Point de vue: [T/p]

Durant la dernière semaine avant l'expédition extra-muros, nos supérieurs nous avaient poussés au maximum afin de nous former adéquatement, façon de prévenir plusieurs morts inutiles. On sentait l'agitation et l'anxiété s'emparer de chaque âme, personne n'étant d'exception (ok, peut-être Levi, mais bon...).

Entre les entraînements, afin de nous donner un moment de "répit", nous devions nettoyer le château de fond en comble. C'était pour qu'il soit impeccable lorsque nous allions revenir, était l'argument "béton" de Levi.

En parlant de lui, depuis qu'on avait "arrangé" les choses entre nous, il n'arrêtait pas de... faire son comique, disons le ainsi. Quand nous étions seuls, il prenait un malin plaisir de m'agripper par le bras et de me donner un rapide baiser. Des fois, ce n'était qu'un bec timide, mais des fois, c'était plus langoureux et passionné. Dans un sens, je prenais cela comme s'il me disait qu'il souhaitait que je me presse, comme s'il me harcelait. Je savais qu'il avait un bon fond, mais qu'il essayait de penser à lui-même aussi. Depuis tant d'années qu'il s'est mis de côté, il mérite un peu temps pour lui. Et si je dois être la personne qui peut l'aider, je le ferai volontiers.

Heureusement, notre relation n'était connue que de nous deux (évidemment), et d'Hanji, bien sûr. Elle réussit à savoir tout de tout, et ce, de par son caractère... envahissant? Hanji avait toujours le nez dans nos affaires, nous interrompant toujours dans les rares moments que Levi et moi avions seul à seul. Elle était impatiente de "voir les enfants de Levi", à ce qu'elle disait, ses yeux remplis d'étincelles.
Lorsqu'elle nous avait annoncé ça, Levi n'avait pas manqué de lui faire la morale, lui expliquant très clairement qu'il ne me toucherait pas de si tôt, car j'étais bien trop jeune pour avoir des enfants. Je me souviens précisément que j'avais ris à la figure déçue qu'Hanji avait faite: une expression de gamine punie, tout simplement mignonne.

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Un jour, alors que j'étais occupée à épousseter une bibliothèque dans un bureau quelconque, je me penchai afin de ramasser un torchon pour tout faire briller après. Cependant, tandis que je me relevais, je calculai mal les dimensions autour de moi et j'accrochai maladroitement l'étagère. Elle vacilla et elle finit par me tomber dessus. Il faut dire qu'elle était beaucoup plus grande que moi: elle touchait quasiment au plafond. Heureusement, je réussis à la retenir avant que tous les livres ne tombent. Je restai figée, soutenant la bibliothèque avec toute ma force. Je me sentais faiblir petit peu par petit peu, il était donc évident que je pousse un léger soupir de soulagement lorsque j'entendis des petits pas résonner dans le couloir. Je détournai ma tête vers la porte qui était grande ouverte, espérant croiser le regard de la personne passante.

- Oh, hé! Petra! appelai-je alors que je vis la petite rousse passer devant la porte.

- Oui, qu'y a-t-il, [T/p]? demanda la femme en prenant quelques pas dans la pièce.

- Euh... J-J'aurais besoin d'aide... Genre.. L-Là?

- Oh, euh... Je... viens de me rappeler que je suis demandée dans le hall principal, je suis désolée. Bye et bonne chance!

Sur ce, elle s'enfuit du bureau, malgré mes appels insistants. Je soupirai, déçue qu'elle ne m'apprécie pas vraiment. En effet, depuis que son cher Levi ne l'avait pas remarqué elle, mais bien moi, je savais qu'elle se sentait un peu jalouse, et c'était facile à déduire. Elle ne m'aidait pas souvent, contrairement à toutes les autres personnes qu'elle assistait volontiers, et je n'avais pas manqué ces regards noirs qu'elle me lançait lorsque Levi était près de moi. Petra était une bonne personne, et j'étais triste de ne pas l'avoir dans mon cercle d'ami, et tout cela à cause d'un seul homme.

Bref, mes bras ne pouvant plus retenir ce poids d'avantage, j'échouai dans ma quête de ne pas me faire écraser par la bibliothèque et ce lourd meuble me tomba dessus. Le livres furent projetés hors des tablettes, s'effondrant sur moi comme une chute d'eau bruyante - et douloureuse. Lorsque plus rien ne bougea, je gémis, essayant de me libérer, en vain. Je soufflai, sûre que personne ne remarquerait cet accident.

- T'es pitoyable.

J'adore cette voix...

- L-Levi? T'es là depuis combien de temps? demandai-je, le souffle court, me débattant difficilement.

- Depuis assez longtemps pour voir l'étagère te tomber dessus, dit-il tout en me dégageant aisément de ma cage de bois.

Nous ramassâmes les livres et les replaçâmes sur les rayons. Je souris lorsque je dus remplir les rangées supérieures car Levi ne pouvait pas les atteindre à cause de sa petite taille. Après avoir tout remis en ordre, il croisa ses bras.

- Tch. Maintenant c'est poussiéreux. Nettoies tout cela rapidement.

Je soupirai, lassée de devoir tout recommencer ce que j'avais tant mis d'effort à faire briller. Soudainement, je me retrouvai piégée par ses bras, plaquée contre la bibliothèque. Il se rapprocha un peu de moi, haussant un sourcil provocateur.

- Je compte sur toi...

Alors qu'il allait m'embrasser pour la énième fois, je stoppai ses lèvres à l'aide de mon index. Il ouvrit ses yeux, un peu confus, tandis que j'évitais le contact visuel en détournant timidement ma tête sur le côté. Mon cœur battait rapidement, j'étais si nerveuse.

- Levi, pas trop vite.

Je pointai mes yeux, sans toutefois que ma main soit dans mon champ de vision. Levi sembla se rappeler qu'il était surveillé et il joua l'âme rejetée. Je savais qu'il n'était pas très collé à son rôle car il plissa légèrement ses yeux. 

- Ah... Oui, c'est vrai. Pardonnes-moi, je... je vais aller continuer de nettoyer le couloir.

Puis, il sortit du bureau, non pas sans qu'il m'envoie un dernier clin d'œil. Je soupirai et m'adossai à la bibliothèque. Ouf, cette fois, c'était chaud! Puis, après une petite minute à me remettre de mes émotions, je repris ma tâche, cette fois-ci en étant un peu plus prudente.

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Le soir venu, je faisais les cents pas dans ma chambre blanche, celle dans mon monde originel. Je n'arrivais pas à dormir, et cela me stressait: l'expédition était le lendemain et il fallait absolument que je dorme pour être fraîche et dispo. Pourtant, je n'avais pas été stressée de toute la semaine, seulement la veille. Rah, c'est bien moi, ça, toujours à la dernière minute... Ne sachant quoi faire, je repartis les machines et retournai dans mon monde favori.

Une fois réveillée, je restai quelques minutes, étendue sur mon lit, avant de décider de me lever et de sortir de ma chambre. Une fois dans le couloir, la lumière chaleureuse des chandeliers me rassura, même un tout petit peu. Puis, j'entendis de faibles claquements de semelles contre le parquet; quelqu'un se dirigeait vers moi.

- T'es pas encore au lit?

- Non, je suis trop stressée... murmurai-je alors que je me retournai lentement vers Levi.

Ses traits se détendirent et il marcha directement vers moi. À ma hauteur, il me prit la main délicatement et il me conduisit silencieusement à l'extérieur. Je ne bronchais pas, sachant ce qu'il avait derrière la tête.

Rapidement, nous nous retrouvâmes assis sur le toit, moi bien installée sur ses jambes en tailleur, comme la dernière fois. Nous observâmes l'horizon, enlacés dans les bras de l'autre. Ma tête reposait sur l'épaule de Levi, mais je me disais que ce serait plus confortable dans le creux de son cou. Cependant, un hic: il portait un petit foulard blanc.

Bah, pour moi, pas de problèmes.

Sans prévenir, je réussis à retirer son foulard, sans même savoir comment ça s'enlevait. Levi m'observait curieusement.

- Qu'est-ce que tu fais? souffla-t-il doucement.

Comme réponse, je me blottis dans son cou, profitant pleinement de sa bonne odeur. Je soupirai de contentement et lui donnai un petit bisou sur la mâchoire avant de chatouiller le creux de son cou avec mon nez.

- Rien...~

Je sentis Levi secouer sa tête de gauche à droite désespérément, mais il la posa rapidement sur ma propre tête, sans quitter le panorama des yeux.

Ce sont des moments comme celui-là qui me font aimer la Vie, et qui me forcent à me battre afin d'obtenir notre liberté une bonne fois pour toutes.