Titre : Artiste, un chef d'exception

Auteur : Taro Samoyed

Nombre de tomes : 9 (pour l'instant)

A la base, je voulais juste faire un petit poste sur mon mur mais je me suis rendue compte que je voulais que ce soit un peu plus permanent que ça. Dans le sens où les gens ne s'amusent pas à fouiller un babillard (j'en reviens toujours pas que ce soit le nom officiel) pour trouver une reco d'un manga alors que j'ai mon débarras pour ce genre de choses.

L'histoire de Artiste :

Plongeur dans un grand restaurant parisien, Gilbert est quelqu'un de timide et réservé. S'il fait tout pour éviter de se faire remarquer, il semble cependant posséder un goût et un odorat particulièrement développés et des connaissances poussées en cuisine... Ces talents parviendront-ils à faire de lui un maître des saveurs ?

(résumé nautiljon)

Je sais, je sais, le résumé ne paie pas de mine comme ça mais croyez-moi, c'est une véritable pépite qui mérite que vous vous arrêtiez. Les personnages, l'univers, les descriptions, le dessin, j'aime absolument tout dans ce manga. Il y a beaucoup de représentations diverses et c'est assez étonnant parce qu'on ne s'y attends pas au premier abord.

On nous plonge direct dans le monde des grands restaurants gastronomiques Parisiens et même si on peut se dire qu'on s'y connaît un peu parce qu'il s'agit de notre culture, bah en fait pas tant que ça. Mais en vérité, la cuisine n'est qu'un support qui permet à tous ces personnages de se retrouver, de se dévoiler, de créer des liens avec les autres. Et je trouve ça fabuleux. (faut que j'arrête de dire ça parce que ça va pas vous motiver à lire).

Gilbert est comme le résumé le dit, timide et réservé, mais on peut rajouter une grosse grosse touche d'anxiété sociale. Son nouvel emploi et son déménagement dans son nouvel immeuble va l'aider à sortir de sa carapace, à comprendre les autres, et se faire des amis (ouais, le chéri a plus de 25 ans et il a jamais eu de potes, à part sa voisine d'enfance). Il est adorable, essaye de faire des efforts même si ça lui coûte. Et ces changements commenceront principalement avec l'arrivée d'un homme qui ne sera son collège que quelques semaines, Marco. Dans la cuisine où Gilbert n'est plus que plongeur, ils se lient d'amitié et Marco pousse Gilbert à sortir de son statut quo et lui montre qu'il est possible et qu'il a le droit de faire plus.

Et même si on ne dirait pas aux premiers abord, Marco aussi est extrêmement intéressant. Il est cette personne qui ne se pose jamais, qui enchaîne tous les petits boulots parce qu'il veut tout tester mais se lasse très vite. Il connaît tout le monde, s'entend facilement avec tout le monde mais n'a en réalité aucun véritable ami. C'est pour ça que cette rencontre va être décisive pour les deux, pas seulement Gilbert.

Il y a une grande diversité de personnages et de caractères. Le restaurant dans lequel Gilbert va commencer son nouveau job est un endroit où le chef Maigret, qui a eu un accident et ne peut plus se tenir en cuisine de longues heures, décide de réunir les meilleurs dans leurs domaines pour que cette brigade devienne un nouveau lui. En recrutant au passage des rebuts des autres cuisines pour x ou y raisons. Et on découvre tout au long les vies de ces autres rebuts, comme Gilbert, qui ont du mal à trouver leur place ailleurs.

Je prends comme exemple le plus frappant, Lucas. (Oui, petit bonus, comme ça se passe à Paris, c'est majoritairement des Français et les prénoms sont quasi tous Français, c'est siii facile à retenir). Lucas s'occupe du poisson et c'est un véritable expert qui connaît absolument tout sur tout et semble être une vraie machine quand il travaille (pas mes mots, ceux de ses collèges). Et lorsqu'on nous raconte un peu sa vie, on se rends compte qu'il est carrément autiste. C'est jamais dis clairement, ce n'est même pas suggéré mais faut vraiment être con pour pas s'en apercevoir. Il est l'autiste de base (c'est pas méchant, je jure).

La femme d'un des personnages secondaires est sourde. Un autre personnage secondaire est homosexuel. Lucas est aussi métisse Franco-Japonais. Plusieurs personnages secondaires sont noirs ou arabes. Il y a un couple avec une différence d'âge. Une des personnages secondaires est âgée mais ne s'est jamais mariée, ni n'a eu d'enfants. Il y a un immigré Japonais. Le chef Maigret se déplace avec une canne suite à son accident. Il y a de toutes les situations de vie, de toutes les personnes. C'est aussi pour ça que j'aime ce manga, parce que dans un sens, bah c'est réaliste. Les gens sont pas tous blancs, valides, hétéro. C'est comme ça dans la vie et ça l'est aussi dans le manga.

Et toutes les histoires sont tellement belles et les personnages sont tellement attachants. On croit aux histoires d'amour qu'on nous raconte parce que c'est réaliste. On y croit aussi parce que ces personnages nous y font croire.

Mais d'ailleurs, on est à Paris. Comment est représenté Paris ? Par des gens de province, j'ai envie de dire. C'est un peu bizarre dit comme ça mais on sent que ce n'est pas un délire de fanboy de la France et de Paris. Non, on nous montre que c'est pas souvent le rêve. Il y a même des petits encarts « les mauvais côtés de Paris » que j'ai beaucoup adoré. Parce que Paris c'est comme n'importe quelle ville, il n'y a pas que du rêve.

Les thèmes abordés sont assez nombreux mais celui qui revient le plus je pense, ça reste la découverte de soi, des autres, le vivre-ensemble mais aussi, la vie. Je sais pas comment le dire autrement. Tout le long, des personnages, dont Gilbert et Marco en première ligne se demandent quel est leur but dans la vie, s'ils continueront toujours comme ça. Mais honnêtement, c'est vraiment le sens de la vie. Et même si ça paraît pompeux et philosophique, c'est abordé d'une très belle manière et tous les autres personnages expliquent comment eux, ils voient la vie, l'abordent, leurs rêves, leur avenir, comment ce qu'il s'est passé dans leur enfance les définit ou pas.

Le nouvel immeuble où va habiter Gilou (son surnom officiel, pas ma faute) est un endroit réservé aux artistes de tous les bords aux loyers moins chers car la propriétaire sait que les artistes peuvent être aidés pendant leurs études avec des petits loyers mais jamais après. L'immeuble comporte tous les types d'arts et c'est beau de tous les voir interagir ensemble, de s'entraider, de se donner des conseils, de se remonter le moral.

Et même si j'évoque les côtés très doux parce que c'est qui m'a marqué et me plonge avec satisfaction dans son univers, il ne faut pas oublier qu'il y a aussi des moments où ils ont des doutes, sont au bord du précipice de la confiance. Parce que c'est aussi ça la vie, c'est pas que du bonheur, il y a des passages à vide qui sont parfois plus longs pour certains que pour d'autres. Je crois que c'est vraiment le manga qui représente le plus le slice of life pour moi au final.

Le dessin quant à lui est aussi très doux. J'ai l'impression de dire constamment ce mot. Il n'est pas très accentué, il n'a pas de fioritures. Il se contente d'être et ne prends pas le pas sur l'histoire. Attention, le dessin est vraiment beau, je ne dis pas le contraire. Je dis simplement qu'il est plutôt simple, même si des fois, certaines planches ont un travail de lumière et d'expression faciales qui sont absolument incroyables. Et c'est cette simplicité globale qui sert à mettre en avant les caractères des gens, de mon point de vue ici.

J'espère au moins vous avoir titillé même si vous ne comptez pas aller le lire. Mais si vous le faites, croyez-moi, vous ne serez absolument pas déçus. La lecture d'Artiste est un véritable bonheur qui m'a autant faire rire que m'émouvoir.