S10 - Thème "Handicap"


Antoine, mon copain très spécial

Aujourd'hui, dans notre classe, nous avons accueilli un nouvel élève. Il s'appelle Antoine. Il a notre âge, mais il est un peu bizarre. Je crois qu'il ne sait rien faire tout seul. Une dame est restée avec lui pour écrire les leçons à sa place et lui expliquer les exercices à faire. Ce n'est pas juste, parce que nous, quand on n'y arrive pas, on n'a personne pour nous aider.

Maîtresse Charlotte nous a expliqué qu'il faudrait être très gentils avec lui parce que c'est un petit garçon différent. Mais on ne la croit pas trop. Quand on le regarde, il a l'air normal. Bon, c'est vrai qu'il n'est pas très bavard, mais il doit être timide. Ce n'est pas facile d'arriver dans une nouvelle école en cours d'année.

A la récré, j'ai été désigné comme son tuteur. Fier comme Artaban, je prends mon rôle très au sérieux. J'attends à côté de lui que tout le monde soit sorti de la classe et nous partons, bras dessus, bras dessous. A la demande de la maîtresse, je lui fais d'abord visiter l'établissement. Quand on a fini le tour, on rejoint les autres enfants dans la cour. Mais j'ai beau l'encourager, rien à faire. Il ne veut pas aller jouer. Alors nous restons assis sur une murette jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. Pendant tout ce temps, il n'a pas décroché un mot. Du coup, j'ai fait comme lui.

De retour en classe, il reprend sa place à côté de la dame et, au lieu de travailler, il se met à dessiner. Je lève alors la main et, une fois qu'elle m'y a autorisé, demande à la maîtresse si nous aussi nous pouvons faire un dessin. Mais je me renfrogne quand elle me répond que non parce que nous avons du travail. Encore une injustice ! Il vient à peine d'arriver et c'est déjà le chouchou !

A la pause déjeuner, devant toujours assumer mon rôle de tuteur, je le guide, un peu moins enthousiaste, en direction de la cantine et l'installe à ma table avec Elisa et Gauthier, mes meilleurs amis. Durant le repas, nous essayons de le faire parler afin d'en savoir un peu plus sur lui. Nous nous présentons chacun notre tour, lui contant nos vies, nos familles, nos loisirs. Ensuite, nous lui posons des questions, sans succès. A croire qu'il est muet... En tout cas, une chose est sûre, c'est qu'il n'est pas sourd car, dès que nous lui adressons la parole, il réagit et nous écoute. Nous finissons, inconsciemment, par discuter tous les trois, en le laissant à l'écart. Ce n'est qu'au dessert que Gauthier réalise notre erreur en le voyant triste, la tête et les épaules baissées. Nous nous empressons de nous excuser auprès de lui et tentons de l'intégrer dans nos échanges.

A l'interclasse, nous lui proposons de communiquer autrement avec nous. S'il ne veut pas ou ne peut pas parler, peut-être qu'il peut écrire. Elisa court auprès de maîtresse Charlotte pour lui demander l'autorisation d'aller en classe chercher un cahier de brouillon et un stylo. D'abord réticente, elle finit par accepter quand mon amie lui explique pourquoi elle en a besoin.

Nous nous asseyons en cercle et recommençons à l'interroger, espérant enfin avoir des réponses. Mais au lieu d'écrire, il se remet à dessiner. A croire qu'il ne sait faire que ça... Un peu dépités, on le laisse faire en se jetant des coups d'œil discrets. Toutefois, quand il nous le montre, nous sommes tous agréablement surpris. Il nous a représenté tous les quatre, dans la position dans laquelle nous nous trouvons. Il a un talent incroyable ! Moi qui sais à peine tracer les contours d'une maison, je suis drôlement impressionné.

L'après-midi se déroule de la même manière que la matinée. A la fin de la journée, j'attends que la classe soit vide avant de me diriger, hésitant, vers maîtresse Charlotte.

« Que veux-tu Clément ? » me demande-t-elle.

Je me tortille devant son bureau, tout gêné. Elle me couve de son regard tendre, attendant que je me décide à exprimer ce que j'ai sur le cœur.

- C'est... c'est... c'est au sujet d'Antoine madame, me lancé-je.

- Oui, qu'y a-t-il ?

- Pourquoi il ne parle pas ? On a été gentils avec lui toute la journée, on l'a interrogé, mais il n'a rien dit. Pas un mot. Par contre, il a fait un super dessin de nous quatre. Pourquoi il n'est pas comme nous ?

- Je comprends ta curiosité mon grand, mais je ne suis pas autorisée à te répondre sans avoir son accord. Si tu veux bien, nous lui demanderons demain.

- Bon, d'accord, lui réponds-je encore plus frustré.

Le lendemain, Antoine et son accompagnatrice nous accueille en classe, maîtresse Charlotte se tenant en retrait derrière eux, souriante.

Quand nous sommes tous assis et attentifs, la dame s'adresse à nous, une main posée sur l'épaule de mon copain.

- Bonjour les enfants.

- Bonjour Madame ! répondons-nous tous en chœur.

- Je m'excuse de ne pas m'être présentée à vous hier, mais ce jeune homme et moi voulions voir comment se déroulerait la journée avant de vous parler de lui et surtout, de son trouble. J'ai été témoin de vos efforts pour communiquer avec lui malgré son mutisme et, surtout, du fait que vous l'ayez quand même intégré à votre groupe, dit-elle en s'adressant à moi. Je m'appelle Audrey et je suis l'auxiliaire de vie scolaire d'Antoine. Je serai à ses côtés tous les jours car, comme vous avez pu le constater, il ne parle pas et ne sait pas aussi bien lire et écrire que vous.

- Mais il sait vachement mieux dessiner que nous ! lancé-je à la cantonade.

- Oui, effectivement. Il a un talent inné pour les arts plastiques.

- Il a quoi comme maladie ?

- Antoine souffre de ce qu'on appelle un Trouble du Spectre Autistique. Ce n'est pas vraiment une maladie, car on ne peut pas le soigner. C'est un handicap qui l'empêche de faire certaines choses comme interagir avec vous, même s'il en a envie car il se met dans une sorte de bulle de protection. Mais à côté de ça, il est extrêmement doué dans des domaines plutôt artistiques. Je compte sur vous pour continuer à passer du temps avec lui durant les récréations. Il a beaucoup aimé la journée d'hier et il était pressé de revenir ce matin.

Pendant encore presqu'une heure, nous avons pu lui poser toutes les questions qui nous passaient par la tête et Audrey y répondait.

Afin d'être sûre que nous avions bien tout compris, maîtresse Charlotte nous proposa de faire une rédaction non notée sur l'autisme.

J'ai appelé la mienne : Antoine, mon copain très spécial.

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