II. Machination

| R Y U Z A K I |

« Je suis Kira, L. »

Si ces mots étaient sortis de la bouche de Light Yagami, je ne les aurais pas remis en cause. Mais ce jour-là, ils vinrent de Néo. Ses lèvres formèrent l'impossible à mes yeux. Des aveux si peu attendus qu'ils eurent le mérite d'ébranler mes convictions.

Néo=Kira ?

Après tout, je me fiais à mon instinct. Celui qui hurlait que je tenais mes coupables, enfermés sous terre. La détermination au fond de son regard, le sourire nerveux, l'attitude presque prédatrice à mon égard...

Vraiment ?

— Qu'est-ce que tu viens de dire ? murmurai-je.

Je l'avais très bien entendu. Son visage, à quelques centimètres du mien, laissait mon souffle l'effleurer. Pendant l'espace de peut-être plusieurs minutes, j'ai douté. Je ne savais plus où donner de la tête. Je pensais m'être trompé, avoir fait une erreur de calcul.

Mais aucune erreur n'a été faite. Sur mon tableau ou le sien.

— J'ai assez joué avec toi. Je suis lasse de toute cette mascarade.

Non, Kira n'aurait jamais fait ça. La seule chose à laquelle Néo pouvait répondre coupable, c'était d'être le pirate informatique le plus recherché par Interpol.

— Je n'enferme pas les gens sans raison valable. Les meurtres de criminels ont stoppé, il est plus qu'évident que je tiens mes coupables.

— Le plan parfait, n'est-ce pas ?

Sa main saisit ma mâchoire avec violence. L'autre s'appuyait toujours sur l'accoudoir, tandis que son genou se plaça dans l'espace entre mes jambes. Elle brisait tout espace vital.

— Et s'ils reprenaient ? Tu me croirais ?

— C'est impossible.

Elle sourit. J'aurais dû savoir. Me douter qu'avec de tels propos, Néo ne viendrait pas les mains vides.

— Demain, douze criminels vont mourir, déclara cette dernière.

Néo Mackenzie, je pensais pouvoir lire en toi comme dans un livre ouvert.

Notre bataille de regards ne s'arrêta pas. Je voulais tout entendre. Parce que si je devais démonter son explication brique par brique, il fallait me souvenir de tout. J'étais si sûr que jamais, elle ne gagnerait à ce petit jeu.

— Si ce que tu dis est vrai, c'est la peine de mort qui t'attend.

— Tu feras de moi le martyr que tout le monde veut, L. Et tu auras arrêté Kira. Un mal pour bien.

Je fus obligé de prendre sa menace au sérieux. Sans rien dire aux autres membres de la cellule d'enquête, j'enfermais mon suspect numéro deux et ordonnais à Watari de la garder sous surveillance. J'ai repris mon poste aux caméras braquées sur Light, son père ainsi que Misa Amane. Le lendemain, Matsuda arriva le téléphone à la main : douze criminels retrouvés morts par crise cardiaque entre six et neuf heures ce matin. Je me souviens avoir presque sursauté.

Néo, qu'as-tu fais ?

Mes pas m'ont mené jusqu'à la chambre où elle se trouvait. Une fois la porte déverrouillée, je vis cette dernière m'attendre, assise sur le lit. De dos à moi, au bruit que je fis, elle se tourna, un sourire vainqueur aux lèvres.

— Je ne te crois pas.

— Douze, pas vrai ? Pas un de moins, pas un de plus.

— Tu n'es pas Kira, Néo Mackenzie.

— Alors les meurtres continueront. Chaque jour le double. Et mercredi, ils s'arrêteront à nouveau.

Je ne pouvais pas laisser une telle chose arriver. Je refusais de boucler la mauvaise personne. Pourtant, elle ne se trompa pas. Le lundi, vingt-quatre criminels perdirent la vie. Le mardi, quarante-huit. Puis, le mercredi, plus rien. Ni le jeudi. Ou le vendredi. Au matin du septième jour de ce cauchemar, un appel de Watari apparut sur mon écran.

— Ryuzaki, il est temps.

— De quoi parle-t-il ? demanda Aizawa.

Je pris la plus grande inspiration possible. Tout l'air dans mes poumons sé déchargea. Je n'avais pas osé retourner voir Néo. Tout l'accusait, à présent. Mes deux suspects, les véritables Kira premier et second du nom, me filaient entre les doigts.

— De l'arrestation de Kira, répondis-je. Il a avoué. 

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