni maladie génétique, de bonne qualité et approuvé par des testeurs de corps professionnels.
Il sourit.
- C'est le grand moment, donc. Je vais vous amener dans la salle d'opération. Nous allons d'abord procéder à l'extraction de votre âme puis nous insérerons votre existence dans un corps de moineau. Pas trop stressé ?
- Non, j'appréhende, bien sûr, mais j'ai surtout hâte de pouvoir voler !
- Vous avez raison, me dit-il d'une voix pleine de nostalgie, c'est une sensation fabuleuse.
Nous sortons de cette salle exigue pour nous retrouver dans un dédale de couloirs gris.
Nous passons alors dans un couloir percé d'une fenêtre.
- Attendez ! m'exclamé-je.
- Oui ? dit mon guide.
- Deux minutes je vous prie... Qu'est-ce que c'est que cet endroit ?
La fenêtre surplombe une gigantesque salle plongée dans la pénombre, si noire que l'on en distingue pas les extrémités. La seule lumière qui s'y trouve provient d'une immense porte sur la gauche de la salle.
- Oh, ce rien, n'y faites pas attention. La salle d'opération est juste là, on y va ?
J'acquiesce, et nous continuons de marcher jusqu'à une porte blanche que mon guide ouvre à l'aide d'un pass magnétique.
Il me fait entrer dans la salle.
Flash.
J'ai tout compris. Et c'est terrifiant.
La queue d'une trentaine d'humains, animaux et autres végétaux portés par des employés de Funebra forme un amalgame d'êtres morts en tous genres, portant dans leur regard ou leur posture une sorte de lueur pervertie, fatiguée, pleine de rancoeur et pourtant inéluctablement teintée d'espoir et de vie. Ils attendent pour rentrer dans d'étranges modules répartis dans la pièce, dans lesquels leur âme est extraite - au vu des cris que l'on entend dans toute la salle, ça a l'air douloureux. Puis les corps vides ressortent de l'autre côté de chaque module, sur des brancards, pour être transportés du côté gauche de la salle. Deux types de bouteilles en verre sortent des salles d'opération : les unes contenant un liquide violet, et qui sont stockées dans d'immenses étagères - j'imagine que ce sont les âmes. Les autres bouteilles sont remplies d'une brume opaque noire d'encre - je suppose que ce sont les esprits, les existences. Celles-ci sont acheminées dans d'autres modules dans lesquels je devine que les personnes sont liées à leur nouveau corps.
Ce que je viens de réaliser, c'est que la pièce qui est à notre droite, c'est la salle noire.
Pris de panique, je m'enfuis et retourne dans le couloir pour regarder à nouveau à travers cette fenêtre.
- Eh ! Revenez ! me crie mon tuteur.
Je vois désormais cette pièce avec plus de précision.
Il y a des milliers d'êtres à l'intérieur. La plupart sont simplement des cadavres d'oiseaux, d'insectes, de petits animaux, ou de plantations en tous genres. Certains sont pourtant vivants ; des lions, des vautours, quelques humains. Plus loin, la salle semble immergée et contient une faune et une flore sous-marine.
Le seul point commune entre ces êtres, est qu'ils n'ont aucune vitalité dans le regard - ou dans les feuilles.
Et... En me concentrant bien, j'arrive à apercevoir un autre type d'entité. Pas des animaux, pas des végétaux, pas des simples cadavres. Non, ce sont des sortes de brumes noires. Ce sont les esprits des êtres morts dans ce nouvel enfer, morts dans la mort, condamnés à errer dans l'éternité. C'est l'essence que l'on met dans des bouteilles pour les injecter dans un corps idyllique mais hélas trop faible avant qu'elle ne soit libérée par une mort définitive, complète, totale. Et bientôt ce sera moi. Mais pourquoi nous mettre ici ?
- J'ai signé un contrat !
Je hurle cette phrase tandis que deux puissants vigiles m'empoignent violemment.
Mon responsable s'approche de moi, un grand sourire aux lèvres.
- C'est vrai. Il ne stipulait cependant pas que nous devrions vous réincarner sur Terre. Bonne résurrection dans l'Enfer.
Oh.
Bande de bâtards.
Je comprends à présent ce que cela fait de ne plus avoir d'âme ; ça nous renvoie au statut d'un être qui survit, mais on dont ôte toute vie.
Alors que je m'apprête à perdre mon âme et à être envoyé dans l'Enfer, j'ai compris que l'on vient de me subtiliser à moi-même. Comme tous ces autres êtres que l'on a roulés, escroqués sans aucune pitié.

Nous ne nous appartenons plus. Nous ne sommes plus des êtres mais des choses.

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