CHAPITRE 27
L'air froid du matin me frappe lorsque je suis escortée hors du labyrinthe par les policiers. Je n'arrive pas à respirer normalement, mes jambes vacillent sous moi, mais les deux agents de chaque côté me soutiennent. Mon cœur bat encore à tout rompre, et mes pensées sont un chaos indéchiffrable. La lueur des gyrophares éclaire la scène, baignant tout dans une lumière bleue et rouge saccadée.
Autour de moi, l'agitation est palpable : des ambulances, des policiers qui discutent en hâte, des éclats de voix, des bruits de radios qui crépitent. Je cligne des yeux, essayant de me raccrocher à quelque chose de tangible. Et c'est là que je les vois. Mes parents. Ma sœur.
- Maman ! Papa ! Jasmine !
Je ne réfléchis pas. Mes jambes se remettent en mouvement malgré elles, et je cours vers eux comme une enfant terrifiée. Ma mère m'attrape la première, me serrant si fort que je crois que je vais m'étouffer.
- Mon bébé ! Mon Dieu, Lilia, qu'est-ce qui s'est passé ?!
Mon père est là aussi, ses bras m'entourent à son tour, et je sens ses mains trembler contre mon dos. Jasmine se jette presque sur moi, m'arrachant aux bras de mes parents pour me serrer comme si sa vie en dépendait.
- J'ai cru... J'ai cru qu'ils allaient te tuer, murmure-t-elle d'une voix brisée.
Ses mots me frappent comme un coup. J'ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Elle pleure, ses larmes mouillant ma chemise.
- Pourquoi tu nous as rien dit, Lilia ?! s'exclame mon père, le ton plus sévère, mais je sens surtout l'inquiétude. Tu savais que tu courais un danger ! On aurait pu agir plus tôt !
Je secoue la tête, les larmes coulant sur mes joues.
- Je... Je pensais pouvoir gérer, bredouillé-je. Mais je me suis trompée...
Ma mère caresse mes cheveux, essayant de calmer mes sanglots.
- C'est fini, chérie. Tout est fini maintenant.
Je n'en suis pas si sûre.
Jasmine, toujours accrochée à moi, renifle bruyamment avant de me regarder droit dans les yeux.
- J'ai appelé la police. Je savais que ça tournait mal.
Je la fixe, surprise. Une partie de moi veut la remercier, mais une autre est incapable de parler. Si elle n'avait pas fait ça, je ne serais peut-être pas là. Je hoche simplement la tête, trop bouleversée pour dire quoi que ce soit.
À quelques mètres, mon regard est attiré par une scène différente. Ryder, Zane et Hunter sont emmenés vers une ambulance. Leurs visages sont marqués par la fatigue et leurs blessures. Ryder saigne légèrement au front, mais il marche encore droit, comme si la douleur n'avait pas d'emprise sur lui. Hunter boîte, soutenu par un secouriste, et Zane semble désorienté.
Un secouriste s'approche alors de moi.
- Mademoiselle, est-ce que ça va ? Vous êtes blessée ?
Je secoue la tête, encore tremblante.
- Je crois que... que je vais bien. Pas de blessures graves.
Il hoche la tête, observant néanmoins mon visage et mes mains pour vérifier.
- Vous êtes sous le choc. Je vais vous donner une couverture.
Je ne refuse pas. La chaleur de la couverture posée sur mes épaules est réconfortante, mais ne fait rien pour calmer mon esprit.
Un officier s'approche, son visage grave mais rassurant.
- Mademoiselle, nous avons besoin de vous poser quelques questions. Est-ce que vous êtes en état de parler ?
Je baisse les yeux, hésitant.
- Je... Je veux que Jasmine reste avec moi.
L'officier hésite, puis acquiesce.
- Très bien. Venez par ici, s'il vous plaît.
Jasmine attrape ma main, la serrant fermement, et nous suivons l'officier à l'écart. Une fois éloignés de l'agitation, il sort un carnet et commence.
- Pouvez-vous me raconter ce qui s'est passé ?
Je prends une grande inspiration, mais ma voix tremble lorsque je commence.
- C'était... un jeu. Enfin, ça a commencé comme ça. Mais ça a mal tourné. Très mal.
Je vois ses sourcils se froncer, mais il ne m'interrompt pas. Je choisis soigneusement mes mots, consciente que ce que je dis pourrait paraître insensé.
- Il y avait... des messages. Des... des règles à suivre. Et ces hommes, avec leurs masques...
Je m'arrête, cherchant à ne pas aller trop loin.
- Ces trois garçons, Ryder, Zane, et Hunter, ils étaient impliqués. Mais... ce n'est pas eux qui contrôlaient tout.
L'officier prend des notes sans rien dire. Je jette un regard rapide à Jasmine, qui me fixe avec un mélange de confusion et de peur.
- Vous êtes en sécurité maintenant, intervient finalement l'officier. Ces garçons sont en état d'arrestation. Ils vont être interrogés et jugés pour ce qu'ils vous ont fait subir. Vous n'avez plus à vous inquiéter d'eux.
Je hoche la tête, mais mon regard dérive malgré moi. Au loin, je vois Ryder monter dans une voiture de police, menotté, suivi de Zane et Hunter. Il tourne légèrement la tête, et nos regards se croisent pour une toute dernière fois.
Ce n'est qu'un instant, mais c'est suffisant pour que je sente un tourbillon d'émotions m'envahir. Colère. Douleur. Compassion. Peut-être même... un semblant d'attachement. Je détourne les yeux, la gorge serrée.
L'officier me remercie pour ma coopération et me dit que je peux rentrer avec ma famille. Jasmine ne me lâche pas la main alors que nous retournons vers mes parents.
- On te ramène à la maison, dit ma mère doucement.
Je me laisse guider, trop fatiguée pour protester. Pendant le trajet, le silence règne, mais ma tête est un chaos de pensées. Est-ce vraiment terminé ? Ce jeu, ces messages, ces hommes masqués... Est-ce que ça peut juste s'arrêter comme ça ?
La voiture roule dans la pénombre alors que le jour commence à poindre. Les premières lueurs de l'aube teintent le ciel d'un bleu pâle, presque irréel. Je regarde par la fenêtre, espérant que le lever du soleil signifie la fin de ce cauchemar.
Mais au fond de moi, je sais que certaines ombres ne disparaissent pas avec la lumière.
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