Liliane.

Dans le jet, je reste silencieuse et anxieuse, n'ayant aucun contact avec James, je ne sais pas ce qui va y avoir sur cette île privée et dans quel genre d'affaires Julian est impliqué.

Depuis que Julian Gabrilov est entré dans ma ligne de mire j'ai toujours eu une longueur d'avance sur lui. Mais là je suis vraiment dans l'ignorance totale.

En levant la tête je remarque le regard perçant de Julian sur moi. Il me regarde d'une telle intensité que je sens mon corps consumé par des flammes.

-Je voudrai savoir à quoi tu penses Liliane, tu as l'air très songeuse.

Je hausse mes épaules d'un air faussement négligé.

-Je me trouve dans un jet privé accompagnée d'un psychopathe, j'essaie de comprendre ce que j'ai foiré dans ma vie pour mériter ça.

Il se redresse en affichant un sourire dont lui seul détient le secret. A vrai dire, j'aime quand il sourit comme ça.

-Tu vois, je suis perdu. Généralement quand une fille se fait enlever par un psychopathe elle réagit autrement, elle le supplie de ne pas la tuer, de la laisser partir, de la laisser contacter sa famille pour les rassurer, d'accepter tout ce qu'il lui fait par peur de se faire tuer, mais toi Liliane, toi tu n'es rien de tout ça, j'aimerai juste comprendre ce qui se passe dans ta tête. Car si on étudie bien la situation tu semble bien plus psychopathe que moi.

Je prends le verre d'eau qui se trouve sur la petite table que j'avale d'un trait. En tout cas, une chose est sure je ne serai jamais comédienne. Si je continue comme ça, il va tout savoir.

-Chacun réagit au choc à sa façon.

Il sourit de plus belle face à ma réponse.

-Et ben ta façon Liliane est peu convaincante. Mais ce n'est qu'une question de temps.

Je plisse les yeux en ne comprenant à quoi fait-il référence.

-Une question de temps ?

-Oui, pour découvrir qui est la vraie Liliane, et une fois fait, je saurai comment te détruire de la plus merveilleuse des façons. Son ton est faussement mielleux ce qui provoque en moi des frissons que je n'ai jamais ressentis, une fois dans ma vie je ressens de la peur.

J'ai sous-estimé Julian, je croyais qu'il était mauvais et dépourvu de sentiments comme toutes les personnes faisant partie de ce monde, mais j'avais tort il n'est pas mauvais il est cruel et il n'est pas dépourvu de sentiment, il n'a pas de cœur du tout. Si ça avait été une autre fille à ma place elle serait pétrifiée par cet homme.

Je me suis longtemps demandé ce que Julian Gabrilov voulait faire à L sans me préoccuper vraiment de ce qu'il voulait faire de moi.

J'avale de travers ma salive en même temps que l'avion fait une secousse. Mes yeux fixe le diable en face de moi, un diable vêtu d'une chemise blanche avec quelques boutons ouverts qui font de lui l'homme le plus désirable de terre entière. Finalement il a peut-être raison, j'ai des pensés psychotiques. Je n'ai jamais été partagée entre le désir, la peur, et l'adrénaline.

Je calle ma tête contre le dossier de mon siège et je ferme les yeux, je n'ai pas beaucoup dormi ces derniers temps, quelques secondes plus tard les bruits autours de moi deviennent de plus en plus flous, puis je m'abandonne au sommeil.

Un son important me fait ouvrir les yeux c'est celui de l'avion. Je vois Julian de bout qui arrange sa chemise et met ses lunettes de soleil.

-Lève-toi. M'ordonne-t-il d'une voix autoritaire.

Je ne réponds pas à son ordre et au lieu de me lever je le fixe davantage. D'un geste rapide sa main prend mon bras violemment et me fait lever brusquement. J'affiche une grimace de douleur, car j'ai eu vraiment mal.

Sa main prend ensuite ma gorge et la serre pas assez pour m'étrangler mais assez pour me faire mal.

-La prochaine fois que je te demande de faire quelque chose tu le fais tout de suite, est-ce que c'est clair ?

La seule chose que j'ai envie de faire en ce moment c'est de lui donner un coup de pieds dans sa partie intime, de lui asséner un coup de coude sous son menton pour lui casser la mâchoire et de lui foutre une balle dans la tête.

Sa main renforce son emprise.

-Est-ce que c'est clair Liliane ?

Je décide de laisser mon égo de côté, ce n'est pas le moment de tout gâcher, pas sur cette île que je ne connais pas. Ça serait du suicide.

-Oui. Je réponds. Il relâche son emprise en me fixant d'un air satisfait. Ensuite il caresse le haut de mon crane comme on fait pour récompenser un chien de son obéissance.

-Bien.

Il prend ma main et me tire vers l'extérieur de l'appareil. Les rayons du soleil m'aveuglent, après plusieurs papillonnements des cils j'ouvre enfin les yeux et je constate qu'on est bel et bien sur une île.

J'inspire profondément en accueillant l'air marin qui est très agréable. Je remarque au loin une immense villa blanche. Je comprends où je me trouve, on est sur l'ile d'Alexeï Gabrilov, je ne suis jamais venue mais on m'a souvent parlé de cette île.

Nous avançons vers la villa. Je tourne la tête pour voir l'expression de Julian qui est juste implacable. Je risque de lui poser une question.

-Qu'est-ce que vous allez faire sur cette île ?

Il serre ma main dans la sienne.

-Je ne t'ai autorisé de parler.

Il s'est produit quelque chose quand j'ai dormi dans l'avion ? Je ne comprends pas son changement de comportement.

-Je ne comprends pas, tout à l'heure dans l'avion vous n'étiez pas comme ça.

Il s'arrête et me fixe durement, le fait qu'il porte des lunettes de soleil ça le rend encore plus redoutable et aussi bizarre que cela puisse être ça me fait de l'effet.

-Il fallait en profiter alors, car tu vois, quand on quittera cette île tu m'appartiendras Liliane. Tu seras à moi corps et âme.