Partie 11: Escapade nocturne

Point de vue: Levi

Depuis ma conversation avec Hanji, je faisais de mon mieux afin d'attirer l'attention de [T/p]. Par exemple, je la surveillais durant les entraînements, je jetais un regard noir aux garçons qui s'en approchaient trop, je lui donnais des conseils, j'étais moins sévère avec elle, etc. J'espérais ne pas trop éveiller les soupçons car la surprise finale aurait été gâchée.

J'avais déjà essayé de lui avouer une fois. Je l'avais isolée après un entraînement, mais quand ce fut le moment de dire les trois petits mots qui lui feraient part de mes sentiments envers elle, je restais figé et incapable de prononcer que ce soit un seul son. Ma gorge était tellement nouée que j'avais du mal à respirer. Je priais n'importe quel Dieu pour ne pas rougir trop intensément devant elle. Au final, je l'avais seulement félicitée pour son progrès. Elle me sourit largement, mais, dans ses yeux, ça se voyait qu'elle me trouvait étrange.

Au moindre faux pas, elle me glisserait entre les doigts...

Heureusement, au beau milieu de la nuit, j'avais trouvé le moyen parfait pour faire ma confession: je l'amènerais sur le toit du château et nous observerions l'aube se lever tranquillement. Peut-être qu'un décor aussi enchanteur pourrait m'encourager?

Le hic, c'est que je devais la réveiller au milieu de la nuit afin d'exécuter mon plan. Je lui avais déjà rendu visite vers minuit, mais rien. J'ouvrais la porte discrètement et, quelques fois sur les milliards que je l'avais fait, j'osais prendre quelques pas dans sa chambre. Des nuits, j'essayais de la réveiller, me sentant d'attaque, mais elle dormait comme une bûche cette gamine: impossible de la tirer de son sommeil. Au fil des jours, j'espérais qu'elle soit réveillée au milieu de la nuit, tout comme moi, c'est donc pourquoi, à chaque nuit pendant plus d'une semaine, je vérifiais si mes espoirs étaient fondés. Mais non, rien. Elle dormait toujours, mais ça ne m'empêchait pas de continuer à me faufiler en douce jusqu'à sa chambre.

Cependant, malgré tout mes efforts, j'avais peur. Et oui, qui aurait cru que la peur fait partie intégrante de moi?
J'avais peur lorsque mon escouade se mettait en danger, j'avais peur que mes cadets meurent, mais j'avais également peur que [T/p] ne retourne pas mes sentiments et que ça gâche notre relation cadet-supérieur.

En parlant de ça, voici une autre raison pour laquelle j'étais effrayé par le rejet: l'âge. Elle avait quoi, presque 18 ans, et j'étais dans la mi-trentaine. J'avais quasiment le double de son âge. Selon moi, ça ne tenait pas la route; tout le monde allait me voir comme un espèce de pédophile ou un maniaque du genre, mais ils ne savaient pas que ce que je ressentais était vrai, et que ce n'était qu'avec elle que les papillons agitaient leurs ailes dans mon ventre et que mon coeur battaient plus vite.

Ce n'était qu'elle qui me faisait sentir vivant, qui me faisait sentir humain.


Mais j'aurai toujours peur du regard des autres...




Point de vue: [T/p]


Un soir, alors que je n'étais pas plongée dans la réalité virtuelle, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Tout ce que je faisais était de regarder mon reflet dans le miroir accroché au mur blanc de ma chambre.

Je ne me reconnais plus.

Ces [l/c] cheveux [c/c] n'étaient plus les miens, ces yeux [c/y] ne m'appartenaient pas et je n'avais pas une figure aussi cernée et fatiguée. Non, dans ma réflexion, je voyais la vraie [T/p], celle qui vivait une aventure excitante, celle avec les cheveux pourpre et les yeux roses. Celle qui a des amis, celle à qui on tient et se préoccupe réellement...

C'était rendu que mon monde d'origine était méconnaissable: il était trop fade et irréel. Je m'associais beaucoup plus à la dimension de la réalité virtuelle: celui-là était vrai et palpable. J'y vivais. C'est là où je me sens moi-même.

Je suis confuse...

M'ennuyant déjà de la dimension parallèle après dix minutes dans mon monde originel, je préparai les machines (et oui, étant de nature observante, j'avais appris de moi-même comment les activer) et m'étendis sur le matelas dur. Il ne manquait plus qu'à enfiler le casque...









Je me réveillai dans ma chambre, plongée dans une noirceur totale. Je m'assis dans mon lit et remontai mes genoux à mon menton, les serrant fortement contre mon petit corps. Je ne voulais pas me rendormir, de peur de retourner dans mon monde. Je fermai les yeux et me mis à réfléchir de tout et de rien.

Étrangement, je pensais plus à Levi qu'autre chose: ces temps-ci, il agissait bizarrement. Personne n'avait été aussi étrange à mes côtés, et, pour parler franchement, ça m'inquiétait un peu. Je voulais que personne dans mon entourage se sente mal, et ne pas savoir quel était le problème de Levi m'empêchait de le régler. J'étais frustrée de ma faiblesse...

Soudainement, la porte de ma chambre s'ouvrit lentement. Surprise, je levai les yeux vers le mince rayon de lumière que créaient les chandeliers du couloir. Je pus distinguer une masse sombre qui soupira de soulagement à ma vue.

- Que faites-vous ici? demandai-je, serrant mes jambes plus près de moi.

La personne s'avança et ne dit rien. Je savais pourtant qui c'était, mais je me demandais sérieusement ce qui clochait avec lui. Une fois à ma hauteur, Levi ne fit que tendre sa main vers moi.

- Je veux te montrer quelque chose.

Quoi? J'ai sûrement mal entendu...

- Hein? Moi? Pourquoi?

Il ne répondit pas à mes multiples questions. Comme d'habitude, il restait toujours aussi mystérieux... Je regardai pensivement la main offerte à moi et, curieuse comme je le suis, je ne pus m'empêcher de saisir cette grande paume rugueuse. Il enroula des doigts agiles autour de ma petite main, ne les serrant pas trop fermement, comme s'ils étaient faits de porcelaine.

Heureusement qu'il ne pouvait pas voir mes joues tourner au vermeille...

Il m'aida à me tirer de mon lit doucement, telle une princesse, et il me conduisit hors de ma chambre. Après avoir refermé la porte derrière moi, nous nous promenâmes dans le couloir paisible et silencieux du château.

Ce fut la première fois que nous marchions main dans la main...

Une fois à l'extérieur, je fus confuse qu'il laissa ma main pour se diriger vers un buisson. Sa chaleur me manquait déjà... Il faut dire que cette nuit-là était fraîche: je ne portais qu'une camisole noire et des pantalons de jogging gris et amples. Levi revint rapidement à mes côtés, en train d'enfiler un... équipement tridimensionnel? Lorsqu'il eut fini, il étira une fois de plus sa main vers moi.

- Viens-tu voler?

Je ne pouvais jamais résister à un tour d'équipement tridimensionnel, pour la simple et bonne raison que je me sentais libre en plein vol. Souriante, je saisis la main de Levi sans hésitation, ce qui eut pour effet de faire apparaître un léger sourire en coin sur les lèvres de l'homme. Il s'approcha de moi et, contre toute attente, il me souleva de terre telle une mariée. Je m'agrippai à son cou inconsciemment, un peu surprise (et flattée) d'être ainsi traitée. C'était bien la première fois que quelqu'un était aussi attentionné avec moi.

- Accroches-toi.

Grâce aux poignées, qu'il avait prit soin de prendre avant moi, Levi grimpa le mur et arriva en moins de deux secondes sur le toit du château. Une fois certain que nous ne pouvions pas glisser, il me déposa doucement au sol et rangea les poignées sous sa cape.

- Voici ce que je voulais te monter, dit-il en regardant l'horizon.

Je suivis son regard et restai émerveillée par la beauté de la vue. Le ciel était totalement sombre, mis à part les étoiles scintillantes, la lune brillante et les faibles rayons rosés et orangés qui commençaient à percer l'horizon. J'oubliai le froid qui me mordait la peau.

- Wow... C'est... vraiment superbe... murmurai-je.

Lorsque Levi s'assit, je décidai de faire comme lui et de me mettre à l'aise. Nous restâmes silencieux durant de longues minutes, émus par le lever lent du soleil. Remarquant que je frottais mes bras afin de conserver le plus de chaleur corporelle possible, Levi posa cette question:

- T'as froid?

- Mm? Oh, oui, un peu...

- Tiens.

Il me prêta un bout de sa cape qu'il enroula autour de mes épaules dénudées. Cela nous força à nous coller un peu plus, mais je ne m'en souciais pas, sérieusement. C'était même plutôt plaisant; les occasions d'être dans un moment d'intimité sont rares lorsque vous vous engagez dans l'Armée... Je laissai inconsciemment ma tête se reposer sur sa forte épaule, continuant de regarder le magnifique panorama qui embellissait au fur et à mesure que l'aube remplaçait la nuit. Je me blottis un peu plus contre Levi, sa chaleur me rassurant. Mes paupières étaient lourdes...









Je retirai le casque rapidement, respirant bruyamment. Quoi? Je suis revenue dans mon monde? Hors de question, je veux retourner auprès de Levi, j'étais si bien!

Même si Ariane allait me chicaner de ne pas m'être reposée, je pris le risque et repartis les machines. Cette fois-ci, j'allais rester éveillée pour être le plus longtemps possible avec Levi...









Lorsque je réintégrai mon avatar, j'ouvris légèrement les yeux. Levi était assis en tailleur, me tenant dans ses bras comme une jeune enfant. La cape nous recouvrait tout les deux et nous maintenait au chaud. De mes yeux entrouverts, je pouvais admirer Levi sans qu'il le sache: ses traits étaient détendus et il souriait légèrement même. Il est si beau quand il sourit...

Dans mon petit moment de semi-conscience, je me blottis plus confortablement dans ses bras, enfouissant mon nez dans sa veste. Ça sentait tellement bon, un mélange exquis de pin et de mente discrèt. Si la liberté sentait quelque chose, ce serait sûrement comme Levi... Je fermai mes yeux et combattis la fatigue. Je faisais semblant de dormir.

~~~

Puis, au bout d'une bonne heure, Levi me souleva par le dessous des genoux et des épaules, tout doucement pour ne pas me "réveiller". Je le trouvais trop mignon avec sa délicatesse. Ayant pris d'avance les poignées pour manier l'équipement tridimensionnel, il descendit adroitement du toit avec toutes les précautions du monde. Me tenant toujours dans ses bras, il retourna au château et il se dirigea vers ma chambre. Un fois rendu, il me déposa délicatement dans mon lit, remontant les couvertures à mes épaules. Lentement, il retira une mèche de mes cheveux de ma figure et il laissa même sa main sur le côté de ma figure pour de longues secondes. Avant de partir, il laissa un timide baiser sur mon front.



J'ai de sérieux doutes...









Mais je n'ai pas peur, car je l'aime aussi...

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