Chapitre 10 - Conversation entre fantôme

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Encore quelque chose de cool quand on est un fantôme, on ne ressent pas le soleil. Il ne nous brûle pas, ni nous donne chaud. Et c'est comme ça que moi et Molly on se retrouve assise sur le trottoir, à parler de son expérience en tant que fantôme pendant tout ce temps.

- Au début c'était cool, commence t-elle. Je trouvais ça extraordinaire le fait d'exister sous une autre forme, même après la mort. J'allais dans mon ancien lycée, je m'amusais à faire peur aux gens qui le méritaient, à les toucher, à déplacer leurs affaires. T'aurais dû voir leur tête lorsqu'ils cherchaient, ce qu'ils étaient sure d'avoir mis à un endroit précis. Mais à force, j'ai fini par me lasser. La vie que je ne voulais plus commençais à me manquer, mais je ne pouvais rien y faire. J'ai donc fini par accepter ma situation. J'ai vu le monde évoluer, les anciennes maisons ont été remplacé par ces bâtiments modernisés.

Elle montre la maison d'en face, d'un mouvement de main.

- Les gens ont changé, les élèves de ma promotion sont partis, ils ont eu leur diplôme. Le monde que je connaissais n'était plus le même. Et moi j'étais toujours là, ronger par la solitude. J'ai vu certains membres de ma famille vieillir sans pouvoir rien faire, je les ai vu mourir. Le pire c'est que je n'ai trouvé leur fantôme nulle part, comme si c'était enfaite une malédiction et que j'étais la seule à être condamnée.

Elle sanglote, mais aucune larme ne sort de ses yeux. Les fantômes ne peuvent pas pleurer, mais la sensation reste la même.

C'est trop triste ce qu'elle me raconte, encore plus que l'histoire de Dylan. Ça a dû être très dure à supporter.

- Mais j'ai fini par apprendre l'existence d'un endroit appelé vallée des morts, et que tous les fantômes n'étaient pas destinés à y aller. En trente ans de mort, je n'ai vu que quelques fantômes. Et ils n'étaient même pas de cette ville, je les ai rencontré quand je faisais le tour du pays. On peut dire que c'est le seul avantage d'être un fantôme. Tu peux voyager, prendre l'avion sans payer. Il te suffit d'entrer dans un vehicule et te laisser emmener, personne ne te verra.

Je n'avais pas pensé à cette opportunité, c'est une bonne chose. Heureusement elle n'est pas devenue un fantôme emprisonné quand elle est morte.

- Je ne suis pas d'ici tu sais, ajoute-t-elle.

- Vraiment ?

Elle hoche la tête.

- J'ai décidé de quitter ma ville natale quand mes grands-parents sont morts, je ne pouvais plus rester, sachant que je ne les reverrai jamais. Cette ville est celle qui a le moins de fantômes, dans toutes celles où je me suis rendue. J'allais partir, la solitude étant trop forte et comprenant que c'était une mauvaise idée de rester ici. Et c'est là que je t'ai rencontrée.

Elle me regarde et je lui fait un sourire réconfortant.

- Et toi depuis quand es-tu morte? me demande t-elle, avant d'allonger ses pieds dans la rue.

- Depuis deux jours.

- Wow, c'est récent.

J'hoche la tête.

- Et pourtant, tu as l'air de t'y habituer, tu t'es même liée d'amitier avec la mort.

- Oh, Angel !

Je ris.

- Il suffit de passer un peu de temps avec lui pour voir qu'il n'est pas celui qu'il laisse paraitre. Il est gentil.

- Alors ça, c'est difficile à croire. Il est carrément flippant.

Une question me trotte en tête, elle ne m'a pas dit comment elle est morte.

- Sinon, t'es morte comment?

À l'entente de cette question son visage change d'expression, de détendu et amusé à serieux et renfermé.

Je n'aurais peut-être pas dû.

- Désolée, m'empressé-je de m'excuser. Je suis curieuse de nature.

- Non non, ça va. Ce n'est pas grave.

Elle prend une grande respiration.

- Je me suis suicidée. lâche-t-elle tout juste après.

Et voilà, je savais que j'avais fait une gaffe. Ça m'apprendra.

Je ne dis rien, non seulement parce que je ne sais pas quoi dire, et je ne veux pas aggraver la situation en sortant une autre connerie. L'atmosphère est assez gênant comme ça.

- Et toi? me demande-t-elle.

- Quoi, moi ?

Je pose mon regard sur elle.

- De quoi es-tu morte ?

- Oh, j'ai été frappé par une voiture alors que je traversais un carrefour. répondé-je avant de me perde dans mes pensées.

C'est la faute de l'inconnu qui me suivait, ce jour là. Je n'ai pas vu son visage, je ne sais pas qui il est. Malheureusement. Il ne devrait pas s'en sortir aussi facilement, je serais encore vivante s'il ne me poursuivait pas comme un psychopathe, dans la rue.

J'ai eu la peur de ma vie. Peut-être que si je n'avais pas traversé sans regarder je serais parvenue à rentrer chez moi saine et sauve. Ou bien il m'aurait attraper et fait endurer des trucs les plus atroces les uns aux autres.

- J'avais dix-sept ans quand j'ai décidé de mourir, commence Molly, me ramenant à la realiter. Ma mère étant morte quand j'avais à peine neuf ans, mon père a commencé à boire. À chaque fois qu'il rentrait bourée, il me frappait. Et comme si ce n'était pas assez, je me faisais harceler à l'école, je n'avais pas d'amis.

C'est horrible. Alors que moi j'en veux à cet homme d'avoir engendré ma mort, elle a passé toute sa vie à espérer à crever un jour, à cause de ces gens qui faisaient de sa vie un cauchemar éveillé.

- Tu ne vois peut-être pas de marque sur moi, à cet instant.

Elle lève son bras droit pour que je puisse regarder.

- Mais c'est parce que je suis un fantôme maintenant, je n'ai plus de chair. Ma peau était recouverte par
les bleues des coups que m'infligeaient mon père. J'ai fini par craquer, je ne pouvais plus supporter cette vie, je ne voulais plus faire semblant d'aller bien. Alors un jour, j'ai décidé de me couper les veines du poignet.

Elle essuie une larme imaginaire d'un coup de main.

- Au debut j'étais étonnée de voir mon corps couché sur le lit, la lame dans ma main droite. Je ne comprenais pas ce qui m'était arrivé. Mais il m'a fallut de quelques minutes seulement pour comprendre ce que j'étais devenue, un fantôme. J'ai d'abord essayé d'entrer dans mon corps, mais ça n'a pas marché. Ce n'est pas parce que je regrettais de m'avoir ôté la vie, non, mais parce que je voulais vérifier si j'étais vraiment passé dans l'audelà.

J'hésite un instant, mais finis par mettre ma main dans son dos, pour ensuite le caresser lentement. Comme pour la reconforter.

Elle place ses mains sur ses genous avant de les faire rejoindre sa poitrine.

- M'enfin ! J'avoue que la solitude m'avait poussé à regretter de l'avoir fait, mais bon, c'est la vie.

Je m'apprête à la corriger mais elle me devance.

- Comme on n'est plus en vie, je suppose qu'il serait préférable de dire, c'est la mort ?

Elle me regarde confuse.

- J'allais dire exactement la même chose. dis-je avant de rire légèrement.

Elle fait de même.

Molly a peut-être choisi d'arrêter de vivre, mais ce sont ces gens qui l'ont mis cette idée en tête. Tout comme cet inconnu m'a obligée à aller me placer devant cette voiture, cette nuit. Je dois retrouver cet imbécile et lui faire payer ce qu'il m'a fait. J'en fait ma mission. Je suis sure que Angel saura qui c'est.

Bien sûr, je n'oublie pas que j'ai presque promis à Dylan de le libérer de sa prison. Et peut-être que je pourrai aussi venir en aide au garçon de l'hopital, j'essaierai de liberer le plus de fantôme possible.

Mais tout d'abord, je dois apprendre un peu plus sur le monde des morts si je veux y arriver.


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