CHAPITRE 6
Les jours passent, et je me sens de plus en plus isolée. À chaque pas, à chaque coin de couloir, il me semble que des regards se posent sur moi. Est-ce que les autres élèves me fixent, ou est-ce que je deviens folle ? Je m'interroge sur tout, sur tout le monde, y compris sur moi-même.
Chez moi, les signes s'accumulent. Un matin, en me réveillant, je trouve mon collier préféré étalé sur le bureau, alors que je suis absolument certaine de l'avoir rangé la veille dans sa boîte. Mes cahiers de cours sont parfois en désordre, comme si quelqu'un les avait feuilletés. Des détails insignifiants, mais qui m'obsèdent. Les clés de la maison déplacées. Ma trousse qui disparaît pendant une journée pour réapparaître mystérieusement dans mon sac. Des lettres sans expéditeur, avec des messages glaçants tapés à la machine, comme « Tu n'aurais jamais dû baisser ta garde » ou « Tu ne sais même pas à quel point tu es vulnérable. » Ce stalker me terrifie de plus en plus.
J'en ai parlé à Jasmine. Elle a retourné ma chambre à la recherche d'indices, mais c'était absurde. Nous ne sommes pas dans un film de détective. Et même si c'était le cas, ce stalker semble bien préparé. Il sait ce qu'il fait.
Ce matin, après une nuit difficile où je n'ai presque pas fermé l'œil, je me sens encore épiée. Même chez moi, là où je pensais être en sécurité. En traversant la cour, je vois quelque chose qui me glace : Ryder et son groupe. Sans surprise, il me fixe intensément. Mais il n'est pas seul. À ses côtés, Owen, ce garçon que je connais à peine, mais qui semble... différent. Il regarde furtivement autour de lui, nerveux, avant de croiser mon regard. Il y a quelque chose chez lui qui me met mal à l'aise. Peut-être ses yeux fuyants, ou cette sensation qu'il veut me dire quelque chose sans oser.
Jasmine remarque ma tension et suit mon regard.
- Ce type-là, c'est Owen, non ? Il est toujours dans le coin. T'as remarqué ? me chuchote-t-elle. Il traîne partout où tu vas, comme s'il te suivait.
- Tu racontes n'importe quoi. Je te rappelle qu'on est...
Je n'ai même pas le temps de finir ma phrase qu'une dispute éclate. Au loin, je vois Ryder, hors de lui, qui pousse violemment Owen. Dans un élan de bonté, je me jette entre eux pour les séparer. Je pousse le torse d'Owen en fixant Ryder.
- Comment tu oses me menacer, Owen ?! T'es rien du tout, t'es complètement cinglé !
- Arrêtez !
- Dégage de là ! me hurle Ryder.
- Hors de question, tu n'as pas à t'en prendre à lui comme ça !
- Et toi, tu es qui pour me donner des ordres ?
- Ça ne te regarde pas ! Laisse-le, m'écrie-je en le repoussant.
Je prends Owen par le bras pour l'éloigner de Ryder. Il me regarde d'un air étrange. Il est vraiment bizarre, ce type. Jasmine n'a peut-être pas tort. J'ouvre la bouche pour lui demander si tout va bien, mais avant même que je puisse parler, il me pousse en arrière.
- Tu n'aurais jamais dû te mêler de ça !
Mon sang se glace. La colère qui émane de lui me paralyse. Je suis incapable de bouger, mais heureusement, Jasmine n'est jamais loin. Elle se place entre nous.
- Espèce d'ingrat ! Elle t'aide et tu la remercies comme ça !?
Owen se renfrogne, me dévisage un instant puis se fond dans la foule. Jasmine me prend dans ses bras pour me rassurer.
- Et si tu avais raison ? Et si c'était lui ? Jasmine, je n'en peux plus !
Ses mots tournent en boucle dans ma tête. Il avait l'air tellement menaçant, j'ai eu une peur noire. Jasmine me prend par la main et m'invite à la suivre pour nous rafraîchir dans les toilettes. Mais en arrivant, je me fige à nouveau. Qui a bien pu faire ça ? Terrifiée, je me réfugie dans les bras de ma sœur, en pleurant. Mon corps ne tient plus. Toutes ces écritures sur les miroirs, mon dieu !
« Avais-tu remarqué le rouge à lèvres manquant ? Ce n'est que le début, Lilia... »
Ma sœur est furieuse. Elle marche d'un pas décidé tandis que je pleure de plus belle, prise de panique. Elle arrache le rouge à lèvres scotché au miroir et le balance à la poubelle. Je le cherchais ce matin... je l'ai cherché !
- Rentrons à la maison. On dira que tu es malade, tu ne peux pas rester ici dans cet état.
Jasmine m'aide à me relever et nous quittons précipitamment l'établissement. Après un long trajet, nous arrivons à la maison. Ma sœur m'accompagne dans ma chambre. Nous nous couchons dans mon lit, épuisées. Mon téléphone vibre. Mes larmes montent à nouveau, c'est comme si ça ne s'arrêtait jamais. Jasmine prend mon téléphone et lit le message.
« Tu ne peux pas m'échapper, même chez toi dans tes nouveaux draps. »
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