Chapitre 54 - Jeon Jungkook Le Borné

Hello ! Long chapitre que j'ai hésité à couper mais finalement non (vu qu'on va alterner les pdv entre Jiminie et Jk jusqu'à la fin de cette fic) Donc... voici 8000 mots ! ^^

Bon dimanche, bonne lecture <3

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Pdv Jungkook

- Kook-ah !

J'ai à peine le temps de me relever du trottoir sur lequel j'attendais les gars que Jimin me saute dans les bras après avoir couru vers moi comme un dingue.

Je le réceptionne en plein vol, étouffant un gémissement quand nos deux torses entrent en collision avant de faire décoller ses pieds du sol en le serrant fort contre moi.

Son visage s'est niché dans mon cou tandis qu'une de mes main glisse dans ses cheveux gris que j'hume sans aucune retenue.

- Bébé...

Putain, ce qu'il m'a manqué.

- Toi aussi tu m'as manqué, murmure Jimin en resserrant ses petits bras autour de moi.

Je dépose un baiser sur le sommet de son crâne en gloussant avant d'expirer un soupire de pur bien être.

- Tu vas bien ?

Sa question, murmurée sur mon épaule, ressemble plus à une supplique qu'autre chose. Comme si mon adorable petit ami avait voulu me dire "dis moi que tu vas bien".

- Hm, je vais bien, j'acquiesce, fatigué mais sans perdre le sourire béat que la présence de mon p'tit danseur a fait naître sur mon visage.

C'est à contre cœur que je quitte son étreinte mais j'ai un besoin irrépressible de le regarder. Face à lui, j'admire chacun de ses traits. Parfait.

- Et toi ? Je lui retourne alors la question, mes yeux dans les siens qui lui font rosir les joues.

Son sourire est des plus tendre alors que je dégage quelques mèches qui lui tombent sur le front.

- Maintenant, oui, m'assure mon p'tit mochi.

Je meurs d'envie de l'embrasser mais l'arrivée de Yoongi, Taehyung et Hoseok nous interrompt. En même temps, nous sommes au beau milieu de la rue, devant le commissariat...

Je veux lui offrir mieux que ça pour notre premier baiser en publique.

- Putain, Kook, jure mon meilleur ami, visiblement soulagé de me voir dehors.

On se fait une brève, mais sincère, accolade.

- Ça va, hyung, je lui promets avant qu'on se sépare pour ensuite m'adresser au couple. Salut les gars.

Hoseok et Taehyung me saluent à leur tour. Les voir tous les trois ensemble me soulage à point que je n'avais même pas imaginé. Je suis sûr qu'ils ont bien pris soin de Jimin. Mais je n'ai pas vraiment le temps d'apprécier le moment présent.

Si moi je suis au courant de tout, ce n'est pas leurs cas.

Quand j'ai leur ai passé un coup de téléphone depuis le bureau d'un inspecteur, je n'ai eu le temps que de leur dire que j'étais sorti et que j'avais besoin qu'ils viennent me chercher.

- Pourquoi ils t'ont gardé ? Me demande tout de suite Yoongi. C'était de la légitime défense ! C'est moi qu'ils auraient dû arrêter.

- Je n'ai pas été arrêté pour ça, hyung.

- Pourquoi alors ? S'interroge Taehyung, les yeux aussi ronds que notre aîné.

- Violence aggravée, je leur révèle, peu fier. Jackson a appelé les flics pour me dénoncer au sujet de Samuel.

- Ton père est vraiment un connard, rage Yoongi en faisant le rapprochement.

C'est en parfaite synchronisation qu'on acquiesce tous à ses dires avant que je poursuive.

- Alors ils m'ont gardé en détention en attendant d'avoir la confirmation par Sam.

- La confirmation ? S'étonne Jimin.

J'hoche la tête, les lèvres pincées.

- Hm, j'ai avoué l'avoir frappé avec une batte de baseball, je réponds à mon p'tit danseur avant de parler à Yoongi. Je leur ai tout dit, hyung.

Les yeux de mon meilleur brillent un peu, comme s'il était inquiet et à la fois soulagé d'être enfin libéré de ce poids qui nous pesait sur les épaules depuis longtemps maintenant.

- Jungkook a fait ce qu'il fallait, assure la mère de Yoongi en nous rejoignant à l'extérieur. Bonjour les garçons.

Les gars se penchent tous à son arrivée pour la saluer et aussi, sans doute, pour la remercier. Elle leur sourit en retour avant de se tourner vers son fils.

- Vous êtes tous les deux mis hors d'état de cause, Jungkook et toi, lui dit-elle alors. Jeon Jogum est accusé d'abus de pouvoir, de s'être servi de son autorité de parent et de professeur pour vous faire garder le silence.

- Putain, maman, souffle Yoongi, soulagé, avant de la prendre dans ses bras. Tu déchires.

Mais Jimin ne semble pas totalement apaisé. Son regard quitte les Min pour rejoindre le mien.

- Mais, et pour Sam ?

- Il n'a pas souhaité porter plainte, je lui réponds et il a l'air aussi étonné que moi je l'étais quand on m'a annoncé la même chose. Mais il sera cité à comparaître dans l'affaire de mon père.

- Et lui, justement, ton père ? Souhaite savoir Hoseok.

Mais c'est ma super avocate, Dahyun, qui me devance en répondant au danseur à ma place sous l'oreille attentive de chacun.

- Il a quitté l'hôpital cette nuit et a été mis en examen. Il ne sortira pas de derrière les barreaux avant la fin de l'enquête, puis jusqu'à son procès.

Aussi étrange que ça puisse paraître, vu que c'est mon père et que j'étais déjà au courant de son sort, je ne peux m'empêcher de soupirer de soulagement d'entendre ça.

- Alors, c'est fini ? Me demande mon p'tit ami, plein d'espoir, en cherchant mon regard.

J'expire un rire de soulagement.

- Ouais, c'est fini, je répète avant qu'un franc sourire ne vienne me manger le visage.

Jimin me serre dans ses bras, si fort que j'en ris de façon complètement étouffé. D'autres paires de bras viennent nous encercler ensuite, sous le regard bienveillant de Dahyun.

Je soupçonne que Hoseok soit celui qui nous berce de droite à gauche lors de notre câlin collectif puisque Yoongi le supplie d'arrêter de niaiser.

Puis, j'entends renifler. Quand notre étreinte prend fin, faute d'air, je m'attends donc à voir les yeux de mon p'tit danseur être pleins de larmes. Mais ce n'est pas le cas. Ce bruit de nez qui coule ne provient pas de lui.

- Taehyung, tu pleures ? Je lui demande, étonné et amusé à la fois.

Tous les regard se portent alors sur lui. L'artiste s'essuie le visage avant de nous fusiller du regard, vexé par nos sourires moqueurs.

- C'est pas ma faute si mes larmes s'agglutinent aux coins de mes yeux comme un attroupement de femmes hystériques le premier jour des soldes, OK ? J'arrive pas à les retenir et... j'étais surtout inquiet pour Jimin, nous assure t'il en croisant les bras et en détournant le regard. Pas pour toi, Jungkook.

Son côté mélo dramatique aussi peu crédible que son explication me fait pouffer, ainsi que Jimin.

- Bah voyons, rétorque Hoseok en roulant des yeux.

Le danseur attrape ensuite Taehyung par les hanches qui lève les yeux au ciel en se laissant néanmoins faire.

Yoongi tend un mouchoir à l'artiste qui s'en étonne avant de finalement s'en saisir.

- Merci beaucoup, hyung, s'émeut presque Taehyung.

- Ouais, ouais... c'est qu'un mouchoir, marmonne mon meilleur ami en détournant le regard.

Mon sourcil se hausse face à cette scène presque surréaliste : Yoongi rougit. Merde alors.

Mais au delà de ça, je ne peux m'empêcher de sourire. Tout simplement parce qu'ils sont là. Tous là.

- Il se sont vraiment inquiété pour toi, m'intime Dayhun d'une voix maternelle.

Un bruit amusé me quitte sans que je ne cesse de regarder notre clique étrangement bien assortie. Mes amis ont entendu les mots de la mère de Yoongi puisqu'ils me sourient tous les trois, de façon plus ou moins gênée.

- Moi aussi j'ai eu peur les gars, je leur confesse, attendri. Et j'suis content que vous soyez venue me chercher, tous ensemble. Merci.

Je tape dans l'épaule de Yoongi qui commençait à avoir la larme à l'œil avant de passer mon bras sur les épaules de mon mochi. Mon avocate retourne à l'intérieur, nous expliquant qu'elle a encore du travail. Une fois l'avoir salué comme il se doit, je prends une profonde inspiration.

- Ah ~ on va enfin pouvoir passer à autre chose putain, je souffle en fermant les yeux, appréciant le soleil sur ma peau.

Quand mes paupières se rouvrent, je regrette de les avoir fermées. J'ai comme l'impression d'avoir loupé un épisode.

Les gars se regardent entre eux. Jimin secoue la tête à l'attention de Yoongi tandis que ce dernier met un coup de coude à Taehyung qui avait déjà la bouche grande ouverte.

Mes sourcils se froissent, suspicieux.

- Qu'est-ce qui y'a ? Je demande alors à l'artiste, vu qu'il a l'air d'être celui à qui faire cracher le morceau sera le plus simple.

- Rien, m'assure t'il en m'offrant son sourire géométrique.

Mais les mecs restent crispés et se transforment soudainement en distributeur de sourires aussi polis que gênants.

- Les gars ? Je les interroge à nouveau, sentant mon cœur s'emballer légèrement.

Mon p'tit ami s'accroche à mon bras.

- Y'a r-rien, tente t'il de me rassurer.

Mais son léger bégaiement est loin de me rassurer.

- Bébé, t'es sûr que ça va ?

- O-oui, je... ça va, Kook-ah. C'est juste... on a tous vraiment eu peur pour toi. C'est tout.

Ses yeux se détournent des miens une seconde. Mais quand ils reviennent à moi, j'ai envie d'y croire.

J'ai envie de croire que tout va bien, de m'offrir ces quelques minutes de répit.

***

Après avoir fait tout un circuit dans la ville pour que chacun regagne sa voiture, me voilà dans la mienne, Jimin sur le siège passager.

Mon p'tit ami est étrangement silencieux et ses lèvres se font maltraiter entre ses dents. Je veux pas jouer les paranos, ni plomber l'ambiance, mais y'a comme un truc qui cloche.

- Ça a été hier ? Je demande en feignant l'innocence.

Revenu à lui grâce à ma question, sa tête se décolle de la vitre.

- Hein ? Oh, oui, ça... c'était dur, mais ça a été. Jennie, Jiyoon et Lisa étaient là, puis les gars sont restés dormir. Tae ne voulait pas que je reste seul.

Je souris, soulagé d'entendre ça. Mais ça me confirme néanmoins qu'un truc à dû se passer entre temps.

- Donc, je commence, si ta soirée s'est plutôt bien passée, c'est que quelque chose à dû se produire sur le trajet pour venir me chercher...

- Quoi ? S'affole Jimin. Non je... pas du tout. Je.. enfin... c'est... je sais pas. Non, tente t'il de nier avant de déglutir. Pourquoi tu demandes ça ?

- Bébé, je soupire sans méchanceté. T'es super nerveux, et ton menton tremble quand tu mens, je lui fais savoir en me moquant légèrement.

Inconsciemment, sa main se pose sur son menton comme pour vérifier. Je lui lance alors un regard en coin accompagné d'un rictus victorieux avant de reporter mon attention sur la route.

- On passe chez toi ? S'étonne Jimin en me voyant tourner en direction du centre.

- Pas mal le changement de sujet, je le complimente avant de tout de même lui répondre vu qu'il a raison. J'en ai pas envie mais oui, il me faut des fringues propres. J'ai passé que treize heures dans ce trou à rat pourtant je sens quand même la mort.

- Mais non, tente de me rassurer Jimin, mais sa grimace l'a trahi.

Je ris légèrement avant de bailler puis de tendre la main vers l'autoradio.

- Qu'est-ce que tu fais ?! S'alarme mon p'tit mochi.

- Bah, je mets la musique, je l'informe en haussant les épaules. J'm'endors.

- Non ! S'il te plaît, ne mets pas...-

Mais ma main a été plus rapide que la sienne. A vrai dire, j'ai carrément accéléré mon geste quand je l'ai vu essayer de me bloquer l'accès.

Maintenant, je regrette.

*... des sports de Séoul. Le fils de Jeon Jogum... *

- Kook-ah...

Jimin a beau tenter de me dissuader d'écouter, c'est plus fort que moi, je monte le son.

*... en début de journée, après de nombreuses heures de détention. L'enseignant, quand à lui, va être transféré jusqu'à la fin de l'enquête...*

J'éteins brusquement la radio. À part le bruit du moteur, il n'y a littéralement plus aucun son dans cette maudite voiture.

- Je comprends mieux ce que tu essayais de me cacher, je lâche finalement.

- Je suis désolé, s'excuse aussitôt Jimin. Je voulais juste que tu profites un peu avant de... de savoir que tout le monde parlait de ça.

J'hoche la tête mais c'est plus un réflexe qu'autre chose. Je n'en veux pas à mon p'tit danseur, mais je viens brusquement de redescendre de mon p'tit nuage et, bordel, ça fait mal.

A quel point j'ai pu être con de penser que tout irait bien pour moi ensuite ? Je le savais pourtant...

- Dis quelque chose, me supplie Jimin, les yeux rivés sur moi.

Mais je n'en ai pas le temps. On est arrivés dans ma rue.

- Putain de merde.

J'hallucine complètement.

J'imagine que Jimin a reporté son attention sur la route vu la façon dont s'est coupée sa respiration.

En ralentissant, je scrute le comité d'accueil qui siège devant le portillon de la maison. Ils sont une bonne trentaine, des pancartes à la main à brailler comme des demeurés. Et, bien sûr, le mot "Violeurs" est partout. Au pluriel.

- Seigneur, qui sont tous ces gens ?

J'ai la réponse, mais je ne veux pas la donner à Jimin.

Ces gens, c'est mon ticket pour l'enfer. Celui qui m'empêchera de jouer au baseball, celui qui m'empêchera d'être avec Jimin comme je le lui avais promis et comme j'en avais moi même envie.

Mes doigts se serrent sur le volant à ces pensées. Et, j'ai beau essayer de me contrôler, j'explose finalement.

- Putain ! Je m'enrage en frappant le volant. Les fils de pute !

Jimin a sursauté à mon accès de rage, ce qui me fait me calmer instantanément. Du moins, autant que possible, vu les circonstances.

J'avise une place avant de m'y garer à la hâte, à quelques mètres de chez moi, avant de serrer brusquement le frein à main.

- Tu restes dans la voiture ! J'ordonne à Jimin avant d'ouvrir la portière.

- Jungkook-ah, mais attends !

Ses doigts s'accrochent à mon t-shirt.

- Jiminie, s'il te plaît...

Je pivote alors vers lui et constate avec effroi que ses yeux sont baignés de larmes.

- Bébé... je souffle en décidant finalement de lâcher la portière.

Je lui attrape la main, elle tremble.

- Mais, tu peux pas y aller... tente t'il de me raisonner d'un ton désemparé.

Son regard se perd ensuite vers tout ces gens pleins de haine. Je saisis alors son visage en coupe afin qu'il ne regarde que moi.

- J'y étais préparé, je m'attendais à ça.

- Mais.. - non, proteste t'il sans aucune force dans la voix. Je..- tu n'as rien fait...

- On s'en branle de ça. Ils s'en branlent, tu comprends ? Je tente de lui faire comprendre sans que mes yeux ne le quittent un seul instant. Ça n'a pas d'importance pour eux. J'me suis fais arrêter et menotter devant toute la fac, tout le monde a filmé. Ils croient tous que je suis dans le coup. Et même si c'était pas le cas ce serait quand même arrivé. Pour ces gens, je suis le fils d'un violeur. Rien d'autre.

- Tu es bien plus que ça.

Mes lèvres dessinent le début d'un sourire avant que mon front ne se pose sur le sien.

- Je le sais, j'affirme en fermant les yeux, profitant de sa peau contre la mienne. Et tu le sais. C'est tout ce qui compte. OK ?

Je sens qu'il hoche la tête alors je me recule lentement tout en m'assurant qu'il va mieux. Voyant que c'est le cas, j'agrippe la poignée.

- Ça va aller, bébé. J'me dépêche, c'est promis.

Mon p'tit ami opine avant de me retenir au dernier moment.

- Mais... Tu vas pas passer devant eux, hein ?

Je retiens un air arrogant de justesse.

- Je ne vais certainement pas entrer chez moi comme un voleur.

- Jungkook-ah, me réprimande t'il, inquiet.

Je soupire les yeux fermés avant d'hocher la tête.

- D'accord, très bien. Je vais sauter la clôture pour les éviter. Ça te va ?

Jimin accepte cette proposition et je quitte alors la voiture sans plus tarder après avoir récupéré les clés sur le contact.

Je prends soin de rester discret en avançant sur le trottoir avant d'enjamber la barrière dès que je la longe.

En petite foulée, je rejoins la porte côté terrasse, tachant ainsi d'être le moins repérable possible.

J'ouvre la porte et la referme aussitôt.

J'arrive donc dans le salon, et j'en ai une sueur désagréable de voir le fauteuil de mon père vide. Je prends malgré moi quelques secondes pour observer autour de moi ; l'entrée, la cuisine... tout ne m'a jamais paru aussi sinistre qu'aujourd'hui pourtant, d'apparence, rien n'a changé.

Cette maison, ce n'est plus chez moi. Définitivement.

Je monte ensuite les marches deux par deux et une fois dans ma chambre je fourre le maximum d'affaire que puisse contenir mon sac de sport qui était sous mon lit. Je ne prends pas la peine de faire un inventaire et balance tout ce qui me tombe sous la main à l'intérieur du sac de façon complètement aléatoire avant de le refermer.

Moins je m'éternise, mieux ce sera. Je ne veux pas laisser Jimin seul trop longtemps et qu'il s'inquiète pour rien. Et puis, un des type dehors s'est emparé d'un mégaphone et je ne peux qu'entendre les conneries qu'il débite.

- Protégeons nos enfants de ces monstres. Louons le seigneur ensemble pour que justice se fasse. Ne laissons plus ces ignominies arriver. Jésus, entends nous.

- Putain de connerie, je maugrée avant de me diriger vers ma salle de bain.

Après avoir pris tout ce dont j'avais besoin, je dévale les escaliers.

Je balance mon sac sur mon dos avant de vouloir filer par la même porte qu'à mon arrivée.

- Jeon Jogum est un être impur, et son fils l'est tout autant. Même si la justice l'a libéré, ne soyons pas aveugle. Cette maison abrite une génération de pourfendeur, protégeons nos femmes et nos filles. Protestons pour que Jeon Jungkook soit mis derrière les barreaux.

Mon sang se glace avant de se mettre bouillir. Ma mâchoire se tord dans tous les sens. Si Jimin avait été là, il m'aurait sûrement empêcher d'y aller.

Mais il n'est pas là.

Je ne sais pas pour qui ces enfoirés se prennent, mais je n'ai pas envie de fuir comme un lâche. Je n'ai rien à me reprocher, merde !

- Bordel, je crache en ayant perdu le bras de fer contre ma raison.

Je délaisse la porte devant laquelle j'étais pour finalement franchir celle de l'entrée.

Le discours de l'autre illuminé s'arrête net dès lors que des exclamations dues à ma présence se font entendre.

J'ai l'impression d'être une star qui fait la une de la presse à scandale. Ils ont tous sorti leurs téléphones et me braquent avec comme si c'était des putains de flingues.

Pas freiné pour autant, je me dirige vers eux.

- Toi ! Je gueule en pointant celui qui se prend pour le fils de dieu.

Le gars tremble mais a le culot de reporter son mégaphone à ses lèvres.

- Voyez le mal sur son visage, voyez la haine dans ses veines. Il est tout aussi coupable que son père, il est tout aussi..-

Je lui arrache sa machine des mains avant de la fracasser sur le bitume sous le regard effrayé des hommes et femmes à l'entour.

- Kook-ah !

Ma tête pivote vers Jimin. Ce laps de temps où j'ai été distrait par l'arrivée de mon p'tit ami a suffit pour que je me prenne un coup dans le dos. Le sac a amorti le choc mais j'ai quand même légèrement basculé vers l'avant. L'auteur de ce geste n'y a pas été de main morte, ou de pied mort plutôt, car je soupçonne un coup de pied bien vicieux.

Je relève la tête à la recherche du connard qui a fait ça, mais je tombe plutôt sur un visage familier. Puis un autre, puis un autre...

Des étudiants de la fac.

Ils me regardent avec peine et dégoût à la fois tandis que j'ai la gerbe à force de tourner en rond en observant tous ceux qui me mattent comme si j'étais une horrible bête de foire. Comme si j'étais comme mon père.

Il y'a des adultes, des étudiants venus d'autre facultés aussi - vu leurs uniformes - hommes et femmes confondus.

Peut-être que certains sont des victimes de mon père, ou bien leurs parents. Je n'en sais foutre rien. Tout ce que je sais c'est que mon sang pulse de plus en plus fort dans mes oreilles, troublant mon audition. J'en ai presque le tournis.

J'avoue être sorti avec l'idée de coller une ou deux droites, mais l'envie m'est totalement passée.

Même s'ils se trompent sur moi, est-ce que je peux vraiment leur reprocher de penser ainsi... ?

Puis, une main tire sur la mienne. Une petite main. La prise de Jimin a le don de me faire revenir à la réalité.

- Dans la voiture ! Je lui ordonne alors que c'est désormais moi qui tire sur sa main tandis qu'on s'est mis à courir.

Il faut que je l'éloigne de là.

Violeur ! Monstre ! Ordure ! J'entends derrière nous, venu de plusieurs voix.

Je lâche Jimin pour qu'il puisse monter côté passager et une fois moi même en place je démarre le moteur.

- Attention ! Crie mon p'tit ami tandis que les plus téméraires nous ont suivis et arrivent devant la bagnole.

En sueur, je klaxonne pour les avertir que je vais avancer coûte que coûte. Puis, mon pied écrase la pédale d'accélérateur plusieurs fois tandis que je reste volontairement au point mort. Le moteur gronde mais personne ne bouge d'un pouce.

- Dégagez putain ! Je gueule en faisant de grand geste.

Une projectile atterrit dans le pare-brise, y créant une fissure dans un bruit sourd.

- Baisse toi ! Je préviens Jimin.

Ma main s'est déjà posée sur son dos pour le faire se pencher en avant au cas où cela se reproduirait.

Devant la gravité de la situation, je prends la décision d'avancer, quitte à en foutre un sur le capot.

Par chance, ils s'écartent quand les roues tournent, et nous pouvons enfin rouler, s'en aller, respirer.

J'essuie mon front tandis qu'on quitte la rue pour de bon.

- Ça va ? Je m'empresse de demander à Jimin qui se redresse lentement.

- O-oui, je... ça va.

Il a l'air complètement sous le choc.

- Putain ! Je m'enrage à nouveau face à son état. Je suis vraiment trop con, j'aurais pas dû sortir par devant, merde ! Ça va ?

- Je vais bien ! Répète plus fortement Jimin. Alors calme toi, s'il te plaît, Kook-ah, m'implore t'il en baissant peu à peu le volume de sa voix.

- Désolé, je m'empresse alors de lui dire en me rendant compte que je rends la situation encore plus anxiogène qu'elle ne l'est déjà.

Les soupires s'enchaînent entre nous, libérant ainsi l'adrénaline que cette petite course poursuite nous a fait accumuler. Puis, le téléphone de Jimin sonne, nous faisant sortir de notre transe.

- C'est Tae, m'informe t'il.

Il décroche avant d'enclencher le haut parleur.

- Allô ?

- Chim ! Oh mon dieu, est ce que tu vas bien ? S'alarme l'artiste au téléphone.

- Oui, on était chez Jungko..-

- Je sais, l'interrompt-il aussitôt. Vous étiez en live sur Insta ! Oh mon dieu, où es-tu ?

Ma lèvre se fait happer entre mes dents, me retenant ainsi de péter un nouveau câble.

- Tout va bien, le rassure mon p'tit danseur. On est en voiture, on va chez moi.

Je me penche légèrement sur le côté afin de m'approcher du téléphone.

- Est-ce qu'on voyait Jimin, sur la vidéo ? Je demande alors à Taehyung.

- Non, enfin je sais pas, pas vraiment, pourquoi ?

J'inspire durement par la nez, ma poitrine montant vivement. Respire Jk.

- Taehyung, putain, réfléchis, s'il te plaît. Est-ce qu'on voyait Jimin sur cette vidéo, oui ou merde ?

Mon petit ami me dévisage soudainement, mais mon regard ne quitte pas la route un seul instant.

- On le voyait pas, répond Hoseok à la place de son copain. Pas de face en tout cas, mais quand on a vu une touffe de cheveux grise courir avec toi, on a su que c'était lui. Et puis, on savait que vous étiez ensemble donc...

- Putain, je soupire, soulagé.

Je m'enfonce dans mon siège tout en conduisant, n'écoutant plus un mot de ce que les deux meilleurs amis se racontent ensuite.

Les battements de mon cœur ont du mal à se calmer, mais tout ce qui compte c'est que Jimin n'apparaisse pas sur cette vidéo, qu'il ne soit pas vu avec moi.

***

Après avoir pris une douche où je me suis contenté de serrer Jimin contre moi tout du long, son canapé a recueilli nos corps fatigués.

Décidément, ma queue n'est pas décidée à remettre ça pour le moment. Même les baisers qu'on a enfin pu s'échanger sous l'eau avec Jimin n'ont pas réussi à me faire bander.

Quoi qu'il en soit, je ne suis pas le seul à ne pas avoir fermé l'œil de la nuit et la fatigue cumulée au stress nous a totalement lessivée. On s'est donc mis un film pour s'occuper l'esprit après que j'ai raconté mes heures passées au poste à mon petit ami.

Malheureusement, le blockbuster ne me distrait pas suffisamment. Alors, après avoir englouti mon repas, ma nuit en cellule me revient en tête, tout comme je l'ai raconté à Jimin...

*Flashback*

- Hé ! C'est possible d'avoir de l'eau au moins ?

Personne ne me répond, évidemment. Depuis que je suis passé en salle d'interrogatoire, et qu'on m'a fait une fichu prise de sang, ils m'ont enfermé en cellule et m'ignorent complètement.

J'essaye de rester positif, mais c'est compliqué.

Quand j'ai appris le motif de mon arrestation, je n'en menais pas large. Violence aggravée et la victime, Kim Samuel.

Une fois la mère de Yoongi arrivée, et qu'elle m'ait fait savoir qu'elle était mon avocate, elle m'a conseillé de tout avouer. Heureusement, parce que je l'avais déjà fait. J'ai tout balancé aux keufs concernant la violence dont j'ai fait preuve envers mon ancien coéquipier l'an passé. J'en avais besoin, je crois.

Désormais, maintenant qu'ils savent qu'ils m'ont arrêté à juste titre, ils attendent des nouvelles de la victime.

En gros, savoir si Sam va faire de ma vie un enfer ou non.

Mais je lui ai bousillé l'épaule, sa carrière et, probablement, son existence. Je ne m'attends donc à aucune clémence de sa part.

Tandis que je rumine mes actes passés et que je m'inquiète comme pas deux pour Jimin, un flic s'attarde devant mes barreaux provisoires. Je l'alpage alors sans attendre.

- S'il vous plaît, je peux avoir de l'eau ? J'ai rien bu depuis que j'suis arrivé.

Le quinquagénaire en uniforme me regarde, l'air plus que mauvais.

- Fallait y penser avant de te retrouver là.

- Super, un cow boy... je marmonne en retournant m'assoir sur le petit lit de camp.

- Je t'énerve ? Me demande t'il, satisfait. Tu veux peut être te défouler sur moi avec une batte de baseball ?

Je soupire en pinçant l'arrête de mon nez pour contrôler mon côté sanguin qui menace de surgir.

- OK, j'ai pigé, je fais savoir au flic. Vous êtes celui qu'ils envoient pour me faire la morale ? Parfait.

Je claque mes cuisses avant de me relever. Le quinquagénaire me regarde avancer vers les barreaux sans bouger.

- Je sais que ce que j'ai faiy est mal, je lui dit en toute sincérité. Mais si vous vous ennuyez, plutôt que de rester là, y'a une enquête sur un violeur en cours.

Un long échange de regards s'en suit. Puis le type pouffe en me regardant avec une haine que je n'ai pas l'impression de mériter.

- Les gars dans ton genre sont toujours les plus arrogant, balance t'il en serrant ses doigts autour de sa matraque. Je me ferais une joie de t'exploser la tronche, tu peux pas savoir à quel point.

Il n'y a aucun sadisme dans ses mots, juste une envie viscérale qu'il exprime haut et fort. En fait, il me matte un peu comme Yoongi et moi pouvions le faire avec mon père...

- Écoutez, je lâche dans un soupire d'abandon. Je voulais juste à boire, ok ? Je cherche pas à me créer plus de problèmes.

Le gars part sans un mot et revient quelque secondes plus tard avec une canette. Il se l'ouvre et boit deux grosses gorgées bien audibles juste devant ma gueule.

- Connard... je crache en repartant m'assoir.

Après un temps que je n'ai pu que juger, le cow boy qui semble personnellement me haïr revient.

- Signe ça.

Il passe des documents à travers les barreaux.

- C'est quoi ? Je cherche à savoir en m'en saisissant.

- On réquisitionne ton téléphone portable. Avec ça, t'accepte qu'on lise tous tes messages, qu'on voit toutes tes photos et vidéos, même ce que t'as supprimé.

Dahyun fait alors son apparition.

- J'aimerais m'entretenir avec mon client, lieutenant Arredondo .

Un fois congédié, le dit lieutenant Arredondo s'en va après m'avoir lancé un dernier regard identique aux précédents. C'est quoi son putain de problème...

- La saisie de ton téléphone est pour l'enquête sur ton père, m'explique la mère Yoongi, me ramenant ainsi à elle. Ça prouvera ton innocence et que tu étais en froid avec lui.

- Donc, je signe ? Je lui demande alors qu'elle me tend déjà un stylo.

- Oui. C'est moi qu'il l'ai demandé, Jungkook.

J'attrape donc de quoi signer mais me freine dans mon élan en songeant à quelque chose.

- Mais y'a des messages de Yoongi et moi. On parle de... Jiyoon, je révèle, mal à l'aise. On était au courant.

- Je sais. Je m'occupe de ça. Vos messages prouveront justement que Jogum exerçait un pression sur vous, vous obligeant ainsi à vous taire.

J'hoche la tête avant de griffonner Jeon en bas de la page.

- Merci, Dahyun-ssi.

Elle me sourit en récupérant les documents.

- Mon fils et toi êtes tout autant victimes que les autres dans cette histoire. N'en doute pas.

Je pince mes lèvres avant de l'interroger.

- Et pour mon père justement ?

- J'ai contacté un confrère, je ne suis pas à même de prendre la défense adverse en charge, vu que ma fille figure sur la liste des victimes. Mais Jogum ne sortira pas d'ici, et toi tu ne passeras pas devant un tribunal, Jungkook. Je t'en donne ma parole.

J'acquiesce nerveusement, espérant vraiment qu'elle dise vrai.

- J'ai croisé ta mère, me fait ensuite savoir mon avocate en souriant. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vue.

Me doutant du motif de sa venue, je ferme durement les paupières.

- Comment elle va ?

- Étant donné les circonstances, je trouve que ça va, me répond t'elle. Essaye de te reposer maintenant, Jungkook, la nuit risque d'être longue. Et, au fait, ils n'ont trouvé aucune trace de drogue dans ton sang.

Sur ces conseils et informations, Dahyun repart travailler tandis que je pose mon cul sur le lit, la gorge toujours aussi sèche.

- Merde, je jure en me maudissant de ne pas avoir demandé un verre à la mère de mon meilleur ami.

Décidé à dormir pour ne plus songer à toute cette merde, ni imaginer Jimin s'inquiéter, je ferme les yeux. Mais le cow boy n'est pas de cet avis. Il pose une petite radio au pied de ma cellule avant de l'allumer. Ce connard ne prend pas la peine de mettre une station et laisse juste les bruits parasites en fond sonore.

Adieu, sommeil.

Ce n'est que des heures plus tard qu'il se passe enfin quelque chose.

- Ouvrez !

Je me redresse d'un bon en entendant ça.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Je demande alors que deux flics entrent dans la cellule pour me passer les menottes.

- Suivez nous.

Je déglutis et m'attends déjà au pire. Peut être que je suis en train de me faire transférer dans une vraie prison, qu'un convoi m'attends dehors. Bordel, je maudis Netflix pour me donner ce genre d'idée à la con.

Je suis trimballé dans les couloirs du commissariat, et au détour de l'un d'entre eux, je croise Jackson.

On s'échange un regard presque animal, et je me rends compte que je tire sur mes liens en metal uniquement quand le flic dans mon dos me rappelle à l'ordre.

On continue de me faire avancer, Jackson allant dans le sens opposé au mien, puis j'entre dans une pièce.

- Enlevez lui ça, dit le gars assis derrière son bureau sans même me regarder.

Je frotte mes poignets après que mes menottes aient été enlevés et m'assois une fois avoir été invité à le faire.

- Jeon Jungkook, vous êtes libéré.

- Quoi ?

Mais le type, sûrement haut placé, ne m'adresse même pas un regard et continue d'écrire je-ne-sais-quoi.

- Vous devez rester disponible pour la suite de l'enquête concernant votre père. Quant à votre cas, le dossier est clos. Kim Samuel n'a pas désiré porter plainte contre vous.

Je devrais être soulagé, et pourtant un boule se loge dans mon estomac.

- Mais je... je l'ai frappé, je souffle d'incompréhension. Je lui...-

- Écoutez, soupire t'il en posant son stylo. Remerciez plutôt le lieutenant Arredondo qui a plaidé votre cause.

Mais le cow boy n'est pas là, et j'ai du mal à croire ce que je viens d'entendre. Ce connard m'a fait sortir ?

- Ainsi que votre camarade, ajoute le haut gradé. Samuel Kim vous offre une chance de passer à autre chose. Saisissez-la, monsieur Jeon.

Une chance, je répète intérieurement alors que mes yeux doivent être aussi ronds que deux boules de billard.

Peut être bien que c'est le moment de la saisir, en effet. Je n'ai alors plus qu'une envie : retrouver Jimin. Être avec lui. Être avec lui vraiment. Comme je le lui avais promis.

- Est-ce que je peux passer un coup de fil ? Je demande en revenant à moi. Oh, et de l'eau aussi ? S'il vous plaît.

* Fin du flashback *

- Kook-ah ?

La voix de mon p'tit ami me sort de mes récents souvenirs.

- Hein ?

- Tu regardais le générique depuis deux bonnes minutes sans bouger, me fait remarquer Jimin.

Je jette un coup d'œil à la télé par réflexe.

- Désolé, je m'excuse en secouant la tête. Ça va.

Mon p'tit danseur quitte mes bras et s'assoit en tailleur sur le canapé pour ainsi me faire face.

- Tu n'es pas obligé de me dire que ça va juste pour me rassurer. C'est normal que ça n'aille pas. Tu peux me parler, tu sais.

- Je sais, je soupire doucement.

Ma tête en appui sur le dossier pivote alors vers lui et il me sourit les lèvres plissées. Je lui souris à mon tour, résigné à lui dire le fond de ma pensée.

- J'pensais qu'après, ça irait mieux, je me confie alors. Qu'une fois que ce serait passé, que mon père serait arrêté, le plus dur serait fait, que toi et moi on pourrait...-

Je mords ma joue, incapable de finir ma phrase tant elle me prend aux tripes.

- Mais c'est faux, je reprends alors. Ce qu'il s'est passé tout à l'heure, c'est que le début. Je savais que ça arriverait mais je crois, qu'au fond, j'espérais me tromper.

Jimin se rapproche de moi et prend ma main dans le sienne.

- On est pas obligé d'aller en cours demain, me propose t'il d'une voix douce.

- Jiminie, t'as pleins de répétitions en retard, tu dois aller en cours.

- Je sais, m'assure t'il. Et toi tu as tes entraînements.

Je détourne le regard après que ma langue ait poussé ma joue.

- J'ai quitté l'équipe j'te rappelle.

Visiblement agacé que je ne lui accorde plus toute mon attention, mon p'tit danseur grimpe à califourchon sur mes genoux. Mon regard se repose alors sur lui, et mes mains sur le bas de son dos.

- Tu as remis ta démission à ton père, et au directeur pour des raisons qui ne sont plus valables. Tu peux la réintégrer ! Revendique t'il fermement.

- Sûrement, mais j'en ai pas envie.

La déception qui peint soudainement le visage de Jimin m'atteint. Je me lève alors après l'avoir décalé de sur moi.

Je pars dans la cuisine, juste pour prendre mes distances. Mais j'entends Jimin réfléchir d'ici. Il n'a pas bougé du canapé pourtant.

- J'irai en cours demain, j'entends soudainement. Mais à une condition seulement.

Je me retourne pour observer mon petit ami venir jusqu'à moi.

- Laquelle ?

- Que toi tu n'y ailles pas, mais que tu me promettes de réfléchir en échange.

Sa proposition n'a rien de miraculeuse, et j'avoue qu'elle ne plaît qu'à moitié.

- Ma décision est déjà prise.

- Mon dieu, ce qu'il est borné, s'exaspère Jimin. Le baseball compte beaucoup pour toi, reprend t'il à mon attention cette fois. Qu'est-ce que tu vas faire si tu arrêtes ?

- J'en sais rien.

- Chanter ? Hasard t'il.

Ça a le mérite de me faire rire au moins.

- J'aime chanter sous la douche, mais j'ai jamais eu l'intention de devenir le putain de prochain G-dragon. Enfin, quand j'avais 15 ans, oui, sûrement, j'avoue en haussant les épaules. Mais plus maintenant. Mon père m'a sans doute obligé à jouer au baseball au début, mais maintenant ça compte vraiment pour moi, c'est ce que je veux faire.

- Alors fais le, s'impatiente mon p'tit danseur en haussant vivement les épaules.

Je râle de façon audible.

- Pas comme ça, pas ici.

Résigné, Jimin suggère ensuite qu'on aille se coucher. J'accepte, et quelques minutes après s'être tendrement câlinés dans un silence plaisant, nous nous sommes endormis.

***

Après mon réveil en solitaire dans l'appartement de mon p'tit mochi, j'ai pas mal cogité. J'avoue avoir été à deux doigts de changer d'avis concernant ma démission mais ça c'était avant que je ne fasse l'erreur de regarder les infos à la télé.

C'est sur toute les chaînes. Jeon Jogum, le coach violeur d'étudiantes.

Ça tourne en boucle. Constamment. Entre les flashs météo et les pourcentages boursier.

Mon prénom est malheureusement cité à côté du sien beaucoup trop souvent pour que les gens parviennent à m'oublier. Et qu'ils n'arrivent aussi à faire la distinction entre coupable et innocent.

N'ayant pas de téléphone mais ayant grand besoin de prendre l'air, je pars rendre visite à la voisine de palier de Jimin pour lui demander un service.

- Oh, ça alors, s'étonne la petite mamie en m'ouvrant la porte de son appartement. C'est notre Roméo.

- Bonjour, je la salue en riant légèrement, penché vers elle. Désolé de vous déranger, Jimin n'est pas là et je n'ai plus de téléphone, je peux pas passer un coup de file chez vous ?

- Bien sûr mon garçon, accepte t'elle avec un sourire bienveillant. Et appelle moi Paulette.

- Merci, Paulette, je lui dis alors qu'elle me laisse entrer.

***

Après que la charmante mamie m'ait permis de joindre Yoongi, me voici à la fac. J'ai par chance croisé Taehyung qui a su me dire où trouver Jimin.

Je longe carrément les murs jusqu'à enfin retrouver mon p'tit danseur. Et quand il me voit débarquer, il est plus que surpris.

- Kook-ah, mais qu'est-ce que tu fais là ? T'as été en cours ?

Je regarde un peu autour de nous mais le couloir n'abrite que nous ou presque.

- Non, j'ai eu Yoongi hyung au téléphone. Les Bangtan sont convoqués avant l'entraînement pour des annonces importantes. Du coup, me voilà.

- Alors tu pars pas de l'equ-

- Si, je l'interromps avant que l'étincelle de joie sur son visage ne brille plus encore.

Il soupire de tout son souffle.

- Je t'avais promis de réfléchir et je l'ai fait, je lui assure d'un ton désolé. J'ai regardé les infos, et quand j'suis arrivé à la fac et que j'ai vu les regards se poser sur moi j'ai compris que j'avais pris la bonne décision. Si je joue au match de fin de d'année, on ne parlera que de moi, et pas de la façon dont j'en ai envie. De toute façon, aucun recruteur ne s'intéressera à mon profil désormais, alors autant ne pas gâcher la chance des autres.

Mes arguments ont l'air de le convaincre puisqu'il baisse les yeux.

- Je vois, tu y as beaucoup réfléchi alors, admet-il.

- Hm. Du coup, je suis venu annoncer mon départ de façon officielle.

- Kook-ah, se lamente presque mon petit ami. C'est vraiment injuste.

- C'est la seule solution, Jiminie. Je ne veux pas que les Bangtan soient associés à... moi. Ni eux, ni personne d'autre.

Jimin a capté mon sous entendu, je le sais vu comment sa pomme d'Adam s'agite.

- Je suis désolé.

- Pourquoi ? Cherche t'il à comprendre.

- Parce que chez ma grand mère je t'avais promis qu'on serait enfin ensemble librement après tout ça. Mais avec ce qu'il se passe, il n'en est plus question. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de moi. Pas encore, je lui dis tout en me le reprochant.

- Jungkook, ne..-

- Non, Jiminie, écoute moi, s'il te plaît. Regarde où ça nous à mené la dernière fois. Je t'ai tout raconté et tu as fini par te faire agresser, droguer, envoyer à l'hôpital. Alors cette fois ci c'est non. Si la seule façon de te protéger c'est qu'on reste distant en publique, même si je n'en ai plus envie, alors...

Je n'arrive même pas à finir ma phrase tant tout cela me semble injuste à moi aussi. Mais comme je l'ai toujours dit, on a pas tout ce qu'on veut dans la vie. Et ce que je veux plus que tout c'est que Jimin soit en sécurité.

J'espérais la fleur et le soleil, et je vais finalement me retrouver à regarder les deux, de loin.

- On se voit ce soir ? Me demande mon mochi plutôt que de répondre à ce qu'on vient de se dire.

Je souris du mieux que je peux, comme si je ne savais pas qu'il allait pleurer dès que j'aurais le dos tourné.

- Évidement.

***

Au stade, c'est le chaos. L'équipe est en ébullition, et les propos, même de loin, semblent bien enflammés.

Yoongi est le seul qui fait attention à mon arrivée ou du moins qui vient me rejoindre alors que je restais volontairement en retrait.

- Dis moi que t'as changé d'avis, m'ordonne t'il.

- Comme je te l'ai dit au téléphone, j'ai pas changé d'avis, hyung.

Son regard noircit à vue d'œil.

- Tu me les brises, Kook.

- Essaye de comprendre, t'as bien vu les exploit sur Insta hier, qu'est-ce tu.. -

- Non, j'ai pas envie d'essayer de comprendre. Ton père s'est fait arrêter. Et avant même qu'on songe ne serait-ce qu'à cette éventualité que lui ou Jackson tombent, on s'était promis que quand on quitterai la fac on passerait à autre chose, tous les deux.

Mes mains se posent sur mes hanches tandis que je mords durement ma lèvre.

- Yoongi, tu comptais défoncer Jackson à la fin de l'ann.. -

- Tous les deux, Kook, répète t'il pour me faire taire. Qu'est-ce que tu vas faire si tu quittes l'équipe maintenant, hein ? T'as fait un cursus sportif et t'as pris aucune autre option que le baseball. Alors qu'est-ce que tu vas faire !?

Je ne sais pas quoi répondre. De toute façon, Yoongi ne m'en laisse pas l'occasion puisqu'il rejoint le reste de l'équipe qui est appelée à se regrouper au centre de la pelouse.

- Allons, allons, calmez vous. Je sais que le climat n'est pas propice à s'apaiser mais, s'il vous plaît, faites un effort.

L'équipe bronche un peu avant de finalement faire vœux de silence devant le type que se trouve face à nous, un sifflet autour du cou.

-Merci, déclare le type en short, satisfait. Comme vous le savez tous, le coach Jeon... a été renvoyé. Par respect pour la présomption d'innocence, je ne dirai rien de plus sur le sujet. Je ne suis pas juge, mais votre nouveau coach. Kim Namjoon.

Malgré le manque de réaction de son auditoire, le nouvel entraîneur tente de sourire. Je suis pas sûr que ses fossettes attendrissent beaucoup l'équipe cela dit. On est tous à cran.

- Nous allons respecter les décisions de mon prédécesseur, en dépit des évènements récents. En une semaine, nous n'avons de toute façon pas le temps de revoir le plan du match. Je vous entraînerai, je vous supporterai alors, s'il vous plaît, je ne vous demande qu'une chose. Le respect.

- Le plan de match est foutu, on a perdu notre première base ! râle Bambam dans un élan de pessimisme.

C'est le moment idéal pour moi de faire un pas en avant.

- Et le lanceur, j'avertis alors le coach remplaçant.

Il me regarde, les yeux plissés.

- Jeon Jungkook, c'est ça ?

- Oui. Je souhaite quitter l'équipe.

- Pourquoi ça ?

- J'ai mes raisons, je balance en détournant le regard.

Mes anciens coéquipiers dans mon dos ne disent rien. Personne ne cherche à me retenir mais personne ne se permet d'ouvrir sa gueule non plus. Tant mieux. Une bagarre de plus et je ne quitterai pas seulement l'équipe mais la fac également.

- Très bien, Jungkook. J'accepte ta démission si ta décision est mûrement réfléchie.

Mon sourcil se hausse. J'aurais cru ça plus compliqué.

Yoongi pense probablement la même chose puisqu'il quitte brusquement le terrain.

- Fait chier, je marmonne face à la réaction de mon hyung.

J'hisse mon sac sur les épaules avant de commencer à partir.

- Ne pars pas, me retient Namjoon. Va t'assoir, et reviens me voir à la fin du debrief.

Je soupire sans même tâcher de faire semblant de ne pas être soûlé et vais poser mon cul sur le banc. Je sais pas ce que ce type me veut mais je suis pas d'humeur. Si Jimin et Yoongi n'ont pas réussi à me convaincre, c'est pas lui qui va y arriver.

Comme prévu, à la fin du debrief, alors que les gars se mettent en position pour s'entraîner, le remplaçant de mon père me fait signe de venir le voir.

- Je changerai pas d'avis, coach, je lui dis tout de suite pour pas qu'il perde son temps.

- Je ne vais pas te forcer à rester dans l'équipe si tu ne veux pas jouer, Jungkook. Mais j'ai un service à te demander. Veux tu bien me seconder ?

- Non.

Son sourire s'effondre et ses fossettes se font la malle.

- Ecoute, soupire t'il en abandonnant le rôle qu'il semblait tâcher de garder jusque là.

Il n'a plus l'air d'être mon nouvel enseignant soudainement, mais juste un type banal qui galère. En le regardant à deux fois, on a l'air d'avoir sensiblement le même âge et je me demande quelles sont les circonstances de sa vie qui l'ont mené à reprendre une telle place dans une situation aussi compliqué.

- Je suis ici pour rendre service à un ancien élève, me confie t'il en soupirant. Je ne connais pas l'équipe et elle est sans dessus dessous. Tu étais le capitaine et tu t'en vas. Jackson s'est fait arrêter, et un des joueurs a refusé de passer sa prise de sang, du coup, il est suspendu. Les Bangtan ne comptent pas pour toi ?

- Bien sûr que si, je maugrée la tête tourneée vers eux.

- Alors assiste aux entraînements, aiguille moi. Aide les. N'abandonne pas ton équipe.

- Vous pouvez pas comprendre, je lui reproche avant de tourner vivement les talons.

- Tu pars parce que tu as peur que l'histoire qui te touche de près ne ternisse la réputation des Bangtan.

Je me stoppe dans mon élan, retenu par ces mots justes. Peut être bien qu'il me comprend, tout compte fait.

- Que tes gars t'en tiennent rigueur, ajoute t'il alors que je me retourne vers lui. Arrête moi si j'me trompe.

- Je pars pour eux, oui, je confirme d'un voix sombre.

- Alors aide moi, pour eux. Ne les laisse pas tomber. Je suis sûr que tu pourrais m'aider à faire en sorte que la victoire nous appartienne face aux NCT.

Ce qu'il me propose, c'est tout ce que j'ai toujours voulu. Que ma parole ait du poids. Face à mon père, elle n'en avait aucune. Chaque fois que je proposais des améliorations de jeu, il les refusait. Même si toute l'équipe était de mon avis.

- S'il te plaît, Jungkook, insiste le coach.

Je mords ma joue en prenant le temps de la réflexion.

Si j'épaule Namjoon, je resterais dans l'ombre et l'équipe n'en serait alors impactée que de façon positive.

Jimin en sera sûrement satisfait aussi. Quant à Yoongi, je doute cependant que ça lui suffise. Mais c'est mieux que rien.

- J'accepte, je lâche soudainement.

Un soupire soulagé quitte les lèvres de l'homme face à moi.

- À une condition, j'ajoute.

Ses sourcils se foncent légèrement.

- Je t'écoute.

- Min Yoongi prend mon brassard de capitaine.

Sans attendre, je tends ma main entre nous. Il esquisse un sourire avant de s'en saisir.

- C'est un bon deal, Jungkook.

<3


Corrigé par park__selma x)

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