Je n'arrive toujours pas à fermer l'œil. La nuit est trop lourde, et mes pensées tourbillonnent sans fin. Chaque détail, chaque événement depuis que je suis arrivée ici, semble me hanter. Pourquoi tout ça ? Qui est derrière ces messages, ces menaces ? Les idées se bousculent dans ma tête, mais aucune ne semble apporter de réponse. Et plus le 31 octobre approche, plus je me sens prise au piège. Je ne sais plus qui je suis censée fuir, ni comment m'en sortir. J'essaie de trouver un peu de réconfort dans mon coin habituel avec Ryder, mais même ça ne me semble plus si sûr. Je me lève finalement, le sommeil m'échappant complètement. Sans vraiment réfléchir, je me prépare à partir. Ce n'est pas très tard, mais je ne peux pas rester là, à tourner en rond. Je file sans bruit, sortant de la maison, me dirigeant vers l'endroit où je retrouve souvent Ryder. Il est déjà là, sa voiture garée dans l'ombre.

En m'approchant, je remarque immédiatement qu'il est déjà à l'intérieur, les mains crispées sur le volant. Quand il me voit, il paraît légèrement surpris, un peu distant, comme si je venais de perturber une atmosphère qui n'était pas censée être brisée. Mais je ne relève pas. Pas maintenant.

- Salut, je lance en prenant place à côté de lui.

Il me répond d'un sourire léger, mais il y a quelque chose dans ses yeux que je n'arrive pas à identifier. Il semble plus fermé que d'habitude, mais il me pose la question qu'il me pose toujours :

- Tu vas bien ?

Je hoche la tête, mais mes pensées sont ailleurs. L'inquiétude me ronge encore. Je n'ai pas le temps pour ces petites conversations superficielles. Je lui raconte brièvement ce que j'ai découvert au lycée, sans en dire trop, sans entrer dans les détails. Mais l'angoisse est là, tapie en moi.

- J'ai trouvé quelque chose de bizarre, je lance, en espérant qu'il capte l'urgence dans ma voix.

Il fronce légèrement les sourcils, semble s'intéresser, mais il ne pose pas de questions, se contentant de me regarder avec un air un peu absent. Je n'arrive pas à déchiffrer ses réactions.

- Ne t'en fais pas, Lilia, tout ça va bientôt se terminer, me dit-il, son ton trop rassurant pour être naturel.

Je fronce les sourcils. "Bientôt se terminer" ? Ces mots résonnent dans ma tête, mais je les laisse passer. Peut-être qu'il a raison, mais quelque chose en lui m'inquiète. Pourquoi semble-t-il si sûr de lui ? Je ne dis rien, gardant mes préoccupations pour moi. Un silence lourd s'installe, puis il me vole un baiser. C'est rapide, presque distrait. Mais ça me fait oublier, l'espace d'un instant, tout ce qui m'angoisse. Je me laisse aller, me fondant dans ce moment où je ne pense plus à rien d'autre. Sauf qu'en me réinstallant sur mon siège, un petit bruit me fait tiquer. Je bouge et un papier tombe au sol, juste à côté de moi. Je me penche pour le ramasser et mes doigts se figent lorsqu'il se déplie.

C'est la carte. La même carte que j'ai trouvée au lycée, mais cette fois-ci sans les points rouges. Elle est vide, mais je sais exactement de quoi il s'agit. Un frisson me parcourt. Comment cette carte est-elle arrivée là, dans sa voiture ? Pourquoi est-elle ici, sous mes yeux, à cet instant précis ? Je la scrute en silence, mon cœur battant plus fort dans ma poitrine. Je jette un coup d'œil furtif à Ryder, mais il ne semble pas remarquer mon trouble. Il est là, dans sa voiture, toujours aussi distant. Je cherche à garder mon calme, mais la vérité m'effleure déjà, presque insupportable. Pourquoi cette carte ? Pourquoi est-elle là, exactement ici ? Est-ce que le stalker l'a mise ici ou bien, est-ce que Ryder se moque de moi ?

Mes mains tremblent légèrement alors que je remets la carte sur le siège, évitant de le regarder directement. Un doute me prend. Et si Ryder avait un lien avec tout ça ? Et si ce n'était pas un simple hasard ?

Je tourne la tête vers lui. Il me regarde enfin, presque comme s'il avait perçu mon malaise, mais il ne dit rien. Je n'arrive plus à déchiffrer ses intentions. Je serre les poings, en proie à une incertitude glaciale. Le 31 octobre approche à grands pas, et je n'ai plus aucune certitude. Est-ce qu'il me cache quelque chose ? Est-ce qu'il fait partie du jeu ? Est-ce que tout cela, tout ce qui m'entoure, fait partie du plan du stalker ? Je remets tout en doute, il ne me reste que peu de temps avant de savoir qui est réellement derrière tout ça.

Je prends une profonde inspiration, essayant de chasser ces pensées noires. Mais plus rien ne semble sûr.