Je recule, mon dos heurtant la paroi froide du labyrinthe. Tout mon corps tremble, mes jambes refusent de bouger. L'air semble plus lourd, oppressant, et les ombres des haies dansent autour de nous. Une part de moi hurle de fuir, mais mes muscles sont figés, comme paralysés par la peur. Le regard de Ryder me renvoie tellement d'émotions. Le jeu n'est pas terminé et j'ai été idiote de croire que ça allait être si facile.

- Si on t'attrape, tu perds, tu as jusqu'à...

Avant que Ryder puisse finir, trois silhouettes surgissent de l'ombre, entièrement vêtues de noir et masquées. Elles avancent lentement, mais avec une détermination glaciale. Le bruit métallique d'une hache raclant le sol résonne dans l'air, me glaçant le sang. Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine que j'ai l'impression qu'il va exploser. Leurs regards, bien que dissimulés par les masques, semblent braqués sur moi, perçants et inhumains. Une voix grave, presque mécanique, brise le silence.

- Attrapez-la.

Je pousse un cri de terreur, me plaquant un peu plus contre le mur, espérant presque disparaître dans les ténèbres. Ryder se place devant moi d'un bond, ses bras tendus, prêt à se battre. Je comprends qu'ils n'avaient pas prévu cette interruption.

- Reculez ! Elle ne va nulle part.

Zane et Hunter échangent un regard rapide. Pas un mot, mais ils savent exactement quoi faire. En un instant, ils rejoignent Ryder, formant une barrière entre moi et ces hommes. Les trois stalkers se tiennent droits, leurs corps tendus comme des arcs. Les silhouettes masquées s'arrêtent brièvement, évaluant la situation. Puis, l'attaque éclate.

Ils s'élancent.

C'est brutal, violent, et totalement chaotique. Ryder frappe le premier d'un coup direct au torse, le faisant reculer de quelques pas, mais il est immédiatement attaqué par un deuxième. Le bruit des coups et des grognements me claque aux oreilles. Hunter se bat avec une précision presque militaire, esquivant les mouvements et ripostant d'un crochet qui envoie un des agresseurs tituber.

Zane, de son côté, n'a pas cette chance. Il se fait projeter contre une paroi du labyrinthe, sa tête heurtant violemment le bois. Un cri étouffé s'échappe de ses lèvres, mais il se redresse aussitôt, vacillant.

- Cours, Lilia ! hurle Ryder, sa voix déchirée par l'effort.

Mais je ne peux pas. Mes jambes refusent de m'obéir. Tout ce que je peux faire, c'est les regarder se battre pour moi, une rage brutale dans leurs mouvements. Une autre silhouette masquée surgit de nulle part, se jetant sur Ryder. Il encaisse un coup au visage, sa tête basculant en arrière sous l'impact. Il titube, mais ne fléchit pas. Je veux crier, leur dire d'arrêter, leur dire que je suis désolée, mais aucun son ne sort. Mes mains tremblent, mes pieds sont rivés au sol. Je suis spectatrice de ce chaos, mon esprit incapable de traiter ce qui se passe.

Un bruit sourd retentit à ma droite. Je me retourne juste à temps pour voir une quatrième silhouette masquée arriver, armée d'une barre de fer. Elle s'approche rapidement, visant Ryder, mais Hunter l'intercepte. Il bloque l'attaque, mais vacille sous la force du coup. Ses grognements de douleur me serrent la poitrine.

- Lilia, bouge ! hurle Zane cette fois, malgré sa lèvre ensanglantée.

Et puis, je les entends. Les sirènes.

Au début, ce n'est qu'un murmure lointain, comme un écho au bord de ma conscience. Mais elles se rapprochent rapidement, leur hurlement perçant déchirant la nuit. Une lueur bleue et rouge scintille entre les interstices du labyrinthe. Un instant de confusion s'installe dans le combat.

Puis, un bruit métallique assourdissant retentit, résonnant à travers le labyrinthe. La porte principale est défoncée.

Les silhouettes masquées se figent. L'un d'eux tourne la tête, semblant évaluer la situation.

- La police... murmure Ryder, haletant, le visage couvert de sueur et de sang.

Les agresseurs échangent des regards rapides, hésitant sur ce qu'ils doivent faire. Et puis, sans prévenir, ils se dispersent, disparaissant dans les ombres du labyrinthe comme des fantômes.

Je reste immobile, figée par le choc. Mes jambes tremblent si violemment que je dois me tenir à la paroi pour ne pas m'effondrer. Un instant plus tard, des policiers surgissent, torches et armes à la main. Leurs voix fortes résonnent, autoritaires et presque irréelles.

- Vous, là-bas ! Restez où vous êtes !

Ryder, Zane, et Hunter s'écroulent presque de fatigue. Leurs corps sont meurtris, leurs vêtements tachés de sang, mais ils ne disent rien. Je suis toujours incapable de bouger ou de parler. Un policier s'approche de moi, son visage grave et inquiet.

- Mademoiselle, est-ce que vous allez bien ? Vous êtes blessée ?

Je veux répondre, mais ma gorge est nouée. Aucun son ne sort. Mon regard se pose sur Ryder, toujours à bout de souffle. Malgré ses blessures, il relève lentement la tête, et nos regards se croisent. C'est un moment suspendu, comme si le temps s'arrêtait. Colère, douleur, tristesse, et quelque chose d'indéfinissable passent dans ses yeux. Je sens mon cœur se serrer. Ce regard dit tant de choses et pourtant, je ne peux en saisir aucune.

Les policiers n'attendent pas. Ils attrapent Ryder, Zane, et Hunter, les menottant malgré leur état. Ryder ne résiste pas. Ses yeux restent fixés sur moi, comme s'il cherchait à m'envoyer un message. Une excuse ? Une promesse ? Je n'en sais rien.

Quand ils l'emmènent, je reste là, immobile, le corps vidé de toute énergie.

La lumière vacillante des torches des policiers éclaire encore les parois du labyrinthe, mais tout semble plus sombre. Ce regard entre Ryder et moi soulève mille questions. Pourquoi lui ? Pourquoi moi ? Pourquoi ce jeu ? Je sens que tout est loin d'être fini. Au contraire, ce n'est peut-être que le début.