7. Au-delà du brouillard...

Alisha avait toujours connu ce chemin, et toujours le brouillard lui avait caché sa fin. Elle y était habituée, du haut de ses huit ans. Mais souvent, elle se demandait ce qui se trouvait après. Il y avait la forêt, d'après ses parents, et c'était pour ça qu'elle ne devait pas y aller. 

De nombreuses fois, ils le lui avait dit. N'y va pas, c'est dangereux ! Alisha, reviens, tu risquerais de te perdre ! 

Mais pour elle, les chemins et les mystères étaient fait pour être résolus. Si ce chemin se finissait dans le brouillard, c'était qu'il y avait quelque chose de magique à découvrir, après. 

Son esprit de petite fille lui disait que, peut-être, la forêt abritait des fées. Elle s'imaginait facilement des créatures sublimes, aux ailes colorées comme des vitraux. De magnifiques petites créatures qui l'auraient emmenée vers un monde de magie et d'aventures.

Mais ses parents le lui interdisait... Alors elle se contentait de rêver, dans le jardin derrière sa maison, contemplant le petit chemin qui s'enfonçait ailleurs. La tentation était tellement forte d'y aller, mais elle était trop petite. 

Et elle devait se l'avouer, elle avait peur de se perdre en forêt. De plus, à chaque fois qu'elle s'approchait trop près du chemin, elle frissonnait et la chair de poule couvrait ses bras.

Mais un jour, pendant qu'elle rêvassait à son habitude, l'une des fée de ses rêves vint la voir. Elle était si délicate, si belle, exactement comme Alisha se l'était imaginée. La petite fée voleta un moment à ses côtés, avant de filer vers le jardin. 

La petite fille la suivit, mais pila net lorsque le fée fit mine de s'enfoncer dans la brume, au bout du chemin. Elle fut tentée de la suivre, mais elle avait promis à sa mère de ne jamais aller au-delà du brouillard. Alisha secoua le tête.

- Je ne peux pas te suivre, petit fée... J'ai promis.

La fragile créature fit un signe de tête, insistant pour qu'Alisha la suive, mais la petite refusait. Alors, baissant la tête comme si elle était triste, la fée partit seule vers la forêt. 

Alisha s'en voulut un moment, mais elle était fière d'avoir respecté sa promesse. Cependant, les jours suivant la trouvèrent mélancolique. Sa fée lui manquait, et elle aurait voulu découvrir ses amies. 

Mais la petit fée revint, sans plus vouloir l'emmener vers le chemin. Elle se contentait de voler à ses côtés, comme un petit ange gardien. La petite fille en était contente, elle qui se sentait parfois si seule avait enfin une amie ! 

Et la fée revenait, encore et encore. Sans un mot, sans un quelconque bruit, elle ne faisait que voler et amuser Alisha. 

Et petit à petit, le désir de voir d'autres fées grandit en elle. Elle voulut découvrir si elles étaient toutes semblables, ou si leurs ailes possédaient milles couleurs différentes. Si elles étaient toutes aussi agiles que son amie, ou si certaines étaient un peu empotées. 

Et petit à petit, réprimant le frisson qui la parcourait lorsqu'elle approchait du chemin, elle s'aventura de plus en plus loin, toujours avec sa fée. Et ses parents ne remarquaient rien. Ni le fait qu'elle semblait s'amuser seule, ni le fait qu'elle se rapprochait de la forêt de jour en jour. 

Jusqu'au moment où Alisha en eut marre d'avoir peur. Elle décida que, frisson ou pas, elle allait suivre sa fée. Ce soir-là, lorsque celle-ci repartit vers chez elle, le petite fille la suivit. 

La fée la fixa un instant, puis sourit. Obnubilée par sa soif de découverte, Alisha ne vit rien de malsain dans ce sourire. Et pourtant...

Elle suivit sa fée sur le chemin, jusqu'à la brume. Sa mère, sur la terrasse, l'aperçut. 

- Alisha ! Alisha, reviens ! Tu vas te perdre !

Mais Alisha n'entendait pas, trop concentrée à suivre sa fée. Affolée, la pauvre mère appela son mari et courut pour la suivre. Mais il était trop tard. 

La petite fille avait disparu dans le brouillard. 

Les heures suivantes, ses parents et la police la cherchèrent sans relâche, en vain. Tout ce qu'ils découvrirent fut la robe de la petite fille, soigneusement pliée, au pied d'un arbre. 

On raconte que dans la forêt, on entend parfois dans la journée un rire cristallin qui éclate comme une bulle de bonheur. D'autres voyageurs, qui sont passés de nuit, racontent péniblement qu'eux ont entendus des pleurs et des cris de désespoir. Mais tous ont déjà vu de soudains éclats de lumière, comme des ailes de papillons qui ressembleraient à des vitraux...


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