XXXV

Il est enfin là ! Bonne lecture mes pandas🔥

3 mai 2015, 10h et quelques.

- Rosen, ton ami est arrivé !

J'inspire, la boule au ventre. Mais qu'est-ce qu'il m'a pris de l'inviter à deux heures du matin aussi ? La fatigue, la peur, le besoin du pardon. Une foule de sentiments qui m'ont foutu en vrac en trois semaines. Qu'est-ce qu'il lui a pris d'accepter ? Ça, je le saurai après. Je passe une main dans mes cheveux alors que ma grand-mère m'appelle à nouveau.

Mon dieu, j'ai peur. Je sors de ma chambre et me dirige à pas de loup vers le salon. Je stress, j'ai les mains qui tremblent, l'estomac qui danse la salsa. Je ne sais pas comment ça va se passer. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de lui dire de venir. Je ne comprends pas non plus pourquoi il l'a fait. On a fait ça sur un coup de tête. Et je ne regrette tellement pas en réalité. Je me pisse juste dessus.

Mais il est là, à l'entrée. Je ne peux plus m'échapper -sauf si je décide de sauter par la fenêtre de ma chambre- alors j'inspire un grand coup pour me donner du courage. Il m'attend, il a battu tout les kilomètres pour venir passer une journée avec moi. Juste une. Quelques heures misérables. Mais il l'a fait. Mon cœur s'emballe brusquement. Bordel.

Quand je me décide d'enfin descendre, je crois réellement que je vais tomber dans les pommes. Il est beau, il est putain de beau. Et il est dos à moi. Je me mords la lèvre, détaille son corps. Le t-shirt bordeaux qu'il porte me laisse apercevoir ses muscles. Oui, il avait raison, il est clairement bien foutu. Au point de me faire ébouillanter. J'inspire et m'avance. Je vais m'évanouir dans quelques instants.

- Oh enfin !, soupire ma grand-mère et Maël se tourne vivement vers moi.

Bordel. Ses yeux se plongent dans les miens et ses lèvres s'étirent d'un coup. Puis je prends conscience d'une chose : il est épuisé, ses cernes sous ses yeux le prouvent. C'est de ma faute. Je le sais. Je n'aurai pas dû lui dire de venir en pleine nuit. Je glisse une main dans mes cheveux, mes joues rougissent et je souris vaguement.

- Euh, salut, je souffle.

- Bonjour, rit-il et mon coeur se serre.

Oh ce rire. Qu'il est beau. Je tique : Maël est devant moi. Alors que je n'y croyais jamais. J'ai toujours dit que je n'avais pas confiance dans les relations virtuels. Mais j'ai mis ma confiance dans Maël et là, j'ai la preuve même que je le peux. Qu'il me prouve que c'est une bonne chose. Bordel, pourquoi j'ai autant agi comme un con ?

Les yeux de ma grands-mères passent de lui à moi et vice-versa. Je soupire et me détourne. Elle se pose des questions depuis que je lui ai dis que Maël devait venir. Parce que oui, elle sait qu'on se connait par Internet. Même si mes cons de parents ont désiré tout foutre en l'air, j'ai rattrapé leurs erreurs et ma relation avec mes grands-parents a retrouvé toute sa superbe. Pour mon plus grand bonheur. 

- Viens, on bouge dans ma chambre, je murmure et j'entends ses pas me poursuivre alors qu'il pouffe.

- Tu vas bien ?, lâche-t-il quelques secondes après.

Sa voix résonne dans mon dos et je frissonne. Mes doigts sont toujours secoués, ma boule dans mon ventre ne part pas. Je flippe que ça ne se passe pas comme prévu. Qu'au final, Maël se rende compte que je ne suis pas aussi intéressant qu'il le croit. Je hoche la tête, mon sang éclatant dans mes tempes. Maël ne parle pas un mot, il me suit, regardant simplement autour de lui. Est-il autant gêné que moi ? Parce que personnellement, je ne sais pas du tout comment la journée va se dérouler, comment la suite se passera. J'ai peur oui. 

Dans ma chambre, il dépose son sac contre le mur et s'affale de tout son long dans mon lit. Ses doigts agrippent mon coussin et il niche son visage en plein milieu, soupirant. Je reste debout, près de lui et tape mes doigts contre mes cuisses. Je n'ose pas bouger alors que je suis chez moi, dans ma chambre. Je suis perturbé.

- Je suis mort, grogne-t-il soudainement en se tournant vers moi. Et, viens là bébé.

Mes yeux s'écarquillent, mes joues deviennent rouges. "Bébé". Mes dents s'enfoncent dans ma lèvre. Maël se relève alors sur un coude, son autre main attrape violemment mon avant-bras. Et en quelque secondes, je suis allongé sur le lit, la tête bloquée contre le torse de mon ami. Des frissons s'aventurent tout le long de mon dos et je soupire. Ses bras glissent dans mon dos alors qu'il roule sur le dos. Enfoui contre son torse, je suis figé. L'impression est tellement drôle : j'ai chaud, froid, je tremble, je ne sais pas ce qu'il se passe réellement. Je ne réalise pas qu'il est là. Je n'y arrive pas.

- J'avais oublié de te dire un truc sur moi au fait, souffle-t-il et je souris en respirant son odeur.

Il n'est pas là longtemps, je veux en profiter un maximum. Autant que possible. C'est tellement surréaliste. Il me tient dans ses bras, contre lui. Tous mes sens sont éveillés. Je me redresse vaguement et mon pull se relève sur ma hanche. Les doigts de Maël passent sur ma peau et je rougis. La chaleur qu'il laisse sur son passage me remue les tripes et me perturbe tellement plus. 

- Me dire quoi ?, je marmonne en faisant semblant de n'avoir rien ressenti.

- Je suis très tactile. Peut-être trop, rit-il et je souris inconsciemment. Je ne voulais pas te le dire pour pas te faire fuir. Mais bon, maintenant que je t'ai avec moi, tu ne peux pas y échapper. J'en ai trop besoin...

Ses bras remontent sur mes épaules et il me plaque contre lui, niche son nez dans mes cheveux. Je ris doucement et mes doigts remontent sur son torse. J'adore son parfum, j'adore la force de ses bras sur mes épaules. J'adore simplement l'avoir avec moi alors que je n'avais jamais cru que cela arriverait. Et surtout, aussi vite. Virgile m'a toujours dit que ça pouvait être long, très long avant de voir la personne. Et moi, j'ai juste eu à verser quatre larmes et il est là. Je fronce les sourcils et m'écarte doucement.

- Pourquoi tu es venu Maël ?, je marmonne et, à son tour, il fronce les sourcils. Ne crois pas que ça m'embête hein ! Je t'ai dit de venir hein... Je... J'voulais que tu viennes. Je te l'ai demandé hein... Mais euh, c'est pourquoi t'as accepté tu vois ? Il était tard et... je t'avais lâché tu vois, on avait pas...

- Mon dieu Rosen, tais-toi, soupire Maël en roulant des yeux, une main plaquée sur mes lèvres. On va pas déblatérer quinze ans sur ça d'accord ? Ta vie a été chaotique et j'ai ramassé. Tant pis, ce sont des choses qui arrivent. J'aurai préféré qu'on en parle, que tu ne t'emballes pas aussi vite mais je comprends. Et puis, je n'allais pas te faire la gueule comme un gamin alors je suis venu, point final. Virgile m'a dit que... que tu avais maigri, que tu retombais dans une dépression, souffle-t-il et ses mains redescendent sur mes hanches alors qu'il s'assoit, me laissant sur ses cuisses. J'ai eu peur Rosen. Vraiment. Je m'en suis voulu...

- C'est pas ta faute !, je réplique surpris en le coupant.

- Si, j'ai ma part de responsabilités, ne nie pas. C'est pour ça que je suis venu. Parce que je voulais te prouver que peu importe ce que tu veux, je le ferai. Tu m'as dit avoir besoin de moi ? Je suis là. Dans trois mois, tu voudras qu'on se voit pour m'en coller une ? D'accord. 

- Pourquoi je ferai ça ?, je marmonne sans comprendre.

- On s'en fout, c'est un exemple et...

- Maël ?

- Tu coupes constamment les gens ?, grogne-t-il et je pouffe.

- Nan, juste toi. 

- Ouais. Et donc ?

- Je suis content que tu sois là. Je... Quand j'ai reçu ta lettre, je commence en tripotant le bracelet et les doigts de Maël viennent le frôler, me procurant des frissons dans tout le corps, j'ai eu peur que tu me dises que tu me lâches. Tu sais, à cause de mon comportement. J'ai agi comme un gamin. Mais c'est parce que j'en suis un encore. Je sais, ça excuse rien mais voilà, entre mes parents et moi-même, je sais plus trop où j'en suis... Alors quand j'ai lu ta lettre, que j'ai vu le cadeau... Je me suis senti tellement con tu vois... J'avais aucune raison de m'en prendre à toi et je suis désolé, t'as été la pauvre victime... Je...

- Chut.

Ses mains glissent sur mes joues et je me fige. Putain, il fait quoi là ?! Paniqué, mes doigts se mettent à trembler. Faites qu'il ne m'embrasse pas. Pas là, pas de suite. Non. Trop vite. Trop rapide. Ses lèvres se déposent alors délicatement sur mon front. Inconsciemment, je soupire, soulagé. Je ne sais pas où j'en suis. J'ai besoin de réfléchir. Je laisse ma tête retomber contre son épaule quand il me lâche et ses bras entourent mes hanches pour me serrer contre lui.

- Je suis heureux d'avoir réussi à te faire changer d'avis avec cette lettre. J'y ai pas mis beaucoup d'espoir mais j'espérais franchement que le cadeau aurait son effet. Et je suis content que ça ait été le cas, je sais pas comment j'aurai fait sinon... Je..

- Maël.

- Va vraiment falloir que t'arrête ça bébé.

- Putain, m'appelle pas comme ça, je grogne et il se raidit. 

- Je... Désolé...

- Je pense qu'il va falloir que je t'explique le quatrième point de ma liste hein... 

Il m'écarte brusquement de son corps, ses mains sur mes épaules. Ses yeux brillent, son sourire déchire son visage. Et bah oui, tu m'étonnes, il doit attendre ça depuis un moment aussi.

- Superbe idée bébé.

Ma main frappe son épaule. Il éclate de rire et me rattire dans ses bras. Et je souris, enfin apaisé.

***

- Bon, alors ?

Je roule des yeux, continuant mon chemin entre les arbres.

- Ne m'ignore pas Rosen, souffle Maël.

- Tu n'arrêtes pas de te plaindre aussi.

- On sort à peine de table et tu me fais cavaler dans la forêt, tu t'attends à quoi ?

Je me retourne brusquement vers lui, le faisant sursauter. Et quand il remarque mon sourire, il fronce les sourcils, moins serein. Quand ma grand-mère nous a appelé pour manger, nous étions à nouveau allongé dans le lit, à parler de sa soeur et mes grands-parents. De choses gaies. C'est une fois à table que c'est devenu bizarre. Ma grand-mère n'a pas arrêté de nous jeter des regards suspicieux, mon grand-père parlait de tout avec Maël et moi, je me sentais gêné dans le quatuor qu'on formait. Maël était totalement à l'aise, riant avec ses aînés sans aucun problème. Ce qui m'a rassuré parce qu'à sa place, j'aurai fini la tête dans les toilettes à vomir à cause de la pression. Puis quand mon grand-père nous a demandé ce qu'on avait prévu cette après-midi, je me suis senti mourir. Ici, j'ai mon coin secret, où personne n'a le droit d'aller. Vraiment personne, pas même mes grands-parents. Personne. Alors quand je leur ai dit que je comptais y amener Maël, ma grand-mère a eu un petit sourire et mon grand-père a sorti une phrase perturbante : "Je savais que cette endroit était magique aussi...". Je n'ai pas du tout compris de quoi il parlait et je pense qu'il ne vaut mieux pas. Je suis déjà assez perdu. 

Toujours face à Maël, je garde mon sourire. Lentement, il se détend et je me détourne sans rien dire alors qu'il soupire une énième fois. Nous finissons par arriver devant l'entrée d'une grotte. Un buisson remis à la va-vite bouche l'entrée et je le décale doucement, faisant signe à Maël d'entrer, ce qu'il s'empresse de faire. Je le suis de près et attrape son épaule pour le guider vers la droite où il y a une sortie sur la forêt et une clairière. Maël s'assoit rapidement sur le sol quand j'y dépose mon sac, en sortant une bouteille d'eau. J'avale une gorgée et lui tends. Il imite mon geste puis tapote l'herbe à côté de lui. Sérieux, c'est mon chez-moi et j'ai l'impression d'être en terrain inconnu. Il me fait perdre mes moyens, c'est affreux. Je le rejoins et plie mes jambes, les enroulant de mes bras. Son visage tombe alors sur mon épaule, son souffle atterrissant dans mon cou tandis que son bras enroule ma hanche. Ah oui.

- J'en profite, ça ne va pas durer, marmonne-t-il comme excuse et je hoche la tête, le visage en feu. Dis-moi tout maintenant.

- C'est gênant Maël. Toi, tu sais qui tu es, ce que tu ressens. Moi, je suis complètement perdu. 

- C'est pour ça que tu as fait la liste et que je t'ai dit que je t'aiderai. Bon évidemment, comme c'est moi le problème, j'ai des doutes mais...

- Tu n'es pas vraiment un problème, je le coupe alors qu'il se cale plus confortablement contre moi. C'est... Putain, c'est vachement plus simple par téléphone en vrai, je grogne et il rigole. 

- Rosen, je suis le premier en tant que pote virtuel et en tant que mec qui te drague, c'est normal que tu sois carrément gêné.

- Comment tu fais pour ne pas avoir de problème avec tout ça sérieux ? C'est la première fois qu'on se voit et t'arrive déjà à être détendu !

- Tu ne l'es pas toi ?, couine-t-il soudainement en s'écartant, me jetant un regard inquiet.

- Si Maël. Bien sur que si. C'est pour ça que je voulais que je vienne. Je... J'avais besoin de toi, juste de toi...

- Tu rougis.

- Ta gueule putain.

- Bah, j'énonce juste un fait.

- Maël, ferme là.

- T'es tout rouge, là, juste là. C'est trop mignon.

- Sérieux, je vais te frapper.

- Je savais que tu étais trop chou quand tu rougissais.

- Ta gueule merde !

- Fais moi taire alors, souffle-t-il avec un sourire mesquin.

Et je reste sans voix. Il est pas sérieux cet abruti ? Mes joues chauffent violemment et je n'arrive pas à répliquer. Je suis sur le cul. Maël éclate de rire, me laissant pantois.

- T'aurais vu ta tête sérieux, c'était gigantesque !

- Mais t'es con !, je hurle alors en frappant son bras.

- T'es tellement mignon, un peu bébé tout neuf, rit-il encore et je serre les poings.

- Arrête tes conneries Maël.

- Mais t'es adorable aussi, un petit coeur à prendre qui rougit à la...

Il se tait. Enfin. Mais je réalise bien vite ce que j'ai fait et je m'écarte, les yeux écarquillés. Mon dieu. Qu'est-ce que je viens de faire ? Maël ne bouge plus, il me regarde, la bouche grande ouverte. Ah ouais, je veux bien. C'est la première fois que j'embrasse un mec. Un mec qui soit dit en passant est gay, habite à plus de cinq cent kilomètres de chez moi, qui est un putain de canon et qui a bouleversé mon monde. Ouais, je viens d'embrasser Maël pour le faire taire. Comme il avait insinué par message. Je suis con.

- Pardon, je... Je voulais pas, c'est... Juste que euh... J'suis désolé Maël hein.. je...

- Hé, calme toi Rosen !

Ses mains attrapent mes poignets qui partent dans tous les sens. Mon coeur bat la chamade, je transpire, je tremble, je suis dans un état second. Je viens d'embrasser un mec bordel ! Est-ce que quelqu'un se rend compte de ça ?

- Rosen, ce n'est rien, arrête !, souffle Maël en attrapant mon visage entre ses mains pour capturer mon regard. Arrête ça, ce n'est rien. Un smack de rien du tout et je l'ai cherché. Ne te mets pas une telle pression et...

- C'est la première fois Maël, je siffle et il fronce les sourcils. C'est la première fois que j'embrasse un mec. T'es mon premier baiser masculin. Je... Oh bordel, pardon hein !

- Ne t'excuse pas ! C'est bon, Rosen, je te promets que ça va. Je n'imagine rien, je ne vais pas te forcer à quoi que ce soit. Tu m'as embrassé, point final. S'il te plaît, ne te prends pas la tête.

- Sérieusement Maël, comment veux-tu que j'arrête de me prendre la tête ?! Depuis qu'on parle, j'ai l'impression de ne plus être moi-même !

- Comment ça ?

Il blêmit, se fige. Et j'ai l'impression d'avoir dit la plus grosse connerie de ma vie. Puis je comprends : il fait parti de ma liste, alors bien sur, il s'imagine des choses négatifs. Faut rectifier ça de suite ! La première chose que je fais, c'est l'attirer contre moi alors que je m'allonge. Je ne pourrais pas lui faire en lui balançant la suite. Trop gênant. Son visage s'appuie contre mon épaule et je souris. C'est pas la mauvais, l'autre me fait mal de temps à autre encore. Mes doigts glissent dans ses cheveux et je soupire. Je n'ai plus le choix là. Je fuis depuis un moment maintenant. Je lui dois bien des explications. Mais j'ai peur. Vraiment. C'est la première fois que ça m'arrive. Je me mords la lèvre tandis que Maël s'installe plus confortablement, glissant une jambe entre les miennes. Je frissonne. Bordel. Il prend ses aises parce que je l'ai embrassé ou quoi ?! Ah non, il est tactile. Puis pourquoi je me plains ? Ça ne me dérange pas. Sauf que ça me fait peur. Merde.

- Si t'es sur ma liste, c'est parce que tu me perturbes. En fait, tu y es mais il y a rien de négatif. C'est juste que... Bah je suis perdu quoi. Je sais pas quoi penser de tout ça et...

- On va reprendre depuis le début Rosen. Qu'est-ce qui te perturbe ? Fais une liste si tu veux hein, souffle-t-il dans mon cou et je frissonne, encore.

Putain, j'ai l'impression de ne faire que ça depuis qu'il est arrivé. Je roule des yeux et tente de mettre des mots sur ce qu'il se passe dans ma tête.

- Ce qui me perturbe... Ta façon de me parler, de m'appeler bébé, ta mignonnitude,...

- Ça existe ça ?

- M'en tape, j'invente des mots. Bref, y'a aussi le fait que je ne sache plus trop où j'en suis depuis que t'es entré dans ma vie, le fait que je pense souvent à toi, le...

- Bon stop, on va y aller tranquille. Commençons par le bébé.

- En réalité, tu veux juste savoir ça, je pouffe et il serre ses doigts sur ma hanche, me faisant déglutir.

- Même pas vrai.

- Menteur.

- Allez, explique-moi.

- Oui bon. Comme tu sais, au départ, je voulais pas que tu m'appelles comme ça à cause de mon ex et ma mère. Mais au final, j'ai pigé que ça n'avait aucun rapport et que toi, ça n'avait rien de méchant et tout ça. Que tu comptais pas me bouffer derrière. Et bref. Et ensuite, j'inspire, je voulais que tu arrêtes à cause d'autre chose.

- T'es en couple.

Ce n'est pas une question. Mais une constatation. Qui me fait froid dans le dos. En couple ? Sérieux ? J'éclate alors de rire, le faisant grogner. Il sait très bien que c'est stupide. Mais il est jaloux. Alors il dit n'importe quoi.

- Mais pas du tout imbécile !, je me calme quand il tente de reculer, vexé et le reprends contre moi. Ce n'est pas ça Maël. C'est simplement que... Ça me chamboule. Quand tu m'appelles bébé, ça me fout en vrac tu vois ? Je sais pas comment t'expliquer mais j'aime t'entendre me donner ce surnom et en même temps, il me fait peur. Attend, je vais t'expliquer oh ! Il me fait peur parce que tu peux arrêter à tout moment de m'appeler comme ça et euh, je veux pas tu vois... Je euh...

- J'ai compris.

Ses yeux se relèvent vers moi et il sourit. Je soupire et me détend. Ouais, je suis crispé, j'ai peur de dire une connerie, de le voir partir en courant. Il se rallonge contre moi et m'invite à continuer d'expliquer le pourquoi du comment il est sur la liste.

- Et ouais... Tu sais, je t'avais dit que j'étais perturbé par toi et ta drague... Et euh, en fait..., je soupire et passe une main sur mon visage rouge. En fait, je sais pas trop comment te dire mais...

- Rosen, on tourne en rond là.

- M'emmerde pas OK ? T'as vu la situation dans laquelle on est déjà ?

- Explique-toi.

- Je t'ai demandé de me rejoindre à deux heures du mat', t'as accepté sans broncher, t'es venu, tu t'es super bien entendu avec mes grands-parents, je t'ai... embrassé et en plus, j'ai l'impression d'être une gamine de dix ans qui est en kiff sur son idole ! Je suis perturbé merde.

- Tu es stressé ?

- J'ai peur, nuance.

- Par rapport à quoi ?

- Si je fais un truc de travers, tu peux partir. À tout moment. Et je veux pas.

- Je partirai pas bébé.

- Maël.

- Tu m'as toujours pas dit clairement pourquoi tu ne voulais pas que je t'appelle comme ça.

- Parce que ça me plaît beaucoup trop et que ça me fait peur.

Grand silence. Ses doigts arrêtent de bouger sur mon haut et j'expire doucement. J'ai sûrement dit une connerie. Comme toujours. Putain, j'aime pas me sentir comme ça !

- Pourquoi ?, lance-t-il alors en reprenant ses arabesques.

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu veux que j'arrête alors ?

- Je ne sais pas ce qui pourrait arriver ensuite... Fin Maël, tout est regroupé, tout est lié et je comprends pas comment tu fais pour ne pas comprendre... Fin même ma grand-mère m'a cramé et...

Il se relève sur un coude et son visage me fait brusquement face. Il n'est ni trop prés, ni trop loin. Il me laisse de l'espace mais me garde contre lui. Et j'aime cette sensation par contre. J'adore me sentir beau, fort, apprécié, chouchouté, choyé, en sécurité. Je me sens terriblement bien alors que ça n'était pas arrivé depuis une bonne dizaine de jours. Sa main sur ma hanche remonte à mon visage et il décale une mèche de cheveux de mon visage.

- Je sais déjà Rosen. Mais je veux te l'entendre dire. Je veux que tu le réalises vraiment. Pas le simple "je t'aime" que tu m'as balancé en ajoutant après que c'était de l'amitié. Je veux que tu t'exprimes clairement. Que tu mettes de réels mots sur ce que tu ressens. Je comprends pourquoi je suis dans cette liste, je le sais. Et je t'ai dit que je t'aiderai alors je te force à tout me dire, à utiliser les bons mots bébé. Donc, dis-moi clairement le problème que je suis, s'il te plaît.

Hébété, je le fixe. Puis je reviens sur terre quand ses lèvres se déposent sur ma joue, provoquant un séisme de chaleur dans mon corps. Je bégaie, souffle, soupire et secoue légèrement la tête avant d'enfin parler.

- Je devrais t'en mettre une pour le perturber autant Maël. J'avais une vie salace avec mes parents, je voyais mon meilleur pote constamment mais à part ça, je m'ennuyais. Je me faisais chier, je trouvais rien d'intéressant et je m'enfonçais dans un mutisme et une tristesse effrayante. Puis t'es arrivé. Sérieux, ton message était d'une telle banalité que j'aurai pu le zapper mais t'as été le plus cool à me parler alors je t'ai répondu. Et plus on parlait, plus c'était fort là, je marmonne en posant la main sur mon coeur. Et je souriais plus souvent, malgré les merdes que faisaient mes parents. Tant que t'étais là, je m'en tapais tu vois. Et un peu avant que tu me demandes de faire la liste, j'ai pigé que... Bah en fait, je...

- Rosen, respire, je vais pas te manger, rit Maël et je roule des yeux. Du moins, ça dépend...

- Tais-toi, je grogne en rougissant et il me fait un clin d'oeil. C'est ça qui me perturbe ! T'es le premier gars à me draguer, à me faire sentir comme ça ! Putain Maël, je me suis attaché à toi alors que je croyais pas ça possible ! T'es devenu putain d'important et je veux pas que tu dragues d'autres gens, juste moi ! J'aime trop me sentir unique, croire que je te plais. Je veux te plaire... Je... j'suis pas gay Maël... J'ai voulu voir au lycée mais aucun mec ne m'attire, ni les meufs d'ailleurs. Mais toi, putain toi, t'es un aimant sérieux. T'es la seule putain de personne qui m'attire. J'peux pas m'éloigner, j'peux pas te repousser... Je me suis senti comme une merde Maël pendant ces dernières semaines ! Je m'en suis tellement voulu que j'arrêtais de bouffer, je suis un squelette dans une peau, j'osais pas te parler car j'avais honte de mon comportement... Je veux que tu t'intéresses qu'à moi mais je fais tout de travers... Je veux pas t'perdre Maël, je me suis attaché à toi. T'as tenu parole, et tu m'as fait comprendre que ouais, les relations virtuelles peuvent être belles. La nôtre l'est et j'veux pas la perdre... J'ai perdu le pari j'crois...

- Je l'ai perdu aussi...

Mes yeux se plantent dans les siens. Mais je n'ai pas le temps d'apprécier son regard qu'il se baisse et dépose vaguement ses lèvres contre les miennes. Une simple pression qui fait bondir mon cœur dans mon torse. Puis cela s'arrête brusquement et il s'écarte, se laissant tomber contre moi, sa tête sur mon épaule.

- Je suis content que tu ais mis des mots sur tout ça bébé, souffle-t-il et je soupire.

- Moi aussi... Mais euh, te fais...

- Pas de films, je sais Rosen. Je n'attends rien, on ira à ton rythme. Mais maintenant, tu sais ce que tu ressens, tu sais qu'on s'attire et on ne peut rien y faire. Car si on le pouvait, je ne serai pas là et tu n'aurais pas mis la gourmette. C'est comme ça, et on fait avec.

- T'es tellement génial...

- Je sais.

- Et putain de narcissique.

On éclate de rire en même temps.

***

- Tu fais attention sur la route mon garçon. Et tu reviens quand tu veux, d'accord ?

Mon grand-père serre la main de Maël avec un grand sourire. C'est définitif, il l'a adopté. Et je suis heureux parce que le contraire m'aurait fait mal. Ils sont tous les deux très importants dans ma vie. Ma grand-mère enlace fermement Maël dans ses bras puis on sort ensemble rejoindre sa voiture. Une petite clio bleue. Je souris et le pousse d'un coup d'épaule.

- Merci d'être venu... C'est vraiment génial. Mais t'es sur de pas vouloir rester ? Tas déjà bien roulé cette nuit et...

- Non Rosen, demain tu as cours et je dois rentrer pour aider ma sœur à faire je ne sais quoi. Mais promis, on va se revoir et passer plus de temps ensemble, sourit-il en venant glisser un bras autour de mes épaules.

Je secoue la tête en souriant. Ça fait tellement du bien d'être aussi tranquille, paisible. Devant la voiture, il m'enlace, serrant ses bras autour de mes épaules. Je l'imite bien vite. On ne sait toujours pas quand on va se revoir et je veux profiter au maximum de notre proximité. Je ne veux pas oublier trop vite la chaleur de ses bras.

- Tu m'envoies un message quand t'arrives à Toulouse hein, je marmonne contre son épaule et il hoche la tête. Tu vas me manquer mon ange...

- Dis pas des trucs comme ça quand je  te sers contre moi, gronde-t-il et je me marre doucement.

- Allez, pars maintenant, il est déjà tard.

- Il est à peine dix-neuf heures et...

- Ferme la. Déjà que tu vas rentrer à plus d'une heure du mat', ne pars pas plus tard.

- OK, OK petit chef. J'y vais.

Maël soupire et s'écarte de moi. Il ouvre la portière, balance son sac sur le siège passager puis se tourne vers moi, qui suis accoudé à la porte, le mattant délibérément. Je sais ce que je ressens, je sais qu'il me plaît. Et même si je n'arrive pas à être en parfait accord avec moi-même à ce sujet, je ne peux m'empêcher de le regarder. Il me fascine.

- Ça va ? La vie est belle ?, rit-il et je roule des yeux.

- Allez, rentre plutôt au lieu de dire des âneries.

- Ça fait des années que j'avais pas entendu cette expression.

- Dégage.

- D'accord, d'accord ! Mais avant une dernière chose.

Mon visage est capturé entre ses mains et ses lèvres se déposent sur les miennes juste une seconde. Une longue seconde. Bordel, c'est la fête dans mon estomac. Quand il s'écarte, le clin d'oeil qu'il me lance me fait rougir.

- Je te rends la pareille pour ce matin. Je t'envoie un message quand j'arrive, à plus tard bébé !

Et sans me laisser le temps de répondre, il rentre dans sa caisse, l'allume, et part avec un dernier signe de main et un baiser dans l'air.

Puis je tique.

- Putain d'abruti, tu m'avais déjà ré-embrassé....

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"Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah" : j'imagine que ça a été votre réaction 😂

Bref, trêve de plaisanterie ! VOUS AVEZ OBTENU CE QUE VOUS DESIREZ ! Je suis quelqu'un de bien hein ? 🙄

Rebref, alors, cette première rencontre, vous en avez pensé quoi ? Les doutes de Rosen ? Ses appréhension ?

LE POURQUOI DU MAEL DANS LA LISTE ?

Ses révélations sur ce qu'il ressent ?

Les bisous échangées ? SURTOUT EUX EN FAIT !

Awn, j'ai trop aimé écrire ce chapitre :3 Mais j'vous promet, passer d'un chapitre composé uniquement de messages à des passages narratifs, pas c'est pas facile hein, j'ai bloqué de nombreuses fois alors qu'en vrai, ça a rien de fou vu que c'est ce que je fais pour mes autres histoires 😂 Rerebref, on s'en tape !

Fin voilà, un petit chapitre mignon, comme on les aime :3

Merci pour tout, vous êtes merveilleux 💛

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