Tic-tac.

Tic-tac.

Encore et encore. Le bruit incessant et infernal du temps qui s'égrène, des secondes qui se succèdent, inlassablement. Depuis combien de temps suis-je ici ? Je n'en sais rien. 

Les secondes se confondent aux minutes, les heures aux jours. 

Tout ce dont je me rappelle, c'est elle. Elle et ses longs cheveux, son magnifique visage et son sourire, tout aussi beau mais légèrement malsain. 

"Que le jeu commence ! Un conseil : ne regarde pas l'heure..." a-t-elle dit. 

Alors c'est ce que je fais. Je ne regarde pas l'heure. Au début, j'ai voulu compter les secondes, avec ce tic-tac incessant. Mais j'ai cru devenir folle. Alors j'ai arrêté. 

Et maintenant, recroquevillée sur moi-même, j'attends. J'attends que le temps passe, j'attends que tout s'arrête. Je ne sais pas pourquoi je ne dois pas regarder l'heure, mais je sais - non, je ressens ! - que si je ne respecte pas la consigne, les conséquences seront terribles. Rien qu'à y penser, un frisson me parcourt.

Soudain, le tic-tac s'accélère. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Je n'ai pas regardé l'heure, je le jure ! Je tremble de tous mes membres. Non, non, pitié, je n'ai pas regardé... 

Lentement, je porte mes mains à ma tête. Ce tic-tac me rend folle, il me martèle le crâne. Je n'en peux plus, il faut que ça cesse ! 

L'idée de regarder cette maudite horloge se fraye un chemin dans ma tête,petit à petit, vicieusement. Non, je ne peux pas regarder. Mais... Mais si tout s'arrêtait ? 

Les larmes coulent sur mes joues, je tremble, j'ai froid et j'ai peur. 

Tic-tac, tic-tac, tic-tac ! 

Arrêtez, arrêtez, pitié ! J'ai l'impression que ce bruit horrible m'attaque physiquement. J'ai juste à tourner la tête... Juste tourner la tête... Ce n'est pas grand chose après tout. Je n'ai rien à perdre, je ne peux pas en supporter plus. 

A travers mes larmes, je souris tristement. Oui, je vais le faire, tout finira. 

Je me retourne, fixe cette horloge qui me harcèle depuis trop longtemps. D'un coup, les aiguilles s'arrêtent, le tic-tac avec. 

Je me mets à rire de manière incontrôlable. Je ne sais pas pourquoi. Le soulagement, la peur ? Je m'en fous. Tout s'est arrêté. 

J'entends la porte s'ouvrir. A travers mon rire d'hystérique, je distingue la femme qui m'a conduite ici. Son sourire est encore plus malsain, dérangeant. Et elle me fixe de ses yeux qui semblent briller d'anticipation. Je ne veux pas savoir ce qu'elle attend...

"Le jeu est fini... Tu as perdu"

Oui... J'ai perdu. Alors qu'une ombre me recouvre doucement, je souris, apaisée. C'est fini. Plus jamais je ne serai dans la cage du temps...