Lettre 4 :


          Dear Eléonore...

C'est ce par quoi Shakespeare commencerait sa lettre s'il était encore de ce monde, et si vous étiez en correspondance avec lui... Et oui, j'ose citer ce dramaturge qui a révolutionné l'écriture ! J'ose aussi commencer ma lettre par des mots de cette belle langue Shakespearienne. J'ai du culot, me diriez-vous ; mais je suis cultivé, et j'aime le crier sur les toits - encore plus si ces toits-là me prennent pour un moins que rien -...

Ne le prenez en aucun cas personnellement, même si vous êtes quand même bien visée dans mes phrases ci-dessus... Vous vous demandiez comment je sais lire et écrire. Eh bien, c'est l'histoire de ma vie que vous voulez connaître. Pour vous, ce n'est peut-être qu'une banalité que d'apprendre cette si grande richesse avec des religieuses ; mais pour moi, c'est une immense chance et fierté dont j'ai bénéficié...

Voyez-vous, tout a commencé assez normalement, dans la bibliothèque de mon grand-père. Elle regorge de livres que lui-même, à son grand regret, n'a jamais pu lire. Il se contentait de les feuilleter et d'essayer d'en déchiffrer les parfums, les marques d'encres, et autres richesses que contient un livre, sans compter les écrits dont il est pourvu. C'est d'ailleurs mon grand-père qui m'a appris à reconnaître l'odeur d'un livre neuf, de celui qui a servi à tuer une mouche ou encore d'un qui n'a pas été ouvert depuis longtemps... Savez-vous faire cette différence, vous ?

Dans cette bibliothèque donc, j'allais regarder tous les jours un livre qui m'intéressait tout particulièrement : le dictionnaire. Ce livre, à lui tout seul, a plus de vocabulaire de quiconque ose le prétendre ! Je ne savais pas à quoi pouvait bien servir un ouvrage si gros et si plein de mots, mais il me passionnait. Et il me passionne toujours, d'ailleurs.

Un jour, je l'avais emporté au champ avec moi, pour essayer de le décoder pendant ma pause, de connaître l'histoire de ce fameux livre, à défaut de savoir déchiffrer les lettres, les mots et le vocabulaire qu'il contenait. Je voulais savoir depuis combien de temps mon grand-père avait cette richesse entre les mains, s'il lui avait servi un jour pour bloquer le pied d'une table bancale, s'il avait un jour déchiré une page, ou encore combien d'or lui avait coûté une telle merveille... Et, croyez-le ou non, sans savoir lire, j'ai réussi à obtenir toutes ces informations sur ce dictionnaire !

Tout content, je suis retourné chez mon grand-père pour lui faire part de mes investigations. Ce jour-là, une amie de ma grand-mère, Sylvette, était aussi présente, mais je ne fis pas attention à elle, trop occupé à faire mon compte-rendu à mes grands-parents. Elle, en revanche, avait entendu chacun de mes mots et avait compris ma passion pour cette langue de Racine, cette richesse inconsidérée que les gens de la haute possèdent. Elle m'a alors proposé de m'apprendre à lire et écrire. J'ai sauté de joie. Depuis le jour où j'ai eu un livre entre les mains, je ne pense qu'à pouvoir enfin le décoder, le lire, l'apprécier et le comprendre, et cette merveilleuse dame m'offrait enfin l'opportunité d'apprendre à le faire !

J'ai mis plus de deux ans à savoir lire et écrire correctement. Entre la mort de nos moutons, la naissance de ma petite sœur et la découpe du bois, j'ai eu très peu de temps pour apprendre. Mais dès que j'avais un moment, je me précipitais chez Sylvette.

Depuis, j'ai commencé l'apprentissage de l'Anglais, dont la langue me fascine tout autant que le Français - j'étais en train de relire un passage d'Hamlet avant de vous écrire, ce qui explique mon introduction dans cette langue... - !

Je peux maintenant, grâce à cette si bonne Sylvette, converser avec vous, Eléonore De Bourmont, fille, petite-fille et arrière-petite-fille d'aristocrate, dont le rang est bien supérieur au mien. Et je suis très fier de vous envoyer une nouvelle lettre, la lettre de mon histoire, la lettre de ma vie...

D'ailleurs, si vous daignez répondre à ce courrier, j'aimerais beaucoup en savoir plus sur vous, votre enfance et vos origines... Dites-vous que ce serait une forme de courtoisie envers moi, qui vous ai conté ma vie, ou, du moins, mon ouverture au vaste monde des livres et des auteurs.

J'espère que vous aurez apprécié la lecture de ma lettre et que vous serez un peu moins hautaine vis-à-vis de moi dans votre prochain courrier, parce que je ne suis ni plus ni moins qu'un homme avec seulement moins d'argent que vous... Réfléchissez à tout ceci avant de me dire que vous plongez dans la clandestinité en correspondant avec moi...

En espérant que votre père aura su être clément avec vous, je vous envoie mes plus sincères salutations.

Aleksander Mercier                                                                                                                           - Le 17 avril 1873 -



Hello ! :)

Voilà (enfin) un nouveau chapitre de cette histoire, avec beaucoup de détails sur la vie de mon petit Aleksander... J'espère que vous n'avez pas trop attendu, mais nous savons, avec Ludivine, que nous avons des progrès à faire de ce côté-là, le temps entre les parutions des chapitres étant un peu long ! :o

Mais ce n'est pas de ce nouveau chapitre dont je voulais vous parler, mais plutôt d'une petite surprise que je vous fais... J'ai publié un nouveau one-shot dans mon recueil ! :) Le thème de l'histoire est l'addiction, mais cette addiction-là est assez particulière... Alors pour tous ceux qui sont curieux, je vous invite à aller le voir ! J'espère qu'il vous plaira... ^^

C'est tout ce que je voulais vous dire, alors, en vous souhaitant une bonne lecture, je vous dis à très bientôt ! :)

Elfie ^^


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