Avant-propos

Je tenais à expliquer une chose précise avant que vous ne lisiez les quelques chapitres déjà publiés, parce que je sens qu'on va me reprocher de donner des conseils trop précis qui limitent la créativité des auteurs. Qu'on soit clairs, vous êtes libres de faire ce que vous voulez, et il n'y a pas qu'une seule recette pour atteindre le succès. Prenez juste conscience que quand on fait rentrer une dimension financière dans  n'importe quel domaine, il  y a des choses à faire et à ne pas faire si vous voulez optimiser vos chances de succès. Tout peut marcher et vous êtes libres de vous créer votre propre technique marketing et votre propre brand.

Les conseils présentés dans ce (futur) ebook sont des conseils destinés principalement à l'autoédition (bien qu'applicables pour l'édition). Quand vous publiez sur Wattpad ou sur un autre site sans vouloir monétiser votre roman, vous êtes beaucoup plus libre de ce que vous faites et les lecteurs seront moins regardant et vous pardonneront beaucoup plus facilement des erreurs de format ou de marketing. Ce n'est pas le cas dans l'autoédition, surtout si vous êtes un auteur inconnu. 

En France, il y a un côté incroyablement sacré attaché à l'Art et plus particulièrement à la littérature. Pour ne rien arranger, parler d'argent est tabou. Il y a cette idée que l'art est sensé élever les esprits et révolutionner les codes, mais c'est oublier sa raison principale de nos jours : le divertissement. C'est presque un mot péjoratif qui est - à tort - bien souvent synonyme de "mauvaise qualité". 

Soyons clair, on se divertit tous et un divertissement peut être de bonne qualité. Il n'y a pas de honte à écrire des romans divertissants qui n'offrent rien d'un point de vue politique, idéologique ou que sais-je. Il n'y a aucune honte à écrire des romans qui réutilisent certains clichés ou qui ne cassent pas les codes. On n'est pas obligé d'être original.

Le divertissement est un business. Quand on veut faire de l'argent avec ses romans, quand on veut en vivre, cela devient un business. Cela ne veut pas dire qu'il faut sacrifier la qualité de vos romans ou votre liberté créatrice, cela veut simplement dire qu'écrire un roman au feeling ne suffit pas. Il n'y a RIEN de mal à vouloir faire de l'argent avec sa passion. 

Qui dit business dit marché, concurrents, marketing, communication. Cela implique d'étudier votre marché, d'étudier votre niche, et vous vous rendrez bien souvent compte que le top des romans se ressemble énormément (c'est encore plus vrai en romance). Pourquoi ? Parce que quand les lecteurs ont aimé quelque chose, ils cherchent bien souvent à rester dans la formule qu'ils ont apprécié. Par exemple, un lecteur qui adore les romances de PDG millionnaire va lire toutes celles qu'il va trouver, mais encore faut-il qu'il les trouve facilement. C'est là que tout le côté marketing rentre en compte.

Pour les futurs autoédités, rendez-vous bien compte que vous passerez autant (voire d'avantage) de temps à vous occuper du marketing que d'écrire vos romans. 

Cela ne veut pas dire qu'il faut copier ses concurrents sur le moindre détail et qu'il ne faut surtout pas être original. En réalité, tout est possible. Ce que j'essaye de vous expliquer, c'est qu'on a deux archétypes d'auteurs, mais qu'en France on ne met en avant qu'un seul type puisque l'autre est tabou. Ce n'est pas le cas chez les anglophones qui vous parleront librement de business et d'argent dans les domaines artistiques. 

1) L'auteur "par chance ou par talent"

On a cette idée tenace qui est de penser que tout n'est qu'une question de talent dans l'art. Or, comme les sportifs, écrire ou dessiner c'est des heures et des heures de travail, d'entraînement, des bases à apprendre et à maîtriser, et c'est surtout pratiquer toujours et encore pour ne pas perdre la main. 

Ecrire, ça s'apprend. Améliorer sa plume, son vocabulaire, son orthographe, c'est possible. Vous n'êtes toujours pas très doué en orthographe ? Payez quelqu'un pour corriger votre manuscrit. Marketer son roman correctement, ça s'apprend aussi. 

Des romans non édités qui ne trouveront jamais le chemin des librairies ou de votre Kindle, mais qui sont de véritables chef d'œuvres, il y en a des milliers. Pourquoi ? Parce que la qualité de votre œuvre ne dicte pas votre succès. Ce n'est, en majorité, pas non plus la chance qui vous aidera.

En réalité, il est quasiment impossible de vivre de ses romans en étant édité traditionnellement en France. Il est déjà extrêmement compliqué de se faire éditer en tant que nouvel auteur dans une grosse maison d'édition, et cela ne garantit absolument pas que votre roman sera un succès. 

Ecrire ses romans à temps plein quand on n'en vit pas, c'est un luxe. Cela suppose d'avoir une certaine aisance financière pour s'y consacrer qui suppose que vous n'avez donc pas un travail à temps plein à côté. Ce n'est pas le cas de la majorité des gens qui ne peuvent tout simplement pas se le permettre. 

On ne parlera pas non plus de tous ces auteurs qui avaient des connexions dans le milieu de l'édition ou du divertissement et qui ont donc été pistonnés ou mis en avant. Il n'y a rien de mal à cela, chacun utilise ses propres ressources, mais il faut se rendre compte que c'est extrêmement difficile de commencer à vouloir vivre de ses romans quand on est un citoyen lambda. 

Ni des auteurs qui ont consacré 5h par mois à leur roman, qui ont mis 15 ans à l'écrire et qui ont eu la chance inouïe de sortir un best seller du premier coup. Dites vous bien que ça ne vous arrivera pas.

Lancer un business et espérer en vivre quand on ne peut y consacrer que 5h par semaine et qu'on n'a aucun contact, c'est soit irréalisable si on ne maîtrise pas ce que l'on fait soit très très long. Il y a des exceptions, mais à un moment il faut arrêter de penser qu'on sera toujours l'exception, cela ne vous fera pas avancer et ne vous fera pas vous remettre en question suffisamment pour vous améliorer. Bien souvent, on découvre que les fameux "self made men and women" avaient un capital financier important (le leur ou celui de papa/maman) ou des avantages non négligeables, et, surtout, ils se sont lancés à temps plein... N'attendez pas que la même "chance" vous tombe dessus ou revoyez vos objectifs.

2) L'auteur entrepreneur 

L'autoédition, c'est encore assez mal vu en France. Le rêve de tout écrivain c'est de se faire publier traditionnellement, alors même que c'est bien souvent se tirer une balle dans le pied quand on a les capacités de tout gérer soi-même. 

Pourtant, du côté anglophone, on retrouve beaucoup de témoignages d'auteurs auto publiés qui vivent très bien de leurs romans et dont le premier conseil pour les débutants qui souhaitent en vivre est : traitez l'écriture comme un business. N'ayez pas peur d'investir temps et argent (payer un correcteur par exemple) dans vos romans si vous voulez en vivre. Dans toute entreprise, il faut investir à un moment. Cela nécessite de prendre des risques parfois, mais en se débrouillant correctement on peut jongler entre ses responsabilités et ses objectifs. 

Cela ne veut pas dire que vous avez besoin d'argent pour vous lancer, mais soyez conscient de vos faiblesses. Je n'ai absolument rien dépensé pour mon premier roman Arena, mais j'étais confiante sur mes propres corrections, ma cover, etc. Pour la suite, je payerai néanmoins des professionnels pour gagner en qualité. 

Quand vous arrivez dans un marché ou une niche, ce n'est pas forcément dans votre intérêt de vous démarquer. Il y a des points sur lesquels il est bon de faire dans l'originalité, et des points sur lesquels cela vous portera préjudice. Vendre une machine à café qui ne fait pas de café, c'est compliqué... Vos lecteurs ont certaines attentes.  

Ecrivez ce que vous voulez et comme vous voulez, mais soyez conscients qu'il est plus facile de vivre de ses romans quand ils correspondent à ce qui marche le mieux sur le marché actuel. Cela ne veut pas dire que c'est impossible de vivre de ses romans quand vous écrivez dans une niche très précise qui comporte peu de lecteurs (au contraire, ce cas précis peut tourner à votre avantage), mais un roman bit-lit loup-garou se vendra plus qu'un récit contemplatif sur des plantes. Par contre, si votre couverture n'est pas adaptée à votre genre et que vous vendez votre livre comme de la romance alors qu'il n'y en a quasiment pas, vous aurez peut-être plus de chances avec un récit contemplatif qui dispose d'un marketing irréprochable... 

Ne vous limitez pas dans votre créativité, mais tâchez de respecter les quelques codes de base et de ne pas faire n'importe quoi au niveau marketing si vous voulez vivre de vos romans. Vous pourrez toujours réinventer totalement les codes littéraires ou le genre dans lequel vous écrivez quand vous serez déjà établi.

Conclusion

J'espère que c'est clair que je m'adresse avant tout aux auteurs qui souhaitent vivre de leurs romans. Par vivre, j'entends être confortable sans avoir besoin de travailler un autre job à côté. C'est possible avec l'autoédition, mais ça demande énormément de travail et ça demande surtout de savoir ce que l'on fait. 

On va me trouver pessimiste, mais je ne suis pas là pour vous dire que vous allez être l'exception, l'auteur dont le premier roman sera un best seller sans que vous ayez rien fait pour que cela arrive. Soyez réalistes, ça n'arrivera pas. Et si jamais ça arrive, tant mieux pour vous, mais ça ne se passera pas comme ça pour l'énorme majorité d'entre vous. 

Ecrire votre roman n'est que la première étape et qu'il soit bon ou pas ne définira pas votre succès. Bien sûr, il vaut toujours mieux essayer d'atteindre la meilleure qualité possible, mais, si vous voulez vivre de vos romans, la qualité n'est pas la fin en soi. La façon dont vous le vendrez le sera.  

Il n'y a aucun mal à ne pas vouloir publier son roman, ou à le publier sans prétention et sans trop d'efforts si on ne cherche absolument pas à faire de l'argent avec ou à vivre de ses romans. 

J'aimerais simplement qu'on arrête avec ce mythe de "je vais faire n'importe quoi, mais j'ai tellement de talent et je suis tellement original que mon roman va marcher par magie parce que les gens vont se rendre compte tout seul d'à quel point je suis cool et hop je vais être riche". Ca peut peut-être marcher comme ça pour une personne sur 100 000, mais ce n'est pas en attendant qu'on vous offre le succès sur un plateau d'argent que vous allez atteindre vos objectifs.  

Dire "faites ce que vous voulez tout peut marcher" c'est bien quand écrire est une passion hobby que vous pratiquez sans prétention et sans vouloir en vivre, mais ce n'est pas un bon conseil si vous souhaitez vraiment tenter l'aventure de vivre de vos romans. Dans n'importe quel autre business, on n'entend pas de "fais n'importe quoi ça va marcher 100% si c'est de la qualité", ou alors c'est un charlatan qui vous parle.  

Mettez toutes les chances de votre côté quand vous débutez.

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