De l'encre dans les oreilles

Le titre du défi est: de l'encre dans les oreilles.

Il s'agit d'écrire à partir d'une musique. La musique proposée est: Project 13 l'Ombre de la Porte

Cette mélodie en apparence légère est délétère.

La nuit a envahi mon esprit. Je suis redevenue enfant dans le noir et personne pour venir me délivrer. Les touches du piano martèlent mon âme et le carillon du triangle lacère mon cœur comme une lame acérée. Mes entrailles se tordent en mouvements tourbillonnaires. Tout n'est que fêlures et brisures en mon être.

Les images provoquées par les cauchemars de mes nuits blanches trop obscures provoquent des ravages dans mon lobe temporal. Des scénarios cataclysmiques et apocalyptiques naissent, telle une aura migraineuse, halos mortifères.

Mon cortex est électrisé. Mes membres fourmillent sous le joug des décharges. Tout mon être est écorché vif par ce soudain assaut meurtrissant. Le piano joue, incisif et lancinant. Mon âme en péril saigne et se vide de sa substance.

Mon ouïe perçoit le compte à rebours qui s'est déclenché et s'égrène dans un galop haletant.

Les bruits se superposent et m'indisposent. Le gong des cymbales ne cesse de retentir mêlé à la frappe du piano.

J'ai fermé les yeux. La musique pénètre en moi. Je suis en symbiose avec son rythme obsédant. Les croches, les dièses et les bémols se métamorphosent en une symphonie meurtrière. Le rythme s'accélère et je suis en quasi-apnée, le cœur au bord des lèvres. Je sens que je me consume. En moi, brûle un feu, celui du désir éteint depuis trop d'années. L'anhédonie a pris possession de mes sens et plus rien ne peut les attiser.

Voilà qu'au loin un grondement surgit et se rapproche. Comme un barrage dont les digues se sont rompues, une mer de mes larmes se répand et dévaste tout sur son passage. Ma feuille encrée de mes mots et maux n'est plus que constellation de taches délavées.

Le gong retentit à nouveau. Je sombre et m'enlise dans ce magma déliquescent de la gamme musicale. Mon imaginaire fredonne des cantiques de misère sur des champs de bataille dévastés par la folie des Hommes. Je me pelotonne dans mon linceul immaculé.

Mon salut n'est pas pour aujourd'hui, je dois me rendre à l'évidence, ai-je à peine le temps de penser avant que la musique ne s'arrête et qu'un rideau noir ne recouvre ma conscience pour l'éternité.

Ah le doux et délicat trépas...

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