CHAPITRE 12
Une voiture klaxonne dans l'allée. Je termine rapidement mon repas et attrape mes affaires. Avant de partir, j'embrasse mes parents et Jasmine, qui me rappelle, avec un clin d'œil et un sourire taquin, la mission que je dois garder en tête. À peine la porte franchie, cette sensation persistante d'être observée me saisit à nouveau. Je m'efforce de l'ignorer en marchant jusqu'à la voiture de Ryder, garée juste devant chez moi. Je monte en silence et le salue brièvement, ne sachant trop comment agir face à lui. Il me jette un regard en coin, un sourire amusé aux lèvres, puis démarre.
Ryder nous emmène jusqu'à un coin reculé de Ravenswood, un endroit calme, entouré de grands arbres, où les bruits de la ville semblent lointains. Je prends une profonde inspiration, m'efforçant de ne pas laisser la nervosité me gagner. Travailler seule avec lui me semble à la fois excitant et étrange. Pour la première fois, je vais peut-être pouvoir comprendre qui il est réellement.
Nous nous installons et commençons à travailler. À ma grande surprise, Ryder, qui a la réputation de dormir dans la plupart des cours d'histoire, se révèle être bien plus compétent que je ne l'aurais imaginé. Il connaît parfaitement le sujet et nous élaborons rapidement le plan de notre exercice, reliant les idées de manière fluide et efficace. Il prend même l'initiative de m'expliquer certains détails que je n'avais pas compris, son ton devenant presque doux, et cette attention m'aide à me détendre un peu. La première partie du devoir est bouclée rapidement.
- Tu es douée pour organiser les infos, me lance-t-il, avec un sourire appréciateur.
Son compliment me surprend. Je lui rends un sourire léger et m'aperçois qu'il est plus proche de moi que je ne le pensais, à quelques centimètres à peine. Tandis que je note nos idées pour structurer la seconde partie, je le sens se pencher vers moi, un bras passé derrière mon siège, comme pour m'entourer de sa présence rassurante. Sa proximité m'enveloppe, me troublant. Je lève les yeux et, comme pour souligner le moment, il replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille d'un geste délicat.
- On a bien travaillé, souffle-t-il, avec un sourire charmeur.
Je hoche la tête, mon propre sourire s'élargissant sans que je le veuille. Un silence s'installe, mais il n'est ni pesant ni malaisant. C'est comme si, dans cet instant, nous étions seuls au monde. Ryder finit par s'éloigner légèrement, croisant ses bras derrière sa tête et me fixant d'un air contemplatif.
- Dis-moi... tu apprécies vivre ici ? demande-t-il, d'un ton qui semble soudain sérieux.
Sa question m'étonne et je cherche quoi répondre, me demandant ce qu'il veut savoir exactement.
- Oui... enfin, je crois, dis-je finalement. Pourquoi, toi, tu n'aimes pas Ravenswood ?
Il reste silencieux un instant, puis son regard se perd dans les arbres.
- Si, ça me plaît. Mais... Disons que parfois, cette ville me donne l'impression d'étouffer, m'explique-t-il. C'est comme si tout le monde se connaissait trop, et en même temps, personne ne sait vraiment ce qui se passe sous la surface.
Je l'écoute attentivement, touchée par son air pensif. Ce côté vulnérable contraste avec l'image de dur à cuire qu'il projette en général. Peut-être essaie-t-il de se dévoiler, de me montrer qu'il n'est pas aussi détaché qu'il en a l'air. Cette ouverture, aussi brève soit-elle, me donne envie de poursuivre la conversation, de voir jusqu'où je peux aller.
- Pourtant, tu es toujours entouré de tes amis, fais-je en désignant la fenêtre. Vous ne semblez jamais vous ennuyer.
Il tourne lentement son regard vers moi, puis, sans rien dire, attrape ma main. Son contact me fait sursauter, et mon cœur rate un battement. Mais il me fixe avec un air rassurant, et je me calme un peu, même si une partie de moi reste sur le qui-vive. L'idée que Ryder pourrait être lié à mon stalker, comme Owen semble le penser, me fait retirer ma main discrètement, essayant de masquer mon malaise. Il semble capter ma méfiance et détourne les yeux, son sourire s'évanouissant.
- Ravenswood est remplie de secrets, Lilia, murmure-t-il enfin, presque comme pour lui-même. Si on creuse un peu, cette ville paraît différente... plus sombre.
Je sens une inquiétude latente poindre dans ses mots, mais il change de ton rapidement, comme pour alléger l'ambiance.
- Tu sais, dis-je, j'avais entendu parler de faits divers dans la région. Il paraît qu'il s'en passe beaucoup ici. D'ailleurs, tu connais Megan Crawford ?
À cette question, le visage de Ryder se ferme instantanément, et il serre les dents.
- Oui, c'était... une amie.
Je tente de capter son regard, mais il semble ailleurs, la mâchoire crispée.
- Son histoire est... difficile à croire, tu ne trouves pas ? Personne ne l'a crue. C'est triste.
- Triste ? dit-il, la voix tendue. Megan est... folle, voilà tout. Elle a toujours cherché à se faire remarquer.
Je le fixe, notant la dureté dans sa voix. Sa réaction semble presque trop vive, comme s'il cherchait à couper court à la conversation.
- Tu as l'air de lui en vouloir, fais-je, sans détour.
- Pas du tout. C'est juste... un sujet que je préfère oublier, répond-il, avec une note de tristesse à peine voilée.
Je hoche la tête, mais à cet instant, une sensation de malaise s'insinue en moi. Ce même sentiment d'être observée, qui ne me lâche pas depuis plusieurs jours. Je jette un coup d'œil aux alentours, tentant de cacher mon angoisse à Ryder. Ai-je vraiment vu quelque chose bouger dans l'ombre des arbres, ou est-ce mon imagination ?
Je m'efforce de rester calme, mais l'idée du stalker rôde, tout proche, me glace le sang.
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