Somewhere around you

Am-Stram-Gram Voilà ce que je te propose pour ce récit-défi, j'espère que ce sera pas trop dégueulasse xD C'est peut-être un peu long, mais en tout cas j'ai kiffé le faire ! Super bonne idée ce défi x) Hope you enjoy it !


Am regardait le petit corps de son amie. Elle dormait, fatiguée par la lutte perpétuelle qu'ils menaient depuis si longtemps déjà. Survivre, aimer, se venger, et surtout, ne rien lâcher. Car lâcher signifiait mourir, et mourir voulait dire abandonner l'autre.

Cependant, ni Am ni Roxanne n'avaient le droit de s'abandonner. Sur ces pensées, Am fut pris d'un doute soudain, il se redressa vivement pour vérifier que la poitrine de Roxanne n'ait pas cessé de se lever. Soulagé de la voir en mouvement, aussi léger soit-il, si imperceptible que d'autres auraient pu croire que la jeune fille était morte, Am put reposer sa tête sur le sol.

Elle mourrait de faim. Tout comme lui. Le temps passait si vite, sans qu'ils ne sachent vraiment à quelle allure, puisque plus rien n'était là pour leur dire. Plus rien et... plus personne. Am et Roxanne avaient l'angoissante sensation qu'ils ne croiseraient plus personne dans ce monde dévasté et chaotique qui les avait fait grandir, l'un en face de l'autre, inséparables.

C'est pour cela, qu'ils avaient faim. Ils étaient déjà tous morts, et tout fait à immangeables.

Am passa une main frêle dans ses cheveux argentés, à la recherche active d'une solution. Roxanne en face de lui souffla dans son sommeil, sûrement occupée à se battre contre les spectres de ses cauchemars. Am aussi, connaissait ces fantômes. Ils étaient si vrais, provenant d'une réalité nouvelle, qui était née il y avait plusieurs mois déjà.

Roxanne ouvrit enfin les yeux, et croisa le regard attentif d'Am. Un maigre sourire fatigué se dessina lentement sur ses lèvres pâles. Le jeune homme y répondit mentalement, sans que rien ne trahisse l'expression figée de son visage enfantin. Il avait eu envie de répondre physiquement, pourtant incapable de le faire, il se contenta de garder son regard sur Roxanne. Cette dernière ne parla pas immédiatement, certainement trop épuisée. Une grimace douloureuse traversa son visage quelques secondes alors qu'elle cambrait son dos pour l'étirer. Elle contempla les nombreux arbres qui cachaient le ciel un instant, la tête lourde.

- On va mourir, dit enfin la jeune fille, le regard toujours perdu entre les branchages épais.

- Pas encore, répondit le jeune homme avec un manque de conviction effrayant.

Il le pensait si fort lui aussi. Il se leva doucement, prenant appui sur ses membres fragiles. Il prit ses indispensables armes avant d'encourager Roxanne à le suivre.

- Ça sert à rien, soupira-t-elle la tête penchée de côté, là où Am était assis quelques secondes auparavant.

Le garçon aux cheveux blancs pinça ses lèvres, regroupant toute la patience dont il avait besoin. Il se laissa tomber sur ses genoux qui butèrent sur l'humus de la forêt où ils s'étaient réfugiés, et posa une main sur l'épaule de son binôme.

- Je vais pas y arriver sans toi, murmura-t-il.

Roxanne tourna son regard vers lui, les pupilles si vides et froides, dénuées de la joie qui logeait à l'intérieur avant tout ça. Elle s'assit juste en face de lui, ses cheveux soulevant quelques feuilles brunies.

Am se remit sur ses pieds, et lança un regard circulaire à la recherche d'un quelconque mouvement. Mais les alentours restaient obstinément calmes. Roxanne se leva à sa suite, incapable de laisser son ami continuer seul.

Combien de fois avait-elle pensé à lui demander de la tuer.

Mais il y avait eu tant de chose partagées, depuis les plus petits sourires, jusqu'aux souffrances les plus fulgurantes. D'abord hésitant, mais désireux d'avancer, Am tendit sa main pour que Roxanne la prenne dans la sienne.

Il le savait, le contact physique mettait si facilement en confiance, et donnait avantageusement l'illusion de la force. Les deux avancèrent alors, poussés par une force qui n'existaient que de façon lointaine, sûrement un mélange de faim et d'espoir fané.

Am tapait sa hache contre les arbres, pour briser ce manque de bruit, soutenu par le silence de la forêt et l'absence de communication entre eux deux. Il avait besoin d'entendre quelque chose, tout, n'importe quoi, mais ne plus se laisser envahir par ce souffle insupportable qui laissait entendre la mort.

- Je suis fatiguée... chuchota presque Roxanne qui marchait derrière Am, tenant toujours sa main.

- Il faut sortir de la forêt, répondit-il sans avouer ses propres faiblesses.

Enfin, le soleil devint plus puissant, plus agressif, les arbres n'étant plus là pour protéger leurs yeux et leurs têtes. Am s'arrêta à la lisière, pour voir ce qui les attendait. Il laissa sa hache tomber le long de son corps lorsqu'il vit une ville lointaine et inanimée.

- On est si loin, fit remarquer son amie à mi-voix.

- On était obligés, répondit Am pour ne pas tout à fait se laisser tomber sur sol, on devait leur échapper.

Am se remit en route, tirant un peu sur le bras de Roxanne pour l'enjoindre à le suivre. Son cerveau ne cessait de répéter une seule et même phrase, rythmant sa marche : On va y arriver, on va y arriver, on va y arriver, tournait en boucle dans son esprit, infatigablement, et même inconsciemment au bout d'un certain temps. Quatre mots simples qui suffisaient à le faire continuer. Pour l'instant.

Leurs pas les amenèrent à une route goudronnée qu'ils décidèrent de suivre, dans l'espoir de ne pas les croiser eux. Après quelques minutes, Roxanne s'arrêta brusquement.

- Am, regarde, appela-t-elle la tête tournée vers la droite.

Le jeune homme fronça les sourcils, et dirigea son regard vers le lieu indiqué par sa compagne de route. Il vit quelque chose bouger, se remuer, identifiant ces mouvements comme étant ceux provoqués par la souffrance. Roxanne lâcha sa main et se rapprocha de la forme indistincte. Am la suivit prudemment, le regard guettant toujours les alentours.

La jeune fille posa deux mains sur sa bouche dans une inspiration surprise. C'était un petit animal, vraisemblablement un raton-laveur ou quelque chose qui y ressemblait. Il se mit à couiner en se démenant sur le sol, empêtré dans son propre corps, plusieurs plaies ouvertes et saignantes, l'apparence écœurante et anormale.

Curieux, Am se baissa pour tâter l'animal du bout de sa hache. Ce dernier se tordit alors pour prendre l'épaisse lame entre ses dents et tenter de la mordre avec brutalité. Am se recula, de peur que le raton-laveur ne l'attaque lui ou Roxanne. Les plaies purulentes de la bête suintèrent, et l'odeur nauséabonde se fit plus vive.

- Il est... enfin, il est... commença Roxanne sans arriver à quitter le petit animal des yeux.

Am leva son regard inquiété sur elle. S'ils s'attaquaient aux animaux, ils étaient perdus. La phrase, il fallait qu'Am se dise la phrase. La seul et même phrase qui remplissait son cerveau, ses pensées, ses angoisses. Les mots, quels étaient les mots ? Il se souvenait de leur sens : ils comportaient lui et elle, et ils signifiaient l'avancée, peut-être même le triomphe.

- On va y arriver, dit-il enfin la voix perdue dans le vide.

Et dans un mouvement brutal, la phrase reprit sa progression circulaire dans l'esprit du garçon. Il observa la bête un dernier instant, étudiant attentivement toutes ses cicatrices, ses blessures, et cet air vorace qui s'affichait sur son visage. Enfin, il reprit la main de Roxanne et l'emporta avec lui pour rejoindre la ville.

Les deux adolescents arrivèrent dans les rues où les cadavres dépassaient des trottoirs et où l'odeur de la mort et du sang attaquait leurs narines dans des effluves insupportables.

Lorsqu'un chat sortit d'une poubelle sous leurs yeux, surement comme eux à a recherche de nourriture, Am et Roxanne se précipitèrent derrière lui. Il se réfugia sous une voiture, et les deux se laissèrent tomber sur le sol pour voir où il était exactement.

- Minou minou minou, appela Roxanne tranquillement avec quelques petits bruits de langue pour l'attirer.

- Attends, dit Am en se levant alors que le chat feulait dans sa direction.

Le garçon laissa sa jeune amie appeler le chat pendant qu'il cherchait quelque chose d'assez long pour le pousser. Il trouva enfin un long morceau de bois, et se précipita à nouveau vers la voiture sans faire trop de bruit en marchant pour ne pas les attirer, s'il y avait quelques morts survivants ici.

Il dirigea l'épais bois vers le chat avec difficulté pour le pousser sans ménagement vers Roxanne. Résistant, le chat feula et gémit contre le bois en lui donnant des coups de pattes acharnés. Lorsqu'il fut assez près, Roxanne attrapa sa fourrure crasseuse pour le prendre.

- Viens m'aider ! demanda-t-elle alors que le chat se débattait sous ses mains.

Les deux adolescents purent l'immobiliser, Am récupéra sa hache, et, avec un sourire satisfait, ils se reculèrent dans un endroit calme, un immeuble depuis bien longtemps abandonné.

- A table ! dit Am impatient de manger.

Il leva sa hache sur le chat qui eut un premier gémissement de douleur. Déçu de cette frappe ratée, Am fit la moue, et leva une seconde fois l'épaisse arme qui lui pesait sur le bras, pour achever l'animal. Peau et poils retirés après une lutte difficile tant il était dur, les deux adolescents se jetèrent sur la chaire capricieuse et résistante pour la mâcher et l'avaler sans se poser de question.

C'était moins copieux qu'un corps humain, mais ils s'en contenteraient volontiers.

Ils avaient réussi, enfin, pensa Am. Pour aujourd'hui, du moins. Et son cœur s'allégea lorsqu'il vit le sourire repu sur les lèvres de son amie, qui était encore si jeune, et pourtant si courageuse.

Bientôt, ils devraient recommencer, priant toujours si fort pour que rien ne leur arrive, pour que ni l'un ni l'autre ne devienne l'un des leurs.

On va y arriver.

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