38 : Kinder

J'ai tout essayé.
J'aurais même pu te donner au point de me perdre en chemin.

Je soupire essoufflé et remets une mèche de mes cheveux derrière mon oreille avant d'enlever mes airpods - un autre cadeau de Chen, cette petite milliardaire qui a du casser son cochon - Nous sommes en soirées et malgré mon faible taux d'activité physique, je suis sortie faire un jogging. L'atmosphère à la maison est oppressante. Ava semble se terrer dans un mutisme qui nous dépasse ma mère et moi. Impossible d'avoir une conversation avec elle.

Je m'assois sur le même banc que la dernier fois que je me suis promené dans ce parc et à la rigueur aspire la bouteille que je me suis payé.

Je n'ai pas envie de rentrer.

- Je peux m'asseoir s'il te plaît ? me demande une voix grave.

Je lève les yeux vers un garçon d'environ mon âge. Ses cheveux châtains sont coiffés d'une raie au milieu alors que des fines lunettes rondes ornent son visage aux tâches de rousseurs. Il a un casque noir aux oreilles et me sourit poliment en indiquant la place à côté de la mienne.

J'évite de me demander pourquoi il veut s'asseoir à côté de moi alors qu'il y a une trentaine de bancs dans ce parc et hoche la tête. Il doit se sentir seul et c'est pas comme si je suis obligé de taper la discute. Il s'exécute et je reste silencieuse.

- Un Kinder ?

Je sursaute et me retourne pour voir qu'il me tend un Kinder Bueno. Je ne saurais dire si sa voix m'étonne ou m'effraie. Un mélange des deux sûrement.

- Non mer-, je tente de refuser et il m'interrompt.

- Cela peut paraître bizarre. Effectivement ça l'est. Mais je sens que tu as besoin d'un remontant et il n'y a rien de mieux que du chocolat.

Je le regarde puis le Kinder qu'il me tend. Sois je deviens trop méfiante, sois cette génération essaie les friandises comme appât même sur les adultes. Il semble comme comprendre mon raisonnement et fait un "o" de la bouche.

- Je m'excuse. Dans ma tête ça paraissait moins psychopathe. Je t'assure je ne suis pas un psychopathe.

J'hausse un sourcil

- Qu'es-ce qui me prouve le contraire alors ?

Il semble prendre plus confiance et déclare avec sa voix étonnamment trop grave pour sa carrure,

- Rien. Juste ma parole.

- Pas très convaincant tout ça, je le taquine.

- Pas trop non, il sourit. Milo enchanté.

- Lorelei, je mens.

Il me tend sa poignée que je sers. Il y a une chance sur mille que l'on se revoient alors ça ne sert à rien de lui donner mon vrai non.

- Comme le rocher ?

- Oui.

Il hoche la tête avant de croquer dans son kinder.

- Certaine de ne pas en vouloir ?

- Non merci. Ma mère m'a toujours dit de refuser des friandises des inconnus.

- Pas faux. Mais si l'inconnu est mignon ?

- Je ne sais pas trop. Je ne me suis jamais retrouvé dans ce genre de situations.

Il porte la main à son cœur et fait semblant d'être offensé. Un jeu d'acteur digne d'une œuvre de Shakespeare. Je regarde l'heure sur mon téléphone et me lève.

- Je dois y aller. Ça à été un plaisir de presque me faire enlever par toi Milo.

- Plaisir partagé. En espérant que la prochaine fois tu donnes ton vrai nom.

Je rougis puis m'en vais. Mes mensonges sont vraiment nuls à chier.

ılı.lıllılı.ıllı

Moi : Ouais qu'es-ce qu'il y a ?

Simone : Oh mon Dieu enfin tu réponds !

Je sautille sur un pied pour enlever ma chaussure tout en essayant d'arrêter mon téléphone pour écouter la blonde.

Moi : C'est quoi l'urgence cette fois ? Si c'est encore pour débarquer chez toi pour faire une fausse crise de jalousie parce que un de tes plans culs refuse de partir je dis non.

Elle rigole. Ha-ha-ha, je meurs de rire.

Simone : Non. Bien pire. C'est par rapport à Andrew.

Moi : Parle, tu me fais trop peur

Simone : Sa meuf , fin, je crois son ex a fait un tweet. Attends je te le lis.

" Quand tu abaisses tes standards mais qu'il n'arrive toujours pas à les attendre. Des moins que rien "

Simone : Elle ne l'a pas identifié mais tout ses abonnés savent que c'est lui. Je ne sais pas si c'est vrai mais il se fait tailler dans les commentaires. Je sais que vous êtes assez proches et je pense qu'il a vraiment besoin de toi.

Moi : Je sais pas trop. On ne s'est pas parlé ça fait quelques jours. Je ne sais même pas si il est rentré et-

Simone : Ferme-la Meï. Vide un peu ta tête. Ton ami à besoin de toi alors va l'aider.

J'hoche la tête comme si elle pouvait me voir.

Moi : Merci. Mais ça va toi ?

Simone : Bof. La maison est grave calme sans Papa et Julian mais ça va. Je tiens le coup je crois.

J'ai à nouveau un pincement au cœur

Moi : Je suis là si besoin.

Simone : Je sais Meï merci. Allez, file.

Moi : Bye.


Je file sous la douche et cherche des vêtements propres dans mon armoire. J'opte pour un col roulé en dessous d'un cardigan vert pastel et un jean.

Je quitte la maison et monte sur mon vélo. Il fait trop bon pour prendre le bus. En plus je dois faire un détour vers le super marché.

ılı.lıllılı.ıllı

- Bonsoir madame.

- Rho, je t'ai déjà dis de m'appeler Suzy.

Je souris timidement.

- Allez, entre. Andrew est dans la chambre de son frère. Première porte à gauche.

Je la remercie et m'exécute. Je frappe puis ouvre légèrement la porte pour y apercevoir le brun et son frère. Il joue à la Switch avec lui. J'évite de me faire trop de bruit et espère qu'il me remarque. Ce qu'il fait après un coup de coude de son frère.

- Tu peux continuer à jouer seul s'il te plaît ? il demande.

Son frère hoche la tête et continue sa partie. Andrew se lève du sol et viens me rejoindre tout en fermant la porte derrière lui.

- Tu l'as appris c'est ça ? dit-il simplement.

J'hoche la tête et il soupire.

- On peut sortir ? Les murs ont des oreilles dans cette maison.

Je souris quand je comprends qu'il fait référence à Suzy et le suis hors de chez lui. Nous n'allons pas très loin vu qu'il m'amène dans un square pour enfants à quelques pâtés de maisons. Il se fait un peu tard alors il n'y a personne à l'horizon. Nous nous asseyons sur des balançoires et il débute.

- Tu crois que c'est vrai ce qu'elle dit ? Je suis vraiment un moins que rien ?

- Si vouloir chercher son bonheur est être un moins que rien alors oui, tu es un moins que rien Andrew. Tout comme moi et tout être humain sur cette planète.

Il se retourne pour me regarder avec une affreuse douceur et je resserre mon emprise sur les chaînes de la balançoire. Sois j'ai une indigestion sois je me fais attaquer par une horde de papillons dans mon ventre.

- C'est la chose la plus réconfortante mais bizarre qu'on m'ait dit en 2 jours, il sourit et je fais de même.

- Que veux-tu ? Je suis Meï Chang.

Il glousse.

- J'aime bien ta coupe. Mais je te préfère avec les cheveux longs. Là j'ai plus rien à triturer.

- La prochaine fois qu'on se verra je mettrai une perruque, je rigole.

- Ouais t'as intérêt.

On se sourit à nouveau.

- En vrai, tu m'as grave manqué Chang.

Toi aussi.

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