33 : Qu'est ce que j'ai fait ?

En vrai, je vais commencer par "Rien".
Parceque tu sais, il suffit d'un rien pour qu'on t'aime bien.

— Debout marmotte, c'est Noël ! est la première phrase que j'entends à mon réveil.

Je soulève doucement ma couette de mes yeux pour apercevoir Chen d'humeur festive. Elle porte un long peignoir fuchsia et est coiffé avec des énormes boucles noires. J'attrape mon téléphone et regarde l'heure.

6h15.

— Pitié que ces vacances se terminent au plus vite, je souffle assez fort pour qu'elle puisse l'entendre.

— Arrête de geindre veux-tu ?

— J'arrêterai quand tu seras dans un avion pour continuer tes études au Japon.

— Tu es toujours en colère pour l'autre soir ?

Je ne réponds pas et m'extirpe simplement de mes draps. Le contact de mes pieds avec le sol glacé me fait immédiatement frisonner alors j'enfile au plus vite mes chaussons.

— Je suis désolé cousine. Allez, vient, j'ai une surprise pour toi.

Respirer serait un luxe vu la vitesse à laquelle elle me tire du lit.

Nous descendons jusqu'à la cuisine où elle me laisse le passage. J'analyse alors les lieux à la recherche d'un quelconque emballage ou papier cadeau mais rien. Cette cuisine est plus déserte que son cerveau.

— En plus de me ridiculiser pendant le dîner de l'autre soir, tu me fais me sortir du lit pour rien ? je grogne en me retournant vers elle.

— Comment ça rien ? Ahhhhhh, j'avais oublié que je l'avais plutôt mis au salon, dit-elle comme frappé par une foudre d'intelligence soudaine. Allez, suis moi.

À contre cœur, je suis ma cousine jusqu'au salon. Elle court alors jusqu'au canapé et attrape un gros carton emballé dans du papier mauve. J'avance doucement vers elle et elle me le tend.

— C'est quoi ? je demande.

— Ouvre ! elle tapote dans ses mains tout en rigolant bizarrement.

Je commence à me demander si elle ne prend pas de la drogue.

Malgré tout, je m'assois parterre - mauvaise idée parce que j'ai immédiatement des frissons mais bon..- et ouvre le paquet.

— Un skate ? je lève les yeux vers elle.

— Je savais que tu en rêvais quand tu étais au collège. Tu te plaignais toujours à tante Helena parce que tu n'en avais pas et tu devais toujours comment on dit déjà ?

— Demander ?

— Voilà, demander pour tes amis. Alors le voilà enfin ! Avec certes quelques années de retard mais prêt pour l'aventure.

Je gratte l'arrière de ma tête et rigole nerveusement.

— Qu'es-ce qui y a ? Tu n'aimes pas c'est ça ? Je savais que c'était débile comme cadeau. Débile Chen, débile, elle se frappe si fort la tête contre sa paume que je suis obligé d'intervenir.

— Ce n'est pas ça. Juste que je suis choqué que t'en souviennes. Merci beaucoup Chen.

Elle sourit alors grandement et essaie de me faire un câlin que j'évite.

— Mais pas de contact physique. De un parce que ce peignoir est affreux, et de deux parce que je t'en veux toujours pour m'avoir réveillé à 6h du matin.

— Rho.. toujours à faire ta rabat-joie. Les garçons ne vont pas tarder à se réveiller de toute façon alors c'est tout comme.

J'hoche la tête. Elle a raison.

— Tu ne l'essaies pas ?

— Oh non... J'ai perdu la main avec le temps. Je risque de m'écraser, je refuse poliment.

— Bien-sûr que non ! Allez viens, on va l'essayer.

Elle m'attrape à nouveau la main et nous allons à l'extérieur. L'allé est en neigé mais cela ne semble pas l'arrêter vu qu'elle attrape mon cadeau et monte dessus. Vu qu'il n'y pas encore les roues, elle s'en sort plutôt bien.

— Je t'aime Harry Styles ! elle crie et je rigole.

Je sors alors mon téléphone et la filme en action, mais très vite, elle dérape et fonce droit le binôme de neige de Sun et Thao. S'étalant ainsi comme une grosse merde parterre.

Je rigole et continue à filmer. Avec ça, c'est sûr qu'elle grandisse sur sa chaîne Youtube ou au pire devient un meme.

— Vient m'aider au lieu de rester planté là.

J'éteins mon téléphone et l'aide à se relever. Mais ça c'est avant qu'elle ne le tire et que je tombe à côté d'elle.

— Ahhh c'est froid ! Je suis même pas habillé pour ça putain !

— Shuutt. Profite de l'instant.

Elle pointe le ciel et je regarde le soleil tout doucement monter. L'ombrage de neige sur les arbres apporte une touche de beauté au spectacle. J'ouvre légèrement ma bouche pour la refermer ensuite. Je crois que je ne me suis jamais vraiment posé pour apprécier les choses simples de la vie. Ou même faire quelque chose sans mes amis.

J'ai toujours voulu l'accord des autres. De la présence des autres. M'oubliant dans tout ça. Je crois que j'ai besoin du temps pour moi.

Je me lève et époussete mes vêtements.

— Tu vas où ? me demande Chen.

— Chez le coiffeur. Je crois avoir besoin d'un peu de changement.

— Et les autres alors ?

— Dis-leur que je suis allé faire un tour.

J'entre et attrape ma veste avec mon porte monnaie pour ressortir aussitôt. J'accoure ensuite jusqu'à l'arrêt où j'entre dans le premier bus pour le centre commercial.

ılı.lıllılı.ıllı

Je sors du salon de coiffure angoissé. L'adrénaline du moment est tout de suite redescendue après le premier coup de ciseaux. Mon Dieu qu'est-ce que j'ai fait ? J'allume Mon téléphone et regarde à nouveau mon reflet à travers la caméra.

Mes cheveux sont taillés au niveau de mon cou. J'ai une frange repoussé sur le côté et une teinture blonde en dessous de quelques mèches.

C'est officiel, ma mère va me tuer.

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