46 : Sinon quoi ?
Chaque être humain et des failles.
Et t'es pas celles qui réparera les dégâts.
Andrew
— Andrew ça va ? Ça fait longtemps que t'es là dedans, demande Suzy en frappant contre la porte de la salle de bain.
— Ouais ouais. J'arrive.
— Ok. On t'attends à table.
Une fois que je n'entends plus clairement ses pas, je descends des chiottes, jette mon reste de clope dans celui-ci et ferme la fenêtre. Je sors ensuite des toilettes et retourne dans la salle à manger l'envie de disparaitre toujours aussi présente.
— Ça va mon chéri ?
J'ignore le commentaire de ma génitrice et m'assois dans le silence. Elle m'étire un petit sourire triste que je n'essaie même pas de rendre. Depuis le début de cette soirée je peine autant à parler qu'à manger. En même temps, comment agir normalement face à une personne qui nous a profondément blessé ?
Je souffle et allume mon téléphone. Mais apparemment, ceci est mal vu par la grande prêtresse Suzy.
— Tu peux arrêter de faire l'enfant ? elle grince dans un sourire destiné à Selma tout en m'arrachant mon téléphone.
— Putain Suzy. Je peux pas fumer ni avoir mon téléphone maintenant ?
À l'entente du mot fumer, l'hôte se retourne vers moi alors que mon père prends sur lui pour ne pas m'égorger vivant sur cette table. Le connaissant je dois encore lui faire honte.
— Oh. Je ne savais pas que tu fumais, elle dit d'une voix qui laisse retranscrire sa déception.
Ah bah c'est l'hôpital qui se fout de la charité.
— Bah maintenant tu le sais.
— C'est dangereux tu sais.
— Tout comme l'alcool en excès mais ça ne t'as pas empêché pour autant.
Elle baisse sa tête et reste silencieuse
— Tu vas arrêter de casser l'ambiance avec tes commentaires ?!
Je regarde mon père et roule des yeux
— Sinon quoi ?
— Ne me tente pas Andrew.
— Ouhhh j'ai peur.
Il se lève et tape les poings sur la table.
— Arrête de me faire honte veux-tu ?! T'en a pas marre de t'en prendre à elle ? Nom de Dieu chaque jours je doute que tu sois mon fils ! Regarde toi. Tu fonces tout droit dans la débauche. Je me demande bien qui t'as élevé !
— Pas toi en tout cas.
Il me regarde perplexe mais je soutiens son regard. Cette fois, je ne suis plus maître de moi même. Ma bouche s'ouvre seule et j'ose dire ce que j'ai retenu en moi pendant des années,
— Tu sais quoi, j'en ai marre de me taire. De fermer ma bouche pour te satisfaire toi et ton égoïsme sans nom. J'en ai marre Paul, marre que tu me fasses croire que je suis dramatique parce que non je ne le suis pas. Parce si être blessé c'est être dramatique alors ça veut dire que t'as toujours rien compris aux émotions humaines. Et ouais, je m'en prends à elle parce que rappelle moi, elle était où quand j'avais besoin d'elle ? Quand je pleurais tous les soirs ? Quand tu m'abandonnait pour le travail ? Elle était où ehn ? Dis le moi parce que j'aimerais savoir. Parce que putain j'avais besoin d'une mère Paul. Une putain de mère. Et tu sais quoi, tout ça c'est de votre faute. Si je suis devenu comme ça c'est de votre faute ! J'ai jamais voulu finir comme ça. Putain mais j'arrive même pas à correctement aimer parce que je sais même pas c'est quoi. Alors non, n'ose pas te plaindre parce que si je pouvais je changerai de vie sans regret !
Je reprends mon souffle puis continue.
— Et je crois que le pire dans tout ça c'est que j'envie Elijah. Il a eu droit à la vie que j'ai jamais pu avoir. Des parents qui l'aiment, des sorties le weekend, une vie de gosse quoi. Lui au moins, il a pas à s'inquiéter de retrouver sa mère frigorifié sous un pont. Ou pire encore, qu'elle soit morte vu qu'elle n'a fait aucun signe de vie depuis les dernières années !
— Andrew je-
Je repousse la main de Selma à l'aide de mon épaule.
— Alors toi, ne me touche même pas. Franchement, je te trouve très audacieuse Selma. Aller faire un autre gosse alors que t'as abandonné le tien comme de la merde. Chapeau. Même moi j'aurais pas pu faire plus bâtard.
— Écoute, ça à été tellement difficile, elle essuie ses yeux qui perlent de larmes de crocodiles. J'ai pas voulu Andrew. J'ai sincèrement pas voulu. C'est juste que.. dans la vie on fait des erreurs et.. j'étais jeune et naïve aussi.. je voulais, elle renifle mais je la coupe.
— Tu sais ce que je comprends de ton charabia ? Rien. Juste que t'es pas assez mature pour avouer que t'as aucune raison valable. En même temps, à quoi m'attendé-je en venant chez une ancienne alcoolique. Des réponses ? Quel idiot je fais.
Je ris jaune et me retourne sans regarder les dégâts que j'ai causé. Au pire, ça peut pas être pire que ce qu'ils ont bousillé en moi.
J'enfile ma veste le cœur à la fois lourd et léger. Léger parce que quelque part j'ai toujours voulu le leur dire en face. Mais lourd parce que mon envie de pleurer depuis le début de cette soirée commence à me démanger.
Les rues sont glacés. Mes cheveux que sont attaché dans un élastique essaient de se libérer. Je souffle et regarde la route. Tante Mary m'a dit qu'elle arrivait dans pas longtemps.
Je fixe mes basquettes jusqu'à ce que je voie une voiture se garer devant moi que je reconnais comme étant celle de ma tante. Elle sort de la voiture et m'ouvre ses bras.
Et pour la première fois de la soirée, je pleure. Mon cœur me fait atrocement mal et mes yeux semblent être prêts à faire couler des litres de ce liquide salé. Nous restons là pendant des longues minutes où je ne cesse de mouiller son manteau.
— Ça va aller mon chéri. Vient, on va chez moi.
Elle me caresse doucement la joue et j'hoche la tête. Nous entrons dans sa voiture et elle démarre jusqu'à chez elle.
Sur le trajet, je regarde la ville éclairé la tête collé contre la vitre. Je déteste vraiment ma vie.
Une notification me sors de mes pensées.
Chang ♡ :
Peter m'a dit que tu dinais avec ta mère ce soir. Ça va ?
Je souffle puis éteint mon téléphone. J'ai pas envie de lui parler. Pas ce soir en tout cas.
﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏﹏
Saluuuut !!!!!!!
J'espère que vous allez bien. Ça fait trop longtemps que j'ai pas écrit. Ça me fait trop plaisir. En plus j'ai fini mes examens donc je suis libre comme l'air.
Alléluia. Sinon ça va vous ?
J'espère que le chapitre vous a plu. Déso parce que il est un peu broubrou
Je vous fait plus de bisou ( avec un cache nez bien-sûr )
Bye !
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