Chapitre 47 - Jeon Jungkookie

Votre fil d'actu aussi à disparu ? 🥺 *pleure en coréen like Jin quand il mange ses ramens*

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Pdv Jungkook

- Allô ?

Alors que j'allais balancer mon téléphone, mon bras se stoppe en reconnaissant cette voix si douce et familière. Je m'empresse de replaquer mon portable à mon oreille après avoir échangé un bref regard avec Jimin.

- Mamie ? Mamie, c'est moi... 

- Oh Jungkookie, mon p'tit garçon...

Sa voix aimante et pleine de sanglot, c'est le coup de grâce. Je pince mes paupières si fort que je sens mon front que je masse se plisser entre mes doigts, tandis que Jimin s'assoie à mes côtés en posant son menton sur mon épaule.

- Je suis désolé de pas avoir appelé plus tôt... je m'excuse aussitôt alors que ma gorge semble nouée.

- Ça ne fait rien, je suis si contente de t'entendre...

Mon cœur se serre et mon estomac est comprimé. J'essaye de retenir tant bien que mal mes émotions, mais c'est dur.

Je pensais ma grand mère du même avis que ma mère, qu'elle aussi ne voulait plus entendre parler de moi à cause de la violence dont j'ai fait preuve envers Samuel. Mais j'me trompais. Elle est contente de m'entendre... Et moi je suis content de savoir ça.

Cependant, je n'oublie pas le but premier de mon appel.

-Elle... ne veut pas me parler, j'en déduis avec amertume. C'est ça ?

Ma grand mère soupire.

- Ma fille est têtue, tout comme son fils.

Je pouffe et Jimin en fait de même, tendrement. Ma grand mère l'adorerait, et vice versa, j'en suis certain. Qui n'aimerait pas Jimin au premier regard de toute façon...

Après mille et une questions posées par ma grand mère, qui n'ont pas toutes obtenu de réponse (comment tu vas, est-ce que tu manges bien, les cours... et j'en passe et des meilleures) c'est finalement elle qui entre dans le vif du sujet.

- Qu'est ce que tu voulais dire à ta mère ? Je suppose que tu n'as pas appelé après tout ce temps juste pour prendre des nouvelles.

Elle me connaît bien, moi et ma fierté mal placée.

- J'ai... besoin de lui parler, de ce qui s'est passé l'été dernier.

Sa réponse se fait ensuite attendre, son silence m'envahit. Je mordille mes lèvres en patientant. Jimin et moi nous échangeons un regard, inquiet pour ma part, rassurant du sien.

- Dans ce cas, commence ma grande mère, tu devrais venir à la maison. Ce n'est pas une discussion à avoir au téléphone, déclare t'elle alors.

Malgré ses craintes dont elle me fait part au sujet des cours ensuite, je la rassure en lui disant que je peux venir dès ce soir. C'est le week-end. Et même si ce n'était pas le cas, il aurait été hors de question que je mette un pied à la fac sans avoir de confirmation concernant mon père.

Ma grand mère finit par céder et me promet que ma mère acceptera de me parler, ou du moins de m'écouter.

En raccrochant, je suis épuisé, drainé, et tout un tas d'autres états bien chiants qui me font me sentir peser une tonne.

Retourner à Busan, voir ma mère, ma grand mère... tout ça pour peut être apprendre un truc sordide - genre secret de famille inavouable - ça a le don de plomber le moral. C'est le moins qu'on puisse dire.

Je pose ma tête sur celle de mon p'tit mochi, toujours appuyée sur mon épaule, en fermant les yeux.

- Est ce que tu es rassuré, d'y aller ? Me demande t'il en mêlant ses doigts aux miens.

- Honnêtement, non. Enfin j'en sais rien.

Un long soupire m'échappe. Jimin pince ses lèvres et semble comprendre ma posture, aussi difficile qu'elle puisse être.

- Tu as l'air épuisé Kook-ah, tu es sûr de vouloir y aller tout de suite ?

- Ça va, je le rassure sans même tenter d'être crédible.

Peu importe comment je me sens, je dois y aller.

- Je t'aurais bien proposé de conduire, mais je n'ai pas le permis, me glisse Jimin pour détendre l'atmosphère.

Ça fonctionne, en partie. Mon p'tit danseur arrive à me décrocher un léger sourire. Je pose mes lèvres sur son front.

- Tu n'as pas à venir avec moi Jiminie.

Il s'écarte de moi et me scrute avec des petits yeux pas contents. Merde, il est tellement adorable quand il est fâché.

- Ne fais pas ça Jungkook-ah. Ne me mets pas à l'écart.

Ce n'était pas mon intention, loin de là. Je veux qu'il m'accompagne à Busan mais je ne veux pas qu'il se sente obligé de le faire. On ne va pas faire du tourisme, loin de là.

Mais je n'ai pas le temps de me défendre que Jimin plaide déjà sa cause.

- De toute façon, je viens avec toi, déclare t'il fermement. C'est non négociable ! Je suis prêt à tout pour toi et..-

Ma petite furie de petit ami se lève du canapé mais je rattrape son bras. Il tombe sur moi et j'écrase mes lèvres sur les siennes.

Ses yeux s'écarquillent.

- Merci, je souffle contre ses lèvres.

Ses joues prennent une jolie teinte rosée.

- Kook-ah, souffle t'il timidement, sa colère s'étant volatilisée. C'est normal que je sois là pour toi.

Je pouffe, affectueusement.

- Non, ce n'est pas normal, je chuchote en dégageant ses cheveux gris de son visage si précieux. Tu n'es pas normal. Tu es parfait bébé, et bon sang je me demande bien ce qu'un mec si tendre que toi peut bien me trouver.

Mes yeux ne le quittent plus, ils sont partout sur sa bouille innocente. Bordel, je suis le mec le plus chanceux de la terre.

- Ne dis pas n'importe quoi, tu es parfait Jungkook-ah.

Je souris avant de reprendre avec une légère ironie.

- Alors c'est pour ça qu'on dit que l'amour rend aveugle ? En dépit de tout ce qui t'es arrivé par ma faute, tu arrives encore à penser ça de moi. Même si mon père est un violeur ?

Sa main se pose sur mon torse et la mienne sur la sienne.

- Oui, m'affirme Jimin. Même si c'est le cas, tu le seras toujours pour moi.

Je pouffe sans joie en détournant le regard mais mon p'tit mochi attrape mon visage en coupe. Son regard est sûr et téméraire, tandis que le mien est incertain et fuyant.

J'ai l'impression que nos rôles ont été inversés.

- Tu n'es pas comme lui, me dit-il alors d'une voix douce, comme s'il avait su lire à travers mes yeux toutes mes craintes inavouables. Je te promets que tu n'as rien à voir avec ton père Kook-ah.

***

On est presque arrivés. Je remarque du coin de l'œil la tête de Jimin qui dodeline. Il était épuisé et a fini par s'endormir après avoir lutté les cent premiers kilomètres. Pas étonnant avec ce qu'il a vécu hier. Rien que d'y penser mes doigts se serrent autour du volant.

Mon père... s'il est vraiment coupable je ne pourrais même plus le regarder sans avoir envie de vomir ou sans avoir envie de lui foutre mon poing dans la figure. Je ne pourrais même plus me regarder en face moi même, d'avoir un violeur pour père...

Rebuté par cette idée, la colère se faufilant sournoisement dans tout mon corps, je monte légèrement le son de la radio pour m'occuper l'esprit. Je fredonne doucement pour ne pas réveiller Jimin...

Jimin.

Je souris en lui caressant la cuisse, ne pouvant pas me retenir de le sentir sous mes doigts en le voyant si mignon, la lèvre inférieure légèrement en avant, plongé dans un profond sommeil.

Dans quel état je serais sans lui ? Il me canalise tellement que sa simple présence me suffit. Mais je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir de l'avoir entraîné dans ce merdier.

C'est à contre cœur que je le réveille quand on arrive enfin. Je me suis garé à quelques maisons de celle de ma grand mère, ne voulant pas l'alerter de mon arrivée, ni elle ni ma mère d'ailleurs. Tout simplement parce que je ne sais pas si je suis prêt à quitter cette voiture, à tout découvrir.

- Déjà ? Couine Jimin en frottant ses yeux avec ses petits poings.

Pivoté entièrement vers lui, j'hoche la tête en souriant tendrement, attendant patiemment qu'il émerge.

Inconsciemment, je me sers sûrement du temps que ça lui prendra pour le faire afin de retarder mes retrouvailles maternelles, ça et aussi du fait que j'ai roulé en dessous des limitations de vitesse tout le long du trajet. Résultat, il fait nuit noir.

- Je suis désolé d'avoir dormi, s'excuse Jimin la voix enrouée. Je voulais pas te laisser tout seul.

- J'étais pas tout seul, tu étais là.

Il soupire en fonçant légèrement les sourcils.

- Tu as très bien compris ce que je voulais dire Kook-ah. Trois cent kilomètres dans ton état, ce n'est pas rien.

Mon p'tit mochi me regarde soucieusement et tendrement à la fois, quant à moi je n'ai pas la force de lui dire que je vais bien. Il est inutile de lui mentir, et puis c'est évidant que c'est faux.

- Tu es prêt ? Je lui demande à la place.

- Et toi ? Me renvoie t'il la balle.

Je pince mes lèvres, Jimin en fait du même du coup. Merde, il doit tellement être mal à l'aise, ne pas se sentir à sa place. Bordel, j'suis un putain d'égoïste de l'avoir emmené.

- Tu es sûr de vouloir me suivre ? Je cherche à m'assurer. Ma mère et ma grand mère s'entendent comme chien et chat et... la discussion sur mon père risque d'être mouvementée. Je préfère te prévenir, ça va sûrement être l'enfer.

Il me sourit.

- Sûr et certain. Et puis, il fait chaud en enfer.

Je frotte alors ses bras nus, sa peau est couverte de petits frissons. Mon petit ami me sourit et se colle à moi. Je lui embrasse le front. On est partis si vite de chez lui qu'il n'a même pas pris de veste, je n'ai pas pensé à lui dire d'en prendre une non plus. Et en pleine nuit, il fait frais.

Même ça ça suffit à me faire culpabiliser.

- Je suis désolé Jiminie.

Il quitte alors subitement mes bras.

- Pourquoi tu t'excuses ? Tu n'as pas à le faire. On dirait moi, marmonne t'il pour lui même.

Après avoir pouffé malgré moi je m'explique.

- Si j'avais su dans quelle merde tu allais te retrouver à cause de moi je ...-

Jimin pose son index sur mes lèvres.

- Alors je suis content que tu n'ait rien su, m'affirme t'il, ses yeux dans les miens.

Ma main se faufile à travers ses cheveux pour atteindre sa nuque afin de le rapprocher de moi, puis d'embrasser ses belles lèvres pulpeuses.

Malgré que je lui ai coupé la parole avant de partir tout à l'heure, j'ai entendu ce que Jimin a dit. Et il ne mentait pas : il est vraiment prêt à tout pour moi.

Il a bravé les interdits, affronté Jackson, il m'a même avoué ses sentiments alors qu'il ne savait encore rien de moi. Et maintenant, il va me soutenir, peu importe ce que ça lui coûte d'être ici.

Et, bien que je ne sois pas encore capable de lui rendre tout ce bonheur et soutien qu'il m'offre : j'aime cet homme, de tout mon cœur.

- Allons-y, je me décide enfin après avoir quitté ses lèvres à contre cœur.

***

Je peine à rester assis autour de cette table. Celle où je mangeais en famille avant, joyeusement.

Les vacances chez mes grand parents, à Busan, sont mes meilleurs souvenirs. J'adorais mon grand père et j'aime beaucoup ma grand mère. Et j'appréciais par dessus tout pouvoir souffler loin de mon père, pouvoir être qui je suis vraiment, librement.

Là, en revanche, l'ambiance est loin d'être la même que j'ai en mémoire. Après que mère et fille se soient crêpé le chignon dans le salon, nous laissant Jimin et moi dans un malaise totale, ma grand mère a réussi à convaincre ma mère de venir s'assoir.

Alors voilà, on est assis.

Les présentations n'ont même pas été faites. Ma mère ne m'a pas décroché un regard ni un mot.

Heureusement que Jimin est là, il discute avec ma grand mère, tant bien que mal. Je vois bien que les deux se forcent un peu mais ils s'entendent bien, le courant a réussi à passer entre eux même dans cette ambiance chaleureuse au possible...

Ma grande mère est tombée sous le charme de l'aura candide de mon p'tit danseur, la même qui m'a attiré vers lui. Celle dont il n'a aucunement conscience - c'est sûrement ça qui le rend si particulier.

Tandis que moi, pendant ce temps là, je fixe inlassablement ma mère en espérant qu'elle lève le regard vers moi, mais non. Y'a rien à faire.

Ma grand mère a raison : on est têtus.

Je commence à bouillir et Jimin semble s'en rendre compte puisque sa main tapote discrètement ma cuisse sous la table.

Mais, pour le coup, ça ne suffit pas.

- Tu vas te décider à me regarder ou bien ?

Ma voix est calme, posée, malgré mon ébullition. Je rêve de cogner cette maudite table du poing mais je me retiens de toutes mes forces pour ne pas le faire.

Si j'ai frappé Sam, ce n'était pas pour rien. Je ne veux pas que ma mère pense que je suis un taré qui parle avec ses mains dès que ça lui chante. Je ne suis pas comme ça.

Ma mère lève le menton et ses yeux doux et blessés se dirigent enfin vers moi alors qu'il n'y a plus un bruit dans la pièce. S'en suit un long échange de regard.

- Jimin-ssi, l'interpelle ma grand mère. Ça te dirait de visiter la maison ?

Mon petit ami me lance un coup d'œil auquel je réponds d'un léger hochement de tête. Tant qu'on ne sera pas seuls, ma mère ne dira rien. Je l'ai bien compris.

- Oh je... oui, bien sûr, accepte alors Jimin.

Leurs pas traînent dans la cuisine puis s'éloignent jusqu'au salon tandis que ma mère et moi ne nous quittons pas des yeux.

- Je ne veux pas te parler Jungkook, me dit-elle quand plus personne n'est dans les parages.

Ma langue pousse ma joue.

- Dans ce cas, tu n'as qu'à m'écouter, je la contre.

- Je n'ai pas envie de t'écouter non plus.

Après sa déclaration qui m'a séché sur place, elle détourne le regard en soupirant.

- Pourquoi tu es venu ? Si c'est pour mon pardon c'est inutile. Ce que tu as fait est impardonnable et si tu penses que...-

- Mais j'ai tué personne putain ! Je m'emporte. T'as pas l'impression d'être un peu extrême ? Est-ce que papa t'a expliqué pourquoi j'avais fait ça au moins ?

Elle a l'air d'halluciner, mais pas dans le bon sens du terme.

- Parce que tu penses que ce que tu as fait est justifiable en plus ? Mon dieu, c'est pire que ce que je croyais. Tu es devenu comme ton père...

Je la pointe du doigt. Ces mots ne m'auraient pas plu avant, mais ils me plaisent encore moins aujourd'hui.

- Je t'interdis de dire ça !

Les yeux de ma mère reviennent à moi, ils sont pleins de larmes.

- Je ne t'ai pas dénoncé à la police parce que je t'aime. Mais je ne veux plus jamais te voir. C'est pour ça que je suis partie, je refuse de te voir chaque jour et de voir l'échec que tu...-

Je n'ai ni la patience ni l'envie de la laisser terminer sa phrase.

- J'ai frappé Samuel, je te l'accorde. Il ne jouera plus jamais au baseball par ma faute, ça aussi c'est la vérité ! Mais un échec ? Plus jamais me voir ?

Mes mots ne semblent pas l'atteindre.

- Je ne te parle pas de ça Jungkook, mais de ce qui s'est passé en juillet dernier.

- C'est de ça dont je parle aussi, j'insiste alors.

Elle secoue la tête en fermant les yeux tandis que je soupire pour reprendre mon calme.

- Maman, je.. -

- Tu as violé cette fille ! M'interrompt-elle en criant.

Comme poussé par un choc, sûrement émotionnel pour le coup, je recule brusquement sur ma chaise. Ma mère pleure et moi je suis muet.

- La sœur de ton meilleur ami Jungkook !

- Mais putain de quoi tu parles ? J'ai rien fait à Jiyoon !

- J'ai rejoint ton père à l'hôpital tu sais, quand il a accompagné tes deux camarades après la soirée. Celui qui avait un plâtre du bras jusqu'à l'épaule, il parlait de viol. Quand j'ai trouvé ton père, je lui ai dit qu'on devait tout de suite appeler la police. Mais il m'a dit qu'on ne pouvait pas... qu'on ne pouvait pas dénoncer notre propre fils... Jungkook, comment tu as pu faire une chose pareill... ?

C'est terminé. Le peu de contrôle que j'avais encore s'envole, il s'écroule même, en comprenant la sordide vérité.

Mon père est bel et bien coupable et, comme si ça ne suffisait pas, il m'a mit ses actes odieux sur le dos.

S'il était en face de moi, là, je lui ferais bien pire qu'à Samuel, et sans batte de baseball. A mains nues. Ouais, je crois que je le tuerais.

N'y tenant plus, je me lève d'un geste brusque, ma chaise s'écrase sur le carrelage dans un bruit sourd. Ça a fait sursauter ma mère et elle s'est levée à son tour pour se mettre le plus loin possible de moi.

- Jimin-ssi !! J'entends ma grand mère crier depuis le couloir.

Sûrement alerté par le bruit, mon p'tit mochi arrive à la cuisine en courant et, voyant ma posture, mains à plat sur la table et yeux noirs rivés sur ma mère, il intervient.

- Kook-ah ! Calme toi, qu'est-ce qui se passe ?

Je ne veux pas que Jimin me voit comme ça. Je ferme les yeux et je sens des larmes dévaler mes joues.

J'ignorais qu'on pouvait pleurer de rage, jusqu'à lors.

- Maman, je l'appelle après avoir pris une profonde inspiration.

Ma grand mère est derrière Jimin, comme s'il était un bouclier humain.

- Je n'ai rien fait à Jiyoon. C'est papa.

Le silence est si pesant que j'ai l'impression que tout le monde retient son souffle.

Les sourcils de ma mère se froissent.

- Jungkook, ne me men..-

- S'il vous plaît, madame Jeon, intervient Jimin d'une petite voix ferme. Écoutez ce qu'il a à vous dire.

Elle se tourne vers mon p'tit danseur.

- Et je peux savoir qui tu es au juste ?

- C'est mon petit ami, je lui révèle sans la quitter des yeux.

Je ne cesse de la fixer avant de reprendre la parole tout en espérant qu'elle suive le conseil de Jimin et qu'elle me laisse en placer une.

- Je n'ai rien fait à Jiyoon, je répète alors lentement pour qu'elle saisisse bien. C'est papa.

Elle lance un coup d'œil désemparé à Jimin qui s'empresse de me soutenir.

- C'est la vérité, répond mon p'tit mochi à la question muette de ma mère.

Elle est surprise, mais pas tant que ça. Comme si le simple fait qu'on l'affirme tout les deux lui avait suffit pour nous croire. Ou plutôt, comme si ça l'avait rassurée, d'une certaine façon. Mais je vais tout lui expliquer quand même. Pas seulement pour elle, mais aussi pour moi. J'en ai besoin.

- A la fameuse soirée, quand je suis arrivé dans les vestiaires, la où le viol a eu lieu, le mal avait déjà été fait à Jiyoon. Papa était là, avec un autre joueur, Jackson. J'ai tout de suite cru que c'était Jackson. Mais j'me trompais.

Je serre les dents. Admettre son erreur est une chose, mais l'accepter en est une autre.

- Papa l'a frappé à la mâchoire avant qu'il ne puisse parler. Et celui que tu as vu avec un plâtre à l'hôpital, c'était Samuel. Il faisait le guet devant la porte des vestiaires ce soir là. J'ai cru qu'il protégeait les actes de Jackson. Mais en réalité il empêchait probablement quelqu'un d'entrer alors que Jackson tentait d'intervenir !

Ma mère a un regard horrifié, sûrement qu'elle se rappelle l'état de mon coéquipier à l'hôpital.

- C'est... t-ton père aussi qui lui a fait ça ? A ce Samuel ?

J'inspire profondément.

- Non, c'est moi, je me dénonce. Je lui ai mis un coup de batte de baseball.

Sa bouche s'ouvre puis se ferme, ses yeux papillonnent.

- Mais... il n'avait rien fait, s'affole t'elle. Ils n'ont pas...

- Ils étaient loin d'être innocents, me justifie Jimin à ma place. Jackson m'a dit que lui et, sûrement Samuel, faisaient le guet pour monsieur Jeon, les autres fois...

- Les autres fois ? Répète t'elle ahuri.

Sa main se pose sur son cœur et ma grand mère avance à grands pas vers elle.

- Junie, assieds toi, la supplie ma grand mère.

- Vous aussi madame, asseyez vous, lui demande Jimin, inquiet, en tirant une chaise pour elle.

Elles se sont installées autour de la table, mais Jimin et moi sommes restés debout.

- Maman, comment t'as pu croire que j'avais fait une chose pareille ? Je l'interroge, blessé.

Ma mère baisse la tête en mordant l'intérieur de sa joue.

- Junie, l'appelle tendrement ma grand mère, comme pour l'encourager. Tu devrais tout dire à Jungkookie maintenant, il est assez grand pour l'entendre.

Mon regard se reporte irrémédiablement vers ma mère. En effet, je ne suis plus un enfant, et je crois deviner ce que ma grand mère a sous entendu.

- Papa te faisait du mal ? Je lui demande les dents serrées.

- Eh bien, en quelque sorte, m'avoue t'elle sans oser me regarder.

- Putain, je jure la mâchoire en avant.

Je vais le butter.

Elle soupire de tout son souffle alors que ma grand mère lui tapote gentiment l'épaule. Jimin se place à côté de moi et pose sa main sur la mienne qui est sur le dossier de la chaise que j'avais faite tomber.

- Il y a eu cette femme, commence ma mère. Elle était professeur à la fac avec ton père. Je ne m'étais jamais inquiété de leur relation amicale. J'aurais sans doute dû. Un soir, je l'ai surprise au lit avec ton père, chez nous. Je n'ai pas supporté, je suis parti.

- C'est pour ça que tu venais à Busan sans arrêt, parce qu'il te trompait ? Je demande en haussant les épaules.

Je ne m'attendais pas à ça, mais à bien pire.

- Ça, oui. Et aussi parce qu'il... était brusque.

- Brusque ? Je répète en sentant mes nerfs monter de nouveau. Il te frappait ?

Ma mère ferme ses yeux en secouant la tête.

- Non, non. Il était brusque... au lit.

Jimin me lance un coup d'œil comme pour s'assurer de mon état. J'ai beau essayer de ne pas flancher, je fulmine.

Mes poings se serrent sur le bois de la chaise, mon dos est si tendu qu'il me fait mal, tout comme mes épaules crispées. Je prends un temps fou pour me calmer avant de poser ma question fatidique.

- Est ce qu'il te violait ?

Le regard de Jimin, ainsi que celui de ma grand mère, repassent de moi à ma mère.

- Ne dis pas n'importe quoi. On est mariés.

- Le... -

Jimin s'éclaircit la voix, il ne s'attendait visiblement pas ce que tout le monde tourne subitement la tête vers lui. Malgré ses joues rouges, il poursuit.

- Le viol conjugal existe, madame Jeon.

- Je me suis tuée à lui dire, relate douloureusement ma grand mère.

- Maman, soupire ma mère.

Ma grand mère, vexée, lève le menton en fermant les yeux. Les sales caractères sont héréditaires.

Elles m'avaient manquées.

- Il n'était pas comme ça, les premières années de mariage, reprend alors ma mère. Mais ça a commencé après cette liaison qu'il a eu avec cette enseignante. Leur relation s'est finie et c'était horrible à supporter pour moi. Ton père était si... triste, que cette femme l'ai quitté, raconte t'elle alors que ça semble encore douloureux. Elle lui avait dit que... seul les femmes l'attiraient et qu'elle était désolée, qu'elle ne pouvait rien y faire.

Ma mère trouve le courage de me regarder dans les yeux en poursuivant.

- J'aimais ton père, et je suis resté pour le soutenir en dépit de sa tromperie. C'est après ça qu'il a commencé à ... prendre sans demander.

Mes yeux restent grands ouverts.

- J'ai rien vu, j'ai rien vu putain, je me flagelle en rageant.

Jimin pose ses mains réconfortantes sur mes épaules.

- Tu étais si jeune Jungkook, me défend ma mère. Je ne voulais pas me séparer de ton père alors que tu étais encore tout petit.

Je sais que ce n'est pas son intention, mais tout ce que ma mère dit ne fait que me faire culpabiliser davantage.

- Notre relation avec ton père s'est beaucoup dégradée après ça, évidemment, et puis tu... m'as ensuite fait part de ta pansexualité. Je t'avais dit de ne rien dire à ton père, mais tu t'en fichais qu'il te juge. J'avais si peur pour toi, qu'il s'en prenne à toi à cause de ce que te dictait ton cœur.

Je secoue la tête.

- Papa ne m'aurait rien fait.

- Jogum est... homophobe, je ne t'apprends rien. Mais je crois que c'est bien pire que ça.

En une seule phrase, elle a obtenu toute notre attention. Ma mère se remet droite sur sa chaise avant de parler de nouveau.

- Un soir, l'enseignante en question est venue à la maison, ton père n'était pas là. Toi, tu dormais chez Yoongi. Elle m'a dit que Jogum l'avait agressée. Je ne l'ai pas crue, je ne pouvais pas y croire. Je l'ai virée de notre maison. J'ai demandé des comptes à ton père bien sûr, et il m'a dit qu'il avait recouché avec elle parce qu'elle avait besoin d'un homme. Il a justifié les paroles de son ancienne amante en disant que la petite amie de cette femme l'avait quitté parce qu'elle l'avait trompé avec lui et que, du coup, elle l'accusait de... viol, pour se venger. Mais l'enseignante n'a jamais porté plainte. J'ai donc cru ton père quand il disait être innocent. Mais je... j'ai toujours eu un doute.

Un larme ruisselle sur sa joue.

- C'est pour ça que quand ton père m'a dit que tu avais violé Jiyoon, je l'ai tout de suite cru. J'ai cru que tu étais comme lui, à cause de lui, de moi. Parce que je n'ai rien fait pour te protéger de lui et de son éducation. Je suis désolée d'avoir pensé que tu étais comme lui. Pardonne moi Jungkookie...

Elle se met à pleurer à chaudes larmes, tandis que Jimin contourne la table pour tendre des mouchoirs à mes parentes.

Je prends ma mère dans mes bras, son odeur rassurante m'avait beaucoup manqué.

- Ne pleurs pas maman, je lui demande comme une faveur.

- J'ai été si faible, se reproche t'elle sur mon épaule.

- Non, pas tout. Tu... as été très forte, au contraire. Je suis désolé de n'avoir rien vu, que tu aies subi tout ça.

Elle renifle.

- Si j'avais parlé, si j'avais...-

- Maman, c'est pas ta faute.

- J'aurais pu empêcher tout ça, m'assure t'elle. J'aurais dû faire quelque chose.

Tout comme moi.

***

C'est tard dans la nuit que Jimin et moi nous retrouvons seul, allongés sur le lit de la chambre d'amis, celle que j'occupais pendant les vacances.
Ma grand mère nous a offert le gîte et le couvert pour le week-end. On ne sait pas encore si on repartira demain ou dimanche mais, en tout cas, pour ce qui est de cette nuit, c'est certain qu'on ne bougera pas d'ici.

De plus qu'il y'a tout ce qu'il faut chez ma grand mère. Elle a gardé des vêtements à moi, et dieu sait que Jimin est adorable quand il porte mes fringues.

- Est ce que ça va ? Me murmure mon petit ami tout en caressant mes cheveux.

- Hm, je lui réponds les yeux visés sur le plafond malgré l'obscurité presque totale. Et toi ?

- Ça va, je m'inquiète surtout pour toi, m'avoue t'il.

- Désolé, je m'excuse en le serrant dans mes bras. Moi aussi je m'inquiète pour toi tu sais. Tout ça c'est... lourd et toi tu... merde. Je sais même pas quoi te dire.

Jimin quitte mon étreinte et se met à plat ventre, le haut de son corps soutenu par ses avant-bras. Nos visages se font face.

- Tu n'as rien à me dire, d'accord ? Me fait-il savoir d'un ton doux. Tu n'as pas à t'excuser pour quoi que ce soit non plus, ni à douter.

Je soupire lentement en fermant les yeux un bref instant.

- Je ne veux pas que tu regrettes plus tard de t'être investi autant Jiminie, c'est tout.

- Je ne regretterai rien, m'assure t'il en prenant appui sur mon torse. Pour la première fois de ma vie je suis sûr de moi. Je ne regrette rien de ce que j'ai fait ou dit dans cette histoire, je ne regrette pas d'avoir été une guimauve plutôt qu'un dur à cuir. Je ne regrette pas d'avoir dit que je m'attachais, de mettre investi pour que ça marche et d'y avoir cru.

Il n'y a aucune hésitation dans sa voix, aucun tremblement. J'en suis troublé.

- Je t'interdis de douter Kook-ah, parce que moi ne regretterai jamais d'être tombé amoureux de toi, ni te t'aimer. C'est clair ?

Son petit ton sévère me fait sourire, mais pas autant que sa déclaration.

- Très clair, je lui assure en passant une mèche derrière son oreille.

Jimin se rallonge, fier de lui et de ma réponse. Je me retourne et lui grimpe dessus à mon tour pour m'emparer de ses lèvres.

- Je t'aime Jiminie, je souffle près de sa bouche après notre baiser. Je sais pas comment te remercier.

- Ne doutes pas de moi, de nous.

Je pose de nouveau mes lèvres sur les siennes.

- C'est promis, je lui susurre avant de me rallonger et qu'il vienne se blottir sur moi.

- Tu devrais dormir un peu Kook-ah.

J'hoche la tête et ferme les yeux, je les rouvre une fois certain que Jimin dort. Une longue nuit de réflexion m'attend. Je dois faire quelque chose, réparer mes erreurs. Être à la hauteur des sentiments de Jimin qui m'ont rebooster.

***

Le lendemain, on se retrouve avec ma grand mère pour un petit déjeuner bien tardif.

Ma mère nous rejoins en dernier alors que nous trempions les tartines de ma grand mère dans notre lait, en silence. Tout le monde a l'air crevé, je ne dois pas être le seul à avoir cogité au lieu d'avoir récupéré.

- Junie ? Tu n'as pas l'air d'aller bien, relève ma grand mère.

- Maman ? Je l'interroge en faisait le même constat qu'elle.

Ma mère reste debout dans la pièce, une enveloppe dans les mains. Elle a l'air fébrile.

- Est ce qu'il vous reste une place pour moi, dans la voiture ? Nous demande t'elle alors.

Jimin et moi nous regardons, nos tartines suspendues dans les airs.

- Oui, bien sûr, je lui réponds malgré mon étonnement. Mais pourquoi tu veux aller à Séoul ?

- Je vais demander le divorce. Les papiers sont remplis depuis plusieurs mois mais... je n'avais pas le courage de rentrer.

J'hoche la tête, les lèvres pincées.

- Et je vais porter plainte contre mon futur ex mari. Pour viol conjugal.

En effet, je ne suis pas le seul à avoir cogité et à vouloir réparer mes erreurs.

_______

Petit message pour vous dire qu'une fiction d'été est en ligne sur mon compte : Jejutopie :)) pairing Jikook !

C'est tout pour moi. A la semaine prochaine !

Chapitre corrigé par park__selma

<3

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