Chapitre 6
Une cheville foulée et quarante minutes plus tard, je suis enfin de retour chez moi. James me raccompagne jusqu’à mon portail et je réussis, avec beaucoup de mal, à le convaincre de ne pas m’accompagner plus loin. J’ai bien trop peur qu’il entende Dorian s’il est en train de pleurer. Il me reste encore jusqu'à demain soir avant qu'il ne découvre mon fils, je compte bien profiter de ce temps pour peaufiner des excuses qui, je le pense, seront nécessaire.
J’ai à peine le temps de m’installer dans mon canapé, avec Dorian installé dans son transat devant moi et Van Gogh couché à côté de celui-ci, que je reçois un appel de Peter. Je n'ai aucun doute sur la raison de son appel.
― Aisling, Aisling, Aisling, commence-t-il après que j’ai décroché.
― Peter, Peter, Peter.
― Tu m'expliques où bien je dois te tirer les vers du nez ?
― J'ai toujours trouvé cette expression dégueulasse !
Je tente de gagner du temps, mais je sais que c’est peine perdu, ça ne fonctionne pas puisqu’il me demande aussitôt pourquoi j’ai menti à James sur comment on s’est rencontré tous les deux. Je n’essaie pas d’à nouveau changer de sujet et lui annonce directement qu’il ne sait pas que Dorian existe.
― Et pourquoi tu ne lui as rien dis ?
― C’est compliqué… Je pensais d’abord qu’il ne s’intéressait qu’à moi simplement parce que je n’ai pas arrêté de refuser ses invitations donc je n’en voyais pas l’utilité, ensuite c'était à cause de sa célébrité, je ne voulais pas que Dorian soit inclus dans sa vie de star...
Je l'entends soupirer à l'autre bout du fil, mais il ne commente pas et me laisse m’expliquer.
― Je sais, c'est stupide. Je ne pensais pas que j'allais vraiment devenir ami avec lui, alors je ne voyais pas l'intérêt de lui en parler, mais maintenant ...
― Maintenant quoi ?
Je ne réponds pas tout de suite, laissant le silence s’installer un instant, je n’ai pas envie de lui dire. Et je n’ai surtout pas envie de le dire à voix haute, j’ai peur que si je le dise ça devienne trop réel, pour l’instant je n’ose pas me l’avouer à moi-même.
― Je ne peux pas parler de ça avec toi, tu es son beau-frère.
― Oh bon dieu ! Il te plaît c'est ça ?
Je peux sentir son sourire quand il me pose cette question et je grogne pour toute réponse. Il se met alors à rire. Je l’engueule plus pour la forme que parce que cela me dérange, lui demandant d’arrêter de se fiche de moi avant de me justifier.
— C’est physique, c’est tout. Je ne le connais pas plus que ça. Et je ne suis vraiment pas prête pour une relation de toute façon.
Peter tente de me vendre du rêve en me décrivant James, mais je l’interromps rapidement en changeant de sujet, je lui demande comment il pense que James réagira en apprenant que j’ai un fils.
― Aisling. James adore les enfants, m’assure-t-il. Mais je ne peux pas savoir comment il réagira au fait que tu lui aies caché. Il faut que tu lui dises sans attendre plus longtemps.
― Et bien grâce à toi, il vient dîner en même temps que vous demain.
― Qu'est-ce j'ai fait ? demande-t-il innocemment, mais je peux à nouveau sentir qu'il sourit.
Je lui réponds alors que je suis sûre qu’il a parlé du dîner devant lui dans le simple but qu’il soit au courant et qu’il demande à venir. Que s’il voulait vraiment un renseignement, il me l’aurait demandé par message. Peter se marre pour toute réponse avant de jouer l’innocent, mais je devine sans difficulté qu’il ment puisqu’il n’arrive pas à garder son sérieux très longtemps.
― Oups ? dit-il finalement en riant.
Je fronce un instant les sourcils suite à sa réponse.
— Oups ? C’est mon excuse ça normalement.
— Merde alors ! C’est toi la fille oups ?
Je ne comprends rien, j’attends patiemment des explications qu’il ne tarde pas à me donner et qui me surprennent.
— James nous a parlé d’une fille qu’il a rencontrée et qui lui mentait sur son boulot pour ne pas le voir. Je n’avais pas fait le rapprochement, mais c’est toi ! Tu es la fille oups. Aisling ?
Je réponds prudemment une petit « oui » sachant que ce qu’il va m’annoncer ne vas probablement pas me plaire.
— James est déjà totalement sous ton charme. Si tu lui as dis que tu ne veux que de l’amitié il le respectera, mais s’il peut te séduire je suis sûr qu’il le fera.
Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais même pas quoi penser. Je me contente donc de soupirer et de lever la tête vers le plafond. Peter se moque gentiment de moi, me prévenant que je suis foutue et riant.
― Je sens que je vais regretter d'avoir accepté de devenir ton amie, dis-je désespérée sans être sérieuse une seule seconde.
― Tu es coincée avec moi... Pour toujours.
J’évite de préciser qu’avec moi le toujours n’a pas l’air de durer, pas la peine de porter la conversation sur un sujet dont je n’ai pas envie de parler. On discute encore un petit peu puis je finis par raccrocher quelques minutes après lui avoir demandé le numéro de James. J’ai besoin de lui envoyer un message pour qu’il vienne plut tôt demain afin que je lui explique pour Dorian, seuls. Je lui envoie donc un message aussitôt, lui demandant de venir plus tôt si possible car j’ai besoin de lui parler et en signant de mon nom.
James : Comment tu as eu mon numéro ? Je peux venir à 19h ?
Aisling : Désolée, je l'ai demandé à Peter, 19h c'est parfait.
James : Ne sois pas désolée j'en suis ravie, comme ça j'ai pu avoir le tien sans devoir te harceler ;)
Je sourie face à sa réponse et continue de lui répondre.
Aisling : Tu excelles dans le harcèlement, alors je suis sûre que ça ne t’aurait en rien déranger !
James : C'est vrai... Mais maintenant je peux commencer dès aujourd'hui.
Aisling : J'ai du boulot ;) à demain.
James : Non Aisling, ne m’abandonne pas !
Il continue de m'envoyer quelques messages, tous plus fou les uns que les autres et qui me font rire. Mais je n’y réponds pas ou bien je sais qu’on y passera la journée et j’ai réellement besoin de me mettre au boulot. Dorian dormant tranquillement je peux profiter du calme pour m’avancer. Mais ce calme ne dure pas, Lili frappe à ma porte à peine une demi-heure plus tard pour m'annoncer quelque chose.
― Aisling... Vous êtes au courant que vous êtes partout sur internet ?
― Comment ça ?
Je ne comprends pas du tout de quoi elle peut parler et je suis confuse, mais elle ne tarde pas à m’éclairer. Lili entre dans la maison toute guillerette avec son téléphone à la main.
― Il y a une photo de vous et James Lemore qui circule un peu sur tous les réseaux sociaux, répond-t-elle plus calmement. À l'origine l'image vient d'un site de potins hyper connus...
― Sur cette photo je ne serais pas dans ses bras par hasard ?
Je l’interromps sachant qu’elle risque de parler pendant un long moment si je ne l’arrête pas avant. Elle acquiesce avec un grand sourire aux lèvres, et me regarde attendant visiblement des explications. Sachant qu’elle n’a pas encore vingt ans je suis persuadée que c’est une fan et à la manière dont elle me regarde elle s’attend à avoir des potins en avant première, mais elle risque d’être déçue.
Je regarde rapidement son téléphone et la légende sous celle-ci, apparemment tout le monde implique que nous sommes un couple et Lili a visiblement envie que je lui confirme. Chose que je ne fais pas, puisque ce n’est pas le cas. Je me doutais que cela pouvait arriver à un moment, ou un autre, j’y ai pensé dès notre première sortie, James est toujours épié, je l’ai remarqué à la salle dès le premier jour. Pourtant je ne pensais pas que cela serait aussi rapide, mais quand je repense au fait qu’il m’ait pris dans ses bras je pense qu’il n’y a pas de surprise du pourquoi c’est arrivé. Les photographes ont vu une opportunité et ils l’ont saisi. J’essaie de lire rapidement l’article, avec la crainte de voir apparaître n’importe quelles informations qui pourraient laisser deviner qui je suis, mais je ne vois heureusement rien.
― Vous le connaissez bien ? demande finalement Lili toujours avec cet énorme sourire aux lèvres.
― Laisse-moi deviner, tu es fan?
― Oui ! s’exclame-t-elle. Il est tellement beau et sexy, oh et son corps. Waouh !
Nombres de femmes devenant hystérique en sachant que je connais personnellement Monsieur la star mondiale ? Une.
Ma nounou s’évente de la main exagérément en pensant à James. J’espère qu’elle n’aura jamais à le croiser ici car je crains qu’elle soit une de ces fans complètement euphorique quand elle rencontre une célébrité qu’elle apprécie.
Lili s’en va rapidement après que j’ai répondu à certaines de ses questions et je suis une fois de plus de nouveau seule devant le travail qui m’attend. Je me demande un instant si je dois envoyer un message à James pour le prévenir, mais je change rapidement d’avis en pensant qu'il doit sûrement en avoir l'habitude et que ça ne sert à rien de le déranger pour ça. J'attendrai de le voir pour lui en parler et préfère me remettre à bosser.
***
Le lendemain, après une longue journée, l’heure fatidique arrive. Il est presque dix-neuf heures, Dorian dors dans son lit à l’étage et je stresse en attendant l'arrivée de James. Puis l'interphone du portail sonne finalement me faisant sursauter au passage. Je me lève, vérifie que c’est bien lui, puis finis par lui ouvrir à distance avant d’ouvrir la porte et d’attendre son arrivée sous le porche.
J’observe sa voiture avancer le long de l’allée puis se garer devant le garage à côté de la mienne. James ouvre sa portière, sors avec un bouquet de fleurs à la main et remonte ses lunettes de soleil sur le crâne, avant d’observer autour de lui, je le vois tourner la tête pour regarder l’espace que j’ai devant la maison avant qu’il ne porte son attention sur la maison elle-même. Il a l’air surpris, mais il le cache rapidement quand je m’approche au bord du porche et qu’il m’aperçoit. Un sourire prend place sur ses lèvres alors qu’il s’approche pour me rejoindre.
Je m’apprête à le saluer comme il le fait d’habitude, mais je n’ai rien le temps de faire qu’il me serre déjà dans ses bras avant de se reculer et de me tendre le bouquet de fleurs. Je le remercie, touché par son geste et il ne me répond qu’avec son sourire de charmeur. Je l’invite donc à entrer, il me suit jusque dans la cuisine où je cherche un vase pour y mettre les fleurs. Je ne sais absolument pas où je l’ai rangé, James est la première personne qui m’offre un bouquet depuis que j’ai emménagé ici alors il n’a pas du bouger de l’endroit inconnu où je l’ai rangé lors de mon emménagement. Je finis donc par trouver un verre doseur suffisamment grand que je remplie d’eau sous le regard amusé de mon invité.
― Je ne m’imaginais pas que tu vivais dans une maison si grande, m’avoue-t-il ensuite en regardant un peu partout autour de lui.
― Tu penses être le seul à avoir de l'argent ?
Je le taquine mais il n’a pas l’air de s’en rendre compte, je le vois vite rougir et se sentir gêné.
― Je... Je ne disais pas ça...
― Calme toi, je plaisante. J'ai la chance de bien gagner ma vie moi aussi.
C’est la vérité, mais j’évite de lui avouer que c’est surtout grâce à Jason que j’en suis là, on avait acheté la maison ensemble, je n’aurais jamais pu le faire seule et après sa mort le crédit à entièrement était payé grâce à son assurance vie, quand au reste de l’argent il est soigneusement préservé.
Je dépose mes fleurs sur l’îlot central sur lequel est accoudé James. Il se redresse et s'avance lentement près de moi. Il lève son bras encore plus lentement et me fixe, j’ai l’impression qu’il attend de voir ma réaction, ou qu’il fasse en sorte que je le vois vraiment arriver. Je me demande rapidement s’il n’a pas découvert quelque chose, mais je suis certaine que c’est impossible. Il avance doucement sa main et remet naturellement une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Mon regard s’accroche au sien, je crois bien que je n'arrive plus à respirer, cette sensation ne m’est pas arrivée depuis longtemps et je ne veux pas la ressentir. James s'avance alors à nouveau et son visage se rapproche dangereusement du mien. Sa main qui a remis ma mèche s’est collée à ma joue sans que je ne m’en inquiète et son pouce caresse ma pommette. Ses lèvres sont à quelques centimètres des miennes quand soudain, Dorian se met à pleurer. James s'éloigne rapidement de moi, confus. Le bruit vient de mon téléphone connecté au baby phone branché dans sa chambre.
Mon fils vient de me sauver d’une situation compliqué et à laquelle je ne suis pas prête même si ça ne m'arrange pas de devoir le présenter à James avant même de lui en avoir parlé.
― Qu'est-ce que sait ? demande-t-il toujours surpris. Tu as une télé d'allumé ?
― Non. Mets-toi à l'aise sur le canapé, je reviens dans un instant.
Je le plante alors sans lui expliquer et me dirige à l’étage pour récupérer Dorian dans sa chambre. Je redescends peu de temps après pour trouver James assis à m'attendre. Je m’approche avec mon fils dans mes bras, en stressant légèrement et m'assois juste à côté de lui. Il me regarde avec une confusion perceptible mais ne dit pas un mot, ce qui ne me rassure vraiment pas. Je prends alors une profonde inspiration et me lance.
― James je te présente Dorian, mon fils de cinq mois.
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