Pdv Jimin

Je l'ai fait ! J'ai dansé pour le capitaine ! Et je suis foutrement fier de moi.

Mais depuis ce matin, quelque chose me perturbe et, évidemment, ça a un rapport avec Jungkook, plus précisément avec la discussion qu'on a eu dans mon lit hier soir.

Le capitaine a beau me sourire et me dire que tout va bien, je ne suis pas aveugle. La soirée de fin d'année de l'équipe le travaille beaucoup plus qu'il ne veut bien me l'avouer. J'en étais sûr, et j'en ai eu la confirmation hier.

En même temps, qui ça ne perturberait pas d'être le témoin bâillonné d'un viol ? D'une amie, qui plus est.

J'ai tenté de creuser en provoquant la conversation pour une fois, mais c'est comme si depuis que Jungkook m'avait tout raconté, le sujet était précautionneusement évité. Par lui, mais aussi par moi.

Vu que je ne peux pas y faire grand chose, malheureusement, à part soutenir Jungkook, je suis toujours réticent à être celui qui remue inutilement le couteau dans la plaie.

A vrai dire, j'me sens dépassé par la situation. J'aimerais faire quelque chose, mais j'ignore quoi.

Et c'est bien dommage parce que c'est la seule ombre au tableau dans notre relation.

Accablé par les soucis du capitaine j'en ai presque oublié les miens. C'est déjà l'heure du renforcement musculaire que je ne me suis pas du tout préparé psychologiquement à voir monsieur Jeon.

- Alors, content de faire cours avec beau papa ?

Je reste liquéfié à la taquinerie d'Hoseok, penché au dessus de mon sac de sport alors que j'en sortais mes affaires.

- J'avais pas vu ça comme ça ...

À ma tête dépitée, Hobi se marre et m'envoie une tape amicale et bienveillante dans le dos.

Je lui souris en secouant la tête.

Je considérerai jamais monsieur Jeon en tant que tel cela dit donc bon. Et lui ne me verra jamais en tant que gendre, beau fils ou autre chose du même genre non plus, du coup, on est tranquille.

Le coach me snobe royal pendant la première partie de son cours tyrannique mais je ne suis plus dppe avec lui. Il va m'avoir à la déloyale en me faisant suer comme un porc ou en m'humiliant à l'infime occasion qu'il trouvera.

Qu'il le fasse si ça lui chante, mais une chose est sûre, je ne mettrai plus un pied dans son bureau.

Plus jamais.

Ne pas prendre les choses à cœur relève toujours d'un immense défi pour moi. Et quand je regarde monsieur Jeon du coin de l'œil pendant mes étirements, irrémédiablement mon cœur s'en mêle. Savoir Jungkook mal et voir son père se pavaner dans son maillot trop serré me débecte.

Jungkook est son fils ! Comment est-ce qu'il peut le laisser ruminer comme ça dans son coin sans rien tenter de son côté ... De plus que je suis convaincu que seul monsieur Jeon peut faire changer les choses. Du coup ça m'agace d'autant plus de savoir qu'il n'a pas l'intention de bouger le petit doigt d'un millimètre.

A la deuxième heure du cours, monsieur Jeon nous place en trio et, soit disant pour une histoire de nombre pair, je me retrouve en groupe avec des filles.

On est 19 mecs ... impair donc.

Hoseok est en duo... il reste une place donc.

Le père de Jungkook me prend donc vraiment pour un con.

Donc, je suis en train de faire des exercices d'assouplissement, tortillant des hanches sur un ballon de gym. On dirait que je participe à un foutu cours d'accouchement sans douleur.

Hoseok me lance des coups d'œils déconcertés depuis les tapis où il enchaîne les exercices de musculation, je ne fais qu'hausser les épaules quand nos regards se croisent.

Si ça amuse monsieur Jeon de me traiter comme une fille, qu'il le fasse. C'est pas moi que ça va vexer, surtout venant de lui. Mon ego ne se trouve pas dans mes couilles, contrairement à ce qu'il peut penser du sien.

Le cours prend fin, l'humiliation ratée aussi. Mais je ne cris pas victoire trop vite, et j'ai bien raison.

- Park Jimin, une minute.

Je pince mes lèvres avant de me retourner vers le coach. Je m'y attendais tellement que c'est s'il ne m'avait pas appelé qui m'aurait étonné.

- Monsieur Jeon ? Je l'interroge sans forcer ma joie.

On a dépassé le stade de l'hypocrisie lui et moi, on est au dessus de ça maintenant, depuis qu'il m'a fait du chantage dans son bureau, menaçant de me mettre une mauvaise appréciation si je continuais à voir son fils.

- Tu te souviens de notre petit arrangement, n'est-ce pas Jimin-ah ?

J'hoche simplement la tête espérant qu'il abrège.

- Nous allons remanier notre contrat si tu veux bien. Apparemment, mon fils a décidé de continuer à te voir pour des raisons qui m'échappent. Mais bon, ça lui passera.

Il attend une réaction de ma part mais je n'en ai aucune. Son petit numéro d'abruti fini ne me fait ni chaud ni froid. Bon d'accord, il me fait toujours peur et je suis en colère contre lui mais je ne veux pas lui offrir le plaisir de le lui faire savoir.

- Si tu parles à quelqu'un de ce que Jungkook t'a dit, tu sais ce qui t'attend, me menace t'il comme à son habitude. Bye le tutu.

Alors qu'il s'en va avec son rictus perfide aux coins des lèvres, je ne peux me retenir plus longtemps de lui faire part de mon avis. Il sait que je sais tout de cette soirée de fin d'année après tout, alors j'ai encore le droit de me prononcer sur le sujet.

- Vous auriez dû appeler la police.

Ma voix était moins assurée que je l'aurais voulu mais ça a suffit à lui faire faire demi tour.

- J'te demande pardon ? Me demande le coach l'air mauvais en plissant les yeux.

- Vous auriez dû appeler la police, je répète avec aplomb en levant le menton. Vous n'aviez pas à prendre ce genre de décision bancale et encore moins à l'imposer aux autres.

Monsieur Jeon scrute le gymnase. Il n'est pas vide mais les étudiants autour de nous sont suffisamment loin pour que notre aparté reste privé. Je ne suis pas idiot. Cependant, ça n'a pas l'air de suffire à mon prof.

- Allons dans mon bureau.

Je secoue la tête en faisant un pas en arrière. Je n'irai pas dans sa tanière. Ce serait comme provoquer l'équipe adverse alors que le match ne se joue pas à domicile. Perdu d'avance. Mais c'est pas pour autant que je compte m'arrêter là. Ce qui me donne la force d'animer cette conversation est l'amour que je porte à Jungkook, et je compte bien en toucher deux mots à son père.

- Est-ce que vous avez idée d'à quel point tout ça ronge votre fils ?

Monsieur Jeon pouffe avec dédain, comme le monstre d'égoïsme qu'il est. Je ris jaune à son comportement.

- Non, bien sûr que non, je constate en sentant la colère me gagner. Vous savez, Jungkook vous trouve une excuse parfaite, vous êtes son père. Moi je ne vous en trouve aucune, vous êtes un connard irresponsable.

Ses yeux sombres me foudroient. Avec un semblant de témérité je soutiens son regard tout en reculant vers les vestiaires, comme s'il était un animal sauvage prêt à me sauter dessus une fois que j'aurais le dos tourné.

Je prends presque mes jambes à mon cou arrivé aux vestiaires, puis je récupère mon sac et file en salle de répétition avec la même rapidité. J'me changerai là bas, j'ai trop peur que le coach me coince pour me faire passer l'envie de lui parler comme ça à nouveau.

J'espère que Jungkook ne m'en voudra pas d'avoir dit ça à son père, mais bordel ce que ça fait du bien.

En salle de répétition, Hoseok et moi donnons vraiment tout ce que nous avons une fois qu'on se retrouve seul après le cours collectif. Il est super emballé par mon thème pour la représentation de fin d'année, bien que celui-ci lui a valut un beau froncement de sourcils.

- Franchement, tu as pas grand chose à modifier à ta chorée Chim. Accentue tes gestes comme si tu menais un réel combat, pose bien tes expressions faciales, me conseille Hoseok. En ce qui concerne le reste, vois directement avec notre prof. Mais je pense sincèrement que ton idée est excellente.

Les paroles d'Hobi me réchauffent le cœur. J'avais peur que le sujet fasse trop engagé, tabou ou même déplacé venant d'un homme, mais le sourire de mon aîné ne ment pas. Il adore.

- Y'a un mais, pas vrai ? Je lui demande tout de même, suspicieux.

Ses yeux s'arrondissent.

- Comment tu fais ça ?

J'hausse les épaules en gloussant.

- Un truc que Jungkook fait et que j'apprends à maîtriser.

Hoseok sourit avec bienveillance alors qu'il s'apprête à éluder son fameux mais.

- Il faut que tu trouves une chute, une fin, m'explique t'il avec professionnalisme. Qu'elle soit triste ou heureuse. Tu mènes ton combat, et après ? Tu gagnes, tu perds, tu meurs ? Ou tout simplement tu fais passer un message, si oui lequel ? Il ne faut rien négliger, surtout avec un sujet aussi sensible que celui que tu as choisi. Ta chorée sera émouvante mais tu vas laisser les spectateurs sur une sensation de malaise de ne pas savoir ce qu'il t'arrive au bout du compte.

La bouche entrouverte, je suis littéralement entrain d'admirer les compétences d'Hoseok. Il sera un chorégraphe de renom, j'en suis convaincu.

- Tout va bien ? Me demande t'il en se penchant à ma hauteur.

- Hobi, tu es si talentueux, c'est effrayant, je lui avoue tout en le complimentant.

Il rit, un peu gêné, mais surtout fier.

- Les bons chorégraphes ne sont faits que de bons danseurs tu sais.

Son clin d'œil me fait rire.

Sur le départ, je m'accroupis à mon sac qui est posé près de la sortie et range ma serviette à l'intérieur.

- Jimin, je peux te demander quelque chose ? Me demande Hoseok en s'approchant doucement.

Je me redresse et lui fait face.

- Bien sûr.

Hobi fait plusieurs grimaces hésitantes alors que je le regarde en souriant, les sourcils haussés.

- Dis moi, je l'encourage, amusé de le voir prendre des pincettes.

- Est-ce que... ce thème, te tient particulièrement à cœur ? Hasarde t'il, mal à l'aise. Je veux dire, tu as vécu ça, ou quelqu'un autour de toi ?

Ses épaules qui étaient crispées retombent et il soupire pour relâcher la pression tandis que moi je commence à comprendre. Hoseok est au courant.

- Tu peux te confier à moi tu sais Chim. Même si Taehyung et toi êtes réconciliés et que... enfin... je ...

Il s'embrouille à la fin de sa phrase, cherchant ses mots, et je lui laisse le temps de les trouver.

- En fait, déclare t'il. Je te propose de plus seulement être ton confident par intérim mais un vrai ami à part entière.

- Je te considère déjà en tant que tel Hyung, je lui assure en souriant.

Je m'éloigne en hissant mon sac sur mes épaules mais je culpabilise trop de laisser Hoseok comme ça. Dos à lui, je me décide à parler.

- Si je t'ai pas dit ce que j'ai confié à Taehyung, je commence avant de me retrouner vers mon ami, c'est pas contre toi. Je raconte tout à Tae, je m'exprime bien qu'avec lui ou presque, c'est naturel, ça a prit des années cela dit, de véritables années. Et sache aussi que je connais mon meilleur ami par cœur.

Hobi m'écoute attentivement et je lui offre un sourire avant de reprendre.

- Si je lui ai raconté cette histoire autour des Bangtan c'était en ayant parfaitement conscience qu'il te le répèterait.

Surpris au départ, Hoseok soupire ensuite.

- Je suis désolé Chim. Tu sais, Tae pensait pas à mal, il voulait te protéger et il avait besoin de...

- C'est rien, je l'interromps doucement. Je crois qu'au fond j'espérais qu'il t'en parle, mais j'me sens aussi désolé qu'il te l'ai dit parce que c'est égoïste.

Mon aîné me regarde sans comprendre, la tête penchée sur le côté.

- Plus j'en parle plus j'ai l'impression de me sentir léger, je m'explique. C'est illusoire bien sûr, mais c'est comme si je répartissais le poids que ressent avec les gens avec qui je partage. C'est horrible parce que je ne suis pas censé en parler, mais ça fait du bien.

Je soupire en fermant les yeux, me sentant vraiment coupable vis à vis de Jungkook.

- Chim, tu as pas à culpabiliser pour quoi que ce soit, m'assure Hoseok. Surtout si ça te fait du bien de te confier. Tu peux tout me dire. Aussi bien à moi qu'à Tae.

Sa main se pose sur mon épaule tandis que j'hoche la tête. Je le remercie ensuite d'une petite voix avant d'enchaîner.

- J'suis pas courageux Hyung, j'suis pas quelqu'un de fort non plus. Je suis juste Park Jimin. Et j'ai l'impression de...

Je soupire, frustré par mon propre ressenti avant de le partager avec mon ami.

- J'ai l'impression que c'est trop pour moi, j'avoue, perdu, tout en regardant Hoseok. Que n'importe qui d'autre pourrait se rendre utile ou être un meilleur soutien que je ne le suis. J'ai pas les épaules taillées pour vivre dans le drame ni dans l'excès et j'me sens dépassé, je lui avoue en souriant tristement.

Hobi me renvoi un sourire qui n'a rien à voir avec le mien. Le sien est chaleureux, tendre. Un sourire qui fait du bien, qui rassure au delà des mots. Un truc que seul Hoseok sait faire et que je rêverais de maîtriser aussi bien que lui un jour.

- Pour quelqu'un qui ne sait pas s'exprimer Jimin c'est fou ce que tu t'exprimes bien.

Je pouffe en haussant les épaules, avant de poser ma tête sur son épaule qu'il m'offre.

Nous discutons un peu de ça ensuite. Toujours en omettant les noms pour ma part, afin de protéger le secret malgré tout.

Je sais que Jungkook me fait confiance et que je ne dois rien dire alors même si je l'ai déjà en parti trahit je préfère minimiser ma faute. Pour Jungkook, mais aussi pour Yoongi et surtout Jiyoon.

Le temps passe et je remercie Hoseok pour l'oreille attentive qu'il m'a accordée puis je m'éclipse en constatant que je suis en retard. Je vais faire attendre Jungkook si je ne me dépêche pas.

J'attrape mon téléphone qui m'indique un message reçu alors que j'arpente les couloirs de la fac pour la quitter.

De Non enregistré : Rejoins moi aux vestiaires, seul. J.

Je souris en constatant que Jungkook utilise mon numéro pour la première fois. En revanche je ne comprends pas sa demande vu qu'on avait prévu de se rejoindre à mon appartement. J'enregistre rapidement son numéro avant de lui répondre.

À Jungkook : Pourquoi ?

En attendant sa réponse, je me dirige quand même vers là où il m'a donné rendez vous.

Quand j'arrive, la pièce est vide, tout comme le gymnase et la quasi totalité de la fac à cette heure-ci. Mon téléphone vibre dans ma main et je m'empresse de lire le message, espérant que Jungkook me dise où il est.

De Non enregistré : Salut beauté. T'es où ? J'suis en bas de ton bâtiment mais je vais rentrer chez moi, j'ai besoin d'une douche. Mon père a réunion jusqu'à 19h. Rejoins moi à la maison quand tu auras fini, quoi que tu fasses. On prendra ma voiture.

Mon cœur s'accélère en comprenant que cette fois ci le message est bel et bien de Jungkook et que c'est quelqu'un d'autre qui m'a fait venir ici. Comme si mon sixième sens venait de se mettre en alerte, je décide de quitter les vestiaires précipitamment tout en rédigeant une réponse à Jungkook.

Mais j'ai pas le temps.

J'me tends comme un chat devant une bassine d'eau froide en apercevant Jackson entrer avant que je ne puisse sortir.

Il referme la porte derrière lui avec un sourire dégueulasse aux coins des lèvres quand il me regarde.

Jackson est seul. Ses deux fidèles acolytes ne sont pas là.

On est seuls.

Je suis seul avec Jackson.

A cette prise de conscience, mon cœur fait des bonds encore plus rapides.

- Un message et tu rappliques comme un chien qu'on siffle, se moque t'il, satisfait.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Je demande en me mettant sur la défensive. Comment t'as eu mon numéro ?

- Il m'a suffit de fouiller dans le bon sac, laisse t'il sous entendre avec fierté.

L'enflure. Je savais qu'il était louche à nous regarder comme ça en physio.

- T'es bourré, je constate sans mal vu sa démarche et son élocution.

Jackson ignore ma remarque et s'avance vers moi sans me regarder.

- Tu ne veux pas m'aider parce que tu ne sais pas la vérité, alors je vais te la dire.

Instinctivement, je recule.

- Jiyoon était juste là, m'indique t'il en pointant une zone avec son doigt. Allongée sur le banc derrière toi, quand je suis arrivé trop tard.

Je ne me retourne pas pour regarder le banc en question, de peur que Jackson s'en prenne à moi si c'était le cas.

- Jungkook m'a tout dit, c'est inutile de menti.-

- Ce fils de pute ment très bien ! Hurle t'il à quelque centimètres de mon visage.

Je reste figé, terrorisé, jusqu'à ce qu'il appuie sur mes épaules pour me faire plier les genoux.

- Assieds toi ! M'ordonne la première base.

Je m'exécute malgré moi, mon sac sur les genoux comme si c'était un foutu bouclier anti violeur.

- J'avais un petit arrangement tu vois, commence Jackson en faisant des pas aléatoires dans le vestiaire. J'avais le droit de dealer un peu pour me faire du blé, quelqu'un pissait pour moi pour que je sois négatif aux dépistages et en échange je faisais juste le guet. Franchement j'avais pas à me plaindre, le marché était pas honorable mais ces filles méritaient ce qui leur arrivait, toutes des allumeuses. Des putes.

Je déglutis à chaque mots horribles qu'il prononce, ayant peur de ce que je comprends à travers ses explications douteuses.

- Avec Sam, on avait pas le choix si on voulait continuer de jouer au baseball tout en fumant. Mais cette fois là, j'étais pas dans le coup, et Sam non plus, m'assure t'il les poings serrés. Mais quand j'ai vu Jeon rejoindre le vestiaire alors que je venais d'y déposer Jiyoon qui ne se sentait pas bien, j'ai su qu'il allait lui faire du mal.

- Jungkook ne lui aurait jamais fait de mal, je défends le capitaine ne croyant pas un mot de ce que Jackson me raconte.

- Je parle pas de Jungkook.

- Monsieur Jeon... je souffle abasourdie, et en même temps comme si c'était une évidence.

- Ouais, confirme Jackson avec agressivité. Mais ça veut pas dire que son fils a rien à voir là dedans.

Son pique me fait revenir à la réalité. Je discute avec Jackson et le pire c'est que j'ai failli croire à ce qu'il me disait. Bordel, mais qu'est-ce qui va pas chez moi, faut que je sorte d'ici.

Je me lève rapidement et tente de passer le plus loin de la première base pour rejoindre la sortie.

Bien sûr, il me barre la route et on se retrouve nez à nez.

- Laisse moi passer, je lui demande.

Mais il s'emporte.

- Est-ce que tu crois vraiment que Jungkook ignore ce que son père fait ! Il est forcément au courant ! Assure t'il en me poussant pour que je recule.

J'ai tellement peur de lui que je ne l'écoute quasiment plus. Tout ce que j'arrive à penser c'est "sauve toi Jimin".

- Me touche pas ! Je crie alors que Jackson me pousse à nouveau pour que je recule.

- Tu veux toujours pas m'aider ?

Même si c'est pas un violeur comme il tente de me le faire croire, il n'en reste pas moins un immonde porc.

- Non.

Mon refus le rend fou de rage. Sa main s'enroule autour de mon bras et il me tire vers les douches.

- Jackson arrête ! Je le supplie en essayant de me faire lourd pour qu'il ait du mal à me traîner.

Mais je ne fais pas le poids, malgré tous les efforts que je fais, les cuisses pliées et mon bras que je tire vers l'arrière, on avance vers les cabines bien trop vite à mon goût. Ce que je ressens là, c'est au delà de la panique. C'est de la terreur.

- Yoongi va me tomber dessus à la fin de l'année, sûrement que Jungkook aussi, et je finirais probablement comme Samuel ! S'emporte t'il sans que ses forces s'affaiblissent. Et toi sale pédale tu vas les laisser faire, alors autant qu'ils s'en prennent à moi pour quelque chose !

Je ne cesse de me débattre en lui répondant.

- Ces filles... elles se sont fait violer et t'as rien fait...

D'un coup sec, Jackson me tire vers lui et je m'écrase contre son torse, mes yeux apeurés dans les siens.

-  Mais j'voulais sauver Jiyoon ! Je l'aime.

- Et les autres alors ?! Je rétorque en essayant de m'arracher à sa prise.

Je me fais pousser contre la porte d'une cabine qui se dérobe dans mon dos, ma tête cogne contre le carrelage à l'atterrissage, au niveau du front.

- Rien à foutre des autres, crache mon agresseur.

Je geins sous le coup de la douleur mais je suis surtout sonné, vautré sur le carrelage encore mouillé, ma main sur la tête.

J'entends le bruit significatif d'une braguette qui s'ouvre. Mon sang se glace mais mon esprit me force à regarder vers Jackson.

- Tu veux savoir ce que ça fait ?! De se faire traiter comme une merde sur laquelle on pisse ? Parce que c'est comme ça que tes potes me traitent !

Instantanément, quand Jackson sort son sexe de son pantalon, je baisse la tête. La seconde d'après, je sens son urine me tremper. Je ferme les yeux en essayant de m'éloigner de lui, la main en avant pour me protéger en vain le visage.

- Tu trouves ça comment pédale ?!

Alors que sa vessie semble vidée après de très longues secondes, je ne bouge plus, je ne le regarde pas non plus, terrifié par la suite des événements.

Jackson envoie ensuite son pied dans mon ventre, sûrement parce que je ne lui réponds pas, avant que ce soit au tour du bouton pressoir de la douche de se prendre un coup.

Le froid me transperce tandis que le contacte de l'eau m'a fait sursauter, me faisant presque oublier ma douleur à l'estomac. Je fais un effort considérable pour me mettre à genoux, la tête vers l'avant, pour respirer du mieux que je peux à travers les gouttes.

Les chaussures de Jackson quittent mon champs de vision, puis j'entends la porte des vestiaires se claquer violemment mais je n'ose toujours pas regarder en l'air. Peut-être qu'il est encore là, peut être que c'est un autre piège.

L'eau de la douche cesse de couler. Mes cheveux et mes vêtements gouttent sur le sol, imitant le bruit d'une fin de pluie, mon cœur martèle mon crâne mais au delà de ça il ne semble plus y avoir de bruit.

Il faut que je me ressaisisse, il faut que je bouge mais je suis tétanisé par la peur.

Avec un effort presque surhumain, je lève ma tête que j'avais planqué entre mes genoux.

Le vestiaire est vide. Malgré les bancs rouges et les murs verts je le trouve plus lugubre que jamais. J'essaye de parler pour m'assurer que je sois seul mais c'est un simple son étouffé qui quitte mes lèvres.

Je tremble, peut être que c'est à cause du froid, mais je ne le sens pas. Tout mon corps est crispé. Je me lève en me tenant les côtes et un cri de douleur m'échappe. Il résonne dans la cabine que je quitte à quatre pattes. Mon téléphone glisse de ma poche.

Mon téléphone... Jungkook !

Je saisi mon portable mais il est trempé. J'ai beau faire glisser mon doigt tremblant dessus impossible de quitter l'écran d'accueil.
Il est 18h36. Voilà toute l'utilité de mon portable, m'indiquer l'heure.

18h36. J'ai le temps. Ça va être dur mais j'ai le temps. Il faut que je rejoigne Jungkook avant que son père arrive.

Je me lève, porté par ce besoin irrépressible de le voir.

Mes chaussures gorgées d'eau couinent à chaque pas lent et lourd que je fais. Je m'aide du mur pour me tenir droit avant de franchir la porte extérieure armé de mon sac à dos. J'aurais moins de chance de croiser quelqu'un en évitant le gymnase, bien que vu que personne n'est venu à mon secours il doit être aussi vide qu'à mon arrivée.

Dehors, le léger vent me glace tandis mes vêtements imbibés de pisse et d'eau me semblent peser une tonne. Je dégage mes cheveux collés à mon front du plat de la main et prends la direction de la maison des Jeon, aussi vite que possible, aussi dur que ce soit d'avancer.

J'évite le regard des passants, même quand l'un d'entre eux me demande si je vais bien, je l'ignore. Je ne vais pas bien, c'est plus qu'évident de toute façon alors inutile que je me force à répondre.

Quand j'arrive dans la rue de Jungkook, la sensation salvatrice que j'espérais ne vient pas. C'est même tout l'inverse.

Qu'est ce que je fais là ?

Jungkook va tuer Jackson. Le capitaine a été clair sur ce sujet la dernière fois. Je devrais pas être là, c'est si égoïste de ma part de venir en sachant tous les problèmes que ça va causer.

Mais je n'ai pas le temps de regretter que j'avance finalement. Jungkook est assis sur les marches devant sa maison, il semble attendre, il semble m'attendre, inquiet.

Son visage se lève vers moi et son sourire se fane à la même vitesse qu'il avait éclos.

- Putain ! S'exclame t'il en bondissant des marches pour venir à ma rencontre.

Mon petit ami court. J'ai déjà envie de m'effondrer, comme si mon corps s'était retenu de le faire jusqu'à ce qu'il retrouve Jungkook.

- Jimin, qu'est ce..-

Il franchit le portillon à ma place et alors qu'il arrive à moi je me laisse tomber sur lui.

Mes sanglots sont incontrôlables, ma tête posée sur son torse, tout comme mes poings, je suis soudainement inconsolable.

Je sais que ce qu'il vient de se passer va tout changer, va tout foutre en l'air, rien ne sera plus pareil et je pleure pour cette raison tout autant que pour la peur et le traumatisme dont je viens d'être victime.

Ça aurait pu être pire, et c'est bien pour ça que j'ai été si effrayé.

Jungkook me serre dans ses bras avant de me repousser et de prendre mon visage entre ses mains.

- Jimin, parle moi. Qu'est ce qu'il s'est passé ?

Il me supplie presque alors que je vois toute la colère en attente dans son regard.

- Je...

C'est trop tôt, j'y arrive pas. Je ne veux pas qu'il parte dans une rage incontrôlable. Et je sais que ce sera inévitable.

Je veux qu'il me rassure.

Je veux me réchauffer parce que je sens le froid maintenant.

Le capitaine regarde dans la rue, prenant conscience qu'on est encore dehors avant de mettre ses bras derrière ma taille et de me guider vers chez lui.

- Tu dois être gelé, constate t'il avant de serrer les dents. Putain, pourquoi t'es trempé ?

Je secoue la tête. Impossible de parler. Quand on entre à l'intérieur, le nez de Jungkook se plisse alors qu'il l'approche de mes vêtements.

- Jimin, m'appelle t'il avec un calme effrayant. Est ce que c'est moi ou tu sens la ...

Je baisse la tête, Jungkook ne finira jamais sa phrase.

- Bordel pourquoi est ce que-... Jimin parle moi, me supplie t'il à nouveau, désemparé et à bout.

Jungkook m'attrape doucement par les bras en cherchant mon regard et je grimace en mettant ma main sur mon ventre. La douleur se réveille, tout comme mon mal de crâne.

Jungkook le remarque avec un effroi qu'il a du mal à dissimuler et ses nerfs d'aciers plient.

- S'il te plaît, il faut que je sache ce qu'il t'est arrivé ! Est-ce que quelqu'un t'a fait mal ? Est-ce que tu t'es fait agressé ? Qui, putain, qui ?!

Je reste silencieux alors que Jungkook enchaîne les soupires frustrés et furieux. Il se contient. Je sais qu'il en est capable. Il sait faire preuve de self contrôle. Il peut attendre. Il le doit. Je vais tout lui dire de toute façon. Mais j'ai juste besoin de reprendre mes esprits.

- D'accord, très bien, déclare t'il en se détendant du mieux qu'il peut, comme s'il avait compris qu'il ne tirerait rien de moi tout de suite. J'ai juste une question et je veux que tu y répondes. Tu peux faire ça pour moi bébé ? Tu peux ?

A son ton doux, j'hoche la tête même si je crains sa question.

- Est-ce que tu t'es fait violer ? Demande t'il sans mâcher ses mots. Tu peux me le dire Jiminie, c'est pas ta faute ok ? Tu dois me le dire pour savoir si je dois t'emmener à l'hôpital si c'est le cas et... -

Je secoue la tête de droite à gauche mais son visage est toujours aussi soucieux.

- Non Kook-ah, j'te promets que non.

Jungkook ne peut retenir son soupire soulagé alors qu'il me reprend dans ses bras, me serrant encore plus fort contre lui.

- D'accord Jiminie, d'accord.

Je ferme les yeux en me collant à lui. Il va être tout mouillé mais il a l'air de s'en fiche. Quant à moi, j'ignore pourquoi je pense à ça, sûrement pour ne pas songer à la discussion qu'on va bientôt avoir.

Après m'être fait bercé tendrement par Jungkook, il s'écarte lentement de moi sans pour autant me lâcher totalement.

- Je vais te chercher des vêtements, tu vas prendre une douche pour te laver et te réchauffer. Ensuite tu vas te changer et on ira chez toi. Est ce que ça te va bébé ? Tu peux faire ça pour moi ?

- Oui.

Il s'éloigne sans me quitter des yeux et j'hoche la tête comme pour lui dire que c'est bon, je peux rester seul une minute ou deux.

Il n'aura fallu à Jungkook que trente seconde pour monter et descendre avec des vêtements secs tout comme fait.

Il me guide à la salle de bain du bas, apparemment plus pratique que celle à l'étage, puis il hésite à entrer à ma suite.

- Tu veux que je vienne avec toi ?

- Non, je... c'est bon.

Je m'en veux de le repousser mais j'ai peur qu'il me presse. J'ai besoin de remettre mes idées en ordre, de me préparer mentalement à tout faire voler en éclats.

Les lèvres pincées, il opine, compréhensif au possible.

- Je ferme la porte, me fait-il savoir. Mais s'il te plaît, ne la verrouille pas, d'accord ?

J'accepte d'un hochement de tête. Une fois seul, je mets un temps fou à me déshabiller et comme Jungkook me l'indique depuis l'autre côté de la porte, je dépose mes vêtements dans la machine à laver.

Sous la douche, je reste totalement immobile, droit comme I, me remémorant les paroles de Jackson.

Est ce que c'est vraiment monsieur Jeon qui a agressé Jiyoon, et d'autre filles apparemment ? Si c'est bien le cas, comment Jungkook va pouvoir supporter un truc pareil...

- Jiminie, tout va bien ?

La voix de Jungkook me sort de mon tourbillon infernal.

- Oui je-... oui.

Je quitte la cabine, espérant y laisser mes mauvaises pensées mais elles me suivent, tout comme l'odeur de pisse qui embaume la salle de bain.

Je me sèche tant bien que mal avant  d'enfiler le sweat et le jogging trop large de Jungkook.

En me regardant dans le miroir une fois habillé, c'est le drame. Mon front est bleu, sûrement à cause de quand ma tête a cogné le carrelage. Je m'empresse de couvrir la marque avec mes cheveux, de la même façon qu'un enfant cacherait une bêtise à ses parents. Mais en fait, si je cache ma blessure, c'est surtout pour empêcher Jungkook d'en faire une de grosse bêtise.

Je fouille dans le meuble à pharmacie au dessus du lavabo à la recherche d'anti douleur. En tant que sportif, ça ne m'étonne pas de trouver ce que je cherche chez Jungkook. Il prend visiblement les mêmes cachets que moi, sûrement quand les courbatures se font trop présentes et douloureuses pour lui aussi. J'ouvre le tube où est noté le nom du médicament ainsi que J. J. les initiales de Jungkook.

Je renverse le tube dans la paume de ma main et trois cachets y tombent, tout comme un rouleau de papier qui ne ressemble en rien à une notice. Je le déroule et y lit des initiales écrites en manuscrit, ainsi que des dates.
...

L. Y 11/12/18

C. M 28/05/19

M. J 03/07/19

K. M 16/11/19

G. A 05/02/20

J. E 19/06/20

...

Je ne lis pas tout, une ligne sur deux à peine, ne comprenant pas ce que c'est et surtout ce que ça fait là, puis je me penche au robinet pour avaler un des anti douleur.

- Jungkook ?

La voix du coach à le même effet qu'un défibrillateur et mon cœur s'emballe, perturbant le calme que j'avais réussi à regagner un tant soit peu. Je range tout le bazar que j'ai dans les mains dans mon sac.

Jungkook parle à son père et je peine à entendre ce qu'ils se disent.

Je peux pas rester.

Je peux pas partir comme ça non plus.

J'ai pas encore parlé à Jungkook.

J'essaye de réfléchir mais je n'arrive pas à le faire de façon cohérente.

J'avise la fenêtre de la salle de bain avant de me décider à l'ouvrir et de balancer mon sac au travers.

Jungkook me rejoindra à mon appartement quand il pourra, j'en suis sûr. Il comprendra que je suis parti là bas.

J'enjambe la fenêtre, une sensation de flottement s'empare de mon corps au moment du saut et à l'atterrissage j'ai un vertige qui m'oblige à me tenir au mur pour reprendre mes esprits.

Je secoue la tête avant d'avancer, me baissant pour qu'on ne me voit pas filer par les fenêtres que je longe.

J'avance, mon souffle s'emballe tout seul, j'ai des bouffées de chaleur et quand j'essuie mon front je me rends compte que je suis en sueur.

Mon appartement me paraît être au bout du monde. Celui de Tae juste à l'autre bout de la Corée du Sud.

Traînant mon sac et mon corps avec difficulté, c'est là bas que je me dirige finalement, ne me sentant pas la force d'arriver jusqu'à chez moi.

La porte de Taehyung est devant moi, sans trop savoir comment je suis arrivé jusque là, ni combien de temps j'ai mis pour y parvenir. Je me sens cotonneux et en même tant euphorique, comme si j'avais bu trop de tequila.

Je sonne et la porte s'ouvre sur mon meilleur ami.

- Oh salut Chim ! Qu'est ce que tu fais là ?

- Tae... Tae je...

Je m'effondre sur lui, je suis hilare alors qu'intérieurement je m'inquiète. Puis, très vite, je n'arrive plus à penser ni à raisonner.

J'ai envie de l'embrasser.

Je ne pense plus qu'à ça. J'ai pas envie d'embrasser Tae en particulier, juste embrasser quelqu'un, quelque chose. Je me jette alors sur ses lèvres et me frotte à lui dans ses bras. J'ai chaud, je tremble, je suis fatigué.

Quand Tae me repousse, mes jambes ne tiennent plus et je tombe sur les fesses. Je reste quelques secondes au sol, choqué, avant que mon meilleur s'empresse de m'aider à me reveler en me tirant doucement par le bras. Ses yeux scrutent les miens avec une profonde inquiétude.

- Chim, mais qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Oui, qu'est-ce qu'il m'arrive...

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Chapitre corrigé par
park__selma💜