Dans la petite ville de Ravenswood, aujourd'hui marque un nouveau commencement pour la famille Carter. Un déménagement, un changement d'air, une promesse de renouveau. Au milieu des cartons éparpillés dans le salon, ils s'attèlent à transformer ce simple lieu en un cocon familial. L'après-midi baigne la pièce d'une lumière douce, presque chaleureuse, comme si le soleil lui-même accueille leur arrivée. Les rires résonnent dans la maison qui, petit à petit, prend forme sous leurs mains. Les meubles trouvent leur place, les photos sont accrochées sur les murs, capturant des moments heureux du passé. Les filles, Lilia et Jasmine, sont aussi excitée qu'un jour de fête, leurs visages illuminés d'un sourire sincère, naïf presque. Ce nouveau départ est une promesse de bonheur, et elles ne sont prêtes à rien laisser entacher ce tableau parfait.

Lilia se penche sur une boîte, son regard intense et concentré, mais ses lèvres restent étirées en un sourire satisfait. Elle farfouille sans se presser, cherchant parmi les objets encore emballés. Une étagère en bois ? Un vieux cadre photo ? Peu importe, cela n'a pas d'importance. Ce n'est pas l'objet qu'elle cherche, mais le geste. Chaque objet déballé lui donne l'impression de reconstruire un peu plus sa vie ici. La maison semble devenir leur chez-soi à chaque seconde qui passe. Les bras de ses parents, qui l'aident à arranger les affaires, sont pleins de promesses d'amour et de soutien.

À quelques centaines de mètres de là, dans une rue parallèle, l'ambiance est toute autre. Un homme se tient debout, adossé contre le mur d'une vieille bâtisse, l'air nonchalant. Une cigarette pend entre ses doigts, le bout incandescent illuminant son visage en ombre. Il semble observer le monde autour de lui, sans se soucier de rien. Sa cigarette, presque terminée, se consume lentement alors que ses yeux ne quittent pas l'image des Carter, de loin, à l'autre bout de la rue.

Son regard est glacial, mais son sourire... son sourire, lui, est déstabilisant. Un sourire qui ne traduit aucune joie, mais une forme de satisfaction perverse. Il écrase son mégot sur le trottoir avec une lenteur presque théâtrale. Un bruit sec se fait entendre, une petite explosion de silence qui contraste avec la douceur de l'après-midi. Il lève son téléphone d'un mouvement fluide, ses yeux plissés sous la fine ombre de son capuchon, fixant l'écran avec une intensité perturbante. Ses doigts pianotent quelques chiffres, puis il appuie sur un bouton.

L'écho de la voix au bout du fil fait vibrer l'air autour de lui, un contraste frappant avec la tranquillité environnante.

- Elle est arrivée.

Ses lèvres s'étirent, laissant voir un sourire presque imperceptible. Un sourire qui signifie plus que des mots. Il sait, il a tout prévu. Tout est en place maintenant.

Il raccroche, range son téléphone avec une lenteur calculée, et d'un dernier regard vers la maison des Carter, il se tourne et s'éloigne dans la rue sombre. Le silence revient, mais quelque chose a changé. Le vent semble souffler plus fort, l'air plus lourd, comme si tout l'environnement autour de lui avait pris conscience de l'inévitable.

- Le jeu peut enfin commencer.