Pardon si j'ai souvent été égoïste. Si j'ai joué la victime.
Je suis humaine et je faute. Je suis une gamine en faute.

Je pourrais entendre une mouche voler tellement ce dîner est silencieux. Maman semble gênée alors, elle essaie de lancer des conversations qui retombent à son plus grand malheur plus bas que terre. Je souffle mais continue à manger. Je préfère me dédouaner de cette histoire.

— Alors Chrystian, que fais-tu dans la vie ? sors Naya de nul part pour briser le silence afférant régnant à table.

Le quadragénaire se nettoie doucement la bouche et dépose ses couverts. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de loucher sur son poignet où y prône fièrement une Rolex. Est ce que tout lui concernant sent le luxe ? Parce que j'en ai la vague impression. Ça ne m'étonnerait même pas si il dit avoir un chalet de 3 étages à Aspen ou une famille à l'entreprise fructueuse. Voir même les deux.

— Je suis médecin. Cardiologue plus précisément, il répond en esquissant un fin sourire.

Naya à l'air impressionné alors que mon oncle écarquille légèrement les yeux choqué. Apart sa supérette qu'il tient à Guangzhou, il n'a jamais aspiré à de grandes études. Alors imaginez vous le choque qu'il a eu quand il a apprit que maman faisait des études pour être médecin. Qui plus est dans un pays d'occident.

— C'est formidable ça ! Alors, comment vous êtes vous rencontrés ? l'interroge l'éternel curieuse qu'est Chen.

Il regarde ma mère l'air de demander son approbation et elle lui sourit simplement. Ça doit être un oui vu qu'il s'éclaircit la gorge.

— C'est assez drôle, débute-il comme si il allait nous lire une blague de Toto - merci a Andrew pour la culture générale-. Helena et moi nous nous sommes rencontrés pendant un dîner de travail où nous étions conviés. Elle était venu avec 45 minutes de retard et...

J'ai arrêté d'écouter la suite parce que je me suis éclipsé au toilette. Je lave mon visage et me regarde dans le miroir. J'ai la mauvaise impression que cette soirée risque d'être longue.

J'attrape mon téléphone que j'avais pris en chemin et l'allume pour voir un message que j'avais attendu tout le long des vacances.

Andrew :
Salut Chang

Sans m'en empêcher, je souris comme une idiote. De toute façon, je suis une idiote quand il s'agit de lui.

Je ne réponds pas tout de suite et triture mes doigts entre temps. Je dois me faire desirer. Après tout, il m'a laissé sans aucunes réelles nouvelles depuis la crêperie. Je sais, j'aurais pu faire le premier pas mais j'avais comme l'impression que j'allais faire ma forceuse. Et laissez moi vous dire, c'est l'un des pires sentiment au monde à mon avis

Je grogne et efface pour la quatrième fois mon message parce qu'il me semble encore une fois trop désespéré.

— Allez Meï, c'est juste un texto, j'essaie de m'encourager en me regardant dans le miroir.

Moi :
Askip t'as encore mon numéro Chevalier...

Andrew :
:(
T'es fâché ?

Oui imbécile. Mais t'es assez con pour me le demander.

Moi :
Je sais pas. À toi de me le dire.

Andrew :
Je ne sais pas non plus. C'est pour ça que je te le demande crétine.

Je roule grossièrement des yeux. Il faut vraiment tout lui mettre dans le bec à ce garçon

Moi :
Tu ne m'as pas écrit.

Andrew :
Parce que tu ne l'as pas fait.

Moi :
Parce que je croyais que tu n'avais plus le temps à cause de ta copine.

Andrew :
Parce que c'est pour ça que tu m'en veux ?

Moi :
Si oui est-ce que j'ai raison ?

Andrew :
Oui. Parce que j'ai envie de rompre.

— Puuuutaaaaaiiiin ! je laisse échapper avant de poser ma paume contre ma bouche.

Je dois recevoir l'oscar de l'indiscrétion à force.

— Meï ça va ?! m'appelle ma mère inquiété par mon cri et mon éternisation au toilette.

Prise de panique je réponds,

— Oui ! J'ai la diarrhée !

— Euh..ok.

Je me fait un face palm pour finir par me recentrer sur mon écran qui vibre à nouveau.

Andrew :
On n'est pas très compatible finalement.

J'émets un cri silencieux. Est-ce normal de se réjouir du malheur des autres ? Non. Mais est-ce que j'en ai quelque chose à faire ? Non plus. Alors oui, je suis heureuse.

Moi :
Je suis désolé :'(

Ou pas.

Moi :
Tu veux qu'on n'en discute ?

Andrew :
Pas vraiment. En plus c'est rien d'officiel mais c'est une idée qui me traverse assez l'esprit.
Pour l'instant on verra tout ça à mon retour.

Moi :
Ok

Je sors des toilettes heureuse et repart m'asseoir.

— Je ne savais pas que faire caca libérait de la dopamine, me chuchote Chen à l'oreille.

Je glousse.

— Figure toi que oui. Beaucoup même.

Elle roule des yeux et s'assoit correctement. Agacé de ne pas avoir pu extraire plus d'informations de ma part. Mais hors de question de répéter la même erreur qui plus est dans un nouveau rassemblement familial.

ılı.lıllılı.ıllı

À 23h40, les deux petits garçons pataugent entre le sommeil même si ils essaient de prouver le contraire. Oncle Jian est pompette après ses nombreux verres de champagne. La sorcière elle, est refrognée dans son coin. Alors que maman et Chrystian gloussent comme deux préadolescents amoureux.

Je n'ai qu'une chose à dire, beurk.

Je guette du coin de l'œil Ava. Elle est toujours aussi calme et je commence sérieusement à m'inquiéter. Je décide alors de lui envoyer un message même si nous sommes dans la même pièce en espérant lui extraire quelques informations.

Moi :
Hey. Tu tiens le coup ?

Elle lève son regard vers moi après.

Mon idiote de sœur Aka la vipère :
J'ai pas envie de parler Meï.

Elle éteint son téléphone et le jette sur la place à côté de la sienne sur le canapé.

Je soupire et décide de ne pas forcer. Elle parlera quand elle en aura l'envie.

Les minutes passent et le décompte arrive bientôt. Je prends le demi verre de champagne que j'ai été autorisé à boire et le termine cul sec sous le regard choqué de Naya.

Si elle savait ce que j'ai déjà consommé elle serait choqué.

— Dix, neuf, huit, sept, six...

Je regarde tout le monde faire le décompte et crie bonne année alors qu'il arrive à zéro. Nous nous faisons pour la plupart des câlins et des embrassades.

Alors que je me sépare un peu de tout le monde, mon téléphone vibre à nouveau. Je l'allume et souris. Je vais finir par me déchirer la mâchoire à force.

Andrew :
Je sais qu'il vient d'être minuit là bas alors j'ai voulu te souhaiter bonne année. <33

C'est con mais j'ai l'impression que mon cœur a fondu dans ma cage thoracique.