Je m'approche de mon miroir, et le reflet qu'il me renvoie est des plus pathétiques : mes yeux rouges sont cernés de noir par le mascara qui a coulé, mes cheveux auparavant dorés et soyeux semblent ternes et emmêlés et mon visage est pâle comme jamais. Mais le plus important... c'est mon cœur brisé.
Je ne sais pas, de la colère ou de la tristesse, lequel est le plus puissant. Les deux me détruisent de l'intérieur, rongeant petit à petit ma joie de vivre et mon enthousiasme.

Trois coups sont frappés à la porte de ma chambre. Je m'empresse de dissimuler mon visage baigné de larmes derrière mes cheveux, avant que ce garçon, lui, qui m'a tant fait souffrir, entre. Il s'approche de mon lit et s'assoit sans un mot près de moi.
Un long silence s'installe, sans doute l'un des plus gênants de son existence, avant qu'il ne se décide enfin à le rompre.

— Je... Je suis désolé, je ne pensais à... à ça.

Je ne répond pas, consciente que ma voix trahirait mes pleurs.

— Hé... Tous les deux, on se connaît depuis longtemps. C'est ça le principal, non ?

De ses doigts fins, il range mes mèches blondes derrière mes oreilles. Je n'ai plus aucune façon de cacher mes sanglots, alors je me lève et lui tourne le dos.

— Je n'ai plus besoin de toi.

— Très bien, je m'en vais. Appelle–moi si tu changes d'avis.

Il se dirige vers la porte, avant de sortir en la renfermant délicatement derrière lui.

— Oh, si tu savais comme j'ai envie de te rappeler...

Je chuchote ; je ne veux pas qu'il m'entende. Et puis d'un coup, c'est trop, je me jette sur mon lit en me promettant de ne pas en sortir avant la nuit. Tant pis si je ne mange pas : personne ne dois me voir dans cet état. Personne ne dois me poser de questions, sinon, qu'est-ce que je pourrais bien répondre ? Je ne suis qu'une pauvre fille détruite... Me remémorer tous les instants passés avec lui, alors que plus jamais nous ne recommencerons à passer nos journées ensemble, est trop difficile. Je ne veux plus le voir. Jamais. Il a rendu mon cœur défaillant.