La nuit est tombée, et Jasmine et moi arrivons enfin devant le parc. Il est gigantesque, elle ne m'avait pas menti. Nous nous avançons, l'excitation monte en nous. Le parc est coloré, toutes les structures semblent être ici depuis des siècles, et les néons leur donnent une ambiance à la fois festive et ancienne. Au loin, j'aperçois des tas d'attractions à sensations. Jasmine les remarque aussi ; elle me saisit le bras et m'entraîne en courant.

Une fois devant le grand huit, ma sœur prend nos tickets sans même me consulter. Je décide de la suivre malgré tout. Nous montons sur la plateforme, puis nous nous installons dans les nacelles. Le tour démarre, et les wagons s'élancent à grande vitesse. Je m'accroche au harnais, incapable de le lâcher. Je hurle, accompagnée des autres, lorsque nous plongeons dans la première grande descente. Tout s'enchaîne : loopings, virages serrés, têtes à l'envers, montées, descentes. Finalement, le freinage de l'appareil me propulse contre le harnais. Décoiffée mais amusée, je regarde Jasmine pour m'assurer qu'elle va bien. Elle est toute blanche, le teint blafard. Face à son visage décomposé, j'éclate de rire. Jasmine s'extirpe de l'appareil, et je l'aide à avancer en espérant qu'elle ne me vomisse pas sur les pieds.

Après cette attraction, nous décidons d'aller nous hydrater. Nous achetons des bouteilles d'eau et des churros au Nutella avant de nous asseoir à une table.

- Ça va aller ? je lui demande, inquiète.

- Oui, j'avais juste besoin de manger.

Elle se rue sur la nourriture et l'eau, et je l'accompagne en me moquant d'elle alors qu'elle reprend des couleurs.

- Bon, qu'est-ce que tu veux faire ensuite ? je lui demande.

- Le labyrinthe devrait être plus tranquille, dit-elle en désignant une attraction à quelques mètres de nous.

Je jette un coup d'œil. Mon regard s'arrête sur un masque blanc posé sur des bottes de paille à l'entrée du labyrinthe. Je le scrute, intriguée ; quelqu'un l'a probablement oublié. Après quelques minutes, nous nous approchons de l'attraction. Une légère brise souffle. Jasmine passe devant, et je la suis de près, mais à une intersection, je la perds de vue. Je l'appelle, mais aucune réponse.

Je décide de m'avancer seule dans le labyrinthe. Un silence lourd pèse autour de moi, et seuls mes pas résonnent. Je longe un couloir, quand soudain, j'entends des bruits derrière moi. Je me retourne, mais il n'y a rien. Je tente de me calmer, en me disant que je deviens paranoïaque. Je reprends mon chemin, aux aguets, mais les bruits recommencent derrière moi. Je me retourne, de plus en plus angoissée, prête à courir. Ce sont des enfants qui surgissent soudainement, courant entre mes jambes avant de disparaître au détour d'un virage. Je soupire. Je suis en train de devenir cinglée.

J'accélère le pas, mais une fois encore, un craquement résonne dans mon dos, glaçant mon sang. Cette fois, le bruit est bien réel. Lentement, je me retourne, et mon cœur rate un battement : un homme vêtu de noir, le visage caché par un masque blanc. Le même que celui de l'entrée. Je recule sans le lâcher du regard. Il reste immobile. Je fais un pas rapide, et soudain il bouge, avançant dans ma direction. Paniquée, je me mets à courir sans réfléchir.

Il me poursuit. Ma course effrénée m'amène finalement à un cul-de-sac. Je me retourne, terrorisée. Que va-t-il se passer ? Je hurle pour appeler à l'aide, mais personne ne répond. L'homme masqué s'approche lentement, déterminé. Je me colle contre le mur de paille, sentant la panique monter. Plus il avance, plus je sens mon corps se figer. Arrivé tout près, il s'arrête et me fixe, scrutant mon visage. Lentement, il lève la main et effleure ma joue. Je sens des larmes couler le long de mon visage. Je détourne les yeux, mais il saisit mon menton pour m'obliger à le regarder. Des bruits de pas se rapprochent. Je prie pour que ce soit ma sœur, ou n'importe qui d'autre. J'essaie de crier, mais à peine un son sort de ma bouche qu'il plaque sa main sur mes lèvres. Je déglutis, terrifiée.

Les pas continuent de s'approcher, et il disparaît brusquement dans la direction opposée. Je reprends ma respiration, puis je cours dans tous les sens, croisant des enfants et des adolescents. Je veux juste sortir d'ici. Mon corps agit de lui-même, mon cerveau est en alerte. Que vient-il de m'arriver ? Mon corps tremble encore quand j'aperçois enfin la lumière de la sortie. Je m'y précipite, et dès que j'aperçois les longs cheveux bruns de Jasmine, je lui saute dessus, encore paniquée. Elle ne comprend pas.

- Ça va ? Tu en as mis du temps ! dit-elle.

- Je... Je...

J'hésite à lui raconter.

- Je crois que je suis tombée sur un acteur. Il m'a terrifiée.

- Ah bon ? Je ne savais pas qu'il y en avait ce soir.

- J'ai eu la peur de ma vie, tu n'imagines pas ! J'ai cru que j'allais mourir, Jas.

- Ne t'en fais pas, je suis là maintenant, dit-elle en caressant mon dos.