S11 - Thème "Amour interdit"

Le chat et la souris

Déterminée à arriver à ses fins, elle met toute son énergie dans le plan qu'elle a mûrement élaboré depuis plusieurs mois.

Héloïse Cordinot, 30 ans, cambrioleuse multirécidiviste, s'est encore évadée de prison. C'est sa septième cavale en cinq ans, mais il finit toujours par la retrouver. Mais dans le fond, n'est-ce pas ce qu'elle cherche ?

Sa photo est affichée dans tous les commissariats de police de la région avec, en-dessous de son identité, le surnom dont les agents l'ont affublée : « L'anguille amoureuse ». Pourquoi ce sobriquet ? Simplement parce qu'au fil de ses escapades, elle laisse trainer des petits mots doux ou des déclarations enflammées à l'attention d'un homme dont, pour le moment, personne n'a découvert l'identité. Mais les rumeurs allaient bon train.

Pendant que l'équipe du lieutenant Damien Verdian interroge le personnel pénitentiaire, Héloïse enclenche la première étape de son plan en action.

Terrée dans un fourré du parc de jeu, elle attire une petite fille à elle et lui remet une enveloppe, avec pour consigne de la déposer, avec sa maman, dans la boîte aux lettres du commissariat après la fermeture. A l'intérieur, un message sibyllin composé avec des lettres découpées dans un magazine.

« J'ADORE JOUER AU CHAT ET LA SOURIS ! MAIS QUI SERA LE CHAT QUI M'ATTRAPERA ? »

Dès que la fillette tourne les talons, la fugitive prend discrètement la poudre d'escampette.

Le lendemain matin, Damien repère rapidement ledit courrier, préalablement ouvert et mis sous scellé, posé en évidence sur le clavier de son ordinateur. Après l'avoir lu, il le rajoute à la liste des pièces à conviction et convoque son équipe pour leur présenter la nouvelle preuve et lancer un brainstorming.

De son côté, Héloïse continue de tracer son chemin, comme un petit poucet. Dans la nuit, elle a collé des affichettes représentant des scènes romantiques sur les vitrines des boutiques de la ville. Toutes comportent également, en bas et à droite, un petit cœur avec, à l'intérieur, les initiales H et L entrelacées.

Les policiers affectés à l'enquête, habitués au mode de fonctionnement de la fuyarde, écument les rues à la recherche de ces fameux indices. Elle fait le même coup à chaque fois ! A croire qu'elle ne s'évade que pour le plaisir d'être rattrapée. Mais pourquoi ? Que fait-elle de ses journées ? Où peut-elle bien se cacher ? Mais surtout, qui est donc ce fameux L ? En se basant au format de ses signatures, ils penchent plutôt pour un amant. Mais elle est maligne la bougresse ! Depuis sa première arrestation, elle reste muette à ce sujet et, malgré les nombreuses heures d'interrogatoire, ils ne savent toujours rien à son sujet. La seule information quasiment sûre qu'ils connaissent, c'est qu'il habite dans les parages et qu'elle part le rejoindre à chacune de ses escapades. Sinon, elle serait déjà très loin.

Mais où se retrouvent-ils ? Chez lui ? A l'hôtel ? Chez un complice ?

Les fois précédentes, ils avaient réussi à remettre la main sur elle en analysant les missives qu'elle éparpille un peu partout sur son passage. Et, aussi étrange que cela puisse paraître (mais qu'est-ce qui ne l'est pas dans son mode de fonctionnement...), au lieu de fuir dès que la cavalerie arrivait, elle attendait bien sagement, les mains tendues devant elle pour faciliter le passage des menottes !

Pendant qu'ils se creusent les méninges, Héloïse se dépêche de rejoindre son bel et tendre L qui l'attend dans leur nid d'amour. Guettant sa venue, caché derrière un rideau, il se hâte de la faire entrer et de refermer la porte derrière elle. Elle se jette dans ses bras, les faisant tous deux basculer sur le lit.

- Ma chérie, ça fait si longtemps, soupire L en l'embrassant fougueusement.

- Toi aussi tu m'as manqué mon amour. Ces derniers mois sans quasiment jamais te voir ont été un véritable supplice.

- Pour moi aussi, mais tu sais bien qu'il me faut une excellente raison pour pouvoir venir te voir. Notre relation ne devrait pas être. Si mes supérieurs découvrent la vérité, je risque mon poste !

- Je commence à le savoir. Tu me le rabâches à chaque fois, râla Héloïse. Arrêtons de parler de ça et profitons de ce moment. Il ne durera pas indéfiniment.

Elle ne croyait pas si bien dire. Une trentaine de minutes plus tard, alors qu'ils sont en plein ébats, ils voient la porte de leur chambre d'hôtel s'ouvrir à la volée et entendirent « POLICE !!! NE BOUGEZ PAS !!! ».

Un escadron de policiers entre et le capitaine Sporingot lit leurs droits aux amoureux.

- Madame CORDINOT Héloïse Gaëlle, vous êtes en état d'arrestation pour évasion. Vous avez le droit de faire appel à un avocat. Si vous n'en avez pas les moyens, vous pourrez bénéficier d'un avocat commis d'office. Vous serez présentée devant un juge d'instruction en comparution immédiate.

Lieutenant VERDIAN Damien Louis, vous êtes en état d'arrestation pour complicité d'évasion et rétention d'informations. Vous avez le droit de faire appel à un avocat. Si vous n'en avez pas les moyens, vous pourrez bénéficier d'un avocat commis d'office. Votre serez immédiatement placé en détention provisoire et votre dossier sera transféré aux services de l'Inspection Générale de la Police Nationale.

Puis, reprenant un ton plus bas, il s'adresse directement à son subalterne :

- Damien, on dit que l'amour rend aveugle et ça s'est malheureusement vérifié avec vous. Je ne comprends pas que vous ayez préféré privilégier votre histoire plutôt que votre travail.

- Je vous avoue que je ne comprends pas vraiment non plus pourquoi mon Capitaine. Ça ne s'explique pas. J'ai beau essayer de me raisonner, je n'arrive pas à me séparer d'elle.

- Il va bien falloir pourtant. Au moins pendant quelques années. Elle va être placée dans un quartier de haute sécurité et vous, en entrant dans le collimateur de l'IGPN, vous ne pourrez plus faire un mouvement sans qu'ils en soient avertis...

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