Briser les codes ou les respecter ?

Instinctivement, quand on commence à écrire et qu'on souhaite se faire publier, un écrivain débutant a tendance à penser qu'il faut absolument être original et briser les codes pour ce faire. Pourtant, encore faut-il les connaître. Vous vous êtes déjà demandé combien de mots doit faire votre roman ? Dans quel genre le catégoriser ? Ces réponses sont soumises à des codes et/ou des attentes précises que l'on va passer en revue.

Avant tout, je tiens à préciser que cela ne s'applique qu'aux romans que vous souhaiteriez éditer ou auto-éditer. Si vous publiez simplement votre histoire en ligne et que vous ne comptez pas aller plus loin, faites comme vous voulez. Ces codes sont surtout applicables pour l'édition traditionnelle si vous ne voulez pas que votre manuscrit finisse directement dans une poubelle, et, dans une moindre mesure, l'autoédition pour ne pas surprendre négativement vos lecteurs. 

Avec cette dernière forme, vous êtes plus libre de faire ce que vous voulez. Attention cependant à ne pas trop jouer avec les codes en vous disant que l'originalité fera sortir votre bouquin du lot : les lecteurs ont des attentes particulières quand ils sélectionnent un roman d'un genre précis. Cela peut très rapidement vous porter préjudice. 

Alors, on me dira peut-être que certains auteurs ont tiré leur épingle du jeu en brisant certains codes et ont rencontré le succès. Oui, mais, soyons francs : ça a une infime chance de vous arriver, et encore moins sur votre premier roman alors que vous êtes un parfait inconnu. Si c'est vraiment quelque chose qui vous tient à cœur, allez-y quand même, mais n'en attendez pas grand chose. Pour briser les codes, il faut les maîtriser d'abord.

Qu'est ce que j'entends par code ? Longueur, scénario, couverture, il y a beaucoup d'éléments qui définissent l'appartenance de votre roman à un genre plutôt qu'à un autre. Certains sont obligatoires, d'autres sont plus accessoires. 


La longueur :
 

Très important si vous avez comme ambition d'envoyer votre manuscrit en maison d'édition. Elles sont très sélectives et ne perdront pas leur temps si vous vendez votre histoire comme un roman alors que c'est une novella. Je rappelle qu'on compte la longueur en mots et non en pages. 

Petit conseil : Vous n'avez pas vraiment besoin de vous soucier du nombre de mots avant de commencer à écrire, c'est quelque chose que vous pourrez ajuster à la phase de la correction si besoin. Sachez cependant que les très longs romans sont rédhibitoires, regardez si vous ne pouvez pas séparer votre histoire pour en faire une saga à la place. 

1) Selon le type

Commençons par la base :

- En dessous de 10 000 mots, votre histoire est une nouvelle.
- Entre 10 000 et 40 000 mots, votre histoire est une novella. C'est un format qui ne marche pas beaucoup en France, surtout si vous êtes un auteur inconnu.
- La longueur la plus habituelle d'un roman se situe entre 50 000 et 100 000 mots. En dessous, c'est un peu court, au-dessus, c'est un peu long.  

2) Selon le genre

Les maisons d'édition sont de moins en moins regardantes sur le nombre de mots, mais certains clichés ont la peau dure comme on dit. Quelques exemples :

- Long : c'est bien connu que la fantasy et la science-fiction peuvent monter jusqu'à 125 000 mots. Les lecteurs ont moins peur des gros pavés pour ces genres là.
- Moyen : entre 70 000 à 90 000 mots, on peut y retrouver les romans policiers, les romans contemporains ou encore de la romance.
- Court : entre 50 000 et 70 000 mots, on trouvera d'avantage de romans de jeunesse ou de Young Adult

Ne vous embêtez pas à respecter ces fourchettes à la lettre, mais évitez peut-être d'écrire une fantasy de 50 000 mots ou un roman jeunesse de 100 000 mots. 


Le scénario : 

Vous vous doutez bien que pour qu'un roman puisse se retrouver dans la catégorie romance il faut qu'il y ait... une romance ! Certains éléments sont indispensables pour que vos livres se qualifient dans certains genres au lieu d'autres. C'est d'autant plus vrai si vous voulez catégoriser votre roman dans des sous-genres tels que l'heroic fantasy ou la bit-lit. 

Pas de panique, ne décidez pas du genre exact ou du sous-genre que vous allez écrire avant de commencer votre histoire. C'est quelque chose que vous verrez quand votre roman sera terminé et que vous aurez assez d'éléments pour juger quel genre le représente le mieux. C'est surtout important pour l'aspect marketing puisque le public cible n'est pas le même pour les différents genres et vos lecteurs seront déçus s'ils s'attendent à quelque chose de précis qu'ils ne retrouveront pas dans votre roman. L'important, c'est surtout de ne pas attribuer un genre qui ne correspond pas du tout à votre livre. 

Exemple avec la fantasy :

 On ne la présente plus : de la magie, des créatures surnaturelles, des mythes, des légendes, des épopées épiques et un casse tête de world building médiéval pour l'auteur. Vous pouvez aller encore plus loin dans la catégorisation puisque la fantasy abrite de nombreux sous-genres. Comme si ce n'était pas déjà assez compliqué, votre roman peut coller à plusieurs sous-genres. Voici une liste non exhaustive par tonalité ou par thèmes  :

- L'heroic fantasy qui suit généralement un personnage fort qui passera par un tas d'éléments initiatiques au cours d'une quête pour défaire le Mal et rétablir la paix dans un monde en guerre. Le roman est écrit selon le schéma classique du "voyage du héros" (un schéma type de narratologie pour raconter le voyage initiatique d'un personnage). 
- La dark fantasy, comme son nom l'indique, n'est pas là pour raconter une histoire toute rose d'amour et d'eau fraîche. Le ton est désabusé et sombre, et le Mal prend le dessus sur le Bien. Elle contient des éléments d'horreur sans en être pour autant.
- L'urban fantasy qui se déroule bien souvent dans notre monde moderne qui mélange humains et créatures surnaturelles qui vivent tous ensemble (en harmonie ou pas).
- La romantic fantasy dont le personnage principal est bien souvent une femme et dont la romance prend une certaine part plus ou moins importante dans l'intrigue, mais est toujours présente.
- La portal fantasy qui consiste en un personnage qui va passer de notre monde à un monde imaginaire via un portail magique. 
- La fantasy militaire dont le focus principal est la vie des soldats. 

Bref, il y a en réalité dans les sous-genres de la fantasy à boire et à manger tellement c'est vaste. Je ne vous en ai donné qu'un mince échantillon. A savoir que les définitions sont parfois floues et que votre roman peut rentrer dans plusieurs sous-genres. Par exemple, Arena (mon roman) est de la romantic fantasy, mais aussi de la portal fantasy. 

La couverture :

C'est un sujet que l'on abordera d'avantage dans la partie advertising puisque c'est un élément purement marketing. Je vais parler principalement de romance puisque c'est le genre que je maîtrise le mieux. C'est surtout un point pour ceux qui choisissent la voie de l'auto-édition, bien que cela puisse vous servir sur Wattpad. 

La couverture est la première chose que vos lecteurs potentiels vont voir de votre roman. C'est basé sur ce premier élément qu'ils vont décider d'aller plus loin en lisant votre synopsis ou s'ils sentent déjà que votre couverture ne les intéressera pas. 

On a tendance à penser qu'une couverture qui sortira du lot offrira plus de visibilité à notre roman, à tort. Votre couverture doit décliner en un coup d'oeil le genre de votre roman, il ne doit y avoir aucun doute possible. C'est pour cela qu'il est plutôt conseillé d'étudier le top des romans de votre genre et de respecter les éléments que vous retrouvez dans toutes ces couvertures. 

Par exemple, vous retrouverez souvent dans la romance contemporaine et/ou érotique (du type Harlequin) des couvertures avec des hommes torse nu. Cela permet aux lecteurs de savoir exactement dans quoi ils mettent les pieds avec ce genre de romans. 

A l'inverse, la bit-lit présente souvent un couple représenté dans une position sensuelle pour souligner le côté romance et/ou érotique avec un élément paranormal (un loup pour les loup-garous, des chauve-souris pour les vampires, une boule de magie, etc). 

Enfin, la romantic fantasy présente deux formes typiques de couverture : 

- Des illustrations sans personnage pour souligner le côté fantasy 
- Le personnage principal féminin tout seul avec des éléments magiques pour rappeler le côté fantasy. La romantic fantasy étant un genre sous-entendant que le point de vue, et donc le personnage principal est féminin, le genre est tout de suite expliqué en plaçant une femme sur la couverture. 

Conclusion :

Le but n'est pas de vous dire qu'il ne faut pas faire ce que vous voulez, vous êtes bien évidemment libre de faire comme vous le souhaitez, et, bien évidemment, rencontrer le succès est possible même quand vous ne suivez pas les codes. D'autant plus si vous écrivez simplement par loisir et que vous ne voulez pas publier ou auto-publier vos textes (que vous pourrez toujours retravailler si vous changez d'avis).

Ici, c'est surtout une question de marketing et de comment vous vendez votre livre. N'ayez pas peur d'être original en cassant les clichés et tropes connus, mais faites attention à comment vous allez catégoriser votre roman quand vous le publierez. Un lecteur qui s'attend à une romance parce qu'il y a un homme torse nu ou un couple sur la couverture et que la romance ne représente même pas 30% de votre roman sera insatisfait/déçu et vous laissera peut-être une mauvaise review. 

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