Lettre 6 :

Chère Eléonore,

Je suis conscient de vous avoir envoyé une lettre quelque peu osée, et je vous remercie infiniment d'y avoir répondu sans souciller. Comme vous le dites si bien, la vie, c'est les Nobles au-dessus de tout, point à la ligne. Mais la vie est injuste. J'aimerais faire évoluer les mentalités, d'où la raison de ma précédente lettre, dépourvue de gentillesse. En premier temps, cela vous a choqué, mais vous avez finalement consenti à me répondre poliment. Je vous en remercie.

Voyez-vous, je suis convaincu que, d'ici quelques années, le peuple en aura assez de se faire traiter tel un moins que rien et se rebellera. A ce moment-là, les Nobles, s'ils n'écoutent pas les revendications des paysans, perdront tous leurs privilèges. Alors, si vous me considérez comme votre égal (car après tout, comme je vous le disais dans ma dernière lettre, je ne suis ni plus ni moins qu'un homme avec seulement moins d'argent de vous) dans vos lettres, tout me porte à croire que les autres Nobles feront de même et sauront écouter le peuple en temps venu.

Cessons donc de parler de sujets qui fâchent. D'après ce que j'ai compris, vous me proposez une sorte de trêve : si j'arrête de vous provoquer, vous arrêterez de me rabaisser. Eh bien cela arrive à point nommé, je l'accepte avec joie ! Car, sachez-le, je prends plaisir à vous écrire, et plus encore si vous ne m'obligez pas à y être désobligeant et discourtois. Je suis très content de ce pas envers moi que vous faites, ainsi que très reconnaissant.

Merci de m'avoir fait part de votre vie passée. D'après ce que j'en lis, elle n'a pas toujours été rose... A ce propos, je vous envoie mes plus sincères condoléances au sujet du décès de votre mère (bien en retard, mais mieux veut tard que jamais), de qui vous aviez l'air proche.

Ah ! Je ris actuellement. Voulez-vous savoir pourquoi ? Parce que, malgré tout ce que vous avez tenté de clamer dans vos précédentes lettres, nous nous ressemblons. Nous avons tous deux vécu une mort durant notre enfance. Nous aimions tous deux cette regrettée personne. Nous avons (sûrement) tous deux pleurés, la nuit venue, la mort de cette personne si chère à notre cur. Vous, ce fut votre mère, et moi, ma si chère Sylvette, celle qui m'a tout appris.

Elle est décédée le jour de mes douze ans. Ce fut, je crois, la pire journée de ma vie. Me dire que je ne reverrai plus jamais Tatie Sylvette, comme je l'appelais ; me dire qu'elle ne m'aidera plus à écrire, à lire, en Français, en Anglais, cela a été un énorme déchirement pour moi. C'est depuis ce jour-là que je me suis promis de toujours lui faire honneur, en montrant aux gens qui nous prennent pour des moins que rien que nous sommes aussi capable d'intelligence. C'est ce qu'elle me répétait tout le temps.

Je suis très heureux pour vous que votre mariage avec cet Ovide (quel affreux prénom !) de Montauban soit repoussé de quelques semaines. Malheureusement, à l'heure où vous lirez ma lettre, vous serez sûrement mariée à lui, ou presque. A moins qu'il ne lui soit arrivé un fâcheux événement qui aurait encore repoussé la date fatidique que vous appréhendez tant. Je l'espère pour vous car, à votre place, je serais encore plus désemparé que vous ne l'êtes. Je voulais, au passage, vous dire que je vous trouve très courageuse en ce qui concerne cette affaire, et je vous apporte tout le soutien qui est en ma possession.

Le mariage chez nous est bien moins important qu'il l'est pour vous. Il n'est pas question d'argent, car aucune des deux familles n'en possède beaucoup. Nous sommes donc plus libres de choisir notre partenaire (s'il est de notre rang, qu'il plait à notre famille et que sa famille accepte le mariage) et, si nous n'en trouvons pas, nous pouvons très bien finir notre vie seul, bien que ce ne soit pas vivement conseillé... Je vous accorde que, sur ce point, nous sommes bien plus avantagés que vous. Encore une preuve que l'argent ne fait pas le bonheur...

Sur ces belles paroles, je vous dis au revoir et à bientôt, en vous assurant que chacune de vos lettres me diverti et en espérant que votre mariage n'aura pas eu lieu...

Aleksander Mercier - Le 11 mai 1873 -



Salut ! :)

Voilà ce nouveau chapitre, en espérant qu'il vous plaira ! ^^ Ne vous inquiétez pas, un peu d'action ne devrait pas tarder à arriver... 

J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes et vous souhaite une très bonne année, remplie de grands bonheurs et de petites joies, ainsi que de la santé et de l'amitié ! En parlant de nouvelle année, je voulais remercier tous les lecteurs de "Ma Vie (trop) Banale !" pour m'avoir fait dépasser les 600 vues, le 31 décembre 2018 en prime ! *0* Merci beaucoup, je n'en reviens toujours pas ! <3

A très bientôt, 

Elfie ^^



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