Lettre 3
Cher Aleksander,
Ou devrais-je peut-être dire seulement « Aleksander » ? Je prends de très grands risques en vous répondant. Jamais des gens de mon statut aurait répondu à des gens du vôtre, mais j'ai lu votre lettre et ai décidé de vous rédiger une réponse, celle-ci même que vous tenez entre vos mains.
Je ne sais simplement pas comment formuler cette lettre. Après tout, vous n'êtes qu'un simple berger de la campagne, tant éloigné de la haute société. Alors, oui, pourquoi, m'interrogeriez-vous ?
Je n'ai guère de réponse à cela ; peut-être ai-je besoin d'écrire, de m'exprimer à quelqu'un, et comme ma première lettre n'est donc hélas point arrivée à destination, je me retrouve affreusement délaissée. J'ai donc pris le choix de vous rédiger ceci, oui à vous, mais sachant que je risque de bien affreuses choses si mon père découvrait que je me livre à quelqu'un de votre rang.
Vous. Comment avez-vous oser lire une lettre ne vous étant point adressé ? Une curiosité sans limite de votre part, sans aucune conscience de la tournure des évènements que pourrait provoquer votre lettre irréfléchie. Êtes-vous à ce point ignorant pour ne pas être conscient des conséquences qu'il pourrait y avoir suite à nos imprudences ? Nous n'avons pas droit à l'erreur ; une fille d'aristocrate et un simple berger ne sont en aucun cas censés s'échanger des lettres, et nous pourrions en payer très cher pour avoir osé nous montrer tant effrontés.
Vous, rien par rapport à moi ? Et depuis quand osiez-vous me le redire ? J'en suis bien lucide, croyez-moi. Mon père est un riche aristocrate et notre lignée des Bourmont a toujours été honorée. Les gens du peuple, éloignés de la ville, ne sont rien, strictement rien, comparés à nous. Vous en faites parti, malheureusement pour vous, et je ne peux rien y faire, et n'y trouve rien à y redire.
Comment d'ailleurs osez-vous me « donner un conseil » ? Vous évoquez mon insolence comme s'il s'agissait d'un sujet anodin mais ce n'est point le cas. Je descend d'une noble lignée, et vous êtes simple berger... Vous ne me devez donc rien, ni ordres ou conseils alors que je suis au dessus de vous. L'insolence... Vous ne savez assurément pas que oser faire la morale à une personne comme moi est insolent de votre part, et que si je vous dénonciez, vous pourriez risquer bien gros.
Je ne songe pas renvoyer cette lettre à ma grand-mère, sachant qu'elle a déjà été lue et ouverte par un inconnu qui ose m'écrire, à moi, Eléonore de Bourmont, et je ne tiens pas à ce que cette erreur de trajet se reproduise à nouveau. Et puis, honnêtement, je ne suis pas convaincue que ma grand-mère aurait pris le temps de lire mon courrier.
N'évoquez pas le fait d'avoir été honoré d'avoir pu lire ma lettre alors que vous n'y étiez pas autorisé ! Tandis ce que vous entendez par « me parler », je ne peux que vous contredire car ceci n'était pas intentionnel de ma part, même si cette lettre-ci, elle, l'est en partie, je le reconnais.
Je vous demande de plus, comment savez-vous donc écrire ? J'ai un minimum de savoir pour affirmer que les gens comme vous ne savent en général pas couvrir une feuille de mots et de phrases écrite à l'encre noire. Ceci est un privilège que souvent seules les personnes privilégiées en ont l'opportunité.
Dans tous les cas, que vous preniez la décision de me répondre ou pas, soignez votre politesse, jeune homme. Vous ne vous adressez pas à un de vos égaux, mais à une fille d'aristocrate. Ici, je suis au dessus de vous. Souvenez-vous en.
Eléonore de Bourmont,
-8 avril 1873-
Hey tout le monde !
Je tenais vraiment à m'excuser pour l'attente... :O La reprise des cours ne m'a pas aidé, mais je vous publie (enfin !) ce troisième chapitre aujourd'hui (suite au deuxième publié sur le compte d'Elfie), en ce deuxième jour de vacances (si vous l'êtes, tout comme moi :)). J'espère de tout cœur qu'il vous a plu :), et puis...je n'ai plus qu'à vous dire à bientôt pour la suite ^^
Ludivine <3
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