| N É O |

Un mal pour un bien. Exactement comme dit à Ryuzaki. Kira, arrêté par la police japonaise dont tout le monde doutait, meurt en tant qu'exemple. Dans ce scénario, je ne vis pas. Mais je suis parfaitement en paix avec ma décision et ce qu'elle apportera à l'avenir.

— J'ai exécuté les criminels comme demandé.

La voix sortit de nulle part. Seule,au milieu de la chambre d'hôtel aux fenêtres barricadées, le son me fit presque sursauter. Une immense silhouette se tenait dans la pénombre. Un sourire étira finalement mes lèvres.

— Parfait, Rem.

— Tu es sûre que ça va marcher ?

Mon nom est Néo Mackenzie. Je suis l'élément de trop au sein de l'affaire Kira. J'ai apporté la discorde en connaissance de cause. Le blame d'un génocide sur ma tête, ce n'était plus qu'une question de temps avant que l'on ne vienne me passer les menottes. Et j'acceptais cette fatalité.

— Ça marchera, au moins pour un temps, murmurai-je.

Comme beaucoup s'en doutent, je ne suis pas Kira. Juste un simple pirate informatique. Mes parents, anciens dirigeants d'une mafia espagnole, furent parmi les premiers à mourir d'une crise cardiaque. Toutes ces informations, L les a récolté pendant son enquête. Il savait pertinemment que je mentais.

— Je serais dans les parages, au cas où quelque chose tourne mal. Sinon, tu peux considérer ça comme notre dernière rencontre.

— Adieu, Rem.

Elle disparut dans un coin de la pièce. Partie. Le silence me pesait. Aujourd'hui, ou dans les jours à venir, on viendrait pour m'arrêter. Quand j'ai intégré la cellule d'enquête comme suspect numéro deux, je savais que Ryuzaki ne me croyait pas coupable. Lui et moi, cette relation, ressemblait au jeu du chat et de la souris. Le premier qui trouverait l'autre. Aussi surprenant que ça pouvait l'être à l'époque, il fut celui qui me mit la main dessus. Sans jamais confirmer qu'il savait. L m'a abordée à l'université afin de discuter de l'affaire Kira : il gardait mon identité secrète si j'acceptais de collaborer.

Et nous voilà aujourd'hui.

L, tu ne pouvais pas savoir. L'idée même de me mettre à l'échafaud t'empêchait de revenir me voir afin de confirmer les meurtres de criminels que j'ai annoncé. Je ne te blâme pas, d'avoir pris autant de temps pour rouvrir la porte de cette chambre. Mais Rem et moi avons un accord.

« —Sauve L et je sauverais Misa.

— Marché conclu. »

Je donne ma vie pour une affaire où à la fin, il n'y aurait eu qu'un immense bain de sang. Des regrets, des trahisons et un océan de douleur. Grâce à moi, Light Yagami, tu ne remettras plus jamais la main sur le Death Note. Ni toi ni Misa.

Un cliquetis venant de la porte attira mon attention. Un léger trait de lumière illumina la chambre. Je ne pris pas la peine de tourner la tête.

— Néo.

La voix de Ryuzaki. Elle m'arracha un soupir las. Assise au bord du lit, je me levai. Comme un réflexe.

— Néo Mackenzie, vous êtes en état d'arrestation pour meurtre de masse, vigilantisme, trahison et abus, me déclara Soichiro Yagami.

Un peu surprise de le voir ici, ce sentiment s'effaça quand je me suis rappelée que la cellule d'enquête devait avoir interrompu sa détention, ainsi que celle de son fils et Misa. Des menottes s'accrochèrent à mes poignets. L, dans l'encadrement de la porte, semblait impuissant. Il n'avait pas pu se résoudre à le faire lui.

— Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous devant une cours de justice.

Nos regards se croisèrent. J'y vis une frustration sans nom. Il serrait les poings. Le détective me suppliait presque silencieusement de mettre fin à toute cette mascarade. Pour moi, il n'en était pas question.

— Vous avez le droit à un avocat et d'avoir un avocat présent lors de l'interrogatoire. Si vous n'en avez pas les moyens, un avocat vous sera fourni gratuitement. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n'importe quel moment d'exercer ces droits.

La fin. Elle s'approchait. Et je l'accueillais à bras ouverts.